Rouen
Le soir tombe, alors qu'il inspecte les tranchées du siège et en profite pour aller uriner contre les remparts de la ville, Navarre est blessé d'un coup de mousquet à l'épaule.
La blessure ne parait pas si grave, seul le chirurgien du roi, Ambroise Paré, lui prédit une fin sinistre.
Antoine de Bourbon s'écarte du talus qui est censé le protéger. Un besoin naturel le tenaille...Nécessité n'as pas de loi...
"C'est vrai, il estoit à pisser quand une arquebuzade a claqué, raconte un témoin, et elle lui a pulvérisé l'espaule gauche"
Vite on improvise une civière et on mène le blessé à Darmétal où il tenait son quartier général ! Vite, les chirurgiens ! Mais les malheureux barbiers qui fouillent la blessure (sans anesthésie ni asepsie) ne parviennent pas à extraire tous les éclats qui se sont fichés dans la chair à présent réduite en capilotade
Non, je ne crèverai pas avant d'avoir fait tomber Rouen ! hurle Antoine qui, dès le lendemain à l'aube, est de retour devant la porte de Saint-Hilaire.
Même s'il se tord de douleur
Il y retourne le surlendemain, puis le surlendemain encore
Jusqu'au moment où la fièvre le met à bas de sa monture
Alors il rentre à Darmétal, et il s’effondre sur sa paillasse
Sa belle ma^tresse Louise de Béraudière (la belle Rouet) comme on l'appelle, à beau ne pas quitter son chevet, elle ne peut empêcher l'infection de s'installer dans l'horrible plaie et la fièvre de brûler
Et pendant la maladie la guerre continue
Huit jours encore, car le 26 octobre, enfin, rayonnant de joie, le duc de Guise fait irruption dans la chambre du blessé