Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 17 juillet 1789: La Fayette fait adopter la cocarde tricolore par la Garde Nationale

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yann sinclair

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MessageSujet: 17 juillet 1789: La Fayette fait adopter la cocarde tricolore par la Garde Nationale   17 juillet 1789: La Fayette fait adopter la cocarde tricolore par la Garde Nationale Icon_minitimeMar 16 Mai - 16:40




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JOURNÉE DU 17 JUILLET 1789


Le 17 juillet 1789 a lieu la dernière entrée triomphale de Louis XVI à Paris: le roi vient accepter la désignation de Bailly à la fonction de maire de Paris, et celle de La Fayette, au grade de commandant de la Garde nationale. Bailly remet au souverain les clefs de Paris et la cocarde tricolore, mêlant le rouge et le bleu de Paris au blanc du roi, en lui disant:
« Sire, Henri IV avait reconquis son peuple. Ici c’est le peuple qui a reconquis son roi »

VOYAGE DE VERSAILLES A PARIS.

Le 17 au matin il y avait du vide, de la tristesse et de l'inquiétude au château de Versailles; tous ceux qui habitaient son immensité et qui se rencontraient dans les cours, dans les escaliers, dans les passages, dans les longues galeries s'abordaient avec ces mêmes paroles:

Le Roi va donc à Paris !
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Et quand on s'était répondu Oui, tel a été l'avis du conseil, on se quittait plus triste et plus inquiet. Sur tous les esprits, dans tous les cœurs il y avait de funestes pressentiments; pour les accroître une femme était venue donner au capitaine des gardes un avis effrayant: elle avait entendu deux hommes discourant entre eux ; celui qui semblait le mieux informé disait à l'autre:

— Il ne faut pas que le peuple soit dupe de ce que fait aujourd'hui le roi; s'il vient à Paris c'est qu'il ne peut faire autrement. Quand il va voir la foule il lui sourira à droite et à gauche; mais tout ça ce sera de l'hypocrisie, il aime mieux les Suisses et les Allemands que les Français.

— L'Autrichienne surtout nous déteste.

— Elle est plus franche que lui.

— La voilà avec un conseiller de moins; on dit que le comte d'Artois est parti cette nuit.

— Que toute la famille s'en aille, et la France en sera plus heureuse.

— Mais celui-ci ne s'en ira pas.

— Eh bien, l'on s'en défera plus tôt que plus tard.

Ces abominables paroles avaient été entendues par -la femme qui était accourue les redire, et qui méritait d'être écoutée avec confiance; car tout ce que l'on savait d'elle attestait sa sincérité et son zèle.

Cet avis fut rapporté au roi. Surtout que la reine s'en sache rien, s'écria Louis XVI; moi je n'ai pas peur ;je me fie à Dieu et aux Français.

A 11H

Il monta en voiture: les députés, revêtus de leur costume, marchaient à pied autour de la voiture du roi; le peuple de Versailles, celui des campagnes environnantes avec des fourches, des faux et des bâtons ferrés s'étaient mêlés au cortège, et lui donnaient un effroyable aspect. On eût dit un prisonnier plutôt qu'un roi.

Quatre cents gardes-du-corps marchaient en tête, noble troupe toute dévouée, et dont les mâles figures exprimaient la tristesse; car ils ne trouvaient plus sur le passage de leur maître le respect qu'ils auraient voulu voir à la multitude. Quand le cortège arriva aux barrières de Paris l'entrée de la ville leur fut refusée, et ces braves gardes-du-corps durent attendre en dehors des barrières le retour du roi. Plusieurs d'entre eux ne purent se résoudre à ne pas veiller sur les jours qu'ils avaient juré de défendre, et quittèrent dans la campagne leurs uniformes pour venir se joindre à la foule qui entourait la voiture de sa majesté.

Ce voyage de Paris à Versailles dura sept heures; c'était la voie douloureuse de la passion de la royauté qui s'ouvrait devant elle, et la royale victime, comme le divin Sauveur, ne murmurait pas.
17 juillet 1789: La Fayette fait adopter la cocarde tricolore par la Garde Nationale 27035-11
Ce dessin de louis XVI qui le 20 juin 1792  est contraint de coiffer le bonnet phrygien rouge orné de la cocarde tricolore, et de boire à la santé de la Nation en est l’illustration symbolique.
Il boit le sang du Christ lui qui détient son pouvoir de droit divin mais le vin qui coule en ses lèvres c’est transformé pour être  celui de la nation et du peuple


M. de Lafayette, commandant de la garde nationale, nommé par le peuple, et M. Bailly, nouveau maire élu par le comité de Paris, vinrent à la rencontre du cortège jusqu'à la barrière, et cet homme que je ne puis me résoudre à aimer comme font ceux qui lui élèvent aujourd'hui une statue, cet homme qui n'aurait pas dû déserter la science pour la politique, sous les formes du respect adressa de nouvelles insultes à la royauté.

— Sire, s'écria-t-il en présentant dans son bassin d'argent les clefs de Paris à sa majesté, ce sont les mêmes qui avaient été présentées à Henri IV: il avait reconquis son peuple; aujourd'hui c'est le peuple qui a reconquis son roi.

Ici, mes enfants, remarquez combien est dangereuse la manie de faire de l'esprit; pour le vain et futile éclat d'une antithèse voilà que Bailly n'hésite pas à se servir de paroles qui blessaient à la fois le malheur, la vertu et la majesté royale.

Louis XVI en les entendant sentit tout ce qu'elles avaient d'amer, et sa noble figure s'assombrit encore davantage. Bailly continua: « Votre majesté vient jouir de la paix qu'elle a rétablie dans la capitale; elle vient jouir de l'amour de ses fidèles sujets; c'est pour leur bonheur que votre majesté a rassemblé près d'elle les représentants de la nation, et qu'elle va s'occuper avec eux de poser les bases de la liberté et de la prospérité publique. Quel jour mémorable que celui où votre majesté est venue siéger en père au milieu de cette famille réunie, où elle a été reconduite à son palais par l'assemblée nationale entière! gardée par les représentants de la nation, pressée par un peuple immense, elle portait dans ses traits augustes l'expression de la sensibilité et du bonheur, tandis qu'autour d'elle on n'entendait que des acclamations de joie, on ne voyait que des larmes d'attendrissement et d'amour. Sire, ni votre peuple ni votre majesté n'oublieront jamais ce grand jour; c'est le plus beau de la monarchie; c'est l'époque d'une alliance éternelle entre le monarque et le peuple. Ce trait est unique dans l'histoire; il immortalisera votre majesté.

« J'ai vu ce beau jour; et, comme si tous les bonheurs étaient faits pour moi, la première fonction de la place où m'a conduit la confiance de mes concitoyens est de vous porter l'expression de leur respect et de leur amour.»

C'était à l'extrémité du Cours-la-Reine que la députation et sa nombreuse escorte avaient arrêté la voiture du roi; c'était là que Bailly avait prononcé le discours que je viens de transcrire, là qu'avaient été remises les clefs qu'Henri IV avait tenues dans ses mains! Après cette réception le cortège se remit en marche, avançant avec peine au milieu de la multitude compacte et pressée. La voiture du roi était fort simple: les glaces baissées permettaient de le voir; aucune inquiétude ne se lisait sur son beau visage; une expression de tristesse s'y voyait sans doute; mais un roi reçu comme il venait de l'être aurait-il pu sourire sans hypocrisie?

Monsieur était au côté du roi; MM. de Beauveau, de Yilleroy, de Nesle, de Villequier et d'Estaing étaient dans le même carrosse. Plus de cent mille hommes bizarrement armés de vieux fusils, de piques, de fourches et de faux formaient une double haie mouvante qui avançait avec la voiture. Toute cette multitude avait reçu ordre de ne proférer aucun autre cri que celui de Vive La Nation. Quelques députés fidèles, Mounier, Clermont-Tonnerre, Lally et d'autres encore mêlaient aux cris de vive la nation les cris de vive le roi! Mais ce dernier cri ne trouvait point d'écho dans la foule. C'eût été une consolation pour Louis XVI; et ses ennemis avaient juré de l'abreuver de fiel.

Dans le moment où le roi parvint à la hauteur des Champs-Élysées trois ou quatre coups de fusil furent tirés à la fois: on n'a jamais su d'où ils étaient partis. Furent-ils seulement le résultat de l'inexpérience de tant d'hommes qui maniaient des armes pour la première fois? Furent-ils calculés dans la pensée d'exciter un tumulte et de favoriser un crime? C'est là une question qui reste encore à se faire, et qu'aucun historien n'a jusqu'à ce jour résolue. Toujours est-il qu'une femme qui se trouvait dans la foule et dans la direction de la voiture du roi fut atteinte et blessée mortellement. Dans le même instant le marquis de Gubière, qui se tenait à cheval auprès de la portière de la voiture du roi, se sentit légèrement frappé à la tête; son chapeau tomba; on le lui rendit, et il vit alors qu'il venait d'être percé d'une balle.

Comme pour faire contraste avec ces coups de fusil on avait mis aux embouchures et aux lumières des canons braqués sur le Pont-Neuf de gros bouquets de fleurs. Tout le trajet depuis la barrière de la Conférence jusqu'à la place de Grève se fit au pas ; le calice d'amertume devait être bu lentement: ainsi l'avaient ordonné les amis du duc d'Orléans. Le mot d'ordre donné par eux fut presque généralement observé; bien peu de Parisiens firent entendre le cri de vive le roi: d'après les instructions ce cri ne devait retentir qu'après les explications à l'Hôtel-de-Ville.

De droite et de gauche, dans l'escalier qui conduit aux salles supérieures de l'Hôtel-de-Ville, les meneurs de cette journée d'humiliations avaient placé de leurs soldats, et leur avaient fait former avec leurs baïonnettes et leurs piques une voûte de fer. C'était sous ce joug, sous ces fourches caudines de la royauté qu'ils avaient décidé que le petit-fils de Henri IV et de Louis-le-Grand devait passer.

Louis XVI résigné (trop résigné peut-être) ne rebroussa pas chemin, et monta ces mêmes degrés de pierre que plusieurs de ses prédécesseurs avaient foulés de leurs pieds dans des jours de victoire et de fêtes; sous ces piques dont plusieurs avaient été déjà rougies de sang, sous ces lances dont quelques-unes sans doute avaient porté les tètes de Delaunay, de Becquard, d'Asselin, de de Losmes et de Flesselles, Louis XVI avança sans changer de visage, et arriva à la grand'salle, où un trône lui avait été élevé. Comme il se rendait à ce trône M. Bailly vint lui présenter la cocarde de la révolte; ses couleurs n'étaient plus vertes comme au 12 juin; elles étaient rouge et bleu, et puis on y avait ajouté le blanc; ainsi devenue tricolore, cette cocarde était tout à fait à la livrée d'Orléans. C'était dans Tordre : la révolution prenait les couleurs de son chef; mais ce qui était étrange, ce qui était outrageant c'était que dans un jour que l'on appelait jour de réconciliation un maire vînt offrir cette cocarde à un roi de France;

n'était-ce pas lui dire : Fais-toi vassal de ton ennemi?

Louis XVI mettait de la lenteur à arborer ce signe. M. Bailly insista, et le petit-fils de Henri IV crut devoir un instant laisser de côté les couleurs d'Ivry et de Fontenoy !... Comme c'était là une profonde humiliation pour le roi, ce fut le moment où la foule fit éclater toute sa joie. Alors les cris de vive le roi, dont elle avait été si avare sur toute la route, retentirent avec frénésie. Ce qu' fait le bonheur des révolutionnaires c'est un roi humilié.

M. de Lally, plus ardent que sage, s'écria alors : « Eh bien, citoyens, êtes-vous satisfaits? Le voilà ce roi que vous demandiez à grands cris; jouissez de sa présence et de ses bienfaits. Voilà celui qui vous a rendu vos assemblées nationales et qui veut les perpétuer.... Ah ! qu'il recueille enfin des consolations; que son cœur noble et pur emporte d'ici la paix, dont il est si digne : quand il veut n'être obéi que par l'amour, n'être gardé que par l'amour acquittons-nous largement d'un tribut digne des Français. Demeurons les défenseurs fidèles de son autorité légitime; conjurons-le de la garder dans toute sa force tutélaire, et jurons de la défendre. »

— NOUS LE JUPONS, NOUS LE JURONS TOUS! Ainsi cria la foule qui remplissait la salle, et mille et mille mains se levèrent et s'étendirent pour prêter ce serment à la royauté telle qu'on venait de la faire, serment qui devait être oublié comme tant d'autres qui l'ont suivi! serment auquel le roi Louis XVI parut ne croire que faiblement, car l'expression de ses traits resta triste quand il l'entendit proféré par cette multitude qui était restée froide et irrévérencieuse sur son passage, et qui ne poussait à présent des acclamations d'enthousiasme et d'amour que parce que ses meneurs lui commandaient de crier Et puis comment vouloir que le successeur de François Ier, de Henri IV et de Louis XIV ne demeurât pas alors avec une grande tristesse dans l'âme? ne venait-il pas d'arborer un signe qui pesait lourd sur son front? Ah ! sous la cocarde que la révolte venait de lui imposer un roi de France pouvait-il avoir de la fierté dans le regard, du sourire sur les lèvres! Aussi aux discours qui lui avaient été adressés Louis XVI ne répondit que cette phrase : Mon Peuple

PEUT TOUJOURS COMPTER SUR MON AMOUR.

A l'instant où le roi quittait l'Hôtel-de-Ville il appela le nouveau maire et le commandant de la garde parisienne, et leur dit: « M. Bailly, je suis bien aise que vous soyez maire de Paris; M. de Lafayette, je vous cherchais pour vous dire que je confirme votre nomination à la place de commandant de la garde nationale de Paris »

ll était écrit que tout dans cette journée serait pénible au cœur du roi, et certes parmi les choses amères auxquelles il fut condamné il faut compter ces paroles que Louis XVI se crut obligé d'adresser et à M. Bailly, le maire de la révolte, et à M. de Lafayette, qui bientôt appellera Y insurrection le plus saint des devoirs... Oh! quand les rois descendent des hauteurs où Dieu les avait établis dans quels rudes sentiers on les fait marcher, et comme les ronces et les épines déchirent le manteau royal !...

Ce peuple parisien, qui quelques heures auparavant avait gardé un insolent silence sur les pas de son roi, maintenant se fait ivre de joie, et quand Louis XVI avec le signe de la révolution à son chapeau paraît sur la place pour remonter en voiture c'est le délire dans toutes ses extravagances et dans tous ses emportements. Pour faire entendre de plus près les cris de Vive Le Roi des hommes sont montés dessus et derrière le carrosse, et ne cessent pas un instant d'assourdir le prince de leurs acclamations. Lacretelle a dit - L'entrée de Louis XVI à Paris n'avait été qu'un long supplice; son retour fut une fête.

Oh ! quelle fête ! Je me persuade que le malheureux monarque aura moins souffert du silence gardé le matin que des vociférations poussées le soir. Quand dans la matinée on se taisait sur son passage il n'avait au fond de lame que de la tristesse; à présent il a plus que cela, il a comme des remords. Cette cocarde qui fait jeter tous ces cris à la multitude c'est une torture qu'il porte au front; elle lui courbe la tête... Et quand la reine va le voir ainsi revenir!

Cette pensée-là seule a dû éloigner de l'esprit du monarque toute idée de fête, et, je le répète, le matin lui aura paru moins cruel que le soir.

Et puis les fidèles serviteurs du roi n'étaient pas seulement attristés du manque d'égards et de la familiarité de la foule; mais ils en étaient encore effrayés. Parmi toutes ces mains qui touchaient aux portières de la voiture quelques-unes ne pouvaient-elles pas être armées? La haine avec ses projets de meurtre ne pouvait-elle pas en prenant le masque de l'enthousiasme et de la joie arriver aussi près du roi que l'amour et le dévouement? Les fidèles serviteurs ne furent

donc rassurés que lorsqu'ils virent les gardes-du-corps descendre des hauteurs de Sèvres pour venir reprendre leur poste auprès de sa majesté. Mais jugez de leur douloureux étonnement en apercevant au chapeau de leur royal maître la cocarde de leurs ennemis; la cocarde aux couleurs d'Orléans...

Un de ces fidèles soldats du trône me l'a dit plus de vingt ans après cette cruelle journée... Moi et plusieurs de mes camarades nous pleurâmes de rage en voyant l'affront qui venait d'être fait à la royauté, et quelques-uns d'entre nous voulaient briser leur épée; mais je leur criai: Non, non, gardez vos armes, ne les brisez pas: aujourd'hui c'est le jour de l'insulte; demain ce sera le jour du danger: tenons-nous bien pour défendre le roi et sa famille; serrons nos rangs autour d'eux, et souvenons-nous de nos serments.

Deux gardes-du-corps prirent les devants pour aller annoncer à la reine que le roi était sorti de Paris la vie sauve; quand ils parvinrent au château la reine et madame Élisabeth étaient toutes les deux à prier le Dieu des rois.

Au bruit des pas des gardes-du-corps la reine se leva, et se retournant vers eux elle leur dit:

—- Eh bien, messieurs, le roi?

— Sera ici avant peu, madame: il y serait déjà si une foule immense, ivre de joie et de bonheur, ne retardait pas sa marche; mais dans son empressement à le voir elle l'empêche d'avancer.

— Soyez béni, mon Dieu! dit la reine; et elle et madame Elizabeth sortirent de la chapelle, et coururent à la chambre où étaient madame royale et le dauphin. Les deux gardes-du-corps n'avaient rien dit de la cocarde tricolore; ils n'avaient point voulu jeter de l’absinthe dans la coupe de miel qu'ils étaient venus apporter à Marie-An toi nette.

Bientôt à travers la distance les cris de vive le roi furent entendus au château, et dans toute son immensité le mouvement, le bruit et l'animation remplacèrent subitement l'abattement, l'inquiétude et le morne silence qui y avaient régné tout le matin.

Voici, voici venir le cortège; la foule remplit la largeur des vastes avenues, et s'étend au loin: au dessus des têtes de la multitude pressée et bigarrée on voit les baïonnettes et les fers des piques entourés de branches de verdure, et au milieu de cette masse serrée avançant au pas s'aperçoit le carrosse royal avec ses dorures, et sur son siège et sur son impériale, et sur ses marchepieds et derrière des hommes du peuple sont montés et agitent leurs chapeaux et leurs bonnets en criant: Vive Le Roi !

Délivrée de ses inquiétudes et s'abandonnant au bonheur qu'elle éprouve, Marie-Antoinette a pris son fils dans ses bras et a couru au devant du roi: dans sa joie elle n'a vu que lui, elle n'a point remarqué les couleurs qu'il porte, elle n'a point vu les rubans tricolores flottant sur l'impériale de la voiture et à la tête des chevaux; elle n'a vu, elle ne voit que l'époux pour lequel elle a tremblé tout le jour. Maintenant Louis XVI n'a plus de trompeuses et insultantes paroles à entendre; le voilà entouré de sa famille; sa femme, ses enfants, sa sœur l'entourent et l'embrassent; le jeune dauphin, assis sur les genoux de son père, essuie avec ses petites mains la poussière qui couvre les habits du roi; tous à l'envi lui font mille questions, et dans cette réception, dans ces empressements de famille le monarque oublie tout ce qu'il a enduré pendant les longues heures de cette cruelle journée.

Oh! vous qui l'avez accompagné dans la voie douloureuse, vous qui avez été témoins de ce long martyre, vous qui avez ressenti dans vos cœurs fidèles tous les traits enfoncés dans le sien, vous qui avez entendu les inconvenantes paroles de Bailly, vous qui avez frémi pour les jours du roi quand des coups de fusil ont été tirés aux Champs-Élysées, vous qui vous êtes indignés de cette voûte de fer, de ce joug sous lequel le petit-fils de Henri IV est passé pour monter à la grand'salle de l'Hôtel-de-Ville, vous qui avez mis la main sur vos épées quand le maire de la révolte a osé offrir les couleurs de la rébellion à votre royal maître, vous tous serviteurs dévoués, ah! ne dites rien de toutes ces choses ni à la reine ni à madame Elizabeth, ni au dauphin ni à Madame royale; laissez-leur les instants de bonheur dont ils jouissent encore; par pitié, par compassion pour les descendants de Louis XIV, laissez-leur cette félicité de famille; les tourments de la royauté vont revenir si vite!

Camille Desmoulins fait paraître le premier numéro des "Révolutions de Paris" et fait paraître son premier manifeste républicain "La France libre"

A l'aube,le comte d'Artois quitte précipitamment Versailles; le signal de l'émigration est donné.



A Lyon, pillage des magasins d'armes.

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