Après avoir composé son " Offrande musicale " en l’honneur du roi Frédéric II de Prusse, Jean-Sébastien achève une monumentale " Messe en si mineur " et se livre à l’édification d’un nouveau recueil savant : ...
... une apologie du contrepoint composée d’une série de 14 fugues et de 4 canons bâtis sur un seul et même thème : L’Art de la fugue, tel est son titre, est la dernière œuvre d’envergure qu’il entreprend.
Depuis bien longtemps, Jean-Sébastien n’assure plus aucune de ses charges à la Thomasschule. Il souffre dès 1745 d’un affaiblissement progressif de la vue causé par une cataracte et fait appel à son entourage pour assurer sa correspondance et copier sa musique. On pense qu’il est totalement aveugle en 1749. Cette année-là, son état général est tel qu’il inquiète ses proches. Au printemps, le ministre du roi Auguste III pense déjà à sa succession : Johann Gottlob Harrer est désigné après un bref examen, « apte à assumer la charge de Thomascantor au cas où le Capellmeister et Cantor Herr Johann Sebastian Bach viendrait à mourir ».
Au printemps 1750, il subit coup sur coup deux opérations des yeux, la première fin mars et la deuxième début avril : aucune des deux n’apporte d’amélioration et sa santé semble même s’être aggravée. Son état général se dégrade rapidement ; il souffre à présent d’hypertension artérielle. Au cours de l’été, une attaque d’apoplexie l’emporte le 28 juillet, dans sa 65e année.
Bach meurt sans laisser de testament. Depuis Halle, Wilhelm Friedemann se rend immédiatement à Leipzig où il agit en tant qu’aîné comme fondé de pouvoir des autres membres de la famille qui se disloque. La situation est critique pour Anna Magdelena : elle perd son logement et survit dix ans à son cher époux grâce à l’aumônerie de la ville de Leipzig. Elle meurt en février 1760 à l’âge de 59 ans, près de 10 ans après Jean-Sébastien, sans jamais avoir revu ses fils éloignés.
L’héritage musical de Bach, ses partitions, ses manuscrits autographes sont partagés entre Anna Magdalena et ses quatre fils musiciens qui font de ce patrimoine un usage bien différent. Eparpillées et dépareillées, certaines œuvres sont vendues, et il faudra plus de deux siècles pour tenter de reconstituer le puzzle de son œuvre monumental, un chantier toujours en cours. Dès 1751, Carl Philipp Emmanuel et l’éditeur Schübler publient L’Art de la Fugue : la longue et lente propagation de son art est en marche.
« Dors donc ! Ton nom ne risque pas la ruine », écrit Georg Friedrich Telemann en la mémoire de Jean-Sébastien : « Les élèves que tu as éduqués, et tous ceux qu’eux-mêmes ont formés / Vont poser sur ton front la couronne de la gloire ; / Tes enfants eux aussi sont en train de l’orner ».
Johannn Christoph Bach
Motet « Lieber Herr Gott wecke uns auf »
Ensemble Lux Luminis
Direction Lionel Meunier
Masato Suzuki, orgue
Disque : Ricercar RIC 347 (2014)
C'est à écouter ici https://www.francemusique.fr/emissions/propos-sur-bach/episode-40-la-mort-a-leipzig-1750-84744
Et c'est le dernier épisode.
Mais il est possible de remonter le temps en suivant le lien.