03 décembre 1688: Versailles

Le roi et Monseigneur entendirent la messe de bonne heure, et vouloient aller courre le loup dans la forêt de Marly; mais il n'y en eut point de détournés. Ils allèrent tirer et revinrent dîner à Trianon; madame la Dauphine y vint sur les cinq heures avec beaucoup de dames; tous les courtisans avoient permission d'y aller; on y joua avant la comédie, et madame la Dauphine entendit jouer le petit Marais de la viole. A sept heures, on alla à la comédie italienne, que le roi entendit de la tribune. On porta une collation magnifique dans des corbeilles quand les dames furent assises. La musique du roi chanioit dans les entr'actes. M. le duc du Maine arriva durant la comédie, et alla faire la révérence au roi dans la tribune. Le débordement des rivières a fort retardé sa marche, car il croyoit pouvoir arriver le lendemain de l'arrivée de Monseigneur.
— On n'a point eu aujourd'hui de nouvelles d'Angleterre; on croit qu'on en aura demain.
— Le roi a dit à M. l'évêque de Beauvais qu'il étoit bien fâché de n'avoir pu trouver de place pour lui dans la promotion; mais qu'il lui promettait la première vacante dans les ecclésiastiques, qu'il devoit se fier à sa parole, d'autant plus qu'il n'avoit pas accoutumé de tenir de pareils discours, et qu'il pouvoit le dire et l'écrire à tous ses amis. M. de Beauvais, après avoir bien remercié S. M., lui a répondu qu'il alloit se servir de la permission qu'il lui donnoit, et mande à M. le cardinal d'Estrées les bontés de S. M., afin qu'on n'en puisse douter à Rome, craignant sans cela que n'être point de la promotion ne nuisit à ses prétentions au cardinalat.