Mardi 06 octobre 1789 St BrunoLe peuple envahit Versailles
Le peuple réclame le retour de la famille royale à Paris
A 1h25Le cortège royal quitte Versailles.
Sur le trajet, la foule déclare ramener
« le boulanger, la boulangère et le petit mitron » !Louis XVI a demandé en partant à La Tour du Pin, ministre de la Guerre, de lui
« préserver son pauvre Versailles », convaincu de revenir.
Son départ est définitif.
Le Château cesse alors d’être la résidence des rois.
Les Parisiens forcent le roi à quitter Versailles pour rentrer à Paris
entourée de la foule et de la garde nationale et précédée d'un chariot de farine.
Dessin de Prieur (Musée du Louvre).
histoireCampement royal aux Tuileries.
En arrivant aux Tuileries, le roi, la reine et leurs enfants n'ont trouvé qu'un château vide et glacial.
Ils ont passée la nuit dans le petit appartement que la reine s'était fait aménager pour y coucher quand elle allait au spectacle à Paris.
La suite qui les accompagnait s'est répandue dans les autres pièces, cherchant au moins une table ou une banquette pour dormir.
Aujourd'hui, le peuple, qui envahi les jardins, a réclamé inlassablement la présence de la famille royale aux fenêtres.
En entendant les cris de la foule, le dauphin a murmuré :
"bon Dieu, maman, est-ce qu'aujourd'hui serait comme hier"Après les cent Suisses, une garde d'honneur à cheval, la députation de la municipalité, une députation de cent membres de l'Assemblée nationale, les voitures de la famille royale, suivies de nouvelles voitures de grains et enfin encore une foule d'hommes armés de piques on portant des branches de peuplier.
On chantait, on criait:
« Nous ne manquerons plus de pain, voici le boulanger, la boulangère et le petit mitron! » La Fayette avait fait route auprès de la portière de la voiture du roi.
Le maire de Paris, Bailly reçut la famille royale dans la grande salle, la ratifia d'un discours de bienvenue.
Le roi et la reine assurèrent qu'ils venaient avec confiance au milieu des habitants de Paris; ils se rendirent ensuite aux Tuileries, toujours accompagnés par La Fayette.
L'assemblée nationale ne vint s'établir dans la capitale que le 19 octobre.
La Commune de Paris obtint alors tous les résultats qu'elle se proposait d'atteindre par les journées d'octobre.
Elle tenait sous sa main le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.
La journée du 6 octobreAlors que le calme semblait être rétabli, l’armée des Parisiens arriva après minuit à Versailles.
Vers six heures du matin, les insurgés décidèrent alors d’envahir le château
(Les raisons de l’ouverture des grilles restent floues aujourd’hui. S’agissait-il de corruption, séduction, ou bien d’une mauvaise relève de la garde ?)Alors que les émeutiers cherchaient la chambre de la reine, tuant deux serviteurs, Marie Antoinette, réveillée en sursaut, se réfugia alors dans les appartements du roi.
Au même moment, la foule massée sous les murs du château acclamait le duc d’Orléans.
La Fayette, apprenant ce qui s’était passé pendant la nuit, se rendit en toute hâte auprès du roi.
Toutefois, alors qu’il approchait de sa destination, il constata qu’une importante foule avait investi le château de Versailles.
La foule, insultant la reine, réclama que le roi se rende à Paris.
Le couple royal, accompagné par La Fayette, se rendit alors au balcon, parvenant tant bien que mal à calmer les insurgés.
Louis XVI, après avoir longtemps hésité, accepta finalement de se rendre à Paris.
Le roi et la famille royale arrivant à Paris, le 06 octobre 1789, par Pierre Gabriel BERTHAULT, musée Carnavalet, Paris.
Dans l’après midi, la famille royale arriva à finalement dans la capitale.
Le roi de France fut alors accueilli par Bailly, qui lui remit les clefs de la ville sous les acclamations des Parisiens.
La famille royale s’installa alors aux Tuileries, palais parisien érigé au XVI° siècle.
4° Bilan des journées d’octobre
Contraint de s’installer en plein cœur de Paris suite aux journées d’octobre, Louis XVI s’en retrouva grandement affaibli.
En effet, Louis XIV avait fait en sorte de s’installer à Versailles afin d’être à l’abri des mouvements d’humeur de la capitale, et aussi afin d’avoir une plus grande liberté d’action. Autant de problèmes auxquels fut confronté Louis XVI à partir de l’automne 1789.
A noter que l’Assemblée constituante fut elle aussi déplacée à Paris, le 12 octobre.
Les députés s’installèrent alors aux Tuileries, dans la salle du Manège; quant au duc d’Orléans, menacé par La Fayette, il décida alors d’émigrer à Londres
(il revint en France l’année suivante) Dès que le Roi est monté en carrosse, M. de la Salle, le plus ancien des gardes du corps de la compagnie de Luxembourg, fait à pied la route de Versailles à Paris, la main continuellement appuyée sur le bouton de l’un des portières du carrosse de Louis XVI.
A plusieurs reprises, le peuple veut lui faire lâcher prise mais, il répond
« Sachez que, jusqu’à la mort, je suis et je serai le garde de mon Roi »En passant devant Montreuil, Mme Elisabeth est rassurée de l’état de sa maison.
Elle avait craint que celle-ci ne fût incendier. A ce moment, Louis XVI lui dit
« Vous dites au revoir à Montreuil, ma sœur ? » Elle lui répond « Non, Sire, je lui dis adieu. »
Madame jette, aussi un regard mélancolique, sur son joli domaine qui se trouve aussi à Montreuil, en passant dans l’avenue de Paris.
Arrivée vers Sèvres, la voiture de Mesdames prend le chemin du château de Bellevue, où elles résideront.
Après 5 heures de trajet, Louis XVI arrive à Paris où M. Bailly, maire de Paris l’attend aux barrières de l’octroi.
Ce dernier harangue le Roi et lui présente les clés qui ont été présentées au Roi Henri IV.
Ensuite, Louis XVI est invité à se rendre l’Hôtel de Ville.
Louis XVI demande à ce que sa famille en soit dispensée pour aller s’installer aux Tuileries.
Les autorités municipales insistent pour que toute la Famille Royale se rende à l’Hôtel de Ville.
Louis XVI arrive sur les 19 heures à l’Hôtel de Ville. Il parut éprouver une légère émotion, dont il se remit bientôt.
Pendant qu’il monte l’escalier, le marquis de La Fayette le supplie à plusieurs reprises de dire lui-même, ou de lui permettre de dire qu’il était résolu de fixer son séjour dans la capitale.
Louis XVI répond avec fermeté:
« Je ne refuse pas de fixer mon séjour dans ma bonne ville de Paris, mais je n’ai encore pris à ce sujet aucune résolution et je ne veux pas faire une promesse que je ne suis pas décidé à remplir »Le Roi entre d’un air serein dans l’assemblée des trois cents.
La Reine le suit avec une contenance assurée, tenant ses enfants par la main, et dissimulant ses noirs chagrins de se voir sur la place de Grève, à la multitude irrité, et si près de cette lanterne dont le nom avait plus d’une fois dans la matinée retenti à ses oreilles.
Tous deux vont se placer sur le Trône qui leur avait été préparé.
Ils sont accompagnés de Monsieur et Madame.
Les cris
« Vive le Roi, vive la Reine, vive le Dauphin et vive la famille royale » retentissent à plusieurs reprises dans toute la salle
M. Moreau de Saint - Méry, président des représentants de la commune, adresse le discours suivant au Roi:
« Sire, si jamais des français pouvaient méconnaître la nécessité de chérir leur Roi, nous attesterions les vertus de Louis XVI, et notre serment inviolable. Mais un peuple chez lequel l’amour pour son prince est plutôt un besoin qu’un devoir ne doit concevoir de doute sur sa fidélité. Vous venez même, Sire, de nous attacher plus fortement à vous, en adoptant cette constitution, qui formera désormais un double lien entre le Trône et la Nation. Enfin, pour mettre le comble à nos vœux, vous venez avec les objets les plus chers à votre tendresse habiter au milieu de nous. Nous n’oserions pas dire, quelle que soit la vivacité des sentiments dans nos cœurs sont remplis, que votre choix favorise ceux de nos sujets qui vous aiment le plus. Mais lorsqu’un père adoré est appelé par le désirs d’une immense famille, il doit naturellement préférer le lieu où ses enfants sont rassemblées en grand nombre ».
Le Maire de Paris, après avoir pris les ordres du Roi, dit que lorsqu’il l’avait reçu le Roi à l’entrée de Paris, il lui avait adressé ces paroles:
« C’est toujours avec plaisir et avec confiance que je ne vois au milieu des habitants de ma bonne ville de Paris»Mais en répétant le discours de Louis XVI, Bailly ayant oublié ces mots
« et avec confiance », la Reine les rappelle sur le champ.
Bailly reprit:
« Messieurs, vous êtes plus heureux que si je l’avais dit moi-même » Les acclamations et les applaudissements redoublèrent.
Le duc de Liancourt dit ensuite, avec l’agrément du Roi, que l’Assemblée nationale décrète qu’elle se regardait comme inséparable de la personne du Roi, et qu’en conséquence, elle viendrait tenir ses séances à Paris.
Après les harangues, Louis XVI et sa famille gagne le château des Tuileries.
Tandis que Monsieur et Madame rejoignent le palais du Luxembourg, leur résidence officielle à Paris.
Louis XVI et sa famille arrivent aux Tuileries vers 21 heures.
Durant la journée, il a fallu déloger les résidents et autres artistes qui disposaient d’un logement dans le château.
Marie Antoinette entre aux châteaux des Tuileries, accompagnée par Mme Elisabeth, par le Pavillon Flore.
Louis XVI et Marie Antoinette prennent un léger repas.
Pour cette première nuit aux Tuileries, quelques lits ont été installés rapidement pour la Famille Royale: Louis XVI prend possession du Grand Appartement du premier étage; Marie Antoinette l’appartement du rez de chaussée côté jardin; Mgr le Dauphin, fourbu de fatigue, dort dans les bras de la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France.
Ce dernier dormira dans une chambre, du Pavillon Flore, dont la porte ne ferme pas et sans gardes, seulement veillé par la marquise de Tourzel; Mme Elisabeth loge provisoirement dans un logement qui donne sur la cour royale, au rez de chaussée du château des Tuileries.
Elle dort sur un lit de camp.
Le reste du château est distribué à la hâte aux différentes personnes qui avaient accompagné le cortège royal: seigneurs et dames de la Cour, valets de chambre, dames des princesses….
On avait inscrit à la craie sur les portes les titres des principaux officiers comme l’auraient fait, dans d’autres temps,les maréchaux des logis et fourriers dépendant du Grand Maréchal des Logis.
M. Mique, architecte-inspecteur des Tuileries, a déploié beaucoup d’activités, durant l’après-midi, pour mettre le château à peu près en état pour recevoir le Roi et la Famille Royale.
Jean-Pierre Louis Hanet Cléry, valet de Chambre de Madame Royale, n’ayant pu prendre place dans une des voitures suivantes de cette du Roi, au départ de Versailles, se trouve néanmoins à 19 heures au château des Tuileries.
Il s’y est rendu à l’aide de son cabriolet.
A son arrivée au château des Tuileries, il apprend au concierge du château, l’arrivée de Leurs Majestés.
Celui-ci est dans le plus grand étonnement, et ne savait pas comment on allait faire pour les loger, et encore moins pour pourvoir à leurs besoins.
Quant à Jean-Baptiste Cléry, son frère, et valet de chambre de M. le Dauphin, se rend, de son côté, à pied, à Paris.
Il se trouve dans l’impossibilité de recevoir M. le Dauphin ainsi que l’oblige son service.
En revanche, Jean-Pierre Louis Hanet Cléry lui reçoit Madame Royale à sa descente de voiture.