Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Marie-Antoinette incarne l’archétype de la reine de France

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Vlad Tepes

Vlad Tepes


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MessageSujet: Marie-Antoinette incarne l’archétype de la reine de France   Marie-Antoinette incarne l’archétype de la reine de France Icon_minitimeVen 9 Oct - 21:54

Cécile Berly nous dévoile un peu de son essai biographique sur Marie-Antoinette :

  • FIGAROVOX. - Pourquoi faire le choix d’écrire sur Marie-Antoinette une nouvelle fois, tout n’a pas déjà été dit?

    Cécile BERLY. - C’était évidemment le risque. Depuis de nombreuses années, il y a une véritable difficulté à écrire sur Marie-Antoinette, tant les livres se multiplient! Je n’en suis pas à mon premier sur la reine, ce dernier ouvrage est une véritable gageure! On ne peut a priori plus s’attendre à des révélations sur Marie-Antoinette, les historiens ont déjà exploré tant d’archives existantes. Si on doit encore écrire sur Marie-Antoinette, c’est avant tout un jeu d’écriture. Il y a une modernité chez la reine, qui échappe aux historiens. Je n’ai pas cherché à écrire une énième biographie, je propose de synthétiser tous les courants historiographiques, toutes les tendances bibliographiques qui peuvent exister sur la reine, dans un essai.

    Depuis maintenant plusieurs années, à Versailles ou à la Conciergerie, les visiteurs viennent en premier lieu pour Marie-Antoinette, qu’ils soient Français ou étrangers. C’est parce qu’elle nous interroge sur nos propres sensibilités. Depuis sa mort, on la relit, on la réinterprète, on la réinvente. Chaque époque a sa Marie-Antoinette. Elle est le miroir de ce que nous nous sommes aujourd’hui.


    «Marie-Antoinette a été l’une des plus françaises des reines de France» écrit l’historienne Chantal Thomas. Partagez-vous son point de vue?

    Cela fait partie de la complexité de Marie-Antoinette. Bien qu’appartenant à une dynastie devenue française par son père François Ier de Lorraine, elle était perçue avant son arrivée en France comme l’étrangère, l’Autrichienne. Toutes les reines de France sont d’origines étrangères, mais son cas illustre une union qui n’est pas comprise. Avec le renversement des alliances en 1756, voulu par Louis XV et la marquise de Pompadour, l’Autriche et la France enterrent officiellement une rivalité de plus de 200 ans. Les deux principaux États du continent européen signent un traité pour contrecarrer la montée en puissance de la Prusse et les visées de l’Angleterre. La France et l’Autriche deviennent des alliés politiques et militaires. Que ce soit à l’échelle du royaume ou de la Cour cette alliance est totalement rejetée. Marie-Antoinette devient dauphine dans un climat d’austrophobie général en France. Cette haine ne lui sera pas épargnée à la Cour et la famille royale ne l’en protégera pas.

    Pourtant, elle incarnera l’archétype de LA reine française. Aujourd’hui, on a totalement oublié ses origines étrangères et les Autrichiens oublient même que Marie-Antoinette était Autrichienne, à l’inverse de l’Impératrice Sissi ou de Marie-Louise, l’épouse de Napoléon. Marie-Antoinette est devenue la reine la plus célèbre de notre histoire de France.


    Vous écrivez que Marie-Antoinette était une mère avant d’être une reine. Dans quelle mesure a-t-elle été influencée par les écrits de Jean-Jacques Rousseau sur l’éducation?

    Elle n’a probablement jamais lu Rousseau elle-même. Mais de son temps, les élites se passionnent pour Rousseau et Marie-Antoinette aimait tout ce qui était à la mode, y compris celle qui critique ce qu’elle est profondément. Et on sait que Rousseau déteste l’aristocratie et la riche bourgeoisie. Avec l’influence de l’Émile ou de l’Éducation, des femmes souhaitent allaiter leur enfant. Même si ce choix a été refusé à Marie-Antoinette, car inenvisageable pour les mœurs de son temps, elle va s’approprier ces thèmes à la mode. Mais elle ne va pas simplement les suivre de façon superficielle, au contraire elle va se distinguer comme une sorte de «mère modèle». La reine va faire aménager dans le château des espaces pour être au contact de ses enfants. Si elle aime tant aller au Petit Trianon, c’est parce qu’elle possède un espace privé dans lequel elle peut jouer beaucoup plus facilement ce rôle de mère. En 1782, elle fait nommer sa favorite Gabrielle de Polignac comme gouvernante des Enfants de France, décision totalement incomprise à la Cour. Marie-Antoinette savait que cette fonction très contraignante n’intéressait pas son amie et que cela lui laisserait le champ libre pour intervenir dans l’éducation de ses enfants. C’est une vision très moderne de ce que peut être une éducation royale.

    Elle aura une forte proximité, y compris physique, avec ses enfants, ce qui n’est pas dans les habitudes de la famille royale. Elle sera accusée, de manière infâme, d’inceste. À force de se comporter plus en femme qu’en reine de France, cela a créé un fossé entre elle et l’opinion publique, qui n’a jamais compris ses agissements, sa manière d’être au quotidien. Ce qu’elle perçoit comme sa liberté, est radicalement condamné par l’opinion publique. On ne lui reproche pas, y compris sous la Révolution, d’être la reine de France: on lui reproche de ne pas suffisamment incarner la fonction royale.


    La reine a développé un goût particulier pour la mode, est-ce pour cela qu’elle était considérée comme une esthète frivole?

    Marie-Antoinette vit très sérieusement son rapport à la mode. Sa génération a vu naître la haute couture et elle a été l’une des premières à investir d’un pouvoir émotionnel l’art de s’habiller. L’élégance, les belles toilettes, les accessoires, son goût pour la décoration intérieure. Autant de frivolités qu’elle vit en esthète éclairée.

    Finalement, porter les toilettes les plus chères du royaume renvoie à sa fonction de reine de France. La reine représente l’élégance à la française, elle en est la vitrine. Ce qui l’intéresse ce n’est pas de porter les toilettes de la reine de France, mais les robes qui mettent le mieux en valeur la femme qu’elle est. Et c’est bien là qu’elle est transgressive.

    Si elle apparaît comme une esthète frivole, c’est parce qu’elle délaissera les arts majeurs. Elle n’a aucun intérêt pour la peinture, la sculpture ou encore l’architecture. Pour elle un bon portrait est un portrait ressemblant et flatteur. La peinture historique, mythologique, religieuse, la laisse totalement indifférente. Elle a une forme de légèreté entretenue dans laquelle elle se plaît. Sans s’y tromper, cette légèreté est caractéristique d’une partie de la société française tout au long du XVIIIe siècle.

    Le XVIIIe siècle entretenait la futilité, il était tourné vers cette légèreté depuis l’époque de la Régence. Si on aime Marie-Antoinette, c’est aussi pour son siècle, un siècle qui cristallise autant l’admiration que le rejet! Marie-Antoinette incarne cette légèreté, même si elle nous a montré qu’elle était capable d’incarner la gravité, le drame, la fin de son existence en témoigne.


    Dans quelle mesure l’affaire du collier a-t-elle participé à détruire la dignité royale et constitue une «préface de la Révolution», selon vous?

    Goethe disait que l’affaire du collier était la «préface immédiate de la Révolution», à raison. S’il y a bien un moment de bascule dans la trajectoire de la reine, c’est avec l’affaire du collier, c’est lorsque Marie-Antoinette comprend qu’elle a été une reine par trop frivole. Louis XVI l’a entretenue dans ce rôle superficiel. Avec l’affaire du collier, elle va se rendre compte qu’elle n’a pas suffisamment pris au sérieux sa fonction de reine de France, elle ne l’a pas assez incarnée. Elle va ensuite s’investir davantage dans le champ politique, car Louis XVI le lui permet. Mais quelque part c’est trop tard et à partir des années 1780, elle subit un processus de haine devenu implacable. Elle ne pourra plus redevenir une reine populaire qui incarne toute la grandeur du trône. Le mal est fait.

    Le terrain de son impopularité ne date pas de la Révolution. Quel scandale que celui suscité par son portrait, sur lequel elle est représentée portant une robe dite «en gaulle», elle pose en cotonnade, presque transparente, sans perruque, sans les accessoires de la dignité royale. Quand le portrait de Vigée Le Brun est exposé au salon du Louvre en août 1783, cette image d’une reine de France «nue», aux mœurs dissolues, sans aucune dignité royale, est un scandale inouï. Elle n’est plus qu’une scélérate! Le scandale est tel que l’on peut considérer que sa première mise à mort symbolique date de ce mois d’août 1783.

    Marie-Antoinette incarne l’archétype de la reine de France Xvmc8410

    Quand on y pense, c’était tout à fait inconséquent d’exposer la figure de la reine de France dans cette tenue si légère. Ce portrait figure en couverture du livre, car il représente une image totalement iconoclaste d’une reine de France, qui aujourd’hui est devenue iconique.


    Finalement, Marie-Antoinette s’est-elle illustrée en tant que reine au moment de la Révolution, prête à tout pour sauver la monarchie?

    Sous la Révolution, elle est plus reine que jamais. Sa dimension politique est trop souvent oubliée. Son combat était d’ordre vital: si la Révolution gagne, la reine meurt, si la reine gagne, la Révolution échoue. Elle l’a compris dès les journées d’octobre 1789. Dans cette logique vitale, elle va aller jusqu’au bout, c’est-à-dire la trahison: elle a trahi la France et la Révolution en livrant aux souverains autrichiens les plans de bataille de l’armée française. Quand sa survie est en jeu, elle devient royale, elle agit en souveraine.

    Il faut se rappeler que cette femme est née fille de l’impératrice-reine Marie-Thérèse d’Autriche, l’un des souverains les plus puissants d’Europe, puis mariée à un roi absolu. Sa culture politique est celle de l’absolutisme. En dehors de la monarchie absolue de droit divin, rien ne peut exister de légitime et légal aux yeux de Marie-Antoinette. La reine est au-delà de la contre révolution. Elle est une figure de l’anti-révolution.

    De son point de vue, tous les coups étaient permis, y compris être double avec les représentants de la Révolution, comme Mirabeau ou Barnave. Tous les coups sont permis pour mettre un terme à cette Révolution. Lors de la matinée du 10 août 1792, quand le palais des Tuileries est sur le point d’être pris d’assaut par les insurgés, elle demande à son époux d’ouvrir le feu. Le sang doit couler! Elle veut aller jusqu’au bout pour sauver ce qu’il reste de la monarchie.

    Il serait temps de s’intéresser à toutes les heures que Marie-Antoinette a passé au cours de son existence à écrire, à réfléchir, à travailler aux stratégies possibles pour empêcher le renversement de la monarchie. Pour elle, la Révolution est faite par des monstres assoiffés de sang, elle était est donc prête à tout sacrifier pour sauver ce qu’elle pensait être le seul régime politique légitime et légal. Marie-Antoinette est une jusqu’au boutiste et, quoi qu’on en dise, une femme qui a su faire preuve de courage dans l’adversité et face à la mort.
    https://www.lefigaro.fr/vox/histoire/cecile-berly-marie-antoinette-incarne-l-archetype-de-la-reine-de-france-20201009


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