La fameuse lettre postée par Pimprenelle en début de topic :
L.A.S. “Charlotte”, [Naples juillet 1791, à la duchesse Yolande de POLIGNAC]; 2 pages et demie in-4 (quelques légères déchirures marginales réparées); sous cadre.
Importante lettre historique déplorant l'arrestation de Louis XVI et de sa soeur Marie-Antoinette à Varennes, et leur retour à Paris.
“Ma chere Amie, notre consolation a été de bien courte durée, et le chagrin que nous ressentons ne s'efacera jamais depuis que je sais la fatale arestation l'exécrable entrée a Paris de ma chère et si malheureuse soeur. Je ne puis me remettre, j'ai d'abord pensé a vous et a la part que vous y prendrez; Grand Dieux comment ces malheurs arivent-ils! Comment apres avoir, durant une année entière, que trop parlé de cette évasion est-elle si mall concerté exécuté et sans une persone ferme et sure pour les faire passer coute que coute. Une blessure et j'ose dire la mort même étoit préférable à cet avilissant et douloureux retour. Je crois de sur que ma si malheureuse soeur n'y survivra point, surtout depuis qu'on lui a enlevé son précieux et cher enfant, qui seul la soutenoit en vie; si je ne vous savois point aussy attachée a sa persone, je ne vous ecrirois point, car j'avoue j'abhore tout ce qui porte le nom françois, voyant que persone ne les a aidés, pourquoi nous at-on flatté de cette fable des prodiges de Mr de BOUILLÉ? J'avoue j'enviois cet home je l'adorois et aurois desiré etre lui, durant les cinque jours, que cette illusion si cruellement detruite a duré. Je souhaite vivement et crains d'en recevoire des nouvelles. Quel état que celui de ma malheureuse soeur elle n'y survivra point et il est a lui desirer la fin de ses soufrances presentes et encore pires futures. Si vous en savez des nouvelles vous m'obligerez infiniment de m'en donner. Car yci par tous ces papiers publiques on sait mille sorte de contradictions. Mon cher mary est penetré de ces horreurs envers son cousin et belle soeur, et de ce manque de tous égard envers la Souveraineté; il est resolue et déterminé et en a fait part au vertueux Chef l'Empereur de prendre tous les moyens et le suivre s'unir a lui en tout pour venger reparer et s'il se peut sauver les malheureux Princes”... Elle termine avec des compliments à ses enfants et se réjouit: “Heureusement le duc de Guiche [gendre de Mme de Polignac], qu'on avoit nomé, n'etoit point entre ces trois victimes, mais l'avoir nomé prouve qu'on rend justice aux sentimens qu'il a si bien temoigné”...
Archives Yolande de POLIGNAC (1er février 1877, n° 20); puis collections Marcel PLANTEVIGNES (Versailles, 8 mars 1977, n° 23), et Claude de FLERS (Femmes, 18-19 novembre 2014, n° 336).
COLLECTION AMAURY TAITTINGER : SOUVENIRS HISTORIQUES - Louis XVII, le Roi de Rome & le Prince Impérial https://www.gazette-drouot.com/lots/10396894
Sinon, ce topic est (comme souvent dans ce vénérable Boudoir (plus de 10 ans, un record pour un forum sur Marie-Antoinette ) est un véritable bordel. Il faudrait un jour y remettre de l'ordre. Moi, je dis ça je dis rien.
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Noche de Varennes
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Dim 21 Juin - 11:18
Petite pensée, nous sommes le 21 juin.
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Juin 1791
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Mer 19 Aoû - 9:53
Quelques mots sur Montmédy :
Elle était jugée imprenable… Sur les hauteurs de Montmédy trône l’imposante citadelle, témoin des guerres qui ont façonné la carte de l’Europe au XVIIe siècle. Elle était le fief de Jean V d’Allamont avant qu’il ne soit déchu par un jeune et belliqueux roi de France, Louis XIV.
(Photo ER/Frederic Mercenier)
La carte postale vaut le détour. Si vous pensez échapper à sa vigilance, elle semble se dresser inexorablement devant vous, vous gardant à portée de regard par un des huit bastions qui la composent. Aucun angle mort, la citadelle de Montmédy en impose, offrant un panorama vertigineux sur le Nord meusien et dévoilant aux curieux les premiers contreforts de la Belgique voisine.
Place forte des Pays-Bas espagnols
Pour connaître son histoire et son importance dans la région, il faut remonter au XIIIe siècle, lorsque le comté de Chiny installe son pouvoir féodal sur le territoire de Montmédy avant qu’il ne soit cédé à l’archevêque Guillaume aux Blanches Mains qui fit exercer sur le site « le droit de Beaumont » ; une loi permettant à la population de choisir ses représentants. Le site connaîtra deux propriétaires successifs : le duc de Luxembourg puis le duc de Bourgogne avant que Charles Quint ne mette la main sur le site pour y ériger une place forte, symbole du pouvoir du souverain des Pays-Bas espagnols. La citadelle, telle qu’on la connaît aujourd’hui, était née.
La légende du trésor de Marie-Antoinette
Pour exercer la régence, Charles Quint nomme Jean 1er d’Allamont. Ce sera le cinquième du nom qui sera renversé par Louis XIV après cinq semaines de siège en 1657, épilogue d’une guerre de Trente ans définitivement scellée par la ratification du traité des Pyrénées deux ans plus tard mettant fin à cette querelle entre la France et l’Espagne et raccordant la place forte de Montmédy à la France.
Si Vauban apporte quelques menues modifications au site, la place forte conserve l’apparence qui était la sienne au XVIIe siècle. Possédant un accès unique gardé par deux ponts-levis, une herse et des casemates. Cet édifice, qui abritait quelque six cents hommes au moment de sa prise par le Roi Soleil, paraissait impénétrable, infranchis- sable.
Une réputation qui ne s’est pas étiolée après la reddition des D’Allamont puisque Louis XVI avait prévu de s’y réfugier avant d’être confondu à Varennes. L’édifice attisa la curiosité de nombreux chercheurs de trésors en raison d’une légende voulant que Marie-Antoinette ait pu y faire dissimuler le sien. « C’est un lieu qui mêle de nombreux faits historiques et légendes », image Véronique Debongnie, guide conférencière et spécialiste du site, évoquant entre autres un site devenu un outil de propagande allemand lors de la Première Guerre mondiale alors « qu’il n’y a pas eu de combat sur le site ».
Des galeries inexplorées
La citadelle de Montmédy abritait au sein de sa place forte des populations civiles, gardées par plusieurs centaines de soldats qui occupaient les nombreuses casemates. Une extension que le site doit à Raymond Séré de Rivières, un ingénieur qui a développé le modèle de fortification sous la méthode de l’opus incertum, les rendant plus hermétiques. Pour les relier, « le site comprend des centaines de kilomètres de galeries. Au niveau du lieu “château 1223”, il y a encore une galerie méconnue », appuie Gérard Cady, auteur de plusieurs ouvrages sur le site et sa région. Pour les 7.500 visiteurs annuels, le site n’a sans doute pas fini de dévoiler ses mystères.
« C’est un lieu qui mêle de nombreux faits historiques et légendes »
Lien direct https://www.vosgesmatin.fr/magazine-tourisme-et-patrimoine/2020/08/12/citadelle-de-montmedy-le-phare-du-nord-meusien
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Juin 1791
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 14 Sep - 8:34
Ce 19 septembre il y aura une visite guidée historique de la ville de Sainte-Ménehould, sur la trace des personnages célèbres. Rendez-vous à 16 h 30.
Adresse : Office de tourisme de Sainte-Ménehould 15 place du Général Leclerc
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Aglae
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 14 Sep - 8:56
Merci bcp, Juin ! vos photos sont très belles, mais hélas, je suis trop éloignée pour profiter de la visite.....
Juin 1791
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 04/07/2015
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Mar 22 Sep - 9:01
Voici une autre initiative concernant le voyage de Varennes.
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madame antoine
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 21 Juin - 11:02
Bien chers Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,
Etant le 21 Juin, c'est le moment de rappeler ces faits que nous connaissons bien.
Il y a 230 ans, dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, le roi Louis XVI fuyait vers la Lorraine
Il faisait aussi chaud qu'en ce mois de juin 2021, Louis XVI, la Reine et leur famille quittaient Paris en catimini. Ce plan d'évasion, élaboré en partie à Metz en 1790, ne fonctionnera pas. La famille royale est stoppée en Meuse, à Varennes-en-Argonne.
Cette fuite du Roi, et son arrestation le 21 juin 1791, vont avoir des conséquences très lourdes en France et dans le monde. La fugue royale est considérée comme une trahison et va contribuer à asseoir en France l'idée de la République alors que de nombreux Français étaient encore très attachés à la Monarchie. Le plan d'évasion est élaboré très tôt, dès l'automne 1789, quelques mois après la Révolution. Il est organisé notamment par le marquis de Bouillé, général posté à Metz. Louis XVI est hésitant. Il va se décider finalement à fuir, pour plusieurs raisons d'ordre politique mais aussi sous la pression de la Reine, Marie-Antoinette. Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, vers 23 heures, la famille quitte le palais des Tuileries, où elle est pourtant sous haute surveillance. Une berline fabriquée spécialement pour ce voyage particulier l'emmène vers la Lorraine. Objectif : Montmédy dans la Meuse. La famille royale est bien sûr déguisée, louis XVI en valet, Marie-Antoinette en gouvernante, ils sont au service d'une fausse baronne de Korff. Leur avancée en province est une suite de retards et de dysfonctionnements. Ils sont reconnus peu avant Varennes par un certain Jean-Baptiste Drouet, qui prévient le procureur de Varennes, celui-ci faisant bloquer l'attelage. La famille royale est ramenée à Paris, Louis XVI et Marie-Antoinette seront guillotinés bien plus tard, Louis XVI le 21 janvier 1793 et Marie-Antoinette le 16 octobre 1793. Quant à Drouet, il devient une star nationale et est élu député à la Convention en septembre 1792.
La Tour de l'horloge à Varennes-en-Argonne. A cet endroit fut arrêtée la famille royale le soir du 21 juin 1791
A Varennes-en-Argonne, on peut visualiser précisément le lieu où le procureur procéda à l'arrestation. Il est indiqué par une plaque, sur la tour de l'horloge.
Sources: Vianney Huguenot sur France Bleu https://www.francebleu.fr/ Image personnelle
Bien à vous
madame antoine
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Aglae
Nombre de messages : 1681 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 21 Juin - 11:45
Merci beaucoup Madame Antoine ! Cette tragédie, car c'en est une pour nous, me rend toujours aussi angoissée; Il s'en est fallu de si peu..... Et pourtant, depuis le départ, les ennuis s'accumulent, retards, incidents techniques, erreur de route;
Les préparatifs furent longs et je pense bien trop minutieux = les voyageurs étaient sur équipés ( penser que des nécessaires de toilette furent fabriqués exprès pour l'occasion !) ......Et la date de départ bien trop tardive.....
Nous ne saurons jamais ce qui aurait pu être si cette évasion avait réussi.....
Mona Ozouf, l'une de nos plus grandes et fines historiennes, en rend compte avec une grande justesse et pénétration d'esprit =
" Eéditeur a choisi un titre légèrement différent, « Les journées qui ont fait la France », pour relancer la collection, permettant ainsi d'accueillir de nouveaux événements et de nouveaux auteurs à côté de la réédition des ouvrages classiques ; il a aussi justifié le choix de débuter par la date du 21 juin 1791 en confiant à l'une de ses meilleurs plumes, Mona Ozouf, le soin non de raconter le détail de la fuite de la famille royale, depuis son départ des Tuileries dans la nuit du 20 au 21 juin 1791 jusqu'à son retour à Paris le 25 juin suivant (événement si improprement nommé « fuite à Varennes » puisque le roi ne souhaitait évidemment pas s'arrêter dans cette petite ville mais rejoindre la place de Montmédy, hors des frontières du royaume) mais plutôt de réfléchir sur le sens de ce qui s'est alors passé et qui expliquerait, un an plus tard, la chute de la monarchie après la journée du 10 août 1792. Dans ce livre remarquablement écrit, tous les mots ont un sens. Arrêtons-nous quelques instant sur le sous-titre, « la mort de la royauté ». Varennes est un événement d'une très de brutalité, mais qui présente également certains caractères des comédies de Marivaux ou de Beaumarchais où l'on voit les grands seigneurs s'habiller en valets pour tromper le monde mais aussi pour révéler ce qui doit rester caché. Le roi s'enfuit vêtu en valet, archétype du bon français puisque nommé « Durand », au service de la baronne de Korff, censée être une baronne russe alors que c'était le pseudonyme de madame de Tourzel, la gouvernante des Enfants de France... Quant à la reine, elle devient madame Rochet, gouvernante de ses propres enfants. A-t-on assez perçu la naïveté d'une telle distribution des rôles qui plaçait la famille royale à l'instar des vignettes imagées des séries du Monde à l'envers ? La plus brillante des monarchies européennes s'est elle-même avilie en se prêtant à une telle mascarade car c'était dire à la Nation entière le mensonge et la duplicité de son roi ; la royauté est donc morte, avant la fin de la monarchie constitutionnelle. En 1791, la Nation française était déjà profondément pénétrée des idéaux révolutionnaires et désireuse d'établir un régime neuf sur les décombres de l'ancien, sur la base d'une monarchie garantie par une Constitution dont l'écriture était en train de s'achever. Convaincu que le radicalisme des assemblées et des clubs révolutionnaires était une exception parisienne et que son royaume lui demeurait acquis, Louis XVI est parti à la rencontre du peuple dans la profondeur des campagnes. Sa désillusion sera grande face à l'attitude au mieux circonspecte et au pire franchement hostile des paysans rencontrés. On pourrait d'ailleurs conduire une enquête sur la diffusion de l'événement et le récit des réactions dans la presse, dans les déclarations des sociétés populaires, les adresses à l'Assemblée ou encore les écrits privés (on pense ici au témoignage d'André-Hubert Dameras, villageois d'Hannogne-St-Rémi, qui écrit dans son Journal : « Le roi a été arrêté à Varennes ; il était parti pour aller trouver son beau-frère l'empereur en Autriche ; mais les gardes nationales se sont assemblées à plus de 60 000 qui s'en allaient du côté de Varennes. On l'a fait retourner du côté de Paris ; nous étions partis à 12 d'Hannogne avec des fusils ; on prétend que nous allons avoir une grande guerre ; on n'est pas encore à la fin de tout cela ». Le grand intérêt du livre, inégalé, que Marcel Reinhard avait consacré, dans la même collection, à La chute de la royauté était de publier un certain nombre de ces documents ainsi que des gravures et des caricatures très bien expliquées ; rappelons que si le livre de Reinhard était consacré au 10 août 1792, l'affaire de Varennes y occupait près de 200 pages de texte et plus de 60 d'annexés documentaires ; on y trouvera in extenso le texte de la Déclaration du Roi adressée à tous les Français à sa sortie de Paris. Rarement édité, ce texte est fondamental pour comprendre la radicalisation de la pensée de Louis XVI qui réécrit l'histoire en affirmant qu'il avait consenti lors de la séance royale du 23 juin 1789 à la tenue des États généraux dans des formes qu'il réprouvait pourtant. Avant cette fuite, si le roi n'avait pas fait montre d'un grand enthousiasme à l'égard de la Révolution française (personne ne pouvait d'ailleurs s'y attendre), il n'avait pas encore exprimé une opposition déterminée. Rien ne sera pareil désormais et la radicalisation de la Révolution répond en partie à cette attitude du roi. Cet aspect est gommé du livre actuel. La presse patriote s'est gaussée d'un roi transformé en valet, contraint à se dissimuler pour reprendre sa liberté d'action ; les caricatures l'ont assassiné par le trait en le métamorphosant en cochon, en enfant, en fou, en ivrogne et en cocu manipulé par sa femme. Les citoyens français, le premier moment de stupéfaction passé, sont frappés par la peur ; peur de l'invasion étrangère, des représailles et du complot autrichien. Le livre de Timothy Tackett, Le roi s'enfuit (La Découverte, 2004) a bien montré comment une nouvelle « grande peur », faite de rumeurs mais aussi de violences réelles, traverse campagnes et bourgades ce qui a conduit les autorités responsables du maintien de l'ordre à prendre des mesures d'exception. Mona Ozouf, qui évoque peu l'étude de Tackett, reprend le débat historiographique sur les origines de la Terreur en conclusion d'un passionnant chapitre consacré à la manifestation du 17 juillet 1791 au Champ de Mars, destinée à recueillir le maximum de signatures en faveur du passage à un régime républicain et qui se clôt par un massacre opéré par la garde nationale sous les ordres de La Fayette. Lanalyse de la somme d'incompréhensions mais aussi de hasards qui ont transformé une journée de fêtes (rousseauiste, comme l'écrit Mona Ozouf ) est brillante, mais elle pêche parfois par le vocabulaire emprunté. Eauteur, qui explique bien que l'idée de République était encore vague, ne semble pas croire au désir de régénération des pétitionnaires, membres du club des Cordeliers ou simples citoyens (et citoyennes, tant était grand le nombre de femmes sur les marches de l'autel de la Fédération du 14 juillet précédent). Notons également que la loi martiale (qui avait été votée dans l'urgence le 21 octobre 1789 à la suite de l'assassinat du boulanger Denis François) autorisait La Fayette à faire feu sur tout attroupement, dangereux pour la paix publique comme l'avait encore montré en avril 1789 l'affaire des établissements Réveillon : on ne comprend l'époque que si on la rapporte au vécu d'un Ancien Régime traversé par des rapports sociaux extrêmement violents et encore peu touchés par la pensée philosophique des Lumières. La présentation des débats de l'Assemblée n'éclairera guère le lecteur sur les véritables raisons qui expliquent la réserve des Jacobins face à une idée républicaine qui les divisait mais dont ils connaissaient les enjeux et les risques. Le livre rapporte surtout comment les oppositions à l'intérieur de la Société des Amis de la Constitution ont conduit à la dissidence des Feuillants. Le vocabulaire de Mona Ozouf, très caustique à l'égard des patriotes, est fréquemment emprunté au Babillard du Palais-Royal, un journal persifleur, violemment anti-jacobin dont le rédacteur, Esmenard, rudoyé par la foule parisienne, s'était enfui à Londres dès le 25 juin ; après une brève interruption, la publication reprend le 5 juillet sous la direction de Montdefer qui s'efforce à plus de sobriété mais entre tout de même dans le phénomène de la rumeur de la folie du roi aux Tuileries en juin-juillet 1791 ; on peut y lire, le 12 juillet : « Louis XVI est en démence » et Le Babillard développe ensuite, à longueur d'articles une autre rumeur : celle des Jacobins et des républicains vendus aux Anglais... L'examen du phénomène de la rumeur et l'étude, au plus près des sentiments des contemporains, des représentations et de leurs aspirations contradictoires dans une actualité conflictuelle et dangereuse, manque ici pour comprendre pourquoi la République a été manquée en 1791 (ce n'était pas seulement, comme il est écrit p. 225 « trois semaines seulement : une brève et fugace mode d'été »). Varennes a été le révélateur du transfert de légitimité entre le droit divin (incarné dans la personne royale) et la Loi (émanation des citoyens), mais les semaines qui ont suivi ont montré qu'il était impossible à réaliser en conservant le roi sur le trône, dans une monarchie constitutionnelle si éloignée des références traditionnelles auxquelles Louis XVI était resté fidèle.
Juin 1791
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 04/07/2015
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 21 Juin - 18:47
Merci Aglae, Mona Ozouf est l'une des historiens les plus lucides de la Révolution. J'apprécie beaucoup aussi.
Un autre fait a retardé l'action, d'après l'article que je vous poste maintenant. La source est le chanoine Constant Vigneron. Selon lui, la débâcle aurait pu être évitée, si Bouillé le jeune n'avait pas perdu du temps dans une auberge de Mouzay.
Quand Louis XVI parvint à Varennes au soir du 21 juin 1791, il se trouvait dans la zone des troupes du marquis de Bouillé. Normalement, malgré Drouet qui accourait derrière lui pour le faire arrêter, le roi aurait pu achever sa fugue si les dispositifs prévus par Bouillé n’avaient pas été troublés par le retard du roi.
Un retard de quatre heures
Varennes ne possédait pas de poste aux chevaux. Choiseul avait prévu d’y mettre en place un relais de quatorze chevaux confié à Bouillé. Les chevaux attendaient dans un boqueteau sur la route de Boureuilles, à l’entrée de Varennes. Quand en pleine nuit, avec un retard de quatre heures, la berline s’arrêta, personne ne l’attendait.
Le fils cadet du marquis de Bouillé, François, chevalier de Bouillé, avait renvoyé dix des chevaux, les quatre autres étaient restés dans l’écurie de l’hôtel du Grand Monarque où il était en compagnie du comte de Raigecourt.
Quand les deux officiers apprennent l’arrestation du roi, ils se contentent d’attendre sans prévenir quiconque alors qu’une poignée de hussards aurait suffi pour dégager la famille royale.
Ce n’est qu’une heure et quart plus tard qu’ils se décident à partir pour Stenay en passant par Dun où ils arrivent un peu avant 3 h. Ils rencontrent là un groupe de hussards mais ne les informent pas et poursuivent leur route.
Une halte incroyable à Mouzay
On penserait que les deux hommes se hâtent d’aller prévenir le marquis de Bouillé, mais non. Aussi étrange que cela puisse paraître, ils passent une heure à discuter dans l’une des quatre auberges de Mouzay ; une heure qui aurait pu être décisive.
Le jeune Bouillé a-t-il eu peur d’affronter son père ? Toujours est-il que lorsqu’il sort de sa torpeur, il est trop tard. En gagnant une heure, le roi aurait pu encore être dégagé.
https://www.estrepublicain.fr/
Aviez-vous déjà entendu parler de cette histoire, vous ?
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Aglae
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Mar 22 Juin - 16:38
Chère Juin, oui.... mais cela remonte à quelques années, et c'est un peu flou dans mon esprit; En fait, j'aurais situé ceci avant, l'étape du voyage que vous évoquez = il me semble ( semblait) qu'à un moment du trajet, la berline s'est trompée de route et n'est pas passée devant les éléments des troupes de défense du Roi postés pour le guetter; ceux-ci après en avoir référé à leur chef, se sont retirés, laissant alors la berline à découvert et sans protection sur une route différente de celle prévue par le plan d'évasion;
Je crois avoir lu cela dans Stefan Zweig, il y a donc quelques années; ou bien dans les Mémoires de Madame de Tourzel ?
Sûre de moi et pensant avoir assimilé tout ceci, je ne l'ai pas relu dernièrement;
Il faut que je le fasse.....Là, je suis plongée dans les examens ( et mes "recherches" );
madame antoine
Nombre de messages : 6902 Date d'inscription : 30/03/2014
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Ven 20 Aoû - 9:57
Bien chers Amis du Boudoir de Marie-Antoinette,
Nous noterons avec un certain étonnement que ce voyage a été l'objet d'un jeu de vacances.
Se prendre pour Louis XVI était possible avec le jeu « La fuite de Louis XVI à Varennes », reprenant toutes les embûches auxquels il a été confronté.
Il s'agissait d'une série de jeux historiques organisés dans les Vosges. https://www.vosgesmatin.fr/
Bien à vous
madame antoine
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Aglae
Nombre de messages : 1681 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Ven 20 Aoû - 10:30
......Une mairie RRRépublicaineuh ? enfin, à tout hasard ?
Mais je partage cet étonnement = il y a beaucoup de thèmes sur cette période un peu partout, des émissions TV, etc; je finis par penser que dans l'ignorance totale où la majeure partie des Français se trouve concernant l'histoire, il y a là, une vague légende qui "accroche" l'intérêt.... "ça" dit quelque chose, en somme .....
Maria Cosway
Nombre de messages : 733 Date d'inscription : 05/07/2015
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Jeu 24 Fév - 4:08
Flight to Varennes
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Juin 1791
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 04/07/2015
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Jeu 23 Mar - 19:06
Les tristes aventures de Varennes en 7 épisodes.
"Varennes" est une série inédite en 7 épisodes, racontée par Franck Ferrand. Tout commence le 22 juin 1791 : 1 berline, 8 fugitifs liés par le destin, dans la tourmente de la Révolution. Qui survivra ? Chaque épisode révèle le point de vue de l’un des personnages. Avec une certitude : la mort les guette tous...
Varennes : Louis XVI, l’indécis
Dans cet épisode, la Révolution éclate. Très vite, le roi ne sait plus à qui se fier. La situation le dépasse. Doit-il fuir ? A force d’indécision - à moins qu’il ne s’agisse de lâcheté ? - le roi risque de tomber dans son propre piège. https://www.europe1.fr/emissions/varennes/varennes-louis-xvi-lindecis-episode-1-4173202
Varennes : Madame de Tourzel, la fidèle gouvernante
Varennes : Barnave, le modéré ambitieux
Varennes : Marie-Antoinette, la manipulatrice
Varennes : Pétion, l’impétueux
Varennes : Le dauphin, l’innocent
Varennes : Madame Elisabeth et Marie-Thérèse, les combatives
Bonne écoute !
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Aglae
Nombre de messages : 1681 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Ven 24 Mar - 15:47
TOUT NOUVEAU........
Une image rare de la récente série-actualité = la fuite à Montmédy
Les Anglais aiment beaucoup !
xman
Nombre de messages : 146 Date d'inscription : 31/05/2020
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Ven 24 Mar - 18:22
_________________ Loulou' et 'Boutin
Galaor
Nombre de messages : 206 Date d'inscription : 09/06/2019
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Sam 25 Mar - 7:44
Oh mon Dieu, quelle insulte pour mon frère et sa pauvre famille !
_________________ J’ai mes vieilles idées, je veux mourir avec elles.
Aglae
Nombre de messages : 1681 Date d'inscription : 09/10/2016
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Sam 25 Mar - 8:48
En effet Galaor, on sourit ... jaune......
Axel
Nombre de messages : 108 Date d'inscription : 13/06/2020
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Dim 26 Mar - 15:26
Mon pauvre Amour
_________________ « Vous voir, vous aimer et vous consoler, c’est tout ce que je désire »
Juin 1791
Nombre de messages : 156 Date d'inscription : 04/07/2015
Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Lun 3 Avr - 16:34
Je vous propose un bon résumé des choses. On retiendra surtout la conclusion, qui fait mal.
La cavale ratée de M. Durand
Le 21 juin 1791, Louis XVI et Marie-Antoinette sont arrêtés à Varennes-en-Argonne dans la Meuse. Quinze mois plus tard, la royauté est abolie et la République proclamée. Patrick PEROTTO
Varennes-en-Argonne. M. Durand et Mme Rochet ont beau porter des habits de domestiques et ceux qui les accompagnent des vêtements d’aristos, ça ne le fait pas. Dans leurs carrosses respectifs – « Une Mercedes pas une Rolls », décrit une historienne -, personne n’arrive à les considérer comme des sous-fifres aux ordres. C’est même tout le contraire. Pensez donc, ce pauvre M. Durand n’est rien d’autre que le roi de droit divin, Louis le seizième et sa femme, la reine Marie-Antoinette, surnommée « l’Autrichienne » par les révolutionnaires. Cerise sur le gâteau, leur fils a été déguisé en fille.
Le 20 juin 1791, le couple royal a quitté Paris. Le souverain, dit-il, veut gagner Montmédy, dans la Meuse, y retrouver une garnison amie, afin de récupérer son pouvoir déjà largement écorné. Foutaises pensent ses adversaires, il veut s’enfuir à l’étranger, retrouver les autres rois et reprendre sa vie d’avant, comme s’il ne s’était rien passé un certain 14 juillet 1789. Dès le départ, le retard s’accumule. Les faux domestiques restent bien sagement au fond de leurs sièges à chaque arrêt dans les relais de poste, où les chevaux sont changés.
Ouf, bientôt Varennes, où les attendent le fils du marquis de Bouillé et un de ses amis. Sainte-Menehould est maintenant dépassée et l’équipage fonce sur les chemins, à travers champs et forêts. Alors que la nuit tombe, le convoi est en vue de la commune meusienne. À son orée, personne. Les domestiques, les vrais, et les quelques soldats, arpentent les alentours. Rien. Bouillé et son copain, un comte tout de même, les attendent à l’Hôtel du Grand monarque, plus bas. Le temps presse. À la halte précédente, un dénommé Drouet a reconnu la reine et le profil aquilin du roi en le comparant à l’effigie gravée sur une pièce de monnaie. Voilà ce que c’est de laisser traîner sa trombine partout.
« Êtes-vous bons patriotes ? » Ni une ni deux, Drouet entame une folle cavalcade avec un pote à lui jusqu’à Varennes. Il ne s’attarde pas, tandis que les autres tournent et tournent encore. La nuit est tombée. Il entre dans l’auberge du Bras d’or, QG des révolutionnaires : « Êtes-vous bons patriotes ? », demande-t-il aux clients. « Oui », répondent-ils tous en chœur. En ces temps de tourmente, on n’est jamais trop prudents. « Eh bien, le roi est en haut de Varennes. Il va passer, courez vite et rassemblez tout ce que vous trouvez de bons citoyens pour l’en empêcher », reprend Drouet. Enfin, dit en langage châtié. On imagine aisément qu’il parlait plus crûment.
Le père Sauce, l’épicier-chandelier, mais aussi procureur-syndic, qui habite juste en face de l’église et du café, est réveillé. Pas bête, il envoie ses enfants crier « Au feu, au feu ». Le tocsin sonne et réveille tout le village. Le pont est barré. À l’auberge du Bras d’or, les royalistes poireautent toujours.
Les voitures arrivent peu avant minuit et tentent de passer sous la voûte, qui supporte le transept de l’église. À sa sortie se trouve l’auberge. Les passagers sont arrêtés par Drouet et son compagnon, quatre gardes nationaux et deux étrangers à Varennes. Ils doivent présenter leurs passeports. Drouet sent que son heure de gloire peut lui échapper. « Des faux », affirment-ils au flanc. Sauce hésite et finalement invite la famille royale à venir chez lui. Après une très timide tentative de fuite, un juge est appelé. « Sire », salue-t-il le roi, qui ne dément pas, sans doute flatté d’être reconnu. Aussitôt, la mère Sauce tombe en pâmoison devant les enfants royaux.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais il faut régler le problème. Varennes est coupée en deux par une barricade sur le pont. Quand Bouillé, qui n’a pas envie de se faire étriper, comprend la situation, il quitte discrètement la commune pour retourner à Montmédy. Les envoyés de Paris déboulent sur place au petit matin. Décision est prise d’y renvoyer Louis XVI et sa femme. À 8 h, le 22, le convoi prend la route du retour. Les renforts monarchistes arrivent trop tard. Le couple royal fonce déjà vers son destin. Comme l’écrivit Mgr Aimond, « le salut du roi tint à un quart d’heure et à une centaine de mètres ». https://www.estrepublicain.fr/edition-de-verdun/2015/08/19/la-cavale-ratee-de-m-durand
« le salut du roi tint à un quart d’heure et à une centaine de mètres ».
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Noche de Varennes
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Sam 24 Juin - 21:48
Si vous voulez les suivre heure par heure https://www.juvelize.com/index.php/dernieres-infos/1391-le-21-juin-1791-louis-xvi-marie-antoinette-et-leurs-enfants-arretes
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MindTheGap
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Mer 26 Juil - 10:19
Trop de zones d'ombre autour de ce voyage, seront devoilees un jour -eventuellement.
Juin 1791
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Jeu 16 Mai - 16:34
Nouvelles pièces à verser à ce très pénible dossier :
(aller et retour)
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Aglae
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Ven 17 Mai - 10:13
Merci beaucoup, chère Juin....C'est expressif ...... tout ça pour ça !
Carl Wilhem Epicouros
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes) Jeu 30 Mai - 13:44
C'est très difficile à comprendre les rouages du voyage .
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Sujet: Re: Le voyage vers Montmédy (arrêté à Varennes)