Le Boudoir de Marie-Antoinette

Prenons une tasse de thé dans les jardins du Petit Trianon
 
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 15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette

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yann sinclair

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15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette Empty
MessageSujet: 15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette   15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette Icon_minitimeMar 15 Oct - 9:07

Mardi 15 octobre 1793
Ste Thérèse d'Avila
la fête de sa mère, la fête de sa fille...


Pour les sans-culottes, qui suivent le nouveau calendrier, Quartidi 24 vendémiaire an II 
c'est la fête de Amaryllis

Les dernières heures de Marie-Antoinette
15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette Captur18



à neuf heures du matin,

Le procès

Marie-Antoinette traverse le préau, il pleut, le vent souffle


L'audience reprend


dans l'ancienne Grande Chambre du Palais de Justice, où siégeait naguère le Parlement, celle qui fut jadis reine de France s'avance, pâle et majestueuse

Elle comparaît aujourd'hui devant le tribunal révolutionnaire

Elle est vêtue de noir, coiffée d'un bonnet de veuve en linon blanc rehaussé d'un crêpe de deuil, elle s'assied sur le fauteuil qu'on lui a préparé bien en vue, sur une petite estrade, devant la table de l'accusateur public assisté des autres juges

Derrière les juges, les jurés viennent de s'installer

ils sont tous dévoués à Robespierre et à Fouquier-Tinville.

Une simple balustrade de bois sépare le prétoire du public avide de contempler "l'Autrichienne", dont il attend la condamnation

un public nombreux assiste à l'audience du tribunal révolutionnaire, chargé de juger Marie-Antoinette.

Ceux qui avaient déjà vu Marie-Antoinette ont peine à la reconnaître dans cette femme amaigrie, au visage ravagé par la souffrance

En face, sont assis Armand Herman, entouré de ses assesseurs, Étienne Foucault, Joseph Donzé de Verteuil, et Marie Joseph Emmanuel Lanne.

Dans un coin sombre est assis Fouquier-Tinville.

Les douze jurés font leur entrée.

LA Reine écoute, sans prendre intérêt, la déposition , l'interrogatoire plutôt, de l'ex-amiral d'Estaing, mais son coeur bat à grands coups lorsqu'elle voit s'avancer à la barre, Simon qui tout à l'heure a dû réveiller le petit Roi

Le "précepteur" de Louis XVII ne formule contre la Reine aucune accusation grave
Lorsque le Président lui demande:
"Est-il à votre connaissance que le petit Capet ait été traité en Roi, principalement lorsqu'il était à table?"

Il répond avec modération:
"Je sais que sa mère et sa tante, à table, lui donnaient le pas"

Fouquier mise beaucoup sur les bons signés "Marie-Antoinette" et qui auraient été découverts chez Septeuil, l'ex-trésorier de la liste civile


Hermann commence par demander à la Reine:
"N'avez-vous pas signé des bons pour toucher des fonds chez le trésorier de la liste civile?"


"Non"


Fouquier se lève et déclare triomphant:
"Je vous observe que votre dénégation deviendra inutile dans un moment, attendu qu'il a été trouvé dans les papiers de Septeuil deux bons signés de vous"


Un peu moins glorieux, il ajoute:
"A la vérité, ces deux pièces qui ont été déposées au Comité des Vingt-Quatre, se trouvent en ce moment égarées, cette commission ayant été dissoute; mais vous allez entendre les témoins qui les ont vues"


"Les témoins"...


Il ne s'en présente qu'un: c'est un bas policier qui se pare du titre de "marchand"


il a nom François Tisset et récite la leçon demandée par Fouquier:


"Employé sans salaire, à l'époque du 10 août 1792, au comité de surveillance de la municipalité, j'ai été chargé d'une mission à remplir chez Septeuil, trésorier de la ci-devant liste civile. Je me suis fait accompagner par la force armée de la section de la place Vendôme, aujourd'hui des Piques. Je ne pus me saisir de  sa personne, attendu qu'il était absent. Parmi les papiers de Septeuil on trouva deux bons, formant la somme de 80 000 livres, signés de "Marie-Antoinette", lesquelles pièces ont toutes été déposées à la Commission des Vingt-Quatre, qui en ce moment est dissoute"


Il récite une leçon, mais il la connait mal.


Très calme et suivant les débats avec attention, la Reine demande:
"Je désirerais que le témoin déclarât de quelle date étaient les bons dont il parle"


"L'un était daté du 10 août 1792; quant à l'autre, je ne m'en rappelle pas"


"Je n'ai jamais fait aucun bon, et surtout, comment en aurais-je pu faire le 10 août, jour où nous nous sommes rendus vers les huit heures du matin à l'Assemblée Nationale ?"


Le vingtième témoins rappelle à la Reine son "beau rêve" du dernier hiver


C'est Lepitre qui, arrêté une semaine auparavant, a été extrait de Saint-Pélagie et, depuis le matin, assiste au débat


"N'avez-vous pas procuré à l'accusée le moyens de savoir des nouvelles, en envoyant tous les jours un colporteur crier le journal du soir près de la tour du Temple?"


"Non"


Et Marie-Antoinette de préciser:


"Je n'ai jamais eu de conversation avec le témoin; d'un autre côté, je n'avais pas besoin que l'on engageât les colporteurs à venir près de la Tour; je les entendais assez tous les jours, lorsqu'ils passaient rue de la Corderie"


La Reine doit encore subir une bien pénible épreuve: l'ouverture par Hermann du paquet d'objets saisis au Temple, et sur lequel la prisonnière apposa son cachet lorsqu'elle fut écrouée à la Conciergerie.

Avec son accent marseillais, Fabricius fait à haute voix l'inventaire
"Un paquet de cheveux de diverses couleurs"


"Ils viennent des mes enfants morts et vivants, et de mon époux"


"Un autre paquet de cheveux"


"Ils viennent des mêmes personnes"


"Un papier sur lequel sont des chiffres"


"C'est une table pour apprendre à compter à mon fils"


"Une servante, ou petit portefeuille garni de ciseaux, aiguilles, soie et fils, etc.
Un petit miroir, une bague en or sur laquelle sont des cheveux, un papier sur lequel sont deux cœurs en or, avec des lettres initiales, un autre papier sur lequel est écrit: "prière au Sacré-Cœur de Jésus; prière de l'Immaculé Conception", un portrait de femme"


Hermann lève le nez:
"De qui est-ce portrait?"

La Reine répond:
"De Madame de Lamballe"


"Deux autres portraits de femmes", crie l'huissier:


Le président interroge:
" Quelles sont les personnes que ces portraits représentent?"


"Ce sont deux dames avec qui j'ai été élevés à Vienne"


"Quels sont leurs noms?"


"Les dames de Mecklembourg et de Hesse"


Fabricius poursuit:


"Un petit morceau de toile, sur lequel se trouve un cœur enflammé traversé d'une flèche"

Au tour de Fouquier d'intervenir et de feindre d'ignorer ce qu'est un scapulaire:


"J'observe que parmi les accusés qui ont été traduits devant le Tribunal, comme conspirateurs et dont la loi a fait justice en les frappant de son glaive, on a remarqué que la plupart, ou, pour mieux dire, la majeure partie d'entre eux, portait ce signe contre-révolutionnaire"


Or Fouquier, sous son costume de juge, porte, lui aussi, un "signe contre-révolutionnaire"


En effet, lorsque mourut en 1856, à Saint-Quentin, la dernière fille de l'Accusateur public, on trouva chez elle, un papier enveloppant une médaille de la Vierge. Sur le papier étaient écrits ces mots: "Il l'avait au cou lorsqu'il fit condamner la veuve Capet..."


Le greffier a refermé et emporté tous ces souvenirs chers et douloureux qui ont évoqué pour la Reine tant d'ombres aimées


Le vingt et unième témoin est Philippe de La Tour du Pin Gouvernet


"N'avez-vous point assisté aux fêtes du château?"


"Jamais, pour ainsi dire, je n'ai fréquenté la Cour"


"Ne vous êtes-vous point trouvé au repas des ci-devant gardes du corps?"


"Je ne pouvais point y assister, puisqu'à cette époque, j'étais commandant en Bourgogne"


"Comment ! Est-ce que vous n'étiez point alors ministre?"


"Je ne l'ai jamais été, et n'aurais point voulu l'être, si ceux qui étaient alors en place me l'eussent offert"


Le président, qui s'imagine que le témoin ment, interpelle Lecointre:


"Connaissez-vous le déposant pour avoir été en 1789, ministre de la Guerre?"

Lecointre détrompe Hermann: Philippe de La Tour du Pin a été convoqué par erreur...

15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette Jean-f10
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fr%C3%A9d%C3%A9ric_de_La_Tour_du_Pin_Gouvernet

Le vrai, Jean Frédéric, est là et va comparaitre

Impassible, l'ancien ministre s'avance et fait à la Reine la plus respectueuse révérence de Cour

Il en fera une autre, lorsqu'il aura fini de déposer...

Fouquier-Tinville se souviendra de ces deux saluts, le 28 avril suivant, pour envoyer La Tour du Pin à l'échafaud

Encore un interrogatoire qui fait piétiner l'audience

Il est question du départ du Roi pour Rambouillet le 05 octobre, et du licenciement de l'armée...

Hermann revient enfin au procès:

"L'accusée, à l'époque de votre ministère, ne vous a -t-elle pas engagé à lui remettre l'état exact de l'armée française?"


"Oui"


"Vous a-t-elle dit quel usage elle en voulait faire?"


"non"


"Lorsque vous avez demandé au témoin l'état des armées, demande le Président en se tournant vers la Reine, n'était-ce point pour le faire passer au roi de Bohême et de Hongrie?"


"Comme cela était public, il n'était pas besoin que je lui fisse passer l'état: le papiers publics auraient pu assez l'en instruire"


"Quel était donc le motif qui vous faisait demander cet état?"


"Comme le bruit courait que l'Assemblée voulait qu'il y eût des changements dans l'armée, je désirais savoir l'état des régiments qui seraient supprimés"


Fouquier marque un point

Il serait vain de chercher le fil conducteur qui permet à Hermann de conduire les débats.
Brusquement il va changer de sujet, et en prononçant trois syllabes évoquer pour l'Accusée ce qui était pour elle la douceur de vivre:

"Où avez-vous donc prit l'argent avec lequel vous avez fait construire et meubler le Petit Trianon, dans lequel vous donniez des fêtes dont vous étiez toujours la déesse?"


"C'était un fonds que l'on avaitdestiné à cet effet"


"Il fallait que ce fonds soit fût conséquent, car le Petit Trianon doit avoir coûté des sommes énormes?"


"Il est possible que le Petit Trianon ait coûté des sommes immenses, peut-être plus que je n'aurais désiré; on avait été entraîné dans les dépenses peu à peu. Du reste, je désire plus que personne que l'on soit instruit de ce qui s"y est passé"


"N'est-ce pas au Petit Trianon que vous avez connu la femme Lamotte?"


"Je ne l'ai jamais vue"


"N'a-t-elle pas été votre victime dans l'affaire du fameux collier?"


"Elle n'a pu l'être puisque je ne la connaissais pas"


"Vous persistez donc à nier que vous l'ayez connue?"


"Mon plan n'est pas la dénégation; c'est la vérité que j'ai dite et que je persisterai à dire"

Les questions continuent à pleuvoir...et cette fois, toutes les accusations sont justes:


"N'était-ce pas vous qui faisiez nommer les ministres et aux autres places civiles et militaires?"


"non"


N'aviez-vous pas une liste des personnes que vous désiriez placer?"


"non"


"N'aviez-vous pas forcé différents ministres à accepter pour les places vacantes les personnes que vous leur désigniez?"


"non"


"N'avez-vous pas forcé les ministres des Finances de vous délivrer des fonds, et sur ce que quelques-une d'entre-eux s'y sont refusés, ne les avez-vous pas menacés de toute votre indignation?"


"Jamais"


"N'avez-vous pas sollicité Vergennes à faire passer six millions au roi de Bohême et de Hongrie?"


"Non"


Fouquier qui s'est rendu compte du mauvais effet produit la veille par la déposition de l'indicateur de police au sujet des bons signés par la Reine, saisis chez Septeuil et mystérieusement envolés, fait venir le ci-devant secrétaire à la commission des Vigft Quatre, un certain J.B Garnerin.

Il ne s'agit déjà plus de deux bons, mais d'un seul "au profit de la ci-devant Polignac" qui a été mis entre les mains du citoyen Valazé


"Avez-vous quelques observations à faire sur la déposition du témoin?" demande Hermann à la Reine


"Je persiste à dire que je n'ai jamais fait de bons"


Toujours sur le même sujet, Valazé vient épauler l'Accusateur.

Dans les papiers qui lui sont passés par les mains, il en a remarqué deux "qui avaient rapport avec l'Accusée"


"Le premier était un bon, ou plutôt une quittance signée d'elle pour une somme de quinze ou vingt mille livres, autant que je puisse m'en rappeler; l'autre pièce est une lettre dans laquelle le ministre prie le Roi de vouloir bien communiquer à Marie-Antoinette le plan de campagne qu'il avait eu l'honneur de lui présenter"


Cette dernière pièce est évidemment capitale et constituerait, si elle était versée au débats, une preuve dont l'accusation pourrait en faire grand cas


"Savez-vous ce que ces deux pièces peuvent être devenues? " interroge le Président


"Les pièces qui ont servi à dresser l'acte d'accusation de louis Capet ont été réclamées par la Commune de Paris. Je crois qu'aujourd'hui toutes ces pièces doivent être retournées au Comité de Sûreté générale de la Convention"


Hermann évite de souligner le désordre qui règne dans la paperasserie de la jeune république et se retourne vers l'Accusée:


"Qu'avez-vous à répondre à la déposition du témoin?"


"Je ne connais ni le bon ni la lettre dont il parle"


Fouquier intervient:


"Il parait prouvé, nonobstant les dénégations que vous faites que, par  votre influence, vous faisiez faire au ci-devant Roi, votre époux, tout ce que vous désiriez?"


"Il y a loin de conseiller de faire une chose à la faire exécuter"


"Vous voyez qu'il résulte de la déclaration du témoin que les ministres connaissaient si bien l'influence que vous aviez sur Louis Capet, que l'un d'eux l'invite à vous faire part du plan de campagne qui lui avait été présenté quelques jours avant, d'où il s'ensuit que vous avez disposé de son caractère faible pour lui faire exécuter de bien mauvaises choses; car, en supposant que vos avis il n'ait suivi que les meilleurs, vous avouerez qu'il n'était pas possible d'user de plus mauvais moyens pour conduire la France au bord de l'abîme qui a manqué de l'engloutir"































15 octobre 1793 (24 vendémiaire an II): 9h: Les dernières heures de Marie-Antoinette 97822612


D'après Castelot (Le procès de Marie Antoinette, Perrin, éd. 1993, p. 186 sqq), la dernière audience a duré plus de vingt heures.

Voici d'ailleurs le témoignage d'un des jurés qui ont condamné Marie Antoinette: "Je t'aprans, mon frerre, que jé été un des jurés qui ont jugé la bête féroche qui a dévoré une grande partie de la République, celle que lon califiait cideven de Raine"

Après avoir sommé la reine de décliner ses nom, prénom, âge et profession, le greffier donne lecture de l'acte d'accusation

Fabricius, le greffier lit les huit feuillets de l'acte d'accusation.

Un chef-d’œuvre de rhétorique révolutionnaire. Comparant Marie-Antoinette aux reines maudites de l'Antiquité et du Moyen-Âge, l'accusateur public lui attribue tous les malheurs de la France depuis son arrivée dans ce pays

De ce très long exposé on retient essentiellement trois chefs d'accusation, ceux "d'avoir épuisé le trésor national", "d'avoir entretenu des intelligences et des correspondances " avec l'ennemi et "d'avoir tramé des conspirations contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État"

Le procès intenté à Marie-Antoinette est bel et bien un procès de haute trahison

Reprenant enfin la déclaration de l'enfant-roi, il charge l'ancienne souveraine du crime d'inceste avec son fils

impassible, le regard perdu dans le lointain, la reine pianote sur le bras de son siège pendant l'énoncé de ses "forfaits"

pas un muscle de son visage ne trahit la moindre émotion

Commence alors l'interminable défilé des témoins.

Misérables comparses, leurs dépositions  ne pourraient être sérieusement retenues par aucun tribunal digne de ce nom

Ainsi, un chirurgien nommé Rossillon prétend avoir trouvé aux Tuileries, sous le  lit de la reine, après la journée du 10 août, des bouteilles de vin destinées à remonter le moral des troupes. Il accuse, sans l'ombre d'une preuve, d'avoir été l'inspiratrice du massacre du Champ-de-Mars ainsi que d'avoir fait passer de l'argent à son frère.

Une servante, nommée Reine Millot soutient avoir entendu dire par le duc de Coigny, en 1788, que la reine faisait passer deux cent millions à son frère l'empereur

un autre témoin racontera qu'elle portait des pistolets pour assassiner le duc d'Orléans ...

Durant quatre séances, étalées sur deux jours, ils seront quarante et un à être appelés à la barre.

La reine se défend vigoureusement

A aucun moment le président ne parvient à la prendre en flagrant délit de mensonge ou à la mettre en contradiction avec elle-même

Aucun de ces témoins n'apportera des éléments décisifs.

La dignité et la hauteur de vue de la reine lui vaudront l'admiration générale. les témoignages sont fondés sur des racontars ou des affabulations.

Il y a plusieurs instants d'émotion.

Les débats se poursuivent, longs et vides

La salle reste silencieuse. On s'ennuierait presque

Vient alors le tour d'Hébert. Rédacteur en chef du "Père Duchesne", journal ordurier qui lance quotidiennement des appels au meurtre, c'est lui qui a poussé le savetier Simon à dénoncer à Fouquier-Tinville la scandaleuse conduite de la reine avec son fils.

Le plus célèbre se situe après la déposition de Jacques-René Hébert qui ne fait que relayer les pamphlets pornographiques visant la reine dès 1770

(Les amours de Charlot et Toinette, Le godemiché royal, L'Autrichienne en goguettes, Fureurs utérines en 1791)2

Ce dernier a osé soutenir devant le tribunal que "ces deux femmes (Marie-Antoinette et Élisabeth de France) faisaient coucher (Louis-Charles) (Louis XVII) entre elles deux ; que là, il se commettait des traits de la débauche la plus effrénée.

Qu'il n'y avait pas même à douter, parce qu'a dit le fils Capet, qu'il n'y ait eu un acte incestueux entre la mère et le fils"

Le président Herman est visiblement embarrassé, fait dévier les débats sur "l'affaire de l'Œillet"

Mais après quelques questions, un juré revient sur les propos d'Hébert.

Herman demande alors à Marie-Antoinette de s'expliquer.

D'un air satisfait, à haute et intelligible voix, il répète la monstrueuse accusation à laquelle il juge bon de donner une explication

"il y a lieu de croire, déclare-t-il, que cette criminelle jouissance n'était point dictée par le plaisir, mais bien par l'espoir politique d'énerver le physique de cet enfant, que l'on se plaisait encore à croire destiné à occuper un trône, et sur le moral duquel on voulait, dès lors, s'assurer de régner"


La Reine est restée impassible. Alors, l'un des jurés exige une explication de l'accusée, sur ce point précis.

Très émue, cette fois, Marie-Antoinette se lève et répond à haute voix:

"Si je n'ai pas répondu, c'est que la nature se refuse à répondre à une pareille inculpation faite à une mère..."

L'exclamation indignée de la reine reste dans toutes les mémoires:

"...J'en appelle à toutes les mères !"

"J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici"

Les femmes du peuple, qui pourtant haïssent l'ancienne souveraine, qu'on leur à dépeinte, depuis des années, sous les traits les plus noirs, sont soudain prises de compassion pour la mère honteusement calomniée

En lançant cette accusation ignoble contre Marie-Antoinette, c'est comme si on avait voulu les atteindre toutes

La salle devient houleuse et Elle suscita dans l'assemblée un mouvement d'admiration qui fit suspendre les débats.

Hermann doit suspendre donc l'audience pendant dix minutes

"N'ai-je pas mis trop de dignité dans ma réponse?" murmure la reine à son avocat.

il la tranquillise: "Madame, soyez vous-même et vous serez toujours bien"

Cette observation dira Chauveau-Lagarde, prouvait qu'elle avait encore l'espoir de ne pas être condamnée à mort. Lorsqu'il apprendra cet incident de séance, Robespierre maudira Hébert, auquel il reprochera d'avoir donné à la reine l'occasion d'obtenir son "dernier triomphe public"

A 4 H de l'après-midi, on interrompt pour une heure ces débats qui n'ont pas connu la moindre trêve depuis le matin

La reine à juste le temps de boire un bouillon et d'échanger quelques mots avec ses avocats qu'elle intimide grandement, en dépit de la douceur résignée qu'elle manifeste à leur égard

A 5H

L'audience reprend

Les témoins qu'on entend sont tout aussi médiocres que les précédents

Leur audition terminée, le président demande à la reine si elle n'a rien à ajouter pour sa défense

Avant de clore les débats, le président Herman s'adresse à Marie-Antoinette "Ne vous reste-t-il plus rien à ajouter pour votre défense ?"

"Hier, répond-elle, je ne connaissais pas les témoins. J'ignorais ce qu'ils allaient déposer. Eh bien, personne n'a articulé contre moi aucun fait positif. Je finis en observant que je n'étais que la femme de louis XVI, et qu'il fallait bien que je me conformasse à ses volontés"

Les débats sont achevés

Après une brève suspension d'audience, Fouquier-Tinville prononce un réquisitoire dans lequel il déclare regarder: "Antoinette comme l'ennemie déclarée de la nation française"

Après lui, on laisse enfin parler les avocats de la reine se lancent dans de brillantes improvisations.

Leurs plaidoiries n'ont pas été conservées.

Ayant juste eu le temps de jeter quelques notes sur le papier, ceux-ci sont contraints d'improviser.

Claude François Chauveau-Lagarde plaide pendant deux heures sur "la prétendue conspiration avec les puissances étrangères"

Tronson-Ducoudray réfute les allégations portées "sur la prétendue conspiration avec les ennemis de l'intérieur"

Reprenant les principaux griefs énumérés contre la reine, ils opposent à la gravité des accusations l'absence de preuves

"N'ai-je pas vu ces deux avocats du diable, non seulement se démener comme des diables dans un bénitier, pour prouver l’innocence de la guenon, mais oser pleurer la mort du traître Capet et dire aux juges que c'était assez d'avoir puni le gros cochon, qu'il fallait au moins faire grâce à sa saloperie de femme", écrira le lendemain le Père Duchesne

Émue par la fougue de Chaveau-Lagarde, Marie-Antoinette remercie chaleureusement son défenseur

Fouquier-Tinville à bout de patience fait arrêter les défenseurs de la reine en plein tribunal.

(Arrêté en plein prétoire, il sera libéré après l'exécution de la reine, non sans avoir subi un interrogatoire)

Cependant, le dernier mot ne devait pas appartenir à la défense

Après avoir fait sortir l'accusée et avant que les jurés se retirent pour délibérer, le président Hermann lui porte alors l'estocade en prononçant un long discours qui constitue, en quelque sorte, un second réquisitoire

Assimilant le procès de la reine à celui du roi, il accuse Marie-Antoinette d'avoir été "la complice ou plutôt l'instigatrice de la plupart des crimes dont s'était rendu coupable ce dernier tyran de la France"

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