17 octobre 1678: Marie-Angélique de Fontanges arrive au château de Saint-Cloud

Elle est introduite au Trianon, l'actuel Pavillon de Breteuil (Le pavillon de Breteuil est un ancien trianon du château de Saint-Cloud (aujourd'hui détruit), situé dans le parc de Saint-Cloud dans les Hauts-de-Seine (adresse postale rattachée à Sèvres)), par la duchesse de Ventadour (la duchesse d'Arpajon étant souffrante, auprès de Charlotte-Elisabeth de Bavière, princesse Palatine, "prodigieusement laide", selon le mot d’Émile Henriot, et de Monsieur, efféminé à l'excès, poudré, fardé, parfumé et "dont la tendresse n'est pas pour les femmes" (Saint-Simon)

Monsieur Charles d'Harcourt de Beuvron la présente comme une excellente cavalière et une grande chasseresse, dons qu'elle tient de son père Jean Rigal

Charles d'Harcourt
comte de Beuvron


Abbé de Coulombs (diocèse de Chartres)
capitaine des gardes de Monsieur
mestre de camp du régiment de cavalerie du duc d'Orléans et capitaine de ses gardes.
Chevalier de Malte en 1661


Décédé le 29 septembre 1688
Inhumé à Paris (Carmes des Chaussées)


Parents
François d'Harcourt, marquis de Beuvron 1598-1658
Renée d'Espinay-Saint-Luc, dame de Saint-Luc 1606-1639


Marié en 1678 avec Lydie de Rochefort-Théobon 1638-1708 (sans postérité)

Le duc de Noailles fait entendre qu'il évitera aux courtisans de s'interroger sur la venue de la jeune fille en tâchant de ne pas trop "l'exposer"

A Madame? Elle "tend puérilement ses bras de petite provinciale naïve et dépaysée comme à une mère de haut rang"

L'accueil de la princesse est de plus aimables

Elle trouve tout de suite sa nouvelle fille d'honneur de "parfaite beauté, dit-elle elle-même, et de parfaite réputation, douce et complaisante (...) C'est une de ces blondes resplendissantes, conforme à la mode et au goût de Louis, avec la taille flexible de la jeunesse et un port de tête, une allure dignes de séduire le Roi"

Très vite, elle lui témoigne de la sympathie, qui se transforme peu à peu en affection sage de mère qui câline et dorlote: "Pendant que dura l'amour du Roi pour elle, dira-t-elle encore, il fallait que je fusse avec elle le plus que je pouvais; car elle m'aimait au-delà de toute expression"

Madame la princesse Palatine est une jeune femme de 26 ans chez qui il y a moins d'imagination et plus d'enjouement, écrit-elle dans ses Mémoires, que chez Mademoiselle de Scorailles, "avec, cela se conçoit, moins d'ingénuité et plus de mordant dans l'esprit"

Lorsqu'elle n'est pas à cheval ou à la comédie, elle passe son temps à écrire des lettres, les fameuses lettres que nous connaissons

Alors qu'elle n'a que 17 ans, Marie-Angélique prend donc la place laissée libre un mois plus tôt par Mademoiselle de Mesnières

De Saint-Cloud, elle rejoint les autres filles d'honneur au Palais-Royal, à Paris, où réside la famille d'Orléans

Elle résidence à Paris, rue de la Chaume, à l'hôtel de Catherine-Henriette d'Harcourt Beuvron

Dame d'honneur (1ère dame) de la Dauphine (Marie Anne de Bavière) de 1685 à 1690, en remplacement de la duchesse de Richelieu.
Née vers 1630
Décédée le 11 mai 1701 à Paris à l'âge de 71 ans
Inhumée en la chapelle de la communion du couvent de Charonne


Parents
François d'Harcourt, marquis de Beuvron 1598-1658
Renée d'Espinay-Saint-Luc, dame de Saint-Luc 1606-1639


Mariée le 24 juillet 1659 en l'église Saint-Pierre de Chaillot (Paris) avec Louis, duc d'Arpajon 1590-1679
(Toute jeune, Catherine Henriette d'Harcourt épousera Louis d'Arpajon (deux fois veufs) et soupçonné d'avoir fait assassiner sa première femme)
dont
Catherine Françoise 1661-1716
Louis †1660


Filleul: Gaspard de Paschal de Saint-Juéry 1667-


St Simon parle d'elle dans ses mémoires :

Citation :

..""La duchesse d'Arpajon, mariée belle et jeune à un vieillard qui ne sortait plus de Rouergue et de son château de Séverac, s'était vue noyée d'affaires et de procès, depuis qu'elle fut veuve, au parlement de Toulouse, pour ses reprises et pour sa fille unique, dont des incidents importants l'amenèrent à Paris pour y plaider au conseil. C'était une personne d'une grande vertu, d'une excellente conduite, qui avait grande mine et des restes de beauté. On ne l'avait presque jamais vue à la cour ni à Paris, et on l'y appelait la duchesse des bruyères. Elle ne l'était qu'à brevet. Mme de Richelieu mourut fort tôt après son arrivée, et la surprise fut extrême de voir la duchesse d'Arpajon tout à coup nommée dame d'honneur de Mme la Dauphine en sa place. Elle-même le fut plus que personne; jamais elle n'y avait pensé, ni M. de Beuvron son frère; ce fut pourtant lui qui la fit sans le savoir. Il avait autrefois été plus que bien avec Mme Scarron; celle-ci n'oublia point ses anciens amis de ce genre, elle compta sur l'attachement de sa sœur par lui, par reconnaissance et par se trouver parfaitement isolée au milieu de la cour. On ne pouvait avoir moins d'esprit, mais ce qu'elle en avait était fort sage, et elle avait beaucoup de sens, de conduite et de dignité; et il est impossible de faire mieux sa charge qu'elle la fit, avec plus de considération et plus au gré de tout le monde. ..."

Elle devint donc dame d'honneur de la Dauphine Marie Anne de Bavière de 1685 à 1690, mais brigua bientôt le poste de dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne en 1696. St Simon relate que son souhait ne fut pas exaucée, et que le poste fut donné par Mme de Maintenon à sa fille unique, Catherine Françoise d'Arpajon :

.."Elle espéra donc être choisie (comme dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne); elle le demanda ; le monde le crut et le souhaita, mais les vingt mille écus que Mme Barbisi, la vieille mie de la duchesse du Lude, fit accepter à la vieille servante de Mme de Maintenon, décidèrent contre Mme d'Arpajon. Le roi voulut la consoler, et Mme de Maintenon aussi, et firent la comtesse de Roucy, sa fille, dame du palais. La mère ne prit point le change, elle demeura outrée; le transport de joie de sa fille l'affligea encore plus, et leur séparation entière qu'elle envisageait, l'accabla; elle aimait fort sa fille, que cette place attachait en un lieu où la mère ne pouvait plus paraître que fort rarement avec bienséance, et elle se voyait tombée en solitude. Elle ne la put porter : peu de mois après elle eut une apoplexie dont elle mourût quelque temps après."..