Reims, sacre de Louis XIIILe sacre et couronnement du Roy très chrestien Louys XIII
Roy de France et de Navarre.
Louis XIII sacré roi à l’âge de neuf ans
Après la mort tragique d’Henri IV, la reine mère, Marie de Médicis, décide de ne pas attendre la majorité de son successeur, Louis XIII, âge de neuf ans, pour le faire sacrer et couronner roi de France. La date de la cérémonie est fixée au 17 octobre 1610.
Le roi quitte Paris le 13 octobre, accompagné de sa mère, des princes du sang et des principaux officiers de la couronne. Il passe une nuit à Fismes et entre à Reims le lendemain. Il est accueilli par les membres du clergé, de l’université, du conseil de ville, de mille bourgeois en armes, de cent jeunes hommes portant la pique, des archers et de Suisses vêtus de velours bleu et blanc. Le cortège royal entre dans la ville, dont les rues sont ornées de tapisseries. Le roi est accueilli par une nymphe montée sur un chariot tiré par deux chevaux blancs. La jeune fille s’incline par trois fois, descend du char et vient à genoux offrir à Louis XIII les clefs de la ville, en récitant:
Roi le premier des Rois, fils aîné de l’Église,
Et de ce roi sans pair, à qui tu symbolises,
En grâces, en vertus, en clémence, en vigueur,
Moi, fille de Remus, et ville de ton sacre,
En te donnant mes clefs, à tes pieds je consacre,
De tous mes citoyens, et les biens, et les cœurs.
Le cortège royal se dirige alors vers la cathédrale, passe sous quatre arcs de triomphe richement décorés, le dernier, situé près de la porte Saint-Denis, présentant les figures de Clovis, de Louis le Débonnaire et de saint Louis.
Au cours des deux jours précédant le sacre, le roi va assister à une messe en l’église Saint-Remi, visiter l’église Saint-Nicaise, et se rendre chez les religieuses de Saint-Pierre.
La cérémonie du sacre, le dimanche 17 octobre, est présidée par le cardinal de Joyeuse, représentant l’archevêque de Reims absent, assisté de huit évêques. Les pairs, ducs et comtes, connétables, seigneurs, ambassadeurs et les princesses ont pris place dans une tribune, face à celle occupée par les ecclésiastiques, tandis que les évêques de Laon et de Beauvais se rendent au palais archiépiscopal où le roi a passé la nuit. «Il est vêtu d’une chemise de toile de Hollande fendue devant et derrière pour recevoir la sainte onction, et par-dessus d’une camisole fendue aussi devant et derrière pour la même cause, et pareillement d’une robe longue de toile d’argent à manches». Les deux évêques soulèvent le jeune roi et le portent jusqu’à la porte de la cathédrale. De là il gagne le chœur, assiste à l’arrivée de la Sainte Ampoule et reçoit la sainte onction, avec l’huile sacrée mélangée au saint chrême.
C’est ensuite le couronnement. Le cardinal prend sur l’autel la grande couronne, la soulève à deux mains sur la tête du roi, sans le toucher, et prononce quelques prières. Louis XIII est alors conduit jusqu’au trône royal, placé sur une plate-forme sur laquelle on monte par quatre marches, sous un dais orné de fleurs de lys d’or. Coiffé d’une petite couronne brillante de pierreries, tenant dans ses mains le sceptre et la main de Justice, le roi reçoit les révérences des pairs et des ecclésiastiques, tandis que la foule massée dans la nef commence à crier «Vive le roi!» et que les instruments de musique, les clairons, hautbois, tambours et trompettes se mettent à jouer, créant une joyeuse cacophonie sous les voûtes de la cathédrale.
Avant le festin royal, servi dans la grande salle archiépiscopale, Louis XIII se rend dans sa chambre pour changer d’habit. La coutume voudrait qu’on y mît le feu, mais la reine, «curieuse de telles dépouilles», les accapare et les garde pour elle. Puis le roi prend place au banquet, sur une table plus élevée que celles des invités. Le service commence, accompagné de musique. On pense que le roi de neuf ans ne goûta pas au vin servi au cours de ce festin...
Le lendemain, Louis XIII, au cours d’une cérémonie à la cathédrale, reçoit des mains du cardinal de Joyeuse le collier de l’ordre du Saint-Esprit, et prête serment comme chef de cet ordre.
Le mardi 19 octobre, il quitte Reims, salué par tous les corps de la ville, et se rend à Corbeny pour toucher, selon la tradition, les malades atteints d’écrouelles. Puis il rentre à Paris avec la reine sa mère