yann sinclair
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| Sujet: 05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Sam 5 Oct - 11:23 | |
| Lundi 05 octobre 1789 St Placide et ses compagnons
Les Parisiennes réclament du pain
Initialement, la journée du 5 octobre débuta par un rassemblement sur la place de Grève, devant l'Hôtel de Ville de Paris, pour interpeller la Commune de Paris, notamment sur une disette de pain qui touchait Paris. L’Hôtel de Ville fut d’ailleurs envahi jusqu’à l’arrivée de la garde nationale parisienne, menée par La Fayette. Puis un appel fut lancé afin de faire part de ces revendications directement auprès du Roi et de l'Assemblée constituante. C’est ainsi qu’une foule de plusieurs milliers de personnes, majoritairement composée de femmes, se mit en marche vers Versailles. Elles furent suivies par d'autres groupes armés, puis plusieurs heures plus tard, par 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale.
Ces demandes étaient autant frumentaires (demande de pain, auquel le Roi répondit favorablement (Une des hypothèses étant qu'elles ont pu brûler dans l'incendie de l'Hôtel de Ville sous la Commune, mais cela reste improbable : aucun historien ne les mentionne avant cette date.) que politiques : exigence de ratification des décrets relatifs à la constitution et à la déclaration des droits, auquel le roi se plia dans la soirée (Archives nationales, C31 (263)-10), remplacement des gardes du corps du roi par la Garde nationale, exigence de port de la cocarde et, exigence d’installation du roi et de sa famille à Paris.
Sur ce dernier point, le Roi se laisse la nuit pour réfléchir. Il accepte toutefois que la surveillance extérieure du château de Versailles et sa sécurité ne soient plus assurées par les gardes suisses mais par la garde nationale, commandée par La Fayette.
Mais le 6 octobre, à l'aube, le château est envahi par un groupe plus revendicatif. La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière (deux gardes chargés de la protection des appartements de la reine Marie-Antoinette, principalement visée par l’invasion du palais, sont tués). En fin de matinée, le roi et sa famille quittent Versailles pour Paris, escortés par la foule. La famille royale sera désormais installée au Palais des Tuileries. L'Assemblée constituante y sera appelée quelques jours plus tard, le 19 octobre.
Ces journées ont pour conséquence immédiate le déplacement du centre politique de la France de Versailles à Paris. Elles ont aussi été marquées par la ratification par le roi de la Déclaration des droits de l’Homme et du principe de la Constitution. À plus long terme, elles ont contribué à consacrer une certaine volonté populaire dans la Révolution tandis que pour d’autres commentateurs ces journées annoncent la Terreur (Hippolyte Taine, Les Origines de la France contemporaine, 2e partie, La Révolution, Livre 1, Paris, Hachette, 1904 (lire en ligne [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb38966601q]), p. Chap. IV, no 5 et 6.). Quoi qu’il en soit, elles marquent un nouveau pas dans l’affaiblissement du pouvoir royal
Controverses sur les sources
Malgré leur importance, les conditions et le déroulement de ces deux journées restent relativement mal connus, principalement par manque de sources. En effet, l'intégralité des sources manuscrites d'époque sur le sujet ont disparu, dans des conditions inconnues. Les événements de ces deux journées ont fait l'objet d'une instruction en vue d'un procès pour crime de lèse-nation (dont les archives ont été également perdues), instruite au Châtelet (Procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, imprimé par ordre de l'Assemblée, Imprimerie nationale, 1790 reproduction en ligne sur Gallica [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k405872]). Les auditions s'étalent du 11 décembre 1789 au 20 avril 1790, relayées par le Moniteur et l'information sera imprimée le 19 septembre 1790 (Philippe Égalité: « Grand Maître » de la Révolution, Hubert La Marle, Paris, NEL, 1989 (ISBN 2-7233-0383-7), p. 434). Dès leur publication, ces témoignages font l'objet de vives critiques et de controverses: s'y mêlent des témoignages de personnes qui n'ont pas vécu l'événement et de très nombreuses rumeurs, les acteurs populaires et les femmes sont sous-représentés. Cette procédure fait l'objet d'un rapport à l'Assemblée, dirigé et présenté par le député Chabroud (Rapport de la procédure du Châtelet sur l'affaire des 5 et 6 octobre, fait à l'Assemblée nationale par M. Charles Chabroud, membre du Comité des rapports, imprimé par ordre de l'Assemblée, Imprimerie nationale, 1790). Ce rapport apporte des témoignages supplémentaires, et analyse méthodiquement la procédure. Il se montre à ce sujet très critique des enquêteurs du Châtelet (il s'agit d'une des dernières enquêtes de cette institution qui est supprimée fin 1790). Ce rapport a pour principal objectif de décider si Mirabeau et surtout le Duc d'Orléans, qui font tous les deux l'objet de beaucoup de rumeurs et d'accusations à l'époque, doivent être inculpés pour avoir organisé les journées d'octobre : le rapport conclut à leur innocence. Ce rapport sera lui-même vivement critiqué, en particulier par Jean-Joseph Mounier, Président de l'Assemblée les 5 et 6 octobre (il est émigré à Genève lorsqu'il publie ses objections contre le rapport) (Appel au tribunal de l'opinion publique, du rapport de M. Chabroud, et du décret rendu par l'assemblée nationale, le 2 octobre 1790. Examen du mémoire du duc d'Orléans et du plaidoyer du comte de Mirabeau, et nouveaux éclaircissements sur les crimes du 5 et du 6 octobre 1789, Genève, 1790). Jean-Joseph Mounier président à l'Assemblée Nationale le 5 et le 6 octobre 1789. (Alexandre Debelle, XIXe siècle)
D’autres témoins relatèrent leur version de ces évènements et seront contradictoires, surtout lorsqu’ils sont publiés plusieurs années après les faits, notamment sous la Restauration, soit vingt à trente ans après les faits. Parmi les plus célèbres, il faut mentionner:
Louis XVI dans son « testament politique », laissé au Tuileries pour expliquer son départ de la capitale en 1791 (cf. l'épisode de la fuite de Varennes), est revenu sur ces deux journées (Déclaration de Louis XVI à tous les Français, à sa sortie de Paris). La Fayette qui a rédigé deux récits de ces journées dans ses mémoires. Jean-Joseph Mounier, président de l’Assemblée Constituante au moment des faits et qui accompagna la première délégation de femmes vers le roi et qui demanda la signature des décrets de ratification de la déclaration des droits. Condorcet, Madame Campan, première dame de chambre de Marie-Antoinette, un des témoignages les plus connus (Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, Reine de France, tome second, Paris, Baudouin frères, 1823, 3e édition, p. 77 et suivantes [lire en ligne [https://books.google.fr/books?id=ubtBAAAAcAAJ&pg=PP7&dq=inauthor:%22Jeanne-Louise-Henriette+Campan%22&lr=lang_fr&as_drrb_is=b&as_minm_is=0&as_miny_is=1000&as_maxm_is=0&as_maxy_is=1950&num=100&as_brr=1&source=gbs_selected_pages&cad=3#v=onepage&q&f=false]]) (ses mémoires n'ont été publiés qu'en 1823 et elle dit elle-même qu'elle n'était pas présente au moment des faits mais retranscrit les propos de sa sœur, qui assistait la Reine lors de cette funeste matinée. C'est ce témoignage qui sera le plus repris par la petite histoire). Laurent Lecointre, Lieutenant Colonel et commandant de la première division de la garde nationale de Versailles, qui publiera son témoignage par la suite (Déclaration de M. Lecointre, négociant, lieutenant-colonel-commandant la première division de la garde-nationale de Versailles, au Comité de recherches de la municipalité de Paris, avec toutes les pièces justificatives: et sa réponse au discours prononcé par M. de Bonnay, sous-lieutenant des gardes-du-corps, à la tribune de l'Assemblée nationale, à la suite du rapport fait par M. Chabroud, de la procédure du Châtelet sur l'affaire des 5 et 6 octobre 1789, 1790, De l'Imprimerie de la veuve Delaguette. Ce témoignage a d'abord été relevé pour le rapport Charbroud, il est donc aussi disponible dans la version publiée de ce rapport (cf infra), ainsi que dans les procès-verbaux de l'Assemblée : Procès-verbal de l'Assemblée Nationale, Volume 32, Baudouin, 1790 reproduction en ligne sur Google Books, ouvert ici à la page 139, aux Pièces justificatives du rapport Chabroud [https://books.google.fr/books?id=betIAAAAcAAJ&pg=PA139&dq#v=onepage&q&f=false]). Saint-Priest (premier ministre de l'intérieur, celui-là même qui a été à l'initiative du mouvement du régiment de Flandres à Versailles (voir ci-dessous), qui logeait à Versailles ce soir là et qui poussa à l’extraction du roi de Versailles)(Saint-Priest, François-Emmanuel Guignard de, Mémoires. Règnes de Louis XV et de Louis XVI. La Révolution et l'émigration ([Reprod.]); publ. par le baron de Barante, Paris, Calmann-Lévy, 1929 (lire en ligne [http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb372611264])). Dumas, Mme de La Tour du Pin, (dame d'honneur de la Reine)
Ces deux journées d'évènements ont aussi suscité de nombreux commentaires, notamment parmi les historiens « politiques » de la Révolution française (comme Thiers, Jaurès, Marx ou Taine)
Enfin, Michelet dans son Histoire de la Révolution française (commandée par le Roi Louis-Philippe (Histoire de la Révolution, tome premier, Paris, Librairie internationale, 1869, p. 300 Histoire de la Révolution )) en fait un moment clé de la Révolution. De cette version, on retient, comme l'exprime Jean Tulard, « les émeutes de la faim (La Révolution française, Jean Tulard, Pierre Gaxotte, janvier 1988, Complexe édition) » _________________ 👑 👑 👑 ⚜ ⚜ |
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