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 05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain

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yann sinclair

yann sinclair


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MessageSujet: 05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain   05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain Icon_minitimeSam 5 Oct - 11:26

Au matin du 5 octobre: l'Hôtel de Ville de Paris...

05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 133_al11
La marche des femmes le 5 octobre 1789. Sur la droite, on aperçoit une bourgeoise entraînée par l'une des manifestantes

Au cours de la matinée du 5 octobre, des femmes commencent à se réunir sur la place de l'Hôtel de Ville (la place de Grève) dès sept heures.

On ignore les circonstances exactes qui ont mené à ce rassemblement.

Cependant, il y a plusieurs hypothèses.

Au moins un boulanger a été traîné de force à l'Hôtel de Ville, accusé de vendre son pain trop cher et là, la foule demandait sa punition.((en) Simon Schama, Citizens: A Chronicle of the French Revolution, 1989, Vintage Books/Random House, p. 518. Voie aussi: Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage 35)

La manifestation pourrait alors être l'expression impromptue d'un mécontentement qui bout depuis le début du mois de septembre (le 5 octobre est le jour où le pain est le plus cher de toute l'année 1789)

Par ailleurs, il y a eu des motions au Palais Royal dans les jours précédents, ainsi qu'une première tentative de le 30 août de marcher sur Versailles, par le Marquis de Saint-Huruge.(Hubert La Marle, Philippe Égalité, « grand maître » de la Révolution: le rôle politique du premier Sérénissime Frère du Grand Orient de France, Nouvelles Éditions Latines, 1989 p. 308. Voir aussi Réclamation en faveur du Mis. de Saint-Huruge, 1789 https://archive.org/details/rclamationenfa00desm [https://archive.org/details/rclamationenfa00desm])

Certaines motions sont attribuées à des femmes (http://frda.stanford.edu/fr/catalog/nn067jg2424 [https://frda.stanford.edu/fr/catalog/nn067jg2424]).

La veille était un dimanche, un jour propice pour que les femmes se réunissent et discutent d'une éventuelle manifestation.

D'autre part, la majorité de femmes présentes sont des Dames des Halles: elles appartiennent à une corporation, elles ont donc l'habitude de s'organiser. De même, les femmes des Halles disposent d'un rôle très précis dans la société d'Ancien-Régime.

Elles ont l'habitude d'aller voir le roi en procession et d'être reçues par lui, soit pour présenter des doléances, soit pour présenter leurs compliments.

Elles sont considérées alors comme représentantes officielles du peuple de Paris (Haïm Burstin, Révolutionnaires, Vendémiaire, 2013).

La configuration politique ayant changé au cours de 1789, il est possible qu'elles aient considéré le recours à la Commune de Paris (qui siège à l'Hôtel de ville) comme le nouveau chemin légal avant d'aller voir le roi.

Étant chargées de l'approvisionnement de la capitale, il paraît relativement crédible qu'elles aient décidé que les requêtes et les plaintes concernant la disette de pain devaient passer par elles.

Une autre analyse souligne aussi que la peur de la montée de la contre-révolution a pu jouer un rôle dans l'implication des femmes.(Kerstin Michalik, Kerstin Michalik, Der Marsch der Pariser Frauen nach Versailles am 5. und 6. Oktober 1789. Eine Studie zu weiblichen Partizipationsformen in der Frühphase der Französischen Revolution, Pfaffenweiler, 1990. CR en ligne en français : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1991_num_286_1_1468_t1_0579_0000_3 [http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1991_num_286_1_1468_t1_0579_0000_3])

Les femmes réunies sur la place sont de plus en plus nombreuses.

Elles commencent par réclamer de voir les représentants de la Commune, le maire Bailly, et le général La Fayette.

Aucun n'est là, et on refuse de les laisser rentrer.

Elles forcent le passage et pénètrent en nombre dans l'Hôtel de Ville. Les témoignages sur ce qui s'est passé, et à quel moment, dans l'Hôtel de Ville, sont contradictoires.

Un arsenal a été forcé, et près de six cent armes volées, mais rien ne permet de savoir si les armes ont été volées par des femmes ou des hommes, si elles ont été volées par les femmes qui ont organisé la première marche ou pour les suivantes, ni quels type d'armes ont été volées.

Les femmes de la première marche avaient des piques, mais pas de fusils, par contre lors des marches suivantes, certains manifestants avaient des fusils.

Les témoins mentionnent par ailleurs que des prisonniers ont été libérés des geôles du Châtelet ou des geôles de l'Hôtel de Ville.

Il s'agissait probablement de prisonniers arrêtés pour vagabondages (On sait peu de choses concrètes au sujet de ces prisonniers).

Il n'est pas prouvé qu'en dehors de l'Arsenal, l'Hôtel de Ville ait été vandalisé.

Au son du tambour et du tocsin (à la fois le tocsin de l'Hôtel de ville sonné par les femmes et le tambour de la garde nationale appelant les soldats à se réunir), une foule de curieux autant que de manifestants se dirige vers la place et l'Hôtel de Ville qui ne désempliront pas de la journée.

La Fayette n'arrive que vers quatorze heures et Bailly, le maire de Paris, pas avant 16 heures.

Ils maintiennent un semblant de calme. La Fayette refuse d'emmener la garde nationale parisienne à Versailles sans un ordre légal de la Commune qu'il n'obtiendra pas avant la fin d'après-midi: le Général et ses 10 000 hommes ne quittent Paris qu'à dix-sept heures.

05 octobre 1789: Les Parisiennes réclament du pain 133_al12
Itinéraires connus et supposés des marches du 5 octobre - Carte retouchée tirée de l’Atlas de la Révolution Française, t. 11: Paris, édité par Serge Bonin, Émile Ducoudray, Alexandra Laclau, Claude Langlois, Raymonde Monnier, Daniel Roche

La marche des femmes

Vers dix heures du matin, alors qu'il pleut depuis l'aube, un premier groupe de plusieurs milliers de femmes décident de partir pour Versailles pour aller voir le roi. Leur nombre au départ est inconnu, mais elles sont estimées à plusieurs milliers à l'arrivée; beaucoup de ces femmes ont été « recrutées » en route. Les gravures ou encore les témoignages comme celui du libraire Hardy dans son journal ( « Mes loisirs, ou Journal d'évènemens tels qu'ils parviennent à ma connoissance », par le libraire parisien S.-P. HARDY. (1764-1789). Tome VIII Années 1788-1789 p. 502: « (...) plusieurs milliers de femmes après avoir racollé (sic) toutes les femmes qu'elles rencontraient sur leur passage, même les femmes à chapeaux (…) »), suggèrent que les femmes des classes populaires ont essayé d’enrôler des bourgeoises dans le cortège. Elles tirent derrière elles une ou deux ou trois pièces de canon qu'elles ont prises sur la place de Grève (Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage 105). Elles les tirent à mains nues. Il y a environ cinq heures de route à pied entre Paris et Versailles.

Les processions de Paris à Versailles ne sont pas rares, et elles empruntent un chemin codifié, qui est celui que prendra cette première marche, signe que ces femmes se considèrent comme formant une procession officielle en route pour faire des demandes officielles au roi. Elles suivent les quais jusqu'à la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), puis tournent au niveau des Champs Élysées pour prendre la route de Sèvres par Auteuil. La rumeur semble-t-il les précède, car elles trouvent portes closes à Sèvres, où elles doivent négocier avec les habitants pour obtenir à boire et à manger.

Elles arrivent épuisées à Versailles vers seize heures. Les commentateurs de l'époque ont souvent noté leur aspect débraillé, pour les railler ou s'en offusquer. En réalité, elles ont fait six heures de route sous la pluie, dans la boue, tirant des canons, accompagnées d'enfants (Louise de Keralio, Journal d’État et du Citoyen https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise-F%C3%A9licit%C3%A9_de_Keralio), et sans doute en ayant souffert de la faim à la suite de la disette de pain parisienne.

Au soir du 5 octobre: Versailles

Arrivées à Versailles, la majorité de ces femmes épuisées cherchent à se reposer. Elles s'installent sur la Place d'Armes, face au château. Un groupe de femmes (au départ une vingtaine) rentre dans l'Assemblée Nationale et se met à circuler dans les galeries, entre les bancs et les députés, et certaines s’assoient même sur le siège du Président de l'Assemblée (http://frda.stanford.edu/fr/catalog/mg128jh7939 [https://frda.stanford.edu/fr/catalog/mg128jh7939]). Elles provoquent la colère des quelques députés qui sont encore là à cette heure qui trouvent l'intrusion du peuple, mais surtout des femmes, inadmissible. Au fur et à mesure que la soirée avance, de nouveaux groupes arrivent de Paris, principalement masculins et armés ; l'Assemblée se remplit de plus en plus.

Les femmes ont pour porte-parole un dénommé Stanislas Maillard. Maillard est un personnage ambigu qui participe à plusieurs journées révolutionnaires. Notaire, d'où son habit noir qui sera souvent relevé par les témoins à l'Assemblée, il est l'un des vainqueurs de la Bastille. Les vainqueurs de la Bastille sont les seuls hommes qui participent à la première marche des femmes. Néanmoins, en dehors de Maillard, dont le témoignage est un exemple parfait de « protagonisme (. Le protagonisme est une analyse historique élaborée par l'historien Haïm Burstin : il souligne que dès le début de la Révolution, les Français se sont sentis acteurs de l'Histoire, et ayant conscience de participer à un événement d'importance ont voulu, à hauteur de leurs moyens respectifs, devenir des « protagonistes » de l'Histoire et non des spectateurs. D'où la multiplication des témoignages, souvent pour magnifier son propre rôle dans l’événement, ou encore le culte de la reconnaissance officielle, par les médailles et les diplômes. Ainsi, Maillard met à la fois en avant son rôle de guide des femmes, d'organisateur, mais aussi se revendique comme l'élément qui a permis de pacifier celles qui étaient trop en colère, et de sauver Sèvres de leur violence. Il n'y a pas de témoignage qui corrobore ce rôle de Maillard), on sait peu de choses de leur participation à l'événement d'octobre. Maillard, à travers son témoignage se présente comme le leader de toute la marche des femmes, mais seul son rôle de porte-parole à l'Assemblée est corroboré par d'autres témoignages. Lors des massacres de septembre, il aura un rôle beaucoup plus trouble, puisqu'il participera aux tribunaux improvisés.

Il demande principalement du pain pour Paris, qu'on punisse ceux que tous à Paris accusent d'empêcher la farine de venir à Paris (les meuniers, les accapareurs, certains membres de l'Assemblée), des lois sur les subsistances et le respect de la cocarde nationale et de la nation ( Schama, p. 521. Voir aussi : Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignages 61, 77, 81). Son discours est accueilli par Mounier, alors Président de l'Assemblée, qui fait voter un décret sur les subsistances qui doit être signé par le roi et demande qu'on fasse servir à boire et à manger aux manifestantes et aux manifestants dans et à l'extérieur de la salle.

Vers dix-sept heures, une députation conduite par Mounier part voir le Roi pour lui faire signer le décret de subsistances et lui demander des mesures immédiates pour livrer du pain à Paris. Mounier a aussi prévu de profiter de cette visite impromptue au Roi pour lui forcer la main et lui faire signer la constitution et la DDHC (Déclaration des droits de l'homme et du citoyen). La députation est constituée de Mounier, Maillard et douze femmes, même si seules cinq d'entre elles sont autorisées à entrer. Le choix de ces femmes est surprenant. Elles ne sont pas préparées, l'une d'entre elles, qui a à peine dix-sept ans, a été entraînée dans la manifestation, et elle s'évanouit à la vue du Roi. Au cours de cette première entrevue, le roi signe le décret et fait rassembler plusieurs charrettes de pain pour les envoyer à Paris (ce qui prouve par ailleurs que la disette de pain est bien concentrée uniquement sur Paris.) Lorsque la députation ressort, les femmes de la députation sont accusées par les autres manifestantes de leur mentir et menacées d'être pendues. Elles retournent voir le roi pour obtenir une preuve écrite qu'elles ont bien obtenu ce qui était demandé et n'ont pas menti, preuve qu'elles obtiennent. Le Roi décide aussi de les renvoyer, en voiture, à Paris, à l'Hôtel de ville avec un message pour Bailly. Elles y arrivent à minuit (Procédure criminelle instruite au Châtelet: témoignage de Louison Chabry, no 183).

Mounier, plaidant la sanction pure et simple de la constitution et des articles de la Déclaration, demande une autre entrevue au roi, qu'il obtient vers vingt-deux heures, après les longues délibérations du Roi avec son conseil. Le conseil propose au roi de fuir à Metz, ce qu'il refuse. D'autres projets sont faits pour faire partir le reste de la famille royale, mais les voitures sont arrêtées par le peuple(Mounier, Exposé de la conduite de M. Mounier, dans l'Assemblée nationale, et des motifs de son retour en Dauphiné, 1789). Le roi sanctionne le texte lorsqu'il reçoit enfin Mounier.

Pendant les délibérations à l'Assemblée et chez le Roi, vers dix-huit heures, des troubles éclatent entre les gardes du corps, les manifestants réunis devant le château et la garde nationale versaillaise. Un garde du corps à cheval, M. de Savonnières, frappe des hommes et des femmes de son épée. Un garde national Versaillais en civil lui tire dessus, lui cassant le bras. Le garde du corps décédera des suites de cette blessure en février ou mars 1790 (Procédure criminelle instruite au Châtelet, témoignages multiples). On ignore le nombre de blessés parmi les manifestants au soir du cinq.

La garde nationale, menée par La Fayette, arrive à vingt-deux heures. Le général se rend directement auprès du roi et lui promet que malgré les échauffourées de la soirée, la nuit se passera sans éclat. Puis La Fayette part se reposer.

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