Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Ven 31 Juil - 16:40
Natacha Régnier, le grand théâtre de Marie-Antoinette
Armelle Héliot figcom_sep_bulle='ave
Natacha Régnier dans C'était Marie-Antoinette. Crédits photo : AFP
Elle incarne la reine dans un spectacle tout en musique imaginé par Jean-Paul Scarpitta.
De grands panneaux de tulle, peints avec délicatesse, composent l'essentiel du décor de C'était Marie-Antoinette. Ces panneaux qui se succèdent, architectures splendides, intérieurs délicats, bosquets touffus, cieux changeants, sont à l'image même du destin de la reine incarnée par Natacha Régnier : la beauté et la transparence sont d'un même mouvement ce qui assombrit et éloigne. Tout ce qui est solaire en cette femme est aussi ce qui nourrit son funeste destin. C'est bien ce qui a intéressé Jean-Paul Scarpitta dont le choix musical traduit au plus près ce double mouvement. Le livret, qui emprunte savoir et saveur à la plus passionnante des historiennes, biographe sensible et jolie plume, Évelyne Lever (éditions Fayard), possède lui aussi cette moirure : tout ce qui est éclat est menaçantes ténèbres. C'était Marie-Antoinette est l'une des importantes créations du festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, en coproduction avec l'opéra.
Il a été donné dans le très beau cadre de l'Opéra-Comédie (qu'on aimerait bien voir réhabilité) et mêle comédiens et chanteurs, danseurs, figurants. Un spectacle opulent découpé en tableaux. Le plateau est nu, métamorphosé par les tulles et les lumières de Georg Veit, animé par l'extraordinaire déploiement de costumes à la fois fidèle au XVIIIe siècle, mais ravivé par la modernité de l'Italienne Milena Canonero, magicienne des étoffes, des tons, des équilibres. Il y aurait un livre à écrire sur ces costumes dessinés par une grande artiste du cinéma ! Pour le ravissement
La musique est au cœur même du projet. C'est elle qui enchante et émeut. La direction de Fabio Biondi, l'orchestre Europa Galante, l'Ensemble vocal du festival avec Hervé Niquet, chef de chœur, tout est rassemblé pour le ravissement. Les choix musicaux sont très intéressants qui alternent les pages très connues comme Les Indes galantes de Rameau, les connues comme Iphigénie en Tauride ou Alceste de Glück, et celles que l'on découvre comme Zémire et Azor de Grétry. La structure même de la représentation n'est pas sans défaut : les parties dialoguées servent d'introduction à de grandes pages de chant. Les premières, micros et textes parfois ânonnés, semblent bien faibles en comparaison de la splendeur musicale, surtout lorsque Sonya Yoncheva, soprano, et Stéphanie d'Oustrac, mezzosoprano, chantent et jouent. Elles sont, l'une et l'autre, par-delà la perfection des voix, des interprètes d'intelligence et de grâce. On ne saurait en vouloir à Natacha Régnier, l'exercice est difficile : mais le trac ne peut à lui seul expliquer tous les accrocs du premier soir… C'était Marie-Antoinette, fastueuse évocation qui n'étouffe jamais l'émotion, serait idéale à Versailles…
Donné les 29 et 30 août à l'Opéra-Comédie dans le cadre du festival Radio France Montpellier, on verra ce spectacle prochainement sur Mezzo et France 2 et il est diffusé le 2 septembre à 20 heures sur France Musique. Bien à vous.
Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Ven 31 Juil - 18:15
Merci Majesté!
Cela a l'air très prometteur en effet
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Sam 1 Aoû - 16:59
Curieux avis que celui-ci:
Radio FranceEntre les soupirs d’une Marie en toilettes...
L’intention était louable de vouloir donner à Marie-Antoinette un beau portrait musical. Adorée puis haïe, fille à maman puis femme forte et digne : on connaît cette trajectoire et ce destin pas ordinaires de cette reine qui aurait tant voulu être femme et... réciproquement. On connaît, oui et non. La légende est une belle matière à réappropriation. Alors quoi ? Faire de cette héroïne raccourcie une nouvelle icône gay, en remplacement d’une Mylène Farmer un peu amortie ? Pourquoi pas. Les fêtes galantes et les escarpins à talons rouges, la rébellion de salon et l’Histoire qui montre un peu les crocs s’y prêtent plutôt bien. Et puis surtout, signe des temps, Sofia Coppola à l’écran avait su mettre un peu de rock’n’roll là-dedans.
Il y a une matière comme on dit. Un texte possible,
cachePubVide('pubCarreEdit'); une incarnation enivrante et nouvelle à proposer. Et on n’en voudra pas à Jean-Paul Scarpitta d’avoir essayé. Mais le théâtre n’est pas le cinéma et le mélange des genres y est moins facilement à la fête. Même rapide, une disparition ou apparition côté cour ou côté jardin ne remplacera jamais un montage cut ou un fondu gouleyant.
De quel mélange s’agit-il ici ? D’abord un texte, précis et pas insignifiant, mais encombrant à mettre en bouche tout en étant plat comme la Hollande. Banal, fuyant la poésie. Alors que Marie-Antoinette évoquant Fersen méritait d’avoir en bouche du Musset. Le spectacle aujourd’hui n’est plus à un anachronisme près, non ?
Pas d’audaces pré-romantiques donc, mais de quoi remplir consciencieusement les bulles d’un roman-photo quasi lelouchien. Une grande difficulté pour l’interprète - Natacha Régnier, à sa décharge, n’a que deux mois de travail - qui doit faire vivre un récit de style indirect, avec un "Je" qui va se cogner contre les murs, et dans un espace trop grand pour elle, injouable. D’entre les transparences et malgré dix changements de robe, l’émotion espérée ne viendra jamais. Le destin avance à petits pas, sur une arythmie chronique.
Autour d’elle, des costumes sublimes pour dire d’autres personnages et les plaisirs qui l’enchantent, la danse et la musique. Une succession d’intermèdes, comme autant d’agréables rafraîchissements. L’occasion, tout en se lovant dans le confort reconnaissable des manies baroques, d’entendre des choses peu ou pas connues. La fosse est légère, défend chaque compositeur avec panache et conviction, les deux chanteuses tirent bien leur épingle du jeu et à nous quelques larmes bien méritées. Et puis, Mozart déboule enfin, avec son lacrymosa-couperet comme pour dire : « C’est pas un peu fini toutes ces conneries ? »
Jean-François BOURGEOT
Bien à vous.
Chou d'amour Administrateur
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Sam 1 Aoû - 17:04
Moins élogieux en effet
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Sam 1 Aoû - 17:08
Sévère article ici :
Faute d'être porté par ses acteurs, "C'était Marie-Antoinette" trébuche
AFP/PASCAL GUYOT
Natacha Régnier (à gauche) dans le rôle de Marie-Antoinette dans le spectacle conçu par Jean-Paul Scarpitta, "C'était Marie-Antoinette", lors du Festival de Radio France et Montpellier, le 28 juillet 2009.
MONTPELLIER ENVOYÉE SPÉCIALE
"Comment Marie-Antoinette a-t-elle pu ne pas voir venir la Révolution ?", s'interroge encore Jean-Paul Scarpitta. Le metteur en scène et concepteur du spectacle C'était Marie-Antoinette, d'après le livre de l'historienne Evelyne Lever (Fayard, 2006), a ce ton mi-navré mi-affectueux de qui parle des autres comme si c'était les siens.
Cette Marie-Antoinette emblème de la fin d'un monde, cela fait plus d'une révolution qu'il la porte, bien avant de travailler aux intermèdes musicaux de la Marie-Antoinette (2006) réalisée par Sofia Coppola. Est-ce pour cela que Natacha Régnier, qui incarne la "dernière reine" de France, a un petit côté à la Kirsten Dunst (Marie-Antoinette dans le film) - blondeur de blé, teint de porcelaine et ce gracieux maintien qui la rendaient unique dans La Vie rêvée des anges, d'Erick Zonca (1998), ou Le Pont des arts, d'Eugène Green (2004). La jeune actrice, qui a remplacé Sylvie Testud, défaillante pour cause de tournage, semble ployer sous la charge de ce destin hors normes, que jalonne un défilé de robes et de perruques toutes plus somptueuses les unes que les autres - un rêve éveillé baroque dû à Milena Canonero, qui fut la costumière oscarisée de Barry Lyndon, de Stanley Kubrick (1976), des Chariots de feu, de Hugh Hudson (1981), et de la Marie-Antoinette, de Sofia Coppola. Au point de trébucher sur son texte. Un texte dense, long, bavard parfois, alourdi de reprises en écho façon Galerie des glaces, qui aurait gagné d'être coupé.Le genre "texte-musique" est rempli d'embûches. Une chose est sûre, c'est qu'il ne se résume pas à une série de tableaux, si soignés soient-ils dans leur esthétique visuelle (et Scarpitta est un maître en la matière), même judicieusement entrelardés de morceaux de musique que la reine aimait et écoutait. Cela fait peut-être un synopsis, pas un spectacle. Surtout quand on a sur scène une poignée d'acteurs particulièrement malaisés et inopérants.Reste la musique. Bien choisie et chantée par la soprano bulgare Sonya Yoncheva (timbre vibrionnant et style robuste), et surtout la tragédienne née qu'est la mezzo Stéphanie d'Oustrac, à coup sûr la vraie reine de la soirée dans les extraits d'Iphigénie en Tauride et d'Orphée et Eurydice, de Gluck. Dans la fosse, l'orchestre Europa Galante dirigé du violon par Fabio Biondi sauve aussi sa tête.
C'était Marie-Antoinette, spectacle de Jean-Paul Scarpitta. Avec Natacha Régnier, Sonya Yoncheva, Stéphanie d'Oustrac, Manuel Nuñez-Camelino, Ivan Geissler. Ensemble vocal du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, Europa Galante, Fabio Biondi (direction). Festival de Radio France et Montpellier, le 29 juillet. Diffusé surFrance Musique, le 2 septembre, à 20 heures. Sur Internet : www.festivalradiofrancemontpellier.com.
Marie-Aude Roux (le MONDE)
Bien à vous.
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Dim 2 Aoû - 15:33
Un article plus favorable cette fois :
Le destin de Marie-Antoinette visité par Jean-Paul Scarpitta au Festival de Radio France
Image AFP
La comédienne Natacha Régnier incarne Marie-Antoinette dans la mise en scène de Jean-Paul Scarpitta, le 28 juillet 2009 à Montpellier
Le metteur en scène Jean-Paul Scarpitta a proposé mercredi et jeudi à Montpellier, en clôture du Festival de Radio France, de replonger dans la vie de Marie-Antoinette, un drame lyrique construit autour d'un texte de l'historienne Evelyne Lever et de musiques qui marquèrent le siècle de la reine.
AFP - le 31 juillet 2009, 11h16
Jean-Paul Scarpitta était intervenu sur le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. La réalisatrice lui avait donné un rôle et demandé d'assurer les mises en scène d'opéras, "un monde inconnu" pour elle, a raconté Jean-Paul Scarpitta, qui a confié "s'être pris au jeu". Ainsi est née l'idée de cette création, avec la complicité de la costumière du film, Milena Canonero, "oscarisée" à trois reprises, et qui signe aussi les costumes à Montpellier. Le rideau se lève et la sentence de mort vient d'être prononcée à l'encontre de la reine: "Je vous dis à tous adieu, vous qui maintenant portez ma légende. Mais laissez-moi vous confier ma vérité", demande-t-elle. Nous voilà transportés à Versailles depuis l'arrivée de Marie-Antoinette, à la veille de son mariage avec le futur Louis XVI, jusqu'aux dernières heures de celle qu'on surnomma un temps "Madame Déficit". La comédienne Natacha Régnier, prix d'interprétation à Cannes pour "La vie rêvée des anges" (Erick Zonka, 1998), campe cette reine dont Jean-Paul Scarpitta voulait montrer "la solitude", "la frivolité", ou "l'amour pour les arts et la culture". Mais aussi son "incompréhension" devant la révolution en marche, "ce mouvement qu'elle ne voit pas". Pour ponctuer chaque tableau de ce récitatif périlleux, Jean-Paul Scarpitta fait appel aux compositeurs qui marquèrent l'époque de Marie-Antoinette. Des extraits d'opéras ou de tragédies lyriques de Piccinni, Saccini, Gluck, Rameau et du Requiem de Mozart sont interprétés par l'ensemble instrumental Europa Galante, sous la direction de son fondateur Fabio Biondi, et l'ensemble vocal du Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, chaleureusement applaudis. Quant à Sonya Yoncheva, la soprano bulgare, et Stéphanie d'Oustrac, la mezzo-soprano rennaise, elles ont conquis le public montpelliérain.
Bien à vous.
pimprenelle
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Lun 3 Aoû - 11:10
On a pu voir un sujet dans "C'est au programme" ce matin aussi. Le metteur en scène a prononcé au moins vingt fois le mot "frivolité". Quant à Natacha Régnier, elle croit que la révolution française est le fait des femmes qui ne pouvaient nourrir leurs enfants.
Moralité : Sylvie Testud a été bien inspirée de ne pas monter dans cette galère.
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Mar 4 Aoû - 13:33
Notre chère Clio XVIII qui est en villégiature en Bourgogne, sans internet, m'a écrit...Elle a vu l'émission "C'est au programme" dans laquelle on a évoqué la possibilité de la représentation de ce spectacle dans le théâtre de la Reine à Trianon...
Bien à vous.
pimprenelle
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Mar 4 Aoû - 15:13
J'avais entendu ça aussi. Mais vu la pertinence des commentaires en interview, j'ai préféré omettre le fait. Coppola Jr, ça suffit, comme pollution !
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Mer 5 Aoû - 18:31
Un nouvel article et de belles photos :
Scène Lyrique C’était Marie-Antoinette Montpellier: Une reine et ses musiciens
Montpellier. Opéra Comédie. 30-VII-2009. Evelyne Lever : C’était Marie-Antoinette, spectacle d’après une idée originale de Jean-Paul Scarpitta. Conception, mise en scène et décors : Jean-Paul Scarpitta ; costumes, coiffures et maquillage : Milena Canonero ; lumières : Georg Veit. Avec : Natacha Régnier, Marie-Antoinette ; Sonya Yoncheva, soprano ; Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano ; Manuel Nuñez Camelino, ténor ; Ivan Geissler, baryton. Ensemble Vocal du Festival de Radio-France (chef de chœur : Hervé Niquet), Europa Galante, direction : Fabio Biondi« La singularité de son destin, sa violence ont fait entrer Marie-Antoinette dans la légende dès qu’elle gravit les marches de l’échafaud. » C’est de ce mythe que part l’historienne Evelyne Lever, pour le livret du spectacle C’était Marie-Antoinette, présenté à l’Opéra Comédie de Montpellier dans le cadre du Festival de Radio France. L’ouverture la montre la nuit précédant sa mort : « Je vous dis adieu, vous qui portez maintenant ma légende. Mais laissez-moi vous confier ma vérité… » Il s’agit ensuite d’une succession chronologique de tableaux et d’un long monologue – les interventions des autres comédiens sont très limitées et Louis XVI absent. Ainsi, autour de ce personnage pivot qu’est la reine, au jeu souvent facial et au centre de la scène, s’agitent des courtisans presque interchangeables, les seuls personnages vraiment identifiables étant le comte Axel de Fersen et le surintendant des Menus-Plaisirs, M. Papillon de la Ferté. Natacha Régnier se glisse avec aisance dans les costumes de la reine, sans toutefois la faire véritablement évoluer entre 1770 et 1793. Les tableaux sont entrecoupés d’extraits musicaux, et c’est là toute la cohérence d’un spectacle qui dessine le portrait d’une reine à travers ses goûts. Ne dit-on pas souvent que le style Louis XVI devrait être rebaptisé « style Marie-Antoinette » tant la souveraine faisait et défaisait les modes ? Sur la scène de l’Opéra Comédie, ce sont, plus que les couleurs qu’elle lancait ou les coiffures de Rose Bertin qu’elle adorait, ses musiciens préférés qui nous révèlent une reine. En 1774, c’est grâce à l’appui de la Dauphine que Gluck triomphe avec son Iphigénie en Aulide. Plus tard, Marie-Antoinette soutint Sacchini, et n’améliora pas en cela sa réputation auprès du peuple qui préfèrait Grétry et croyait antinomiques les goûts de la cour et de la ville. L’air de Didon (extrait de la tragédie lyrique éponyme de Piccinni) « Ah ! Que je fus bien inspirée quand je vous reçus dans ma cour » devient ainsi par exemple une rêverie où Fersen tient le rôle d’Enée et Marie-Antoinette celui de Didon, séparés par un rideau de scène reproduisant l’esquisse de Pierre-Adrien Pâris « Trône pour l’Opéra de Didon dans le Palais de Zelisca ». La mise en scène de Jean-Paul Scarpitta n’est pas sans rappeler l’esthétique de son superbe DonGiovanni, qui, des toiles peintes à la direction d’acteurs, présente un XVIIIe siècle épuré et élégant – des mots qui caractérisent aussi le travail de Milena Canonero pour des costumes inspirés des sources iconographiques mais vivants pour le théâtre et non lourdes reconstitutions.
Outre le destin de Marie-Antoinette, le spectacle de Jean-Paul Scarpitta nous fait découvrir l’opéra tel qu’il pouvait être représenté à l’époque de la jeune reine amoureuse des arts. Un premier plan de décor représente un cadre de scène, inspiré du petit Théâtre de la reine à Trianon, avec son rideau bleu incrusté d’or et ses deux grandes torchères. Dans ce cadre où peuvent prendre place les opéras, le décor est fait de nuages représentés par trois plans de décors, sous la forme de gros cumulus menaçants, peints en grisaille, comme la représentation du trouble d’Iphigénie ou d’Hypermnestre. La tragédie lyrique de Rameau à Salieri est ainsi introduite de façon passionnante, d’un point de vue théâtral comme le reflet des affects de la reine et comme fil conducteur du spectacle et d’un point de vue musical en plaçant ces extraits dans des décors et costumes proches de ceux de leur création, ce que plus aucun metteur en scène ne se risquerait à faire aujourd’hui, par peur du ridicule de la représentation d’une Antiquité fantasmée par le XVIIIe siècle. Les solistes sont excellents, Stéphanie d’Oustrac et Sonya Yoncheva rivalisant de justesse, de puissance et de musicalité, la première s’affirmant comme l’une des meilleures héritières actuelles de Véronique Gens quant à la déclamation, la seconde ravissant par une ligne de chant très sûre. Un peu moins sollicités par la programmation musicale, Manuel Nuñez Camelino et Ivan Geissler n’en font pas moins du bon travail. Fabio Biondi et son ensemble font merveille dans ce répertoire, et l’ensemble vocal du festival ne pouvait rêver meilleur chef de chœur qu’Hervé Niquet dans ces œuvres.
Crédit photographique : Natacha Régnier ; Stéphanie d’Oustrac Marc Ginot
Bien à vous.
pimprenelle
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Dim 11 Oct - 16:33
Des photos du spectacle : http://www.festivalradiofrancemontpellier.com/2009/presse/acces-presse.php?page=diaporama&jour=101
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Chou d'amour Administrateur
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Sujet: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Dim 11 Oct - 20:53
Merci!
C'est vrai que nous n'avions pas d'ambassadeur du Boudoir là-bas cette fois
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pimprenelle
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Dim 23 Mar - 10:43
Une revue de ce spectacle:
C’était Marie-Antoinette
Création mondiale
Idée originale : Jean-Paul Scarpitta Texte original : Evelyne Lever
Conception, mise en scène et décor : Jean-Paul Scarpitta Assisté pour la mise en scène de : Bérangère Gros, Marie-Eve Signeyrole
Costumes, coiffures et maquillage : Milena Canonero
Lumières : Georg Veit Assisté de : Anne-Claire Simar
Natacha Régnier : Marie-Antoinette Sonya Yoncheva, soprano Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano Manuel Nuňez Camelino, ténor Ivan Geissler, baryton
Chef de chant : Simone Giordano
Europa Galante
Ensemble vocal du Festival de Radio-France et Montpellier Languedoc-Roussillon Chef de chœur : Hervé Niquet
Direction musicale : Fabio Biondi
Musiques :
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) Les Indes galantes, Entrée des sauvages (acte IV) Castor et Pollux « Vénus… ô Vénus », Chœur des Arts et des Plaisir (prologue de l’acte I) « Ecartez notre roi », (chœur extrait de l’acte IV)
André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813) Zémire et Azor, « Rose chérie » (Ariette pour soprano, acte II) Richard Cœur de Lion, « Ô Louis ô mon roi » (Air de Blondel, acte I)
Christoph Willibad von Gluck (1714-1787) Iphigénie en Aulide « Chantons, célébrons notre reine » (récitatif d’Achille, acte II) « Ma fille, je la vois » (air de Clytemnestre, acte III) « Puissante Déité » (chœurs des Grecs et Clytemnestre, acte III)
Orphée et Eurydice « Amour, viens rendre à mon âme » (air d’Orphée, acte I) « J’ai perdu mon Eurydice » (air d’Orphée, acte III)
Iphigénie en Tauride « Chaste fille de Latone » (Hymne des prêtresses, acte IV) « Ô malheureuse Iphigénie » (air d’Iphigénie, acte II)
Alceste « Qu’ils vivent à jamais » (chœur extrait de l’acte III)
Nicoló Piccinni (1728-1800) Didon « Ô ciel, ô reine infortunée » (chœur extrait de l’acte III) « Ni l’amante, ni la reine » (air de Didon, acte I) « Ah que je fus bien inspirée » (air de Didon, acte II)
Antonio Sacchini (1730-1786) Dardanus « Je viens briser votre chaîne cruelle » (duo Iphise/Dardanus, acte III) Œdipe à Colone « Filles du Styx » (air d’Œdipe, acte II) « Dieux justes » (duo Œdipe/Antigone, acte II)
Antonio Salieri (1750-1825) Les Danaïdes « A peine aux autels d’Hyménée » (air de Lyncée, acte IV) « Hélas que ne puis-je te suivre » (duo Hypermnestre/Lyncée, acte IV)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Requiem en ré mineur KV 626, Lacrymosa
Philippe François Nazaire Fabre dit Fabre d’Églantine (1750-1794) « Il pleut, il pleut bergère » pour chœur a capella
Opéra Comédie Montpellier Mercredi 29 juillet 2009 à 20h00
Joli portrait musical
L’édition 2009 du Festival de Montpellier s’achève en beauté avec la création de C’était Marie-Antoinette, une œuvre imaginée et mise en scène par Jean-Paul Scapitta, grand habitué des lieux depuis plusieurs années. Le spectacle se présente sous la forme d’un long monologue de la reine qui, au soir de sa courte existence, se penche sur son passé. Le texte s’articule en seize tableaux ponctués d’une vingtaine d’extraits d’opéras de l’époque, choisis pour bon nombre d’entre eux, parmi ceux que la Reine appréciait. La plupart font directement écho à l’action, comme l’air de Didon de Piccinni « Ah que je fus bien inspirée quand je vous reçus dans ma cour », utilisé comme le leitmotiv de la relation qui unit la reine et le chevalier de Fersen.
Pour mener à bien l’entreprise, Scarpitta s’est entouré d’une équipe particulièrement solide : l’historienne Evelyne Lever, qui a publié notamment des biographies de Louis XVI et de Marie-Antoinette, avait été choisie comme consultante par Sofia Coppola pour son film consacré à la reine. Elle est ici l’auteur du texte, construit comme une sorte de confession intime sur fond d’événements historiques. Le testament que Marie-Antoinette a rédigé quelques heures avant son exécution fait figure de prologue. Dans sa prison, la reine le relit à haute voix avant d’évoquer les grandes étapes de sa vie, à partir de son arrivée à Versailles jusqu’à sa condamnation à mort.
Les costumes, somptueux, ont été dessinés par Milena Canonero, maintes fois récompensée pour son travail qui lui a valu notamment trois Oscars dont un pour le film de Sofia Coppola et un autre pour Barry Lindon de Stanley Kubrick. Les robes qu’elle a conçues pour Marie-Antoinette sont particulièrement éblouissantes.
Jean-Paul Scarpitta a imaginé un dispositif ingénieux qui permet de passer d’un lieu à un autre sans solution de continuité durant tout le spectacle, donné sans entracte. Des panneaux mobiles en tulle peints évoquent tour à tour la Galerie des glaces, les jardins ou le petit théâtre de la reine à Trianon en s’inspirant de maîtres de l’époque, en Particulier Fragonard, pour le rideau d’avant-scène.
Le choix des extraits musicaux se révèle pertinent, mêlant des pages très connues à d’autre, plus rarement données. Gluck s’y taille la part du lion avec pas moins de huit morceaux tirés des quatre opéras qui ont fait sa gloire a Paris. On notera que les airs d’Orphée sont interprétés ici par une femme alors que Gluck les avait destinés à un ténor dans la version française de l’ouvrage mais c’est sans doute parce qu’ils reflètent les sentiments intimes de la reine. Sacchini, un autre protégé de Marie-Antoinette, figure aussi en bonne place ainsi que Piccinni, le grand rival de Gluck, et Grétry. Enfin, le spectacle s’achève sur le Lacrymosa du Requiem de Mozart.
La part belle étant dévolue aux interprètes féminine, Ivan Geissler et Manuel Nuňez Camelino doivent se contenter d’interventions épisodiques. Le premier incarne Œdipe de Sacchini avec beaucoup de conviction mais la voix, insuffisamment projetée, demeure confidentielle. Le second, que l’on a pu entendre l’an dernier dans La Esmeralda de Louise Bertin, est doté d’un timbre lumineux et fait preuve d’une belle musicalité dans l’air de Blondel, tiré de Richard Cœur de Lion de Gretry, « Ô Louis, ô mon roi » chanté avec noblesse et sensibilité.
Dotée d’une voix large et puissante, Sonya Yoncheva ne peut masquer un extrême aigu à la limite du cri, notamment dans l’air de Didon « Ni l’amante ni la reine » de Piccinni. Sans doute, s’agit-il là d’une fatigue passagère.
La grande triomphatrice de la soirée est sans conteste Stéphanie d’Oustrac à qui échoit le plus grand nombre d’extraits, ceux de Gluck notamment, où sa maîtrise de la déclamation lyrique à la française fait merveille, en particulier dans l’air « ô Malheureuse Iphigénie » qui met en valeur ses dons de tragédienne. De plus, la cantatrice exécute avec une virtuosité sans faille les redoutables vocalises de l’air d’Orphée, « Amour, viens rendre à mon âme », chaleureusement applaudi.
Au violon, Fabio Biondi dirige avec sa fougue habituelle son ensemble, L’Europa galante, dont les qualités ne sont plus à vanter. Si les pages de Rameau n’ont pas pleinement convaincu, le chef s’est montré bien plus à son affaire dans les Gluck et les extraits des compositeurs italiens.
Remplaçant Sylvie Testud, initialement prévue, Natacha Régnier est une Marie Antoinette particulièrement crédible physiquement. Toujours digne, sa reine de France est une femme sincère et profonde dont la frivolité n’est qu’apparente. Vu la longueur du texte, on lui pardonnera volontiers, en ce soir de première, quelques trous de mémoire qui finalement accentuent la fragilité du personnage et l’émotion qu’il suscite.
Christian Peter Montpellier http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=1163&cntnt01detailtemplate=gabarit_detail_breves&cntnt01dateformat=%25d-%25m-%25Y&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54
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pimprenelle
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Sujet: Re: C'était Marie Antoinette avec Natacha Régnier Dim 23 Mar - 10:51