yann sinclair
Nombre de messages : 26592 Age : 66 Localisation : Versailles Date d'inscription : 10/01/2016
| Sujet: 05 janvier 1757: Ven 5 Jan - 10:29 | |
| attentat de Robert-François Damiens sur la personne de Louis XV. Il sera exécuté, lors d'un supplice atroce de plus de 2 heures mobilisant pas moins de 16 bourreaux.
« Sire, je suis bien fâché d’avoir eu le malheur de vous approcher ; mais si vous ne prenez pas le parti de votre peuple, avant qu’il soit quelques années d’ici, vous et Monsieur le Dauphin et quelques autres périront. »
Robert François DAMIENS (1715-1757), premiers mots de sa lettre au roi écrite dans son cachot, après l’attentat du 05 janvier 1757
Siècles de Louis XIV et de Louis XV (posthume, 1820), Voltaire.
Louis XV ne fut que légèrement blessé par le couteau (un simple canif). Pourtant, il est profondément choqué par l’attentat : outre qu’il redoute effroyablement l’enfer, il comprend soudain et un peu tard qu’il n’est plus le bien-aimé de ses sujets.
L’émoi est grand aussi chez la marquise de Pompadour, huée par le peuple, craignant sa disgrâce, faisant déjà ses malles. Le comte d’Argenson, garde des Sceaux (qui a demandé son renvoi) part à sa place, ainsi que l’autre ministre réformateur, Machault d’Arnouville. Le défilé des ministres, même les plus compétents, est l’un des défauts de cette gouvernance perpétuellement incertaine.
Cet attentat manqué accrut la mélancolie et la méfiance de Louis XV, isolant davantage encore le roi de son entourage, et de son peuple.
« Le monstre est un chien qui aura entendu aboyer quelques chiens […] et qui aura pris la rage. »
VOLTAIRE (1694-1778), Lettre à Mme de Lutzelbourg, 20 janvier 1757, Correspondance (posthume)
Damiens a servi comme domestique chez plusieurs magistrats du Parlement de Paris, dont certains très virulents contre le roi. Il se vanta d’ailleurs d’avoir voulu donner une leçon au roi, pour que désormais il obtempérât aux remontrances.
Louis XV voulut d’abord pardonner et le fit savoir : « Les sentiments de religion dont nous sommes pénétrés et les mouvements de notre coeur nous portaient à la clémence. » Il tente ensuite de minimiser la publicité faite à ce geste – un acte isolé, à n’en pas douter. Mais chaque conseiller donne un avis différent, et finalement, Damiens sera jugé pour crime de lèse-majesté, devant la grande chambre du Parlement.
Plus fou que régicide, vraisemblablement épileptique et simple d’esprit, il est condamné pour « parricide » à la série des supplices jadis infligés à Ravaillac. L’exécution se fera devant la foule, en place de Grève.
Toutes les fenêtres sont louées à prix d’or et le supplice de cet homme particulièrement robuste reste dans l’histoire comme l’un des plus atroces.
« La journée sera rude ! »
Robert François DAMIENS (1715-1757), à qui sa condamnation est lue, 28 mars 1757. Biographie universelle, ancienne et moderne, volume X (1855), Louis Gabriel Michaud
Sur l’échafaud dressé, il sera donc : « tenaillé aux mamelles, bras, cuisses et gras des jambes, sa main droite tenant en icelle le couteau dont il a commis le dit parricide, brûlée au feu de soufre, et sur les endroits où il sera tenaillé, jeté du plomb fondu, de l’huile bouillante, de la poix résine brûlante, de la cire et souffre fondus et ensuite son corps tiré et démembré à quatre chevaux et ses membres et corps consumés au feu, réduits en cendres et ses cendres jetées au vent ».
Sentence exécutée le jour même, par le bourreau Sanson (Charles-Henri, père du futur exécuteur de Louis XVI) et rien moins que seize assistants. Le supplice dure plus de deux heures, et l’on remarque tout particulièrement la résistance des femmes à ce spectacle. Damiens est jeté mourant sur le bûcher.
On a dit que les cheveux du supplicié, de châtain, sont devenus d’un blanc immaculé, signe d’une terreur extrême. L’atrocité et la durée du supplice contribueront à l’abolition de cet acte barbare, sous la Révolution : la guillotine sera, de fait, un progrès, en attendant l’abolition de la peine de mort que certains demandent déjà. _________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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