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 exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."

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pimprenelle

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MessageSujet: exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."   exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Icon_minitimeDim 16 Fév - 9:21

De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes. Le temps de l’insouciance.


Jacquemart-André accueille en mars la peinture française du XVIIIe, de Watteau à Fragonard

Du 14 mars au 21 juillet 2014, le musée Jacquemart-André présentera une soixantaine d’œuvres du XVIIIe français dans l’exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes. Le temps de l’insouciance."

Le genre pictural que l’on appelle "Fête galante" naît de et autour de Jean-Antoine Watteau (1684-1721). Dans des décors champêtres, la belle saison venue, le sentiment amoureux est mis en scène. Belles dames, danseurs ou bergers se distraient, se divertissent ou se prêtent à des confidences.

D’autres peintres dont Nicolas Lancret (1690-1743) et Jean-Baptiste Pater (1695-1736) en adoptèrent les codes, tandis que de plus créatifs, dont François Boucher (1703-1770) et Jean- Honoré Fragonard (1732-1806), adjoindront au genre leur vision très personnelle des plaisirs galants. Une élégance et un raffinement, propres à l’esprit rococo du siècle des Lumières.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 345wat10
Antoine Watteau (1684-1721) La Proposition embarrassante
Vers 1715 - 1720 Huile sur toile 65 x 84,5 cm
Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg Photograph
© The State Hermitage Museum / Vladimir Terebenin



Et il faudra attendre le début du XXe siècle pour que l’art moderne détrône le XVIIIe siècle des cimaises des collectionneurs et des amateurs...

Les scènes peintes par Watteau, si elles reprennent une tradition plus ancienne vénitienne et flamande, l’ancrent fortement et de façon moderne dans la société française, privilégiant des scènes poétiques et laissant deviner l’amour du peintre pour le théâtre.

Ses toiles sont rapidement acquises par de grands personnages de l’époque comme Frédéric le Grand de Prusse. Watteau est reçu comme peintre d’histoire, le genre hiérarchiquement le plus élevé, par l’Académie royale de peinture et de sculpture. Plus loin sur le parcours, vous observerez la justesse, la spontanéité et l’audace des dessins de Watteau, qui parfois les superposait dans les préparatifs pour ses toiles.

La grande liberté que permet ce genre pictural revisité, fait que de nombreux peintres s’y essaient, allant jusqu’à copier en exagérant l’imitation. Le créatif Pater, seul élève connu de Watteau, explore le potentiel érotique en plaçant ses personnages dans les situations qui s’y prêtent (Les Plaisirs du Bain, musée du Louvre).

Au long du XVIIIe siècle, la Fête galante s’élabore encore et se complexifie, notamment en intégrant davantage de détails dans les costumes ou des œuvres d’art, une statue, autant d’éléments faits pour être reconnus par leurs contemporains.

Ces peintres se feront également portraitistes. Le décor restant vert et champêtre.

La Fête galante est aussi une promenade. Ces tableaux anciens nous révèlent les trajectoires et les lieux en vogue. Les parcs parisiens et les domaines environnants voient s’étaler la vie mondaine, Tuileries et Parc de Saint-Cloud compris, en attendant que les boulevards ne les rejoignent. Ainsi les commanditaires se satisfaisaient-ils de pouvoir reconnaître le lieu qu’ils parcouraient dans la réalité.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 387wat10
Nicolas Lancret (1690-1743) Baigneuses et spectateurs dans un paysage (Les Plaisirs du bain)
Avant 1725, huile sur toile, 97 x 145 cm Paris, Musée du Louvre,
Département des peintures, collection du baron Edmond de Rothschild (1926-1997) ;
dation en paiement de droits de mutation, 1990 © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi



Dans les peintures de François Boucher (1703 - 1770) et de Jean-Honoré Fragonard (1732 - 1806), la Fête galante passe de la représentation d’une réalité contemporaine à celle d’une réalité visionnaire, plus fantaisiste. Les commanditaires attendent plus une peinture décorative qu’une peinture d’histoire. Les thèmes emblématiques (promenade, jeux, musique, danse) de la Fête galante reflètent parfaitement cet intérêt, et l’engouement pour ce genre pictural ne faiblit pas. Les peintres alors ajoutent l’extravagance de remplacer les élégantes Parisiennes par des bergères de fantaisie, et dans le même tableau d’accumuler des tendances sans la rigueur nécessaire à la vraisemblance.

De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes. Le temps de l’insouciance. Du 14 mars au 21 juillet 2014. Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann 75008 Paris, 01 45 62 11 59, ouvert 7j./7 de 10 à 18h. Nocturnes les lundi et samedi jusqu’à 20h30. 12 et 10€, entrée gratuite pour les enfants de moins de 7 ans, et le 2e enfant âgé de 7 à 17 ans (avec 2 adultes et 1 enfant payant). Métro (Saint-Augustin, Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule), RER A (Charles de Gaulle-Étoile). Bus 22, 28, 43, 52, 54, 80, 83, 84, 93



En savoir plus sur http://www.evous.fr/Jacquemart-Andre-accueille-en-mars-la-peinture-francaise-du-XVIIIe-de-Watteau-a,1185630.html#JKQheWFDkUFwS0rM.99

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MessageSujet: Re: exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."   exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Icon_minitimeJeu 13 Mar - 8:02

Un autre point de vue sur cette exposition:

En images : l’érotisme subtil d’une « fête galante » du XVIIIe siècle

Magali Lesauvage • 12 mars 2014

Le musée Jacquemart-André inaugure le printemps avec une charmante exposition, De Watteau à Fragonard : les fêtes galantes, qui résume en une soixantaine d'œuvres cette manière bien française de célébrer l'amour, ses artifices et ses guet-apens dans une nature fantasmée. Les Plaisirs du bain, tableau de Nicolas Lancret conservé au Louvre, est emblématique de cette heure mystérieuse où la réalité se dissout dans le rêve. Analyse.

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Lancre10
Nicolas Lancret, Les Plaisirs du bain, avant 1725, Paris, Musée du Louvre,
Département des peintures ©️ RMN-Grand Palais/Jean-Gilles Berizzi.


L'artiste
Nicolas Lancret (1690-1773) n'a que six ans de moins qu'Antoine Watteau (1684-1721), mais ce dernier fut pour lui un réel maître. Non pas au sens académique, puisque le peintre de Valenciennes l'enjoint même à quitter à sa suite l'atelier du peintre Gillot. Lancret prend pour modèle Watteau sans à proprement parler être son élève, au point qu'on a confondu les attributions, ce qui vexa Watteau au plus haut point. Membre de l'Académie, il eût une carrière très respectable grâce notamment aux scènes de « fêtes galantes » telle que celle-ci, peinte après la mort de Watteau en 1721, à l'âge précoce de trente-sept ans.

La « fête galante »
L'expression fait directement référence au type de scènes champêtres inventées par Antoine Watteau dans les deux premières décennies du XVIIIe siècle. Inspirée des pastorales vénitiennes et flamandes des XVIe et XVIIe siècles, la fête galante est, comme son nom l'indique, la représentation d'un moment d'oisiveté sociale, réservée à l'aristocratie de l'époque, et associée à une notion de séduction. À la fois légères par leurs échos érotiques et graves par l'atmosphère mystérieuse qui en émane, les fêtes galantes de Watteau et ses suiveurs (Lancret, Pater, Troy, Boucher, Fragonard...) désignent un moment de grâce de l'art français.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Couple12
Détail : couple.

Le tableau
Issue de la collection du baron Edmond de Rothschild, l'huile sur toile de 97 x 145 cm est d'un format relativement important pour une scène de ce type, preuve qu'après la mort de Watteau, la fête galante devient un genre en soi, rivalisant avec la peinture d'Histoire. Moins miniaturiste que Watteau, Lancret donne au genre une ampleur nouvelle. Divisée en trois parties bizarrement liées entre elles, la toile montre au centre un couple dont l'attention est appelée par une scène de baigneuses légèrement vêtues à gauche. Batifolant dans l'eau, elles semblent descendre d'une barque dont on voit une réplique en arrière-plan, comme flottant dans les airs. À droite, une jeune femme se fait coiffer de fleurs, son regard et celui de sa dame de compagnie tournés eux aussi vers les naïades. La nature est profuse, lourde et gorgée de sève, ménageant des zones d'ombre. Le ciel rosissant indique une heure tardive.

Le couple
Au centre du tableau, l'homme et la femme se confondent en une même forme ovoïde posée en diagonale. Pas réellement enlacés mais très proches l'un de l'autre, ils se répondent par leurs gestes. Leurs corps se font face, ouverts l'un à l'autre. Le visage de la galante est caché pour mieux montrer sa nuque délicate, motif de prédilection de la peinture de Watteau, caractéristique d'un érotisme subtil, tout comme l'oreille légèrement rosée dont on retrouve le ton dans sa large jupe aux reflets nacrés. L'homme, comme souvent chez Watteau et ses successeurs, adopte une position assez affirmée, la main posée sur le genou, tout en témoignant d'une grande décontraction. À leurs pieds, la bourse ouverte d'où s'échappent des fleurs récemment cueillies peut symboliser l'acte sexuel à venir.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Baigne11
Détail : baigneuses.

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Barque11
Détail : barque.

La barque
L'embarcation que l'on voit glisser doucement à l'arrière-plan apporte une touche de mystère à cette scène de pur plaisir. Située entre ciel et terre, la barque menée par un moderne Charon, passeur des morts vers les Enfers, est chargée de nombreux convives qui s'enfoncent dans une nature luxuriante. Cet espace indéterminé rappelle les étranges limbes qui entourent la figure que l'on voit en fond du Déjeuner sur l'herbe de Manet, peint un siècle et demi plus tard — scène, elle aussi, d'un érotisme diffus et complexe. La perspective atmosphérique qui entoure les personnages ajoute à cette sensation d'étrangeté, et donne une note grave à ces délicieusement voluptueux Plaisirs du bain.

http://www.exponaute.com/magazine/2014/03/12/en-images-lerotisme-subtil-dune-fete-galante-du-xviiie-siecle/

Intéressant article!  Very Happy 

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MessageSujet: Re: exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."   exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Icon_minitimeJeu 13 Mar - 19:22

Oui au premier regard j'étais loin d'avoir vu tous ces détails  Very Happy 
Je me demandais même où était l'érotisme, mais si avec les détails c'est plus évident déjà  exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 244157 

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MessageSujet: Re: exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."   exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Icon_minitimeSam 22 Mar - 9:20

Complément d'info:

Watteau, Boucher, Fragonard, peintres des fêtes galantes, au Musée Jacquemart-André

Publié le 21/03/2014 à 10H29, mis à jour le 21/03/2014 à 10H32

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Bouche10
François Boucher (1703-1770) - Les Charmes de la vie champêtre - Huile sur toile, 100 x 146 cm -
Musée du Louvre, Département des Peintures, Paris © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizz


Besoin de légèreté en ce début de printemps ? Courez au Musée Jacquemart-André à Paris ! Jusqu’au 21 juillet, vous pourrez plonger dans l’univers à la fois poétique et sensuel des fêtes galantes du XVIIIe siècle. Des fêtes célébrées par des peintres comme Watteau, Fragonard, Boucher ou Pater. Au total, une soixantaine d'oeuvres où l'érotisme se cache parfois dans les détails.

Reportage : I. Baechler, D. Dahan, N. Lachaud

C’est Antoine Watteau qui fut le premier en France à s’intéresser au thème des fêtes galantes. En peinture, le genre fut abordé au XVIe et XVIIe siècle dans les pastorales vénitiennes et flamandes où l’on voyait des jeunes gens "flirter" (du français fleureter, conter fleurette) au milieu de paysages bucoliques. L’ensemble dégageait une infinie légèreté. A tel point qu’on ne les prit pas forcément au sérieux et que le genre resta "mineur" dans l’histoire de l’art. Mais de fait, elles échappèrent aux codes de l’académisme, aux rigueurs de la peinture historique ou religieuse.

Pour les peintres, le champ des possibles s’ouvrait et Watteau fut le premier à s’emparer pleinement de ces fêtes galantes. Il fut suivi par d’autres peintres, Certains le copièrent, d’autres surent imprimer leur style comme François Boucher, Jean-Baptiste Pater et enfin Jean-Baptiste Fragonard qui fut le dernier grand peintre à s’intéresser à ce genre, un siècle et demi après Watteau.


pour voir la vidéo, cliquez sur le lien: http://culturebox.francetvinfo.fr/watteau-boucher-fragonard-peintres-des-fetes-galantes-151677

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MessageSujet: Re: exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes."   exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Icon_minitimeSam 22 Mar - 9:44

Merci au site précédent d'avoir renseigné ce lien:  exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 454943 


Badinage et libertinage : évolution des fêtes galantes de Watteau à Fragonard

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." Wattea10
Antoine Watteau : La proposition embarrassante, vers 1715-1720. Huile sur toile, 65 x 84,5 cm.
The state Hermitage Museum / Vladimir Terebenin


Publié le 14 mars 2014


Le musée Jacquemart-André présente jusqu'au 21 juillet 2014, une grande exposition sur la peinture française du XVIIIe : "De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes. Le temps de l'insouciance". Comme Paul Verlaine en son temps, beaucoup sont encore fascinés par la poésie qui se dégage de ces peintures réalisées par Watteau et ses suiveurs, dont certains comptent parmi les plus grands artistes du XVIIIe siècle. L'influence de Watteau s'étendra jusqu'aux impressionnistes. Visite.

L'art des plaisirs

Le musée Jacquemart- André ressemble à l'intérieur à une bonbonnière, y présenter une exposition consacrée aux fêtes galantes va donc de soi. J'ai toujours beaucoup de plaisir à me rendre dans ce musée, même si les salles sont petites. L'exposition "De Watteau à Fragonard, les fêtes galantes" réunit une soixantaine d'œuvres qui prouvent bien que ce genre de peinture est avant tout un espace de liberté, plus ou moins inventé et plus ou moins libertin...


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 6_bouc10
François Boucher (1703-1770) : Pastorale. Huile sur toile,64,5 x 81 cm.
Staatliche Kunsthalle Karlsruhe.


Mary Taverne Holmes, commissaire de l'exposition précise "un genre en phase avec le libertinage intellectuel du siècle des lumières". En 1717, le peintre Watteau est reçu à l'Académie qui, après moult hésitations, baptise le tableau de Watteau (Pèlerinage à l'île de Cythère), "Une feste galante". C'est donc bien Watteau l'inventeur des fêtes galantes.

Questions autour d'un inventeur

En fait, il s'inspire des représentations pastorales vénitiennes et flamandes du XVI et XVIIe. Mais les tableaux de Watteau sont plein d'énigmes sur lesquels les experts mondiaux butent. Plusieurs questions se posent : Watteau ne datait pas ses tableaux, quelle est la chronologie exacte ? Watteau était un homme malade (tuberculose ?), acariâtre, un peu frustré ? Quelle part "d'érotisme" et de sensualité désire-t-il mettre exactement dans ses créations ? Faut-il voir, comme chez de nombreux génies, un soupçon de mort dans ses lumières crépusculaires ? Watteau ne faisait pas beaucoup attention à ses couleurs, les tableaux se sont abîmés et certains restaurateurs n'ont pas eu la main leste, etc... Cette exposition va-t-elle répondre à ces questions ? Je l'espère.

Watteau révolutionnaire

Je remarque les murs coquille d'œuf. Pour rappeler les paysages champêtres de Watteau, on a peint sur les coins des murs des silhouettes d'arbres. La scénographie réalisée par le designer Hubert le Gall, est plutôt réussie. Antoine Watteau est, à sa manière, un magicien et un révolutionnaire artistique. Il met fin à la grande composition classique et met au point une autre manière de travailler. Il fait de nombreux dessins sublimes, qui serviront de réserve pour les différentes figures de ses tableaux. Il juxtapose donc plusieurs scénettes, à la manière d'un collage. C’est pour cela qu'il est difficile de trouver dans ses tableaux un suivi narratif évident. Les tableaux de Watteau sont petits, "La proposition embarrassante" en est un exemple. Chaque personnage est en mouvement et chacun exprime le désir à sa façon. Le doré du vêtement de l'homme répond à la robe orangée de la femme de dos. Comme toutes les peintures de Watteau, cette huile sur toile peut se résumer en trois mots : délicatesse, finesse, justesse des attitudes. Mais comme toujours, bien malin celui qui sait comment va finir la scène...


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 1_watt10
Antoine Watteau : La proposition embarrassante, vers 1715-1720. Huile sur toile, 65 x 8',5 cm.
The State Hermitage Museum / Vladimir Terebenin


Watteau observateur des corps et des cœurs

Le style Watteau est reconnaissable, l'artiste accorde une importance considérable aux attitudes et c’est la position des corps qui exprime finalement les sentiments. Mais les paysages de Watteau sont idéalisés, inventés. Est-ce une façon de prendre ses distances avec la dureté de son époque ? A la fin de la Régence, la société change, l'argent est roi, les fortunes se font et se défont très rapidement. Les nouveaux investisseurs ont soif de nouveautés, Watteau et ses badinages enchanteurs tombe à pic. Son succès est considérable et les collectionneurs se précipitent pour acquérir une de ses fêtes galantes.

Dans le journal de l'exposition, le spécialiste de la peinture du XVIIIe, Christoph Vogtherr donne une définition précise d'une fête galante : "Il s'agit toujours de scènes extérieures, avec une dimension paysagère importante dans lesquelles les personnages conversent, se promènent, écoutent de la musique". Permettez-moi de vous donner un conseil si voulez aller voir cette belle exposition : faites comme on le faisait au XVIIIe, prenez du temps devant chaque œuvre et observez bien les détails. Je parie que vous ne serez pas déçu. J'observe un magnifique tableau où l'on retrouve les caractéristiques de Watteau : le goût pour les beaux tissus, les corps en mouvement, le trouble amoureux omniprésent mais traité avec délicatesse, une nature inventée mais qui occupe beaucoup d'espace, des trouées lumineuses qui éclairent les personnages dont certains sont des musiciens ou des comédiens.

Jeune, Watteau a travaillé dans l'atelier de Claude Gillot, qui lui révèle un répertoire inspiré du théâtre. Watteau se passionne pour la commedia dell'arte. Ceci explique cela. Je regarde encore la toile, elle s'intitule "Fête galante avec joueur de guitare et sculpture d'enfants jouant avec une chèvre". Comme toujours chez Watteau, il y a de nombreux personnages de dos et de nombreuses femmes offrent leur nuque aux regards de l'observateur.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 2_watt10
Antoine Watteau : Fête galante avec joueur de guitare et sculpture d'enfants jouant avec u ne chèvre, vers 1717-1719.
Huile sur toile, 115 x 167 cm. BPK, Berlin, Dist RMN-Grand Palais / Jörg P. Anders.


Théâtralisation

Un autre tableau, tout, petit attire mon regard : "Pierrot content". C’est un tableau tout en finesse dans lequel je ressens une légère mélancolie. Une fois encore, le ciel déchire le feuillage pour éclairer les personnages à la manière d'un éclairage de théâtre. La plupart du temps, Watteau prépare son paysage et inclut les personnages après. Cette méthode de travail renforce l'aspect théâtral de l'oeuvre.


exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 3_watt10
Antoine Watteau : Pierrot content, vers 1712-1713. Huile sur toile, 35 x 31 cm.
Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid.


Une vie fulgurante

Watteau est né à Valenciennes le 10 octobre 1684. Son père est maître couvreur, marchand de tuiles. A dix ans, Jean Antoine Watteau entre comme apprenti chez un peintre local, mais celui-ci meurt. Sans protection, sans ressource, le jeune Watteau part pour Paris. Là, il travaille chez un fabricant de peintures où il recopie des images religieuses. Il rejoint l'atelier de Gillot. En 1709, il tente le prix de Rome, sans succès. Trois ans plus tard, en 1712, il devient membre de l'Académie de peinture. Mais il ne présente son morceau de réception que cinq ans plus tard, c'est le célèbre :" Pélerinage à l'île de Cythère". Le succès est immédiat. Watteau suscite l'admiration des amateurs d'art de son époque.

Un des nombreux admirateurs de Watteau, Jean de Julienne, achète une quarantaine de toiles et réunit 450 dessins qu'il fait graver, contribuant ainsi largement à la diffusion des œuvres de Watteau. Mais Antoine Watteau a un problème qui le ronge : sa maladie respiratoire. En 1719, il part à Londres pour se faire soigner par un médecin réputé : échec. Watteau rentre en France. Les derniers jours de sa vie, il peint en l'air des figures imaginaires. Il meurt en 1721 à l'âge de 37 ans. En regardant toutes les œuvres qui sont autour de moi, je me demande si le sentiment de la fragilité et de la futilité de la vie n' est pas le plus grand thème de Watteau ? Bien sûr, Watteau décrit l'harmonie entre l'homme et la nature, il dresse aussi un cadre idéal aux rencontres amoureuses, mais à mon avis, cela va bien au delà...

Les suiveurs : Lancret à la chasse au réel

Les fêtes galantes étant un espace de liberté mal défini, le genre continue bien au delà de la mort de Watteau, jusqu'à la révolution française. Les suiveurs des badinages raffinés de Watteau sont nombreux, parmi eux Nicolas Lancret. Lancret rajoute de nouveaux thèmes dans les fêtes galantes : les baigneuses et les scènes de chasse, ce qui est assez habile puisque Louis XV adore la chasse. J'observe un tableau d'une grande beauté : "Les plaisirs du bain". Les différences avec Watteau sont flagrantes : le tableau est de grand format, les couleurs sont plus accentuées, le ciel, plus dégagé, tourne vers le turquoise. Le tableau se divise en deux : à gauche, les baigneuses qui symbolisent le désir, à droite une jeune femme en robe bleue, avec des fleurs à terre, ce qui signifie que l'amour a été consommé... Le bateau au centre est lui-même un symbole de l'amour.


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Antoine Watteau : Les plaisirs du bain, avant 1725. Huile sur toile, 97 x 145 cm.
RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean Gilles Berizzi.


Lancret aime aussi introduire de vrais acteurs ou de vrais danseurs dans ses tableaux, de même que des sculptures existantes. Mais je dois dire que les corps de Lancret me semblent un peu plus rigides que ceux fragiles et poétiques de Watteau.

Boucher l'érotomane

Boucher est le maître de la pastorale. Il a une technique bien particulière : il couvre la toile de plusieurs couches de peintures et de vernis, ce qui donne cet aspect nacré très rare à ses œuvres. Il s'inspire des personnages secondaires de Watteau et les agrandit jusqu'à en faire le thème central de la toile. Boucher avait la réputation de coucher avec tous ses modèles, la rumeur a même couru qu'il était proxénète. Dans ses tableaux, les femmes ont des formes, les corsages sont bien remplis, les messieurs beaucoup plus entreprenants.


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François Boucher : Les charmes de la vie champêtre. Huile sur toile, 100 x 146 cm.
RMN-Grand Palais ( musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi.


Chez Boucher, musiciens et comédiens sont remplacés par des bergers et des bergères. Même quand il traite de l'amitié entre deux femmes, le peintre est un peu ambigu...

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 7_bouc10
François Boucher : L'école de l'amitié. Huile sur toile, 64 x 8à,5 cm.
Staatliche Kunsthalle Karlsruhe.


Boucher illustre aussi un autre penchant de l'époque : l'exotisme. Le peintre collectionne les objets chinois et réalise plusieurs toiles "à la chinoise". Watteau, lui aussi, cède à cette mode. il crée un pavillon avec 30 toiles exotiques dont il ne reste que deux exemplaires, exposés dans cette présentation au musée Jacquemart-André.

Fragonard : vers le romantisme

Fragonard se forme à Paris mais aussi à Rome où il copie les maîtres anciens. En 1765, il obtient un vrai succès avec une peinture d'histoire : "Corésus et Callirboé". Mais les amateurs de l'époque sont très friands des fêtes galantes, alors Fragonard se tourne vers un registre plus intimiste, pour répondre au marché. Il adore introduire une notion sociétale dans ses tableaux : il peint des personnes en train de parler ou de faire l'amour. Sa touche est d'une vivacité incroyable. Son pinceau effleure la toile comme un papillon. Cette exposition a bénéficié du prêt exceptionnel par la Banque de France d'un tableau de très grand format : "La fête à Saint-Cloud", une immense scène de plein air. Compte tenu de l'importance du paysage, les personnages semblent minuscules. Je retrouve dans ce tableau unique le côté enchanteur, si présent dans les travaux de Watteau.


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Jean-Honoré Fragonard : La fête à Saint- Cloud, vers 1775-1780. Huile sur toile, 214 x 334 cm.
RMN-Grand palais / Gérard Blot.


Voici un détail de la toile, il mérite d'être agrandi car il prouve l'originalité, la liberté et la modernité de Fragonard : une sensualité dynamique.

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Jean-Honoré Fragonard : La fête à Saint-Cloud (détail), vers 1775-1780. Huile sur toile, 214 x 334 cm. RMN-Grand Palais / Gérard Blot.

Je jette un coup d'œil à un autre tableau de ce peintre : "Le jeu de la main chaude". Un personnage à genoux, les mains derrière le dos doit reconnaître celui ou celle qui le touche. Un jeu qui facilite les rencontres amoureuses. Le tableau dans son entier est consacré à l'art de la séduction. Le jeune homme à gauche est déjà quasiment allongé... La sculpture à droite de Etienne-Maurice Falconet, exposée au Louvre, s'intitule "L'amour menaçant". A travers elle, avec ironie, Fragonard fait passer le message suivant : si vous faites des choses secrètes, il faut savoir garder le secret... Tout à fait conforme à l'hédonisme et à l'esprit libertin du XVIIIe.

exposition "De Watteau à Fragonard, les Fêtes galantes." 10_fra10
Jean-Honoré Fragonard : Le jeu de la main chaude, vers 1775-178. Huile sur toile, 115,5 x 91,5 cm.
Courtesy National Gallery of Art, Waschington.


Des rêves sensuels aux couleurs voluptueuses de Watteau, aux sculptures romantiques et à la frivolité de Fragonard, en passant par les chairs nacrées de Boucher, cette exposition est vraiment à voir. Ne ratez pas les deux petites salles des dessins de Watteau, chacun d'eux est un chef d'œuvre.
http://culturebox.francetvinfo.fr/le-blog-de-thierry-hay/2014/03/14/badinage-et-libertinage-evolution-des-fetes-galantes-de-watteau-a-fragonard.html

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