Renée Hillaire de Chanterenne
Renée HILLAIRE de CHANTERENNE est née "Renée, Elisabeth, Madeleine HILLAIRE de la ROCHETTE", à ONDRES, le 19 avril 1762.
Née le 17 avril 1762 à Ondres (40)
Décédée le 23 juin 1838 à Grenoble (38), à l'âge de 76 ans
Attachée à Madame Royale dans la Tour du Temple, puis Lectrice de Laetitia Bonaparte à Naples
Son père, Robert-Alexandre HILLAIRE de la ROCHETTE était armateur.
Alexandre Robert d'HILLAIRE de La ROCHETTE 1730-1801 (Commissaire de la Marine du Canada, et armateur, puis commandant de la garde nationale de Couilly (77))
Il fut Trésorier général du gouvernement français à QUEBEC.
Marie Anne LEVASSEUR 1737-1814
Il avait épousé Mademoiselle Marianne LEVASSEUR, fille d'un inspecteur des bois et forêts du CANADA, alors possession française.
Ils ont un garçon et quatre filles, dont Renée.
Renée HILLAIRE de la ROCHETTE épousa le 06 décembre 1794, à PARIS, Jean Joseph Louis de CHANTERENNE. jeune veuf demeurant à SAINT-GERMAIN-SOUS-COUILLY.
le 28 nivôse an III (17 janvier 1795), Couilly (77), avec Joseph Louis BOCQUET de CHANTERENNE
né le 4 août 1737 à Meaux (77)
décédé le 06 mars 1811 à Fay-les-Étangs (60) à l'âge de 73 ans,
Juriste, procureur du roi, président du tribunal à Meaux, subdélégué adjoint en 1773 au département de Meaux
Le mariage eut lieu en secret, la nuit, célébré par un prêtre réfractaire.
Trois jours après la mort de LOUIS XVII, par un arrêté du 25 prairial An II, (13 juin 1795) les gouvernants décidèrent qu'une femme serait placée auprès de la fille de Louis CAPET pour lui servir de compagne.
Plusieurs candidates se proposèrent, dont Renée de la ROCHETTE, qui fut retenue.
Ce choix fut fait sans doute en raison de l'excellence des références fournies ou connues, mais aussi en compensation d'une créance incomplètement payée à son père.
Elle prit son service le 15 juin 1795 auprès de la fille aînée de LOUIS XVI, Madame Royale.
L'accord entre les deux femmes fut idéal et Renée de la ROCHETTE apporta le réconfort dont l'orpheline avait grandement besoin dans son isolement.
Ceci dura jusqu'au I8 décembre 1795. Selon une décision du Directoire, en effet, au terme d'une longue négociation avec l'Empereur d'AUTRICHE, un échange est organisé, qui permettra à Madame Royale de rejoindre la cour de VIENNE.
En contrepartie, des prisonniers français seront libérés.
Madame de CHANTERENNE. ne fut pas autorisée à suivre Madame Royale à VIENNE.
Celle-ci eut un grand chagrin de devoir quitter Renée, sa petite Rénette comme elle l'appelait affectueusement, dont elle aurait voulu ne jamais se séparer.
Au moment du départ elle lui remit, comme souvenirs, quelques bibelots ou objets ayant appartenu au Roi, son père ou au Dauphin, et lui communiqua, en cours de route, ses impressions de voyage vers VIENNE.
Un fils naquit chez les CHANTERENNE le 07 avril 1797: Hillaire Louis, plus tard prénommé Charles, mais Monsieur de CHANTERENNE se retira à la campagne en 1798, chez la fille qu'il avait eu de son premier mariage.
Par ailleurs Renée de CHANTERENNE est restée en relation avec la Duchesse d'ORLEANS, Louise-Adélaïde épouse de Philippe EGALITE.
Sa situation est difficile. Elle accepte d'être lectrice de Madame LAETITIA, puis dame d'honneur de la Princesse MURAT, reine des DEUX-SICILES, jusqu'au retour des Bourbons en 1814.
Elle vit à Paris sous la Restauration, puis se retire à la campagne à ABLIS.
En 183O, Madame Royale, devenue Duchesse d'ANGOULEME à son retour de Vienne, doit quitter la France pour suivre son mari, dans le sillage de CHARLES X, et elle rejoint l'Angleterre. Renée de CHANTERENNE perd ses pensions.
Son fils Charles entre au service de LOUIS-PHILIPPE 1er et épouse Mademoiselle de COLLEVILLE.
A partir de 1836, Madame de CHANTERENNE suit son fils dans diverses garnisons et s'éteint à GRENOBLE en 1838, âgée de 76 ans.
Sans doute ne revint-elle jamais à ONDRES.
Une rue du quartier Bouyères à Ondres porte son nom.
«Dans ce triste séjour d'horreur, la vertu qui plait à mon coeur me paraissait toujours bannie ; le ciel a retenu ma vie trop souvent prête à s'exhaler par les pleurs qu'il voyait couler ; il finit d'être inexorable, à cette vertu douce aimable il faut (qu'enfin il peut) la voir triompher d'un triste devoir elle apaise et calme mon âme l'échauffe de sa douce flamme et me console en ce séjour par la clarté d'un nouveau jour elle fuyait loin de ma vue, ce moment ci me l'a rendue le ciel m'en fait maintenant jouir tout ici me l'a fait sentir chaque chose me la rappelle Je n'y vois plus de coeur rebelle enfin elle vit près de moi tout en reçoit la douce loi, faudra-t-il donc que je la nomme cette vertu qui pare l'homme, qui console les malheureux qui change l'horreur de ces lieux, qui revient dans cette contrée, pour être à jamais adorée qui près de moi dans ces moments revient adoucir mes tourments elle vit dans la tour du temple toute à l'envie suit mon exemple, sensibilité c'est son nom elle règne dans ma prison de mon coeur elle fait le charme, il ne craint plus aucune larme depuis qu'il me voit près de lui qu'âmes sensibles pour appui.»
Historique : Madame de Chanterenne fut trois jours après la mort du jeune Louis XVII, selon l'arrêté du 25 prairial An II, (13 juin 1795), placée comme gouvernante auprès de Madame Royale. Elle prit son service le 15 juin 1795 et l'entente entre les deux femmes fut excellente. Madame de Chanterenne apporta le réconfort dont l'orpheline avait grandement besoin dans son isolement. Ceci dura jusqu'au 18 décembre 1795. La princesse, surnommait Madame de Chanterenne, ma chère Renète
Provenance : collection Jean-Baptiste Gomin (1757-1841), remis à son décès par sa veuve le 2 juin 1841, au Vicomte Alcide de Beauchesne.
Comme le précise la lettre qui accompagne ce document: «Sachant combien M. Gomin avait d'affection pour vous, je suis sûre de rendre hommage à sa mémoire et de remplir en quelques sorte ses intentions en vous léguant en son nom les papiers ci-joints auxquels il attachait un prix si grand et si légitime :
1°) un écrit de Madame Royale indiquant les postes de Paris à Huningue;
2°) la relation du voyage faite par S.A.R. et écrite également de sa main.
3°) Deux pièces de vers composées par Madame dans la Tour du Temple et écrites de la main de S.A.R.
4°) un mot d'audience pour M. Gomin de la main de Madame.
5°) Des cheveux du Roi, de la Reine, de Madame Royale, et de Louis XVII.
Veuillez recevoir, Monsieur, et conserver ce legs comme le souvenir et conserver ce legs comme un souvenir de mon excellent mari, et comme un témoignage de la haute estime avec laquelle j'ai l'honneur d'être, votre très humble et servante très affectionnée, Pontoise, le 2 juin 1841».
Au dos le Vicomte a noté des informations biographiques sur M. Gomin. Puis collection du Vicomte Alcide-Hyacinthe du Bois de Beauchesne (1804-1873).
Presentation : lors de l'exposition Louis XVII organisée par le Musée Lambinet à l'Hôtel de Ville de Versailles de mai à juillet 1989.
* Source et infos complémentaires : Coutau Bégarie MDV - Vente Souvenirs historiques, mars 2015
De sa vie avant la Révolution, on sait peu de choses, sauf qu'elle parle et écrit le Français avec facilité, qu'elle connaît aussi l'Italien et l'Anglais. Elle se rend le 21 juin 1795 à la Tour du Temple où Madame Royale vit enfermée depuis 34 mois et pose auprès du Comité de Salut Public sa candidature pour servir de compagne à la fille de Louis XVI (née à Versailles le19/12/1778). Madame de Chanterenne est acceptée et va s'efforcer d'adoucir le sort de la Princesse emprisonnée. C'est elle qui va lui apprendre avec précautions que la pauvre Princesse isolée dans sa prison froide et sale, n'a plus parents (Louis XVI et Marie-Antoinette ont été décapités) ni son jeune frère (LXVII, mort dans sa cellule par suite des mauvais traitements qu'il a subis). Elle s'efforça de consoler et de distraire Mme Royale qui lui voua une grande affection. C'est la jeune Princesse (17 ans) qui l'appela familièrement "Rénète", surnom qui est resté dans la famille lorsqu'on évoque le souvenir de notre aïeule. Rénète, intelligente et hardie, sut développer des trésors de diplomatie avec les membres du Comité de Salut Public en faveur sa protégée. Le 18/12/1795, la fille de LXVI est libérée et exilée en Autriche on lui refuse d'emmener "sa chère Rénète". Madame de Chanterenne ne fut pas autorisée à suivre Madame Royale à Vienne. Celle-ci eut un grand chagrin de devoir quitter Renée, sa petite Rénette comme elle l'appelait affectueusement, dont elle aurait voulu ne jamais se séparer. Au moment du départ elle lui remit, comme souvenirs, quelques bibelots ou objets ayant appartenu au Roi, son père ou au Dauphin, et lui communiqua, en cours de route, ses impressions de voyage vers Vienne. De nombreuses lettres affectueuses furent échangées entre elles pendant de nombreuses années. La Princesse épouse le Duc d'Angoulême en 1799, fils du Roi Charles X (Comte d'Artois). Le duc et la Duchesse d'Angoulême furent parrains du fils de Mme de Chanterenne : Louis Charles.
Après quelques années difficiles, Renée de Chanterenne est acceptée par la Reine de Naples comme lectrice auprès de Laetitia, la mère de Napoléon (à Naples puis à Paris). En 1811 elle est nommée Dame d'Annonce auprès de la Reine de Naples. Après la révolution de 1830 et la chute de Charles X, nous perdons la trace de Mme de Chanterenne. Elle serait morte en 1838 à Grenoble, probablement lieu de garnison de son fils, le Capitaine Louis Charles de Chanterenne.
-----------------------------------------------
Dès que la citoyenne Chanterenne avait appris que le Comité de sûreté générale décidait « qu'une femme serait placée auprès de la fille de Louis Capet pour lui servir de compagnie », elle s'était offerte et avait obtenu sa nomination, comme récompense des services rendus par son père (4) et par son mari aux finances de la République.
Voilà ce que racontait la nouvelle arrivée. Mais il n'était pas à se tromper au dévouement qui avait inspiré sa démarche ; et il se fit aussitôt comme une explosion de reconnaissance dans le cœur de la royale enfant, depuis si longtemps sevrée d'affections. Le temps et la souffrance avaient eu raison, chez elle, des vagues souvenirs d'étiquette. Que lui importait que la tendresse qui s'offrait fût familière ou respectueuse ? Elle s'y abandonna avec ce même adorable laisser-aller que l'on avait tant reproché à sa mère.
Lisez cette lettre, sans date, mais écrite par la princesse peu de jours après l'entrée de Mme de Chanterenne5 au Temple. Mme de Chanterenne n'y est pas encore la chère Renète qu'elle sera bientôt, mais quelle amie elle est déjà !...
Madame,
Il est six heures, votre présence est si agréable à tout le monde qu'il faut vous arracher pour jouir du bonheur de vous voir. C'est ce que je veux, mais néanmoins, comme il est assez simple que vous aimiez votre sœur Jussie, je me priverai du plaisir de vous voir, pour que vous ayez celui de rester plus longtemps avec elle. Je vous donne jusqu'à sept heures. Mais vous reviendrez après, parce que je ne vous ai presque pas vue de la matinée. Vous voyez que malgré ma bêtise de ce matin, je suis encore un peu bonne.
Dites à M. Mabile, s'il est avec vous, que ses plumes ne valent rien, du moins, sont mal taillées, ce qui fait que ce que je vous écris est très griffonné.
Je dois cependant vous dire encore que je suis bien aise de vous avoir fait enrager en vous faisant chercher un peu votre montre. Je l'avais prise et mise à mon côté devant vous, avant que d'aller à la cuisine. Je n'ai pu faire que très peu d'extraits après mon dîné, ce qui fait que je vous écris, ne sachant quoi faire. Mais j'en ferai dans le jardin.
Soyez cependant persuadée que j'aurais sacrifié toutes mes occupations au bonheur de vous écrire, mais à la condition que vous me rendiez ma lettre pour être brûlée.
Et voici la suscription de la lettre : « Pour être lue tout de suite. A Mme Chanterenne, au jardin du Temple ; par delà le fatal guichet, sur un banc nº 2, sous les arbres.7 »
Hélas ! celle qui se livrait, si heureuse, à ce renouveau d'enfantillage, ne savait pas qu'au-dessus d'elle son petit frère venait de mourir.
Ce fut à Mme de Chanterenne de le lui apprendre ; je ne sache pas, dans le livre de M. de Beauchesne, rien de plus tragique que ce dialogue :
« — Madame n'a plus de parents.
« — Et mon frère ?
« — Plus de frère.
« — Et ma tante ?
« — Plus de tante.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . »
Mais, enfin, la Convention était lasse de sang. Elle-même, d'ailleurs, allait mourir. Chose étrange ! le dernier soupir de l'Assemblée régicide fut une sorte de désaveu de son crime. Ce fut elle, en effet, qui engagea avec l'Autriche les négociations qui rendirent la liberté à la fille de Louis XVI.
On raconte que le 26 octobre 1795, au moment où le président déclarait la Convention dissoute, quelqu'un demanda quelle heure il était, et qu'une voix avait aussitôt répondu : « L'heure de la justice. »
La justice ne pouvait plus sauver qu'une enfant !
(4) : Hilaire de la Rochette, gentilhomme poitevin, avait mis, lors de la guerre des Indes, plusieurs navires dont il était armateur au service du Roi. Ces navires avaient péri. Les finances royales s'en étaient reconnues comptables vis-à-vis de lui. La République avait fait de même, mais, ne pouvant payer, avait, comme compensation, donné un emploi du finance à M. de la Rochette et à son gendre., malgré leurs opinions royalistes.