L'oeuvre que je vous présente aujourd'hui date du XVIIIe siècle et son auteur est anonyme. C'est une huile de format modeste (43,5 sur 54) et de facture française conservée au musée Grobet-Labadie de Marseille. On y voit les personnages de comédie Pierrot et Arlequin mis en scène devant un buste de la reine Marie-Antoinette.
Qu'a voulu dire le peintre ? Le buste de la reine est parfaitement reconnaissable, aucun doute n'est possible. Il trône sur une scène de théâtre au rideau bleu, détail qui peut nous faire penser au théâtre de Marie-Antoinette à Versailles. Le décor dont on ne voit qu'un petit bout rappelle le parc de la reine autour du petit Trianon.
Passons aux personnages. Ils sont issus de la Comédie italienne. Rappelons que Marie-Antoinette adorait le théâtre, comme spectatrice mais aussi comme actrice. C'est Pierrot qui est à l'avant-plan, d'un blanc éclatant qui attire immédiatement le regard (l'autre point de focalisation étant le buste de la reine à gauche). Il regarde dans le vide, ou un point que nous ne voyons pas et tend la main vers ce qui se passe derrière lui sur la scène. Son geste est imprécis et il arbore un sourire lunaire (fidèle à la symbolique de son personnage). Arlequin, lui, semble faire une révérence à la reine. Mais c'est une révérence désarticulée, peut-être ironique.
Le peintre a-t-il voulu représenter l'impression laissée par le sort de la reine Marie-Antoinette exécutée lors de la Révolution ? Son pinceau serait alors peu compatissant. Mais sans connaître le contexte ni l'identité de l'auteur, nous restons démunis devant cet étonnant tableau.
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Et l'orage s'en va calmé indifférent