Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 Sur les pas d'Adèle de Boigne

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de La Reinta

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 9:26

Aglae a écrit:
oui, oui, chère de La Reinta, lisez au dessus, vous allez voir, il est inséré dans le portrait de la Reine....

Ouiiiiiiiii Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Le kif total Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462
J'adooooooooore ce qu'elle dit sur Axel Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 J'adooooooore Axel Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

Sinon le portrait de Marie-Antoinette est méchant Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 35958 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 35958 Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 35958 ou j'ai pas tout compris.

_________________
Je dois avouer ma dissipation et paresse pour les choses sérieuses
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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 9:54

Chère de La Reinta, vous êtes une vraie gosse, c'est ce qui vous rend si délicieuse Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

Lisez mieux = Adèle écrit les fantaisies de la Reine, ce qui n'est pas méchant, Marie-Antoinette était très jeune et avait envie de s'amuser ( sauf peut-être les grosses dépenses au jeu ?); ce qu'elle écrit ensuite c'est qu'à partir de là, on a fabriqué une fausse réputation à la Reine, alors qu'au fond ce n'était que des légèretés...
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flower power

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 10:19

Adèle de Boigne écrit comme une déesse et sa plume est trempée dans un vitriol à la sauce de l'époque, c'est à dire à peu près invisible. Cependant ses portraits sont assassins l'air de rien et (je rejoins de La Reinta) celui de la reine en particulier.

Le roi ? Un pauvre type dont on se moque des formes grossières, que sa femme raille ouvertement.
La reine ? Une écervelée toquée de mode, mode, mode (le mot est répété à l'envi), malade jeu pour suivre la mode et incapable de se retenir, qui cède à Fersen parce qu'elle n'arrive pas à faire autrement.
Artois ? Encore pire que sa belle-soeur !
Polignac ? Une idiote manipulée par indolence.

Il n'y a que Fersen qui s'en sort à bon compte et Elisabeth (dont elle ne dit presque rien).
Mais ce style ravageur (bien dans l'esprit XVIIIe) est savoureux, c'est certain et je dévore votre chronique sans bouder mon plaisir, chère Aglae.
Merci de tout coeur.


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a mortifying family tradition
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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 11:11

Avec plaisir, chère flower power !
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A. Brown

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 13:40

HoHoHo Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 887322 Je suis comme Reinta. Je surkif Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 580524

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Elles sont toutes magnifiques ! Pourquoi n’ai-je pas trois têtes ?  
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Therese Belivet

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 15:19

On est d'accord que ces textes sont très bien écrits. Mais ils ne peuvent en aucun cas être considérés comme des sources primaires. Adélaïde Charlotte Louise Éléonore dite Adèle d'Osmond, par son mariage comtesse de Boigne, est née en 1781, elle n'était donc pas née au moment des faits qu'elle relate (ou alors bébé pour les moins anciens). Elle tient les précisions de ses parents, dit-elle. Soit.
  1. Son père
    René Eustache d'Osmond, 4e comte de Boitron (1782) et 3e marquis d'Osmond natif de Saint-Domingue, est un militaire qui fut proche d'Orléans (Orléans ! L'ennemi de Marie-Antoinette). C'est pour faire plaisir à sa femme qu'il va à Versailles avec sa famille mais il se sentait comme un chien dans un jeu de quilles à la cour.
  2. Sa mère
    Hélène-Eléonore Dillon, de la grande famille des Dillon. Exemple le bel Edouard qu'on dit avoir flirté avec Marie-Antoinette. C'était son oncle.


Donc du côté paternel on est dans la mouvance Orléans et du côté maternel dans la mouvance des ragots. C'est comme on l'a souvent dit dans ce Boudoir (moi la première), Boigne n'est pas une source crédible sur l'intimité de Marie-Antoinette. Elle n'était pas née et ses parents ne faisaient pas partie du premier cercle. Elle écrit très bien mais ne fait que colporter les ragots qu'on lui a rapportés de loin.

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Those words were somehow future, and this was present.
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Oberon Saint Laurent

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 15:57

Intéressante discussion, merci ! Il n'y a que dans cet aimable Boudoir que l'on trouve d'aussi passionnants sujets. Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462
Du coup pour faire ma part, j'ai cherché sur ce bel Edouard Dillon. C'était en effet un très bel homme, et Marie-Antoinette aimait la beauté, les hommes de bonne prestance et les femmes gracieuses. Edouard Dillon appartenait à la Maison du Comte d'Artois et était donc admis à Trianon.
La Comtesse de Boigne nous raconte une anecdote que notre chère Aglae ne m'en voudra pas de partager. Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 580524
(je l'espère flower flower )

  • Édouard Dillon était très beau, très fat, très à la mode. Il était de la société de Madame de Polignac, et probablement adressait à la Reine quelques-uns de ces hommages qu'elle réclamait comme jolie femme. Un jour, il répétait chez elle les figures d'un quadrille qu'on devait danser au bal suivant. Tout à coup, il pâlit et s'évanouit à plat. On le plaça sur un sofa, et la Reine eut l'imprudence de poser sa main sur son cœur pour sentir s'il battait. Édouard revint à lui. Il s'excusa fort de sa sotte indisposition et avoua que, depuis les longues souffrances d'une blessure à la prise de Grenade, ces sortes de défaillances lui prenaient quelquefois, surtout quand il était à jeun. La Reine lui fit donner un bouillon, et les courtisans, jaloux de ce léger succès, établirent qu'il était au mieux avec elle.


Merci encore pour toutes les informations que j'ai pu lire ici. Merci surtout à Aglae qui a eu l'idée géniale d'attirer notre attention sur les mémoires de la Comtesse de Boigne.

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Unhappy Housewife

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 16:33

Merci pour tous ces textes pertinents. Les mémoires de la comtesse de Boigne sont une source essentielle, c'est le seul témoignage réel que nous ayons sur la liaison entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen.
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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 16:37

Chère Thérèse, en effet, oui, Adèle est une Orléaniste de la première heure....et je l'ai bien bien précisé

Pour autant, même les fidèles dont je suis, ont reconnu que, par exemple, la Reine jeune avait inconsciemment alimenté ce qui lui sera reproché par la suite, et amplifié, déformé, jusqu'aux pamphlets délirants dont nous le savons désormais Provence lui-même mortellement jaloux de sa belle-soeur, n'hésitait pas à protéger la circulation à Versailles même

et d'autre part, relisez bien =

* si Louis -Auguste n'est pas ménagé, moi - dont c'est le personnage historique préféré, préféré même à Marie-Antoinette- je suis obligée de reconnaître qu'il était "lourdaud" et d'une timidité handicapante;

* Provence est une ordure, Artois un Polichinelle;

* je déteste et condamne le clan Polignac à commencer par la Comtesse Gabrielle, ils ont cristallisé sur la Reine la vindicte populaire, d'ailleurs Marie-Antoinette n'était pas si naïve et quelques années avant la fin, elle a délaissé la Comtesse et s'en est détachée

Donc, jusqu'ici, tenant compte qu'Adèle avait 8 ans à la Révolution, je trouve que ce qu'elle dit est acceptable; je n'ai pas trouvé ( encore) de récits sur " le traitre qui a voté la mort du Roi"

Je n'ai recopié que ce qui me semblait "acceptable" ceci signifie crédible par moi, qui suis très attaché au couple royal, à Madame Elisabeth;

Voilà, je pense que ce qui a été vécu par une enfant très éveillée de 6 à 8 ans, mettons et qui a vu ses souvenirs confirmés par des récits/ragots les ragots étant à venir, il me semble, est crédible;
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gregor samsa

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 16:38

Unhappy Housewife a écrit:
Merci pour tous ces textes pertinents. Les mémoires de la comtesse de Boigne sont une source essentielle, c'est le seul témoignage réel que nous ayons sur la liaison entre Marie-Antoinette et Axel de Fersen.

Oui bon, on ne va pas encore parler du comte de Fersen. Pitié !
Recentrons-nous sur le sujet. Voici un aperçu de la famille Dillon.
https://www.linkedin.com/pulse/dillons-france-john-breslin-atrie

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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 16:47

Merci cher Obéron, pour l'anecdote sur "le beau Dillon" et, je le répète, je suis d'accord avec Thérèse, surveillons étroitement ce qui est écrit =

Durant tout le début de ces évocations, Adèle, distille avec délectation tous les détails de sa haute naissance, et le fait que ses parents ( exceptionnels ! en beauté, bonté, intelligence, et hautes relations avec le sang le plus bleu Cool Rolling Eyes Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 49856 ) de même, elle est dès sa naissance une enfant prodige, d'intelligence et de beauté.... Rolling Eyes

Ce qui est intéressant, ensuite, me semble-t-il ce sont ces courts extraits où involontairement, elle laisse percer des détails pris sur le vif et peu contestables

Je vais poursuivre ma lecture et nous allons voir si la "flamme Orléaniste" est plus apparente.....
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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 16:51

gregor samsa a écrit:
Oui bon, on ne va pas encore parler du comte de Fersen. Pitié !

LOL ! oui, en effet cher gregor, d'autant qu'Adèle "expédie " l'idylle vertement, et à toute allure..... Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 49856

ce qui fait que nous n'en savons pas davantage !! Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 49856
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Maria Cosway

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 26 Avr - 21:32

Thank you for all, dear Aglae. Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeJeu 23 Mai - 17:36

Avec plaisir, dear Maria ! Very Happy

Je poursuis ma lecture, en tentant d'élucider certains faits et d'identifier certains noms....J'en suis environ à la moitié ( assassinat de Duc de Berry) ; ce qui me donne l'occasion d'attirer l'attention de notre cher Mr Pilayrou, car Adèle de Boigne évoque cet homme assez précisément, ainsi que les ressentis de l'époque à son égard....


Quoique se faufilant avec habileté dans les partis politiques, désormais, Adèle de B. souligne nettement l'inanité du Roi ( Provence) de Monsieur ( Artois) et de Madame ( Marie-Thérèse de France); comme je n'apprécie pas Provence affreux bonhomme, Artois je ne suis guère choquée; la Restauration a été une lamentable tentative de retour à la Monarchie de Bourbons;
Je surveille néanmoins du coin de l'oeil le Duc d'Orléans, qui ici commence à faire figure de martyr, dont - j'attends qu'elle l'écrive- seule l'accession au trône sauvera la France Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 244157

Je vais copier coller certains passages, à commencer par l'assassinat de Duc de Berry;
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Airin

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Mai - 9:34

Oh merci, chère Aglaé, c'est un grand bonheur pour les lecteurs assidus que nous sommes. Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

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Cet été-là, l'extravagance était à la mode.
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Vlad Tepes

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Mai - 12:01

Merci. J'aime beaucoup vous lire.
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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeVen 31 Mai - 17:23

merci beaucoup, vous êtes très gentils Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

voici au tome III l'assassinat de Duc de Berry


Le carnaval de 1820 fut extrêmement gai et brillant. Les plaies du pays commençaient à se cicatriser. Malgré le peu de reconnaissance témoignée à l’administration qui avait travaillé et réussi à émanciper le pays, les personnes mêmes qui craignaient ce résultat et avaient intrigué pour l’empêcher éprouvaient, en dépit de leurs préventions, du soulagement à ne plus voir l’uniforme étranger se pavanant chez lui, dans nos rues.

Monsieur le duc de Berry donna un grand bal à l’Élysée. Les invitations furent nombreuses et assez libéralement distribuées. Monsieur le duc de Berry trouvait la Cour tenue trop étroitement. Les prétentions des entours avaient profité des goûts sédentaires et retirés des autres princes pour les accaparer entièrement. Il fallait être de leur Maison, ou y tenir de bien près, pour avoir accès jusqu’à eux ?

Monsieur le duc de Berry blâmait cette exclusion et annonçait l’intention de s’en affranchir. Il avait déjà donné quelques dîners où il avait admis des pairs et des députés marquants par leur existence politique, et il se proposait encore d’étendre le cercle de ses invitations. Lui-même aurait eu beaucoup à y gagner, car il avait assez d’esprit pour pouvoir profiter de la conversation et pour chercher à l’encourager. Il était stimulé dans ce projet par l’attitude du Palais-Royal.
Monsieur le duc d’Orléans avait affecté, plus que personne, de relever la tête au départ des alliés et de changer sa façon de vivre ; il était bien aise qu’on remarquât combien il respirait plus librement. Le premier mercredi de chaque mois, il recevait comme prince, mais non pas en habit de Cour. Il n’était porté, au Palais-Royal, que par les femmes présentées pour la première fois ; encore les en dispensait-on fréquemment.

On n’avait pas non plus, ainsi qu’aux Tuileries, inventé de séparer les hommes et les femmes, ni de nous faire défiler comme un troupeau, ou entrer en fournées, disciplinées par un huissier, pour obtenir le mot, ou le coup de tête qu’on nous accordait avec autant d’ennui que nous en avions à le recevoir.

Les salons du Palais-Royal, brillamment éclairés, étaient remplis de femmes magnifiquement parées, d’hommes chamarrés d’ordres et de broderies, qui circulaient librement. On s’y rencontrait ; on se réunissait aux gens de sa société. On attendait sans ennui la tournée des princes qui distribuaient leurs obligeances de la façon la plus gracieuse.

Les réceptions du Palais-Royal se trouvaient être de fort belles assemblées où on s’amusait et d’où l’on sortait content de sa soirée et des gens qui vous l’avaient procurée. Elles étaient très à la mode. J’ignore ce qui décida plus tard à y renoncer et à n’avoir plus qu’une seule réception princière le premier mercredi de l’année où il y avait une telle foule que c’était une corvée insupportable.

En outre des cercles dont je viens de parler, il y avait de fréquents et excellents concerts ainsi que de grands dîners, pas trop ennuyeux où on avait soin que les invitations fussent toujours suffisamment mélangées pour que toutes les opinions se trouvassent représentées et qu’il n’y eût repoussement pour aucune.

J’allais très souvent au Palais-Royal. Dans les jours ordinaires, les princesses et leurs dames travaillaient à une table ronde placée à l’extrémité de la galerie. Les enfants jouaient à l’autre bout. Monsieur le duc d’Orléans partageait son temps entre ces deux groupes et le billard. Dès que les enfants étaient couchés, il se rapprochait de la table, et on causait de tout fort librement et souvent d’une façon très amusante.

Monsieur le duc d’Orléans se tenait au courant de tout ce qui paraissait de nouveau soit dans les arts, soit dans les sciences. Les savants lui communiquaient leurs découvertes ; celles qui étaient de nature à intéresser les princesses étaient produites et démontrées au salon. Les artistes qui passaient y étaient entendus et y apportaient une variété qui le rendait fort agréable aux habitués.

La liste en était assez étendue pour qu’il y vint dans le cours de la soirée une trentaine de personnes, soit de celles pour qui la porte était toujours ouverte, soit de celles qui demandaient à faire leur cour et à qui on fixait un jour.

Monsieur le duc de Berry y venait parfois avec sa femme, et avait l’air de s’y plaire. Je ne le voyais plus que rarement. Dès la seconde Restauration, il avait cessé de faire des visites et, depuis son mariage, il n’allait dans le monde qu’aux grands bals où il accompagnait sa femme. Cependant, lorsque nous nous rencontrions, nos vieilles habitudes, d’une familiarité qui datait de l’enfance, nous remettaient facilement en intimité.

Je me souviens qu’un soir, au Palais-Royal, me trouvant à côté de lui sur une banquette, dans le billard, il me témoigna son approbation des habitudes sociales des maîtres de la maison, et combien cela valait mieux que d’être toujours : Comme nous, entre nous comme des juifs, ce fut son expression.

Je lui représentai qu’il lui serait bien facile de mettre l’Élysée sur le même pied et qu’il aurait tout à gagner à se faire connaître davantage.

« Pas si facile que vous le croyez bien. Mon père le trouverait très bon et serait même aise d’en profiter, car, malgré tous ses scrupules religieux, il aime le monde ; mais je ne crois pas que cela convînt au Roi ; et je suis sûr que cela déplairait à mon frère et plus encore à ma belle-sœur. Elle n’entend pas qu’on s’amuse autrement qu’à sa façon : moult tristement… vous savez ?… » Et il se prit à rire.

Ce moult tristement est un terme que Froissard applique aux divertissements des anglais.

Après quelque long dîner de Londres, monsieur le duc de Berry s’écriait souvent :

« Ah ! que nous nous sommes bien divertis, moult tristement, selon l’us de leur pays. »

En outre des sévérités de madame la duchesse d’Angoulême, il y avait un obstacle principal qu’il n’exprimait pas mais qu’il voyait très bien : c’était la différence qui existait entre madame la duchesse de Berry et madame la duchesse d’Orléans. Toutefois, dans l’approbation du Prince il perçait beaucoup de jalousie contre le Palais-Royal. J’en eus une nouvelle preuve le jour de ce bal de l’Élysée où je retourne après cette longue digression.

La maladie du duc de Kent avait fait hésiter à le remettre, un léger mieux encouragea à le donner. Le télégraphe apporta la nouvelle de la mort le jour même où il devait avoir lieu. Je l’appris par monsieur le duc de Berry.

La file m’avait retardée. Je lui trouvai, dès en arrivant, l’air que je lui connaissais quand il était mécontent. Le bal était si beau, si brillant, si animé que je ne comprenais pas qu’il n’en fut pas satisfait. Il s’approcha de moi.

« Hé bien ! vous savez que le Palais-Royal ne vient pas ; ils ont envoyé leurs excuses.

— Vraiment, Monseigneur ?

— C’est fort déplacé. Le Roi avait décidé que lala nouvelle de la mort du duc de Kent ne serait sue que demain ; et voilà qu’ils la répandent par leur absence qu’il faut bien expliquer… C’est pour me donner un tort. »

Je cherchai à l’apaiser et lui rappelai, ce qui était exact, que monsieur le duc d’Orléans était personnellement intimement lié avec le duc de Kent, qu’il devait être douloureusement affecté et que sa situation était toute différente de celle de monsieur le duc de Berry.

« Ah bah, reprit-il avec impatience, c’est toujours pour faire pot à part. »

Il y avait bien un peu de vrai dans cette boutade de mauvaise humeur.

Le bal fut magnifique et parfaitement ordonné. Le Prince en fit les honneurs avec bonhomie et obligeance, et le succès de cette fête, dont il s’était lui-même occupé, le dérida avant la fin de la soirée. Il dit, tout autour de lui, qu’il était enchanté qu’on s’amusât et que ces bals se renouvelleraient souvent. Hélas ! aveugles mortels que nous sommes, c’était pourtant le dernier !

Madame la duchesse d’Angoulême fit les honneurs avec un empressement et une gracieuseté que je ne lui avais jamais vus. Elle était polie, accorte, couverte de diamants, noblement mise et avait bien l’air d’une grande princesse.

En revanche, sa belle-sœur avait celui d’une maussade pensionnaire. Elle ne faisait politesse à personne, ne s’occupait que de sauter et courait sans cesse après monsieur le duc de Berry pour qu’il lui nommât des danseurs. Il ne voulait pas qu’elle valsât, et elle prenait une mine boudeuse toutes les fois que les orchestres jouaient une valse. Il est difficile d’être moins à son avantage et plus complètement une sotte petite fille que madame la duchesse de Berry ce jour-là. Il n’approchait que trop celui où elle devait montrer une distinction de caractère que personne ne lui supposait.

Je me rappelle pourtant avoir entendu raconter à monsieur le duc de Berry que, se trouvant un jour avec elle dans une voiture dont les chevaux s’emportaient, elle avait continué à parler sans que le son de sa voix s’altérât, qu’il avait fini par lui dire :

« Mais, Caroline, tu ne vois donc pas ?

— Si fait, je vois ; mais, comme je ne puis arrêter les chevaux, il est inutile de s’en occuper. »
La voiture versa sans que personne fût blessé. Madame la duchesse de Berry est une des créatures les plus courageuses que Dieu ait formée.

L’étiquette ne permettait pas de quitter le bal avant les princes. J’étais exténuée de fatigue lorsque je rencontrai monsieur le duc de Berry après le souper. Il me parut de très bonne humeur et enchanté de l’effet de son bal.

« Vous n’en pouvez plus, me dit-il, allez-vous-en. »

Je fis quelques difficultés.

« Allez, allez, c’est moi qui vous chasse. Bonsoir, ma vieille Adèle. »

C’était son terme d’amitié envers moi. Voilà les derniers mots que je lui ai entendu prononcer. La poignée de main qui les accompagna fut aussi la dernière que j’aie reçue de lui. Je ne reviens pas sur ces moments sans émotion. Avec de grands défauts, il avait des qualités très attachantes et, dans sa poitrine de prince, battait un cœur d’homme généreux.

Le samedi suivant, qui précédait le dimanche gras 13 février 1820, il y eut un bal costumé chez monsieur Greffulhe, riche banquier qui avait épousé mademoiselle du Luc de Vintimille et qu’on avait créé pair de France. La fête était très belle ; tout ce qu’il y avait de meilleure et de plus élégante compagnie à Paris s’y réunit.

Monsieur le duc et madame la duchesse de Berry l’honorèrent de leur présence. La princesse ne dansa pas ; mais, comme elle était vêtue en reine du moyen âge, avec un voile flottant et en velours chamarré de broderies d’or, on ne le remarqua pas.

On donnait, en ce temps, au théâtre de la porte Saint-Martin, une parodie de l’opéra des Danaïdes où l’acteur Potier, après avoir distribué de ces couteaux, dits eustaches, à ses filles pour tuer leur mari, ajoutait : « Allez, mes petits agneaux ». Ce mot, dit par Potier d’une façon inimitable, avait fait la fortune de la pièce, et tout Paris le connaissait.

Le duc de Fitzjames avait adopté le costume de Potier et, les poches pleines de couteaux, en donnait à toutes les jeunes femmes en y ajoutant quelques phrases appropriées à leur situation personnelle. Il s’adressa particulièrement à madame la duchesse de Berry ; ce fut sujet d’une longue plaisanterie sur l’endroit du cœur qu’il fallait frapper, et je vis madame la duchesse de Berry partir tenant encore ce couteau à la main. Hélas ! vingt-quatre heures ne s’étaient pas écoulées qu’un couteau plus formidable était enfoncé dans ce cœur qu’on lui conseillait de toucher.

Édouard de Fitzjames s’est souvent reproché ce badinage, bien innocent assurément, mais dont je conçois que le souvenir lui fut pénible.

Pendant tout le temps que le prince était resté au bal, monsieur Greffulhe ne l’avait pas quitté d’un instant. Il paraissait inquiet et préoccupé. Dès qu’il eut remis ses illustres hôtes dans leur voiture et qu’elle fut sortie de sa cour, il sembla débarrassé d’un pesant fardeau.

J’appris qu’il avait reçu de nombreux avertissements qu’on chercherait à profiter des facilités que donnait le masque pour assassiner monsieur le duc de Berry ; mais, hormis le maître de la maison, personne ne faisait état de ces menaces anonymes. Tout le monde était fort gai, fort entrain ; les plaisirs de tout genre se succédaient.

La coterie, à laquelle j’appartenais, se réunit le lendemain dimanche chez madame de La Briche. On y avait préparé une mascarade qui représentait un baptême de village. Un grand monsieur de Poreth, de six pieds de haut, en était le maillot ; il portait sa nourrice. Tout était conçu dans cet esprit, et cette parade bouffonne ne manquait pas de gaieté.

On était fort en train de s’amuser, quoiqu’un des personnages de la farce, l’amphitryon de la veille, monsieur Greffulhe, eût été retenu chez lui par une indisposition dont, par parenthèse, il mourut cinq jours après.

Les éclats de joie étaient en pleine possession du salon, lorsqu’Alexandre de Boisgelin y entra. Il s’assit à côté de madame de Mortefontaine, près de la porte, et lui parla à voix basse. J’allais sortir, ils m’appelèrent.

Alexandre arrivait de l’Opéra. Il savait monsieur le duc de Berry atteint. Il avait vu l’assassin ; il avait vu le sanglant couteau. Cependant il ignorait encore le danger de la blessure. Il croyait le blessé transportable ; avait été donner des ordres à l’Élysée et retournait l’y attendre. Il nous imposa le silence, en promettant de revenir aussitôt que le Prince serait arrivé chez lui.

Nous restâmes, madame de Mortefontaine et moi, assises l’une près de l’autre et osant à peine nous regarder dans la peur d’éclater. Mais bientôt de nouveaux avertissements parvinrent dans ce salon où les plaisirs régnaient encore. Je n’oublierai jamais son aspect. Les groupes éloignés de la porte étaient livrés à la gaieté et aux rires, tandis que ceux plus rapprochés recevaient successivement la sinistre nouvelle et que la consternation gagnait de place en place, mais pourtant assez lentement. Personne ne voulant s’en faire le héraut, elle circulait tout bas de proche en proche.

Les hommes, qui pouvaient se débarrasser des costumes dont ils étaient affublés, se précipitaient dans les rues pour aller aux informations. Ceux qui avaient des devoirs à remplir couraient chez eux pour prendre leur uniforme. Bientôt nous nous trouvâmes entre femmes.

Il ne resta que monsieur de Mun, qui, vêtu en dame du château, lacé, colleretté, falbalassé, emplumé, ne pouvait se déshabiller. Il resta dans ce costume, toute la nuit au milieu des allants et des venants, des aides de camp, des valets, des ordonnances, car les messagers de toutes sortes ne nous manquaient pas, sans que personne, ni lui, ni nous, ni les survenants ne pensassent à le remarquer, tant le trouble était grand. Ce n’est que par la réflexion que nous nous en sommes souvenues.

Nous apprîmes que, loin que monsieur le duc de Berry fût venu à l’Élysée, madame de Gontaut avait reçu ordre de porter la petite Mademoiselle à l’Opéra et les femmes de madame la duchesse de Berry de l’y aller joindre. Enfin, à quatre heures du matin, on vint nous dire, du poste de l’Élysée, que les nouvelles étaient meilleures, que le prince avait été pansé, qu’il était calme et qu’on allait le transporter, couché sur des matelas. Chacun se sépara, la terreur dans le cœur. Dès sept heures, nous étions en campagne, mais c’était pour apprendre la fin de cette cruelle tragédie.

Les récits qui m’en ont été faits sont de la plus scrupuleuse exactitude. Ils me sont revenus par trop de bouches pour que j’en puisse douter un instant.

La mort de monsieur le duc de Berry a été celle d’un héros, et d’un héros chrétien. Il s’est occupé de tout le monde avec un courage, une présence d’esprit, un sang-froid admirables. Comment cela s’accorde-t-il avec le peu de résolution dont on a pu quelquefois le soupçonner ? Hélas ! je ne sais ! Les hommes sont pleins de ces sortes d’anomalies inexplicables. Lorsqu’on veut les montrer parfaitement conséquents avec eux-mêmes, on ne fait plus que le portrait d’un personnage de roman.

Monsieur le duc de Berry venait de mettre sa femme en voiture. Les valets de pied fermaient la portière. Il rentrait à l’Opéra pour voir la dernière scène du ballet et recevoir d’une danseuse le signal de la visite qu’il désirait lui faire. Il était suivi de deux aides de camp ; deux sentinelles portaient les armes des deux côtés de la porte.

Un homme passe à travers tout ce monde, heurte un des aides de camp au point qu’il lui dit : « Prenez donc garde, monsieur ; » dans le même instant pose une main sur l’épaule du Prince, de l’autre enfonce, par-dessus l’épaule, un énorme couteau qu’il lui laisse dans la poitrine et prend la fuite sans que personne, dans tout ce nombreux entourage, ait le temps de prévenir son action.

Monsieur le duc de Berry crut d’abord n’avoir reçu qu’un coup de poing, et dit : « Cet homme m’a frappé, » puis, portant la main sur sa poitrine, il s’écria : « Ah ! c’est un poignard ; je suis mort. »

Madame la duchesse de Berry, voyant du mouvement, voulut aller vers son mari. Madame de Béthisy, sa dame de service dont je tiens ce détail, chercha à la retenir. Les valets de pied hésitaient à baisser le marchepied ; elle s’élança de la voiture sans qu’il fût ouvert. Madame de Béthisy la suivit.

Elles trouvèrent monsieur le duc de Berry assis sur une chaise dans le passage. Il n’avait pas perdu connaissance ; il dit seulement : « Ah ! ma pauvre Caroline, quel spectacle pour toi ! » Elle se jeta sur lui : « Prends garde, tu me fais mal. »

On parvint à le monter jusqu’au petit salon qui communiquait avec sa loge. Les hommes qui l’y avaient conduit se dispersèrent aussitôt pour aller chercher des secours ; il se trouva seul avec les deux femmes.

Le couteau, resté dans la poitrine, le faisait horriblement souffrir ; il exigea de madame de Béthisy de l’arracher, après y avoir vainement essayé lui-même. Elle se résigna à lui obéir. Le sang alors jaillit avec abondance ; sa robe et celle de madame la duchesse de Berry en furent inondées.

Depuis ce moment jusqu’à l’arrivée des chirurgiens et les saignées qu’ils pratiquèrent, il ne fit plus entendre que des gémissements continuels, des mots entrecoupés : « J’étouffe, j’étouffe, de l’air, de l’air ! » Ces pauvres femmes ouvraient la porte, et la musique du ballet inachevé, les applaudissements du parterre, venaient faire un contraste épouvantable à la scène qu’elles avaient sous les yeux.

Madame la duchesse de Berry déployait un sang-froid et une force de caractère qu’on ne saurait trop honorer, car son désespoir était extrême. Elle pensait à tout, préparait tout de ses propres mains, et la pensionnaire du matin était devenue tout à coup héroïque.

Je crois que monsieur le duc d’Angoulême arriva le premier des princes, puis Monsieur. Celui-ci s’était jeté dans la voiture de la personne venue l’avertir. On ignorait encore si cet assassinat n’était pas le commencement d’une conspiration plus générale ; il pouvait y avoir du danger.

Le duc de Maillé, premier gentilhomme de la Chambre, ne pouvant trouver place dans la voiture, prit le parti de monter derrière, renouvelant ainsi, en occurrence honorable, le courtisanesque dévouement du vieux maréchal de Beauveau qui, en sa qualité de capitaine des gardes, était revenu de Rambouillet à Versailles derrière une chaise de poste où le jeune Louis XVI avait trouvé asile, un jour où il avait manqué ses relais à la chasse.

Combien les circonstances qualifient diversement les mêmes faits ! La conduite du maréchal, malgré tout le succès qu’elle eut à Versailles, m’a toujours semblé d’un valet et l’action du duc de Maillé d’un loyal gentilhomme.

J’ai entendu raconter, à des témoins oculaires, que le passage du vieux Roi dans les corridors de l’Opéra, où il se traînait pour aller recevoir le dernier soupir du dernier de sa famille, avait un caractère plus imposant, par ce contraste même, que si pareille scène se fût passée dans l’intérieur d’un palais.

Les détails touchants qui accompagnèrent cette horrible catastrophe et qui eurent trop de témoins pour qu’on osât les discuter relevèrent beaucoup la famille royale aux yeux de la France, et la mort de monsieur le duc de Berry lui fut plus utile que sa vie.

Les plus petites circonstances de cette cruelle nuit me furent redites par les nombreux assistants et surtout par les princesses d’Orléans. Elles en étaient bouleversées lorsque j’allai chez elles le lendemain. Mademoiselle me raconta que le Roi avait dit à monsieur le duc d’Orléans, au moment où madame la duchesse de Berry se précipitait sur le corps de son mari et refusait de s’en séparer :

« Duc d’Orléans, ayez soin d’elle ; elle est grosse. »

Monsieur le duc de Berry lui avait également recommandé de prendre garde de ne point se blesser ; mais il faut rendre justice à la jeune princesse ; elle ne pensait aucunement à son état et était tout entière à son malheur. Elle ne faisait trêve à sa douleur que pour témoigner de sa méfiance et de sa haine à monsieur Decazes qui, abîmé dans sa propre consternation et enveloppé de son innocence, ne s’apercevait même pas de l’animadversion qu’il suscitait et qui éclatait en paroles et en gestes.

Cela fut poussé à un point si absurde que, monsieur Decazes ayant été dans la salle où était gardé Louvel et lui ayant, à la prière des médecins, demandé à voix basse si l’arme était empoisonnée, on eut l’infamie de dire autour de lui qu’il avait été s’entendre avec l’assassin !

Monsieur le duc de Berry ne cessa pas d’implorer la clémence du Roi pour ce misérable qu’il supposait avoir une vengeance personnelle à exercer contre lui, donnant ainsi un bel exemple de charité chrétienne.
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elois

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Juin - 10:52

Merci chère Aglae. J'admire la précision dans la narration.

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S Mills Blake

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Juin - 12:17

Merci de tout coeur, c'est un épisode de l'Histoire de France que je connais moins bien.
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Airin

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeMer 5 Juin - 17:57

Merci, chère Aglae, d'entrer dans les arcanes de cette affaire aussi triste que compliquée.

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Cet été-là, l'extravagance était à la mode.
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flower power

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeJeu 6 Juin - 12:19

J'aime beaucoup ces moments privilégiés de lecture.
Aglaé bisous.

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pimprenelle

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeDim 9 Juin - 10:43

Merci, Aglae. Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

L'assassinat de Duc de Berry n'est pas un événement que je connaisse très bien, j'avoue.

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Aglae

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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitimeLun 10 Juin - 8:04

Merci à tous pour vos gentils mots ! c'est avec plaisir ! Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405462

chère Pimprenelle, moi non plus, je ne connais pas bien ! je ne l'ai cité qu'à cause de la thèse de notre cher Mr Pilayrou, sur LOUVEL possiblement Louis XVII survécu !

voilà


pouf pouf pouf ! j'arrête ici pour 2 raisons, désormais Adèle de Boigne ne va évoquer que le gentil futur Louis-Philippe, et HONNÊTEMENT ..... c'est longuet ...... Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 405448

Donc salut Adèle, bonne lecture à ceux qui s'en sentent le courage, c'est sur wikisource !
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MessageSujet: Re: Sur les pas d'Adèle de Boigne   Sur les pas d'Adèle de Boigne - Page 2 Icon_minitime

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