Vous avez aimé Kerguéhennec ?
Le revoilou !
On se rend jamais au Domaine de Kerguéhennec par hasard. Ce lieu de patrimoine et d’art se découvre dans un écrin de campagne morbihannais à Bignan. Bienvenu dans le centre d’art contemporain du conseil départemental. Ici se dévoilent des œuvres d’artistes récents mais également un parc de sculptures monumentales, des jardins et bien sûr, un château du XVIIIe siècle, classé aux monuments historiques. « On sait qu’il y a eu un manoir avant, raconte Olivier Delavallade, directeur du domaine. On suppose qu’il était implanté du côté des communs est vers l’ancienne bergerie. »
Le coup d’envoi des travaux du château est donné par les frères Hogguer, banquiers parisiens, pour gérer leurs affaires en Bretagne. L’architecte Vannetais Olivier Delourme est chargé du projet. Le domaine passe ensuite entre d’autres mains. « La deuxième grande étape est 1872 », note le directeur. Le nouveau propriétaire entreprend Paul-Henri Lanjuinais entreprend de profonds travaux de réaménagement. Décor peint, escalier, lucarnes, balcons… « Tout cela est fait pour être dans le goût de l’époque. »
Et une façon pour celui qui est alors maire de Bignan et président du conseil général de montrer son aisance financière et son pouvoir. Il décide également de lancer une ferme modèle. « Il y avait environs deux cents employés au domaine à l’époque. Aujourd’hui, on parlerait d’une véritable entreprise. »
Il faut attendre cent ans, tout rond, pour assister à un nouveau virage. Le domaine et sa propriété agricole sont vendus en 1972 au conseil général. « La chambre d’agriculture avait besoin de foncier. C’est alors devenu u centre de formation pour les agriculteurs. » Celui-ci a fermé voilà seulement trois ans. « Et ses terres sont toujours cultivées par la chambre d’agriculture. »
Entre-temps, l’art contemporain a fait son entrée sur site. D’abord, avec le parc des sculptures en 1986, puis avec l’ouverture du centre d’art contemporain l’année suivante. « On le doit à Françoise Chatel, conseillère pour les arts plastiques à la Drac, explique Olivier Delavallade. Elle a lancé le projet en lien avec cette réelle dynamique culturelle dans les territoires. » L’impulsion est donnée avec une gouvernance alors partagée entre la Région et le Département. « L’idée alors est d’aller dans les territoires ruraux, vers un public dit éloigné de la culture. À l’époque, les grands lieux étaient concentrés dans les villes. » Olivier Delavallade parle d’une « impulsion qu’on continue de faire vivre aujourd’hui ».
Sans se reposer sur ses acquis. Le Domaine de Kerguéhennec accueille environs 60 000 visiteurs par an. Il peut faire encore mieux. « Avec le recul, ici comme ailleurs, il faut être modeste, assure le directeur. Il y a eu pleins de choses réussies et d’autres moins abouties. Il nous faut trouver un public et aller le chercher. C’est un lieu de création, de diffusion et surtout de transmission. »
Reste à conquérir un plus large public. « Beaucoup de personnes se méfient de l’art contemporain et il ne faut surtout pas le nier. » De nouvelles propositions fleurissent ici et là sur le site depuis quelques années. À la volée ? Des « visites brunch » avec artiste en passant par « une œuvre, une histoire » auprès de différents publics du territoire ou encore le jardin partagé ouvert aux habitants, l’atelier-galerie des enfants… « L’intérêt de cette époque est que toutes les pratiques artistiques sont possibles. Nous essayons d’en montrer toutes les palettes. » Pour que chacun trouve chaussure à son pied.
Domaine de Kerguéhennec à Bignan, entrée libre et gratuite, ouvert tous les jours jusqu’au 5 novembre de 8 h à 21 h en extérieur, de 14 h à 18 h du mercredi au dimanche pour les intérieurs. Renseignements complémentaires sur www.kerguehennec.fr
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