Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Philippe-François-Joseph Le Bas

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madame antoine
moriarty
Namtar
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Namtar

Namtar


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MessageSujet: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeDim 18 Sep - 14:34

Surnommé le Suicidé de Thermidor par un historien, il est né le 4 novembre 1764 à Frévent dans le Pas-de-Calais d'un père administrateur des biens du prince de Rache, il suivit des études au collège de Montaigu à Paris, avant de sortir comme clerc d'un procureur au parlement de Paris. Il obtient sa licence de droit le 3 avril 1789 et retourne s'établir comme avocat chez lui.
Il se fait connaître lors de sa défense d'un vieux maréchal de cavalerie, Nicolas Berceau, accusé faussement d'insubordination. Philippe parvint à obtenir l'acquitement de Berceau et sa réintégration, mais les officiers de son régiment firent subir nombre de vexations au vieil officier, ce qui ammena Philippe (qui avait terminé son travail d'avocat) à écrire au ministre de la guerre d'alors :

Citation :
Monsieur,
Nicolas Berceau, maréchal des logis au 8e régiment de cavalerie (ci-devant des cuirassiers), après avoir servi vingt-cinq ans avec honneur et s'être distingué par son patriotisme, notamment en juin 1791, a été renvoyé avec une cartouche pure et simple, sous prétexte qu'il s'était rendu coupable d'insubordination le 14 juillet suivant.
Déterminé à périr plutôt que de vivre déshonoré, il a voulu être jugé. Il s'est de lui-même rendu en prison ; il a été unanimement déclaré innocent. C'était une conséquence du jugement de la Cour Martiale qu'il rentrât au corps, et qu'il y jouît de tous les avantages dont il aurait joui s'il n'avait pas été accusé. Le roi l'a ainsi ordonné, et vous avez, monsieur, transmis des ordres à M. de Caulaincourt à Arras. M. de Caulaincourt les a transmis à M. de Pully, nouveau colonel du 8e, régiment de cavalerie.
Et cependant M. de Pully refuse de recevoir Berceau ; il ne peut, dit-il, déplacer personne pour un homme qui s'est fait renvoyer. Des ordres itératifs de M. de Caulaincourt n'ont pas obtenu plus d'obéissance. Ainsi gémit, depuis plus de huit mois, un vieux et brave militaire privé de tout, tandis qu'un sieur Aldeborth, son dénonciateur, ci devant maréchal des logis au même régiment, est officier dans la garde du roi, qu'un sieur Darthaud, son autre dénonciateur, ci-devant lieutenant au même régiment, absent, vient d'y être fait capitaine, qu'enfin un sieur Degras, ci-devant lieutenant-colonel au même régiment, celui-là même qui a.chassé Berceau ; est maintenant colonel commandant d'un autre corps.
J'ai été, monsieur, le défenseur de Berceau à la Cour Martiale. La loi m'offre différents moyens de le défendre encore : j'ai cru que le meilleur était de dénoncer à un ministre patriote des faits qui n'ont pas besoin de commentaires. Je ne demande pas la punition des coupables, mais au moins que Berceau cesse d'être si cruellement opprimé, qu'il soit convenablement placé dans un autre corps, puisque tant de persécutions semblent l'attendre encore dans le sien. Je vous présent, monsieur, l'occasion d'exercer le pouvoir que vous avez de faire le bien. Je ne crois pas devoir vous presser de la saisir. LE BAS.
Saint-Pol, ce 16 avril 1792.
Philippe obtient justice pour Berceau, et son succès lui créa une renommée locale importante qui amena cet avocat à être choisi comme membre par le directoire de son département.
Philippe sera plus tard élu député à la Convention Nationale, lors du procès de Louis XVI il votera la mort, contre l'appel au peuple et contre le sursis. A Paris il se liera avec Robespierre et deviendra membre du club des Jacobins.

A une date incertaine(sans doute le 23 avril 1793) Philippe rencontra Élisabeth Duplay, fille cadette de la famille qui hébergeait alors Robespierre. Il semble qu'il y ait eut un coup de foudre entre Philippe et Élisabeth, mais une longue maladie de Philippe les sépara pendant de longues semaines.
Leurs retrouvailles se passèrent suivant Élisabeth dans la cour du couvent des Jacobins :
Citation :
Ce fut après deux mois d'absence que je revis mon bien aimé. Ma mère, étant, un jour, allée dîner à la campagne avec Robespierre, nous avait laissées à la maison, ma sœur Victoire et moi, en nous recommandant d'aller lui retenir des places aux Jacobins, pour la séance du soir, où l'on pensait que Robespierre parlerait (les jours où l'on devait l'entendre, il y avait toujours une si grande affluence que l'on était forcé de retenir une si grande affluence que l'on était forcé de retenir des places à l'avance). J'y allai et j'arrivai de bonne heure, afin de ne pas en manquer.
Quelles furent ma surprise et ma joie quand j'aperçus mon bien-aimé ! Son absence m'avait fait verser des larmes. Quel fut mon bonheur, lorsque je le reconnus !
Je le trouvais bien changé ; lui me reconnut tout de suite et s'approcha de moi avec respect. Il me demanda de mes nouvelles et de celles de toute ma famille, ainsi que celles de Robespierre, qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, et pour lequel il avait beaucoup d'amitié. Enfin, après un silence de plusieurs minutes, qu'il rompit le premier, il me fit beaucoup de questions et chercha à m'éprouver.
Il me demanda si je ne devais pas bientôt me marier, si j'aimais quelqu'un, si la toilette et les plaisirs étaient de mon goût, et si, mariée et devenue mère, j'aimerais à nourrir mes enfants.
Je lui répondis que je suivrais l'exemple de ma bonne mère et lui demanderais toujours conseil.
Alors, il me dit que,sachant que j'étais très bonne, il voulait me prier de lui chercher une femme très gaie, aimant les plaisirs et la toilette et ne tenant pas à nourrir elle-même ses enfants, que cela la rendrait trop esclave et la priverait des plaisirs qu'une jeune femme doit aimer.
Dieu ! Que ce langage me fit mal de sa part ! Quoi ! Me dis-je, voilà donc la manière de penser d'un homme que je croyais si raisonnable et si vertueux !
Je voulus alors m'éloigner ; mais il me pria de rester, disant qu'il avait encore à me parler ; je lui dis que s'il n'avait pas autre chose à me demander, je désirais me retirer, que sa manière de voir étant très différente de la mienne, je ne pouvais accepter la commission qu'il voulait me donner de lui chercher une femme. Je le priai de charger une autre personne de ce soin.
Je devins sérieuse ; car jamais je n'avais éprouvé tant de chagrin : il m'était pénible de découvrir de tels sentiments chez un homme que j'adorais en secret, que je croyais si bien sous tous les rapports. J'avoue que, l'ayant vu si plein de respect et d'attentions pour moi toutes les fois que je l'avais rencontré, me trouvant avec Charlotte, et que la persistance qu'il avait mise à garder ma bague et à ne pas reprendre sa lorgnette qui avait été un précieux souvenir pour moi pendant sa maladie, j'avoue que tout cela m'avait fait penser qu'il y avait entre nous un peu de sympathie. Mes illusions se trouvaient donc détruites.
Aussi cette conversation fit sur moi une telle impression que je fus près de me trouver mal. Je me disais : « Mon Dieu ! Combien j'ai été imprudente de penser à lui ! Combien j'aurais à rougir, ma mère, si vous connaissiez ma faiblesse ! Combien je mériterais d'être grondée par vous ! Mais que votre fille était malheureuse ! J'aimais et je voulais vous le cacher. »
Je vis bien alors ma faute, et je voulus à l'instant m'éloigner de lui ; mais il fit beaucoup d'insistances pour me faire rester, et s'aperçut du mal qu'il m'avait fait. Il me dit : « Bonne Élisabeth, je vous ai fait bien de la peine, mais pardonnez-le moi. Oui je vous l'avoue, je voulais connaître votre manière de penser. Eh bien ! Celle que je vous priais de me chercher, ma chère Élisabeth, c'est vous ; oui mon amie, c'est vous que je chéris depuis le jour où je vis pour la première fois. Je l'ai donc trouvée, celle que je cherchais tant ! Oui, mon Élisabeth, si tu veux, je demanderai ce soir ta main à tes parents ; je les prierai de faire tout de suite notre bonheur. » Il me prit alors les mains et me dit : « Mais tu ne réponds pas ? Est-ce que tu n'éprouves pas pour moi ce que je sens pour toi ? »
J'étais tellement saisie de joie que je ne pouvais lui répondre ; je croyais rêver. Il tenait toujours ma main et me priait de lui répondre. Dieu ! Que j'étais heureuse ! Je lui dis alors que si mes parents consentaient à notre union je serais heureuse.
Il me pressa les mains tendrement et me dit : « Moi aussi je t'aime ; ne crains rien ; tu as affaire à un homme de bien. » — « Moi aussi, Philippe, je vous aime depuis le jour où je vous vis à la Convention avec Charlotte, à cette séance du soir... J'ai encore votre lorgnette. » — « Et moi, dit-il, j'ai ta bague ; elle ne m'a pas quittée depuis le jours où je suis tombé malade et où je ne te revis plus. Mon Dieu ! Que j'ai souffert, pendant si longtemps, privé de tes chères nouvelles ! Ne pouvant plus espérer te revoir quelquefois avec Mlle Charlotte, toutes ces pensées étaient loin d'avancer ma guérison. Dix fois par jour, je t'écrivais, mais je n'osais te faire parvenir mes lettres, dans la crainte de t'attirer du chagrin, bonne Élisabeth. Plusieurs amis vinrent me voir, mais personne ne me parlait de toi ; juge de ma douleur ! Enfin Robespierre vint un jour ; c'était le seul homme de qui j'eusse pu avoir de tes nouvelles ; mais combien j'étais malheureux ! Je ne savais comment m'y prendre pour lui en demander. Enfin, il me vint à la pensée de lui parler de ses hôtes ; il me fit le plus grand éloge de toute la famille, me parla du bonheur qu'il avait d'être chez des gens si purs, si dévoués pour la liberté. Je savais déjà cela par plusieurs de mes amis ; mais, mon Élisabeth, il ne me parla pas de toi. Mon Dieu ! Que j'ai souffert pendant plusieurs jours. Ce temps fut bien long... Robespierre le jeune vint enfin me voir. Quelle joie pour moi ! J'étais plus familier avec lui : nous étions du même âge. Nous parlâmes de son frère. Enfin, je n'y pus plus tenir; je lui parlai de ta famille, de tes sœurs ; je lui parlai de toi, mon Élisabeth. Il me fit ton éloge, me dit qu'il avait pour toi l'amitié d'un frère, que tu étais gaie, bonne, que c'était toi qu'il aimait le plus, que ta bonne mère était excellente, qu'elle vous avait bien élevées, en femmes de ménage, que votre intérieur était parfait et rappelait l'âge d'or, que tout y respirait la vertu et un pur patriotisme, que ton bon père était le plus digne et le plus généreux des hommes, que toute sa vie s'écoulait dans le bien. Il me dit que son frère se trouvait bien heureux d'être chez vous, que vous étiez pour lui sa famille, qu'il vous aimait comme des sœurs et regardait ton père et ta mère comme ses propres parents. Si tu savais, mon Élisabeth, combien j'étais heureux d'entendre parler ainsi d'une famille que j'honorais déjà, et que sa conduite envers Robespierre, envers l'ami de la liberté, m'avait fait connaître et estimer ! Je faisait des vœux pour le rétablissement de ma santé, afin de pouvoir te rencontrer comme autrefois avec Charlotte...
(Manuscrit de la Veuve Le Bas).
Toutefois la mère d’Élisabeth n'était pas partisane de ce mariage, elle voulait marier d'abord ses filles aînées et trouvait Élisabeth trop jeune pour se marier, mais comme le raconte Élisabeth dans son manuscrit, Robespierre intervint auprès des parents Duplay et plaida la cause des deux amoureux si bien que le mariage fut accordé.

Malheureusement, avant que le mariage ait pu être célébrer, un décret de la Convention Nationale du 2 août 1793 envoya Philippe et son cousin Duquesnoy pour remettre de l'ordre à l'armée du Nord. Dès leur arrivée, Philippe fit une déclaration solennelle aux troupes :

Citation :
J'ai souvent entendu des officiers accuser le soldat d'indiscipline, de négligence et de lâcheté. La source de ces désordres n'existe que dans la mauvaise conduite de quelques officiers.
J'ai visité les camps, les cantonnements, les postes, les avant-postes ; j'ai assisté à plusieurs affaires : partout je me suis convaincu de ce que j'avance.
Si j'ai vu des soldats mal tenus, mal instruits, des postes endormis, des armes jetées à terre sans être sous le manteau, j'ai vu aussi des officiers, les uns plongés dans l'ivresse, les autres absents du camp et abandonnant absolument leurs subordonnés à eux-mêmes. Faut·il s'étonner, d'après un pareil ordre de choses ; de tant de surprises où les soldats de la République ont été forcés de prendre honteusement la fuite ? Et n'est-il pas révoltant d'entendre des officiers qui n'ont pas osé regarder l'ennemi en face, rejeter un revers sur de braves gens dont ils n'ont pas su guider le courage.
Des abus aussi condamnables ne peuvent être tolérés, et un représentant du peuple doit employer tout le pouvoir dont il est revêtu pour les réprimer.
Je déclare donc que je ne balancerai pas à suspendre et à livrer à toute la rigueur des lois tout chef qui ne surveillera pas la troupe qui lui est confiée, qui sera trouvé ivre hors de son service, qui s'absentera du camp ou de son poste sans une permission motivée de son supérieur, visée du général.
Invariablement attaché aux principes de l'égalité, je ne ferai aucune distinction de grade, et le général sera soumis à la loi, aussi bien que le dernier soldat de l'armée.
Conformément à la déclaration de Philippe, deux généraux furent mis aux arrêts.

(à suivre si cela vous intéresse)
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moriarty

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeLun 19 Sep - 16:32

Très intéressant ! La suite pleeeeease ! Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

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Il est si beau qu'il tombe dans l'eau
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeLun 19 Sep - 19:38

[Voilà la suite ^^]

Plusieurs lettres de Philippe à Elisabeth datant de la mission du député à l'armée du Nord ont été conservées(elles sont aux archives nationales, la famille le Bas à un fond d'archive dédié) :

Citation :
Cambrai, 4 août (1793)
Nous sommes arrivés hier ici, ma chère Élisabeth, bien fatigués. Je crois que nous n'y resterons pas long-temps, et nous nous hâterons d'aller du côté de Bergues. J'espère que mon séjour dans ce pays ne sera pas de longue durée. Tu ne dois pas douter de mon empressement à te rejoindre et à mettre le sceau à une union à laquelle j'attache le bonheur de ma vie. Surtout prends bien soin de ta santé. Mille amitiés à toute la famille; dis à Robespierre que, tout en enrageant contre lui, je suis un de ses meilleurs amis. Je t'embrasse. - Lebas.

Citation :

Cassel, 6 août (1793)
Je n'ai pas eu le temps, ma chère et tendre amie, de t'écrire hier, et je n'ai aujourd'hui que trè-peu de loisir. Nous avons beaucoup travaillé, et il me paraît que nous aurons encore beaucoup à faire pour remplir l'objet de notre mission. J'ai néanmoins l'espoir d'être libre vers le 10 de ce mois. Oh ! Qu'il sera doux pour moi le moment où je te reverrai ! Que l'absence est cruelle, quand on aime comme moi ! Mon père n'ira sûrement pas à Paris avant mon retour, et je compte l'emmener avec moi lorsque cette époque sera arrivée. Je dois aller demain à Dunkerque. Adresse-moi tes lettres ici. Mille amitiés à ta famille que je regarde aussi comme la mienne. Je suis pour la vie ton fidèle ami. - Lebas
Duquesnoy te fait ses complimens.

Citation :
Cassel, 9 août (1793)
Voilà bientôt huit jours que je suis loin de toi, mon Élisabeth. Tu as sûrement reçu les lettres que je t'ai écrites; et moi, m'as-tu laissé dans l'oubli ? Tous les jours j'espère voir une lettre de toi; tous les jours, jusqu'à présent, mon attente a été trompée. N'être pas avec toi, ne pas recevoir de tes nouvelles, est une situation que je ne puis supporter. Je suis accablé d'affaires. Il fallait, j'en conviens, dans ce pays des commissaires vrais patriotes. Nous avons fait arrêter deux généraux, Omoran et Richardot. Nous envoyons des officiers au tribunal révolutionnaire, et nous ne cessons de prendre tous les jours les mesures de prudence et de sévérité que commandent les circonstances. Mais un député aussi ferme que moi, secondé par Duquesnoy qui, pour une pareille mission, a un talent que je ne lui connaissais pas, aurait parfaitement rempli le but que se propose Robespierre; et moi, en rendant à Paris tous les services dont je suis capable, je jouirais du bonheur d'être avec toi, ma chère...
Nous serons unis maintenant. Dis à Robespierre que ma santé ne peut se prêter long-temps au rude métier que je fais ici; dis-luique plusieurs de mes collègues sont autant et plus en état que moi de s'acquitter des devoirs que j'y remplis. Deux de mes frères sont arrivés aujourd’hui; c'est une petite consolation. Mon père doit m'écrire incessamment, et je suis persuadé que je l'emmènerai avec moi à Paris. Écris-moi donc, ma chère Élisabeth, tous les jours; tu me l'as promis. Souffrirais-tu de t'acquitter de cette promesse ? Ah ! S'il était possible ! Mais, non, tu n'as pas cessé de m'aimer, comme je n'ai pas cessé, comme je ne cesserai jamais d'être ton tendre et fidèleami. - LeBas.
Mille amitiés chez toi.

Citation :
Arras, 13 août 1793, an 2 de la République.
J'étais depuis huit jours à Cassel dans une mortelle inquiétude, ma chère Élisabeth. Tous les jours j'attendais et j'attendais vainement de tes nouvelles; l'ennui, la tristesse me dévoraient. Des affaires imprévues, l'envie de savoir l'état de nos armées du côté de Cambrai, m'ont amené aujourd’hui avec Duquesnoy a Arras. On m'y a remis deux paquets; ils renfermaient des lettres de mon père, une de ta soeur, ma bonne amie Victoire, et deux lettres de mon Élisabeth. Juge de ma joie, de mon ravissement ! Je les ai lues, je les ai relues; je viens de les lire encore, ces deux lettres. Oh ! Quel bien elles ont fait à mon pauvre coeur ! Que je bénie, mon aimable amie, le jour, l'heureux jour où j'eus la douceur d'apprendre que ton ame si sensible, si tendre, partageait les sentimens que tu m'avais inspirés ! Pourquoi faut-il qu'à l'instant où j'allais unir ma destinée à la tienne, nous nous soyons vus si cruellement séparés ? Il m'est impossible de me rappeler sans douleur le moment qui recula celui que je voyais si prochain, après lequel je soupirais. Tu te plains du laconisme de la lettre que je t'ai écrite à Cambrai; à peine ai-je pu trouver un instant pour te tracer quelques lignes, et je n'aurais pas fini si j'avais entrepris de t'exprimer tout ce que je ressentais. Tu dois avoir reçu depuis deux autres lettres datées de Cassel; je t'y engageais à m'écrire dans cette ville. Je vais y retourner demain et y rester habituellement jusqu'au jour fortuné où je retournerai près de toi. Quand viendra-t-il ce jour ? Je sens que la présence de deux députés vraiment patriotes est nécessaire dans les lieux où je reste, mais je suis très-éloigné de penser qu'il soit difficile de donner à Duquesnoy  un collègue qui me remplace. Il suffit de lui adjoindre un homme d'un caractère ferme, tel que Hentz. D'ailleurs les principales mesures ont été prises au moyen de l'arrestation d'Omoran, de Richardot, de plusieurs officiers royalistes, d'une assez grande quantité de personnes suspectes et de la traduction de deux capitaines au tribunal révolutionnaire. Les généraux Bartel et Ernouf n'étant plus désormais contrariés par des généraux perfides et trouvant un anoni certain dans deux députés bien intentionnés, peuvent servir très-utilement la République.  Je n'aperçois donc aucun inconvénient à ce qu'on me rappelle promptement. Je ne dois pas te cacher d'ailleurs que ma santé souffre un peu de la vie extrêmement fatigante et agitée que je mène, et que j'ai commencée dans ma convalescence. J'avais besoin de quelque repos, et je ne m'imagine pas qu'on puisse m'en vouloir de m'en souvenir aujourd’hui que les motifs qui m'ont déterminé à l'oublier n'existent plus. J'ai eu la satisfaction de rencontrer ici mon père; il a compati à mes souffrances, ce bon père. Sans te connaître, et sur mon récit, il a conçu pour toi une amitié qui ne s'affaiblira sûrement pas quand il te connaîtra. Il ne peut absolument venir à Paris, et tu as dû voir les obstacles qui s'opposent à ce que mes frères y viennent. Mais cela n'empêchera pas, ne retardera pas notre union, puisque mon père, qui ne peut en être témoin, m'invite à la conclure, et envisage comme un jour de fête celui où il pourra t'embrasser comme l'épouse de son fils.
Que de choses n'aurais-je pas à te dire, ma chère Élisabeth ! Mais je n'ai pu de toute la journée t'écrire; et il est une heure du matin; je suis accablé de fatigue. Victoire me pardonnera si je ne lui écris point séparément. Elle n'aime pas un ingrat; je lui suis aussi très-attaché. Quand au reste de la famille, je la regarde comme la mienne. Tes père et mère sont pour moi à jamais des objets de respect et de tendresse. Embrasse-les pour moi, chère Élisabeth, et fais en sorte que je puisse bientôt te revoir. Mon idée, dis-tu, ne te quitte pas. Eh bien ! De mon côté, il en est de même. Je ne puis cesser de s'occuper de toi. Bonsoir, ma chère amie, je vais me coucher et songer encore à toi pendant mon sommeil. - Lebas.
P. S. Ce que tu me dis de ta santé est loin de me tranquilliser. Prends le plus grand soin de cette santé qui m'est si précieuse.

Citation :
Hazebrouck, 16 août (1793)
Je profite, ma chère Élisabeth, d'un moment de loisir pour m'entretenir un peu avec toi. Je compte arriver ce soir à Cassel, et être assez heureux pour y trouver une lettre de toi. Je compte arriver ce soir à Cassel, et être assez heureux pour y trouver une lettre de toi. Une lettre de toi ! ... C'est sans doute une grande consolation, mais ce n'est pas toi; rien ne peut te suppléer, et je sens à chaque instant que tu me manques. Tu m'as parler du jardin; tu m'as demandé si je m'en souvenais. Pourrais-je l'oublier, ma chère Élisabeth ? Oh non ! Tous les lieux où j'ai pu librement causer avec toi, t'exprimer ma tendresse et m'entendre dire par toi-même que tu m'aimais,mon imagination ne casse de les revoir, de s'y reposer. Lorsque notre voiture nous conduit, et que mon collègue fatigué, ou cesse de parler ou s'endort, moi je songe à toi; si je m'endors aussi, je pense encore à toi. Toute autre idée, lorsque les affaires publiques ne m'occupent plus, m'est importune. Duquesnoy m'est devenu plus cher, depuis qu'il m'a questionné sur toi, et qu'il m'a fourni l'occasion de lui peindre mon amour. Ma chère Élisabeth, ô toi,qu'il m'a fallu abandonner au moment où je croyais m'unir pour jamais à toi, toi qu'il m'a fallu quitter pour entreprendre un voyage pénible et triste, quand te reverrai-je ? Maintenant que ma présence n'est plus à beaucoup près aussi nécessaire, Couthon n'aura-t-il pas assez d'égards pour son jeune collègue, Robespierre ne considérera-t-il pas que j'ai assez fait pour chercher à abréger le terme de mon sacrifice ? Certes, de tous ceux que j'ai faits à la patrie, aucun ne m'a coûté autant que celui qui me priva du bonheur d'être à toi aussitôt que je le désirais. Une chose surtout augmente mon impatience de te rejoindre. Je crains que tu ne négliges trop ta santé. Ma chère Élisabeth, prends bien soin de ta santé, je t'en conjure; que je puisse bientôt t'embrasser bien portante. Si d'ici à huit jours au plus tard je ne suis pas rappelé, il est certain que je saurai trouver un moyen d'aller à Paris, et, quand j'y serai, il faudra bien qu'on se détermine à me remplacer. Chacun son tour.Je reverrai Ernouf aujourd’hui, à ce que j'espère. Depuis mon arrivée à Cassel, je ne l'ai guère vu, parce qu'il a fallu qu'il accompagnât le général Barthel à Cambrai, d'où il n'est de retour que depuis peu de jours. Celui-là m'aurait encore parlé de toi; il te connaît, et il sait combien un tel sujet m'est agréable. Occupe-toi toujours, ma chère Élisabeth, de l'arrangement de notre habitation.Quelle joie, quand nous y serons ! J'ai écrit hier à la hâte à Robespierre. Je n'ai pu lui dire qu'une partie de ce que je voulais qu'il sût. Le temps m'a manqué; c'est ce qui m'arrive souvent. Il paraît que ma prédiction sur e comité de salut public s'accomplit. J'en suis fâché, mais on aura encore longtemps raison en présumant mal du commun des hommes en place.Je finis à regret, ma tendre amie. Embrasse pour moi tes père et mère. Dis-leur que je les aime, que je es aimerai toujours de même. Embrasse aussi Victoire et le reste de la famille. Ne m'oublie pas auprès de la citoyenne Chalabre, de Calandini, de Robespierre, que je haïrais, si je pouvais haïr un aussi bon patriote. Je t'embrasse de tout mon cœur. - Lebas.

Citation :
Cassel, 19 août (1793)
Ma chère Élisabeth, j'ai reçu plusieurs lettres de toi. Le sentiment qu'elles m'ont fait éprouver a été mêlé de douleur et de plaisir. Elles ont redoublé mon impatience de revoler vers toi. Puisque l'on ne me rapelle pas, je vais prendre, de concert avec Duquesnoy, un arrêté pour me rendre à Paris,où je compte arriver à la fin de la semaine. Fais tout préparer pour notre mariage. Peut-être après un court séjour faudra-t-il que je reparte. Mais au moins nous nous arrangerons de manière à n'être plus éloignés l'un de l'autre. Je n'ai que le temps de t'écrire ce peu de mots. Mille embrassades à toute la chère famille et à nos amis communs. Tout à toi, ma chère et tendre amie. - Lebas.

Le 21 août, Philippe était rappelé à Paris par la convention, et le 29 du même mois fut célébré son mariage à la commune. Parmi les témoins du couple figura Jacques-Louis David, le célèbre peintre. Le mariage a été célébré à la commune par Jacques-René Hébert, révolutionnaire bien connu pour ses positions.

[à suivre]


Dernière édition par Namtar le Lun 8 Oct - 23:50, édité 1 fois
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeLun 19 Sep - 20:05

à noter que Philippe avait 12 frères et soeurs issus de la même mère, mais ils auraient été jusqu’à 21.
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madame antoine

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 9:04

Bonjour Namtar,

Merci pour ces très intéressants extraits qui nous permettent de suivre la vie mouvementée de Mr Le Bas.

Bien à vous

madame antoine

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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 9:38

Je vous remercie pour ces compliments Smile je vais mettre la suite dès que possible.
Concernant le prince puis la princesse de Rache/Bergues qui employaient le père de Philippe, ils semblent avoir eut une position importante, mais je doit avouer ne pas avoir trouver beaucoup de choses les concernant.
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le beau lauzun

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 10:25

Namtar a écrit:
à noter que Philippe avait 12 frères et soeurs issus de la même mère, mais ils auraient été jusqu’à 21.

Philippe-François-Joseph Le Bas 564218 Les sources se contredisent ?? Philippe-François-Joseph Le Bas 564218
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 10:29

le beau lauzun a écrit:
Namtar a écrit:
à noter que Philippe avait 12 frères et soeurs issus de la même mère, mais ils auraient été jusqu’à 21.

Philippe-François-Joseph Le Bas 564218 Les sources se contredisent ?? Philippe-François-Joseph Le Bas 564218

Ce sont des sources familiales qui disent cela Smile un certain nombre d'enfants n'ont pas survècus.
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L'Incorruptible

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 10:32

Beau sujet Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 10:39

À noter que le fils d'Elisabeth et Philippe deviendra notamment précepteur de Napoléon III.
Je continue la bio de Philippe ce soir Smile
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 20 Sep - 17:16

[Suite de la bio de Philippe Le Bas]

Le 14 septembre, Philippe fut nommé au Comité de Sûreté Générale, qui comptait en son sein des ennemis de Robespierre. Cependant, Philippe pris semble t il peu part aux mesures répressives déclenchées par ce comité.

Philippe resta peu de temps à Paris, le 17 octobre 1793, suite à une défaite, le Comité de Salut Public pris un arrêté :

Citation :
Les citoyens Saint-Just et Le Bas se rendront sur-le-champ à l'armée du Rhin pour y prendre connaissance des événements qui ont eu lieu à Wissembourg, et à Lauterbourg, et sont revêtus, à cet effet de pouvoirs nécessaires pour prendre les mesures de salut public qu'ils jugeront convenables.

Pour décrire la situation dans la zone d'opération de l'armée du Rhin au moment de l'arrivée de Philippe Le Bas et Saint-Just, je vais citer cet extrait de Autour de Robespierre : Le Conventionnel Le Bas : "Découragée, manquant de chefs comme de vivres et de vêtements, l'armée française était désorganisée. Les lieux de débauche regorgeaient d'officiers ; l'indiscipline et la misère étaient au comble ; les réquisitions ne s'effectuaient plus ; les blessés mouraient sans secours ; les soldats désertaient et pillaient les campagnes. La contre-révolution, a dit Louis Blanc, triomphait de la dépréciation des assignats) de la détresse publique, et tenait à la gorge le pauvre affamé. On se passait de mains en mains des cocardes blanches.".

Sitôt arrivé en Alsace, Saint-Just et Philippe prirent le titre de Commissaires Extraordinaires. A leur arrivée, les deux commissaires déclarèrent à l'armée du Rhin : "Nous arrivons et nous jurons que l'ennemi sera vaincu"
Les deux commissaires prirent également un arrêté ferme :

Citation :
Les représentants du peuple envoyés extraordinairement près l'armée du Rhin arrêtent ce qui suit :


Il sera établi à Saverne une commission révolutionnaire composée de cinq membres jusqu'à ce que l'ennemi soit repoussé des départements du Rhin. Cette commission pourra se transporter dans les divers lieux du district lorsqu'elle le jugera convenable.


Cette commission donnera des mandats d'arrêts dans toute l'étendue du district contre ceux qui seront dénoncés comme agents ou partisans de l'ennemi.
Elle fera fusiller ceux qui seront convaincus de ces crimes, et enverra à Mirecourt en arrestation ceux qui ne seront que soupçonnés.

Elle adressera l'expédition de tous ses jugements à la Convention, nationale.


La Commission révolutionnaire pourra requérir les autorités civiles et militaires qui seront tenues d'obtempérer à ses réquisitions.


Les représentants nomment pour remplir cette commission les citoyens : Elvert, maire de Saverne, Jacques Arnold, commissaire permanent du canton de Saverne, Hart, commissaire permanent du canton de Truchoir, Meltsinner, commissaire permanent du canton de Hogerfelt, Schwars, commandant de la garde nationale de Wasetor, du patriotisme et du courage desquels ils se sont assurés.


Les membres de la commission recevront trois cents livres d'indemnité par mois sur la caisse du payeur de l'armée du Rhin ; ils nommeront un greffier qui aura les mêmes appointements.
Fait à Saverne le 2e jour du 20 mois de l'an II de la République une et indivisible.

SAINT-JUST. — LE BAS

Pour renforcer l'action de leur arrêté et raffermir l'armée, Saint-Just et Le Bas s'adressèrent à l'armée en ces termes :
Citation :
Soldats de l'armée du Rhin, méprisez l'ennemi que vous avez devant vous. Il ne vous a point vaincus ; il vous a trahis. De faux déserteurs vous ont tendu les bras ; vous les avez embrassés ; on n'embrasse pas les tyrans, on les tue. Soyez donc sur vos gardes. Aimez la discipline qui fait vaincre. Exercez-vous au maniement des armes, demeurez dans vos camps et préparez-vous à vaincre à votre tour.

Peu de temps après, un parlementaire prussien se présenta aux portes de Strasbourg pour proposer aux deux représentants la reddition de l'armée du Rhin, mais l'un des deux commissaires répondit : La République française ne reçoit de ses ennemis et ne leur envoie que du plomb.

Les deux commissaires prirent également de nombreuses mesures strictes pour assurer le ravitaillement de l'armée.

Pendant cette mission, Philippe continua d'écrire assidument à son épouse :

Citation :
A la citoyenne Le bas.
Strasbourg, 4e jour du 2e mois, an 2 de la République.
Le citoyen Jarry te remettra probablement cette lettre, ma chère Élisabeth; nous avons reçu ici des nouvelles satisfaisantes de ce qui s'est passé à l'armée du nord et à la Vendée. La situation des affaires n'est pas aussi belle à cette armée. Nous faisons notre possible pour qu'elle change promptement, et tu peux être assurée que ce changement sera suivi aussitôt de notre retour. Le voyage m'a un peu dérangé ; mais ce n'est rien, et me voilà rétabli. Je voudrais être aussi rassuré sur ta santé ; Je voudrais surtout apprendre que tu supportes raisonnablement une absence nécessaire, qu'il n'a pas dépendu de moi d'empêcher. Henriette aura sûrement fait son possible pour te la rendre moins pénible. Ce sont de nouveaux droits qu'elle s'est acquis à mon attachement. Je n'ai personne ici avec qui je puisse m'entretenir de toi ; et les distractions que les affaires occasionnent ordinairement ne sauraient m'empêcher de penser continuellement à toi. Tu dois être persuadée de toute ma tendresse. Si j'ai pu m'éloigner de toi, va, tu peux être convaincue que, de tous les sacrifices que j'ai faits à la partie, celui-là ne m'a pas le moins coûté. Le temps me presse, il faut finir. Je t'embrasse de tout mon cœur. Le Bas

à la même époque Ange Le Bas, père de Philippe, écrivit à fille Henriette qui demeurait à Paris et tenait compagnie à Elisabeth (Désiré est l'un des frères de Philippe :

Citation :
A Frévent 5e jour du 2e mois de la République française,
vendredi 26 octobre 1793 (vieux style).
Je ne t'ai pas répondu, ma chère Henriette, parce que j'ai eu quelques travaux relativement à toutes les affaires qui se passent dans notre municipalité, qui néanmoins ne donnent aucun embarras parce que l'on y est plus tranquille, depuis surtout que le fanatisme est déjoué et que personne n'oserait se montrer contraire à la Révolution.
On est parvenu il l'établissement d'un club; il est composé de la presque totalité de Frévent. Ce nombre est si grand qu'il a fallu transporter la séance dans la ci-devant église de Saint-Hilaire.Toutes les femmes vont aux séances ; elles emploient toute temps des séances à faire de la charpie pour panser nos frères d'armes blessés. C'est un travail digne d'exemple et auquel tout le monde contribue à l'envi.
Désiré est toujours à Dunkerque ; il s'y porte bien et s'y conduit bien ; nous avons occasion de lui envoyer différentes petites choses dont il aura besoin pour l'hiver.
Vous êtes donc arrivée, ma chère Henriette, fort à propos pour faire compagnie à votre chère belle-sœur et la consoler de l'absence de son mari. Dites-lui que je partage avec elle ses peines. mais que je l'invite à faire volontiers ce sacrifice, dès qu'il peut contribuer au bien de la patrie.
Je désirerais que la chère Élisabeth fut à portée de nous ; je l'engagerais à venir passer quelques mois avec nous pour se désennuyer. Dites-lui qu'elle nous donne de ses nouvelles. Vos sœurs et moi nous l'embrassons de bon cœur. Adieu, Henriette, tous vos frères et sœurs Se portent bien. Le Bas.

(à suivre)[/quote]
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMer 21 Sep - 11:04

Namtar a écrit:
le beau lauzun a écrit:
Namtar a écrit:
à noter que Philippe avait 12 frères et soeurs issus de la même mère, mais ils auraient été jusqu’à 21.

Philippe-François-Joseph Le Bas 564218 Les sources se contredisent ?? Philippe-François-Joseph Le Bas 564218

Ce sont des sources familiales qui disent cela Smile un certain nombre d'enfants n'ont pas survècus.
Oui, merci, c'est une explication à laquelle je n'avais pas pensé. Embarassed
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMer 21 Sep - 11:06

Merci, Namtar, pour ce retour aux sources. Very Happy

Je suis toujours ému par l'intensité des correspondances personnelles.

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Il est plus facile de nous ôter la vie que de triompher de nos principes
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMer 21 Sep - 11:13

le beau lauzun a écrit:
Namtar a écrit:
le beau lauzun a écrit:
Namtar a écrit:
à noter que Philippe avait 12 frères et soeurs issus de la même mère, mais ils auraient été jusqu’à 21.

Philippe-François-Joseph Le Bas 564218 Les sources se contredisent ?? Philippe-François-Joseph Le Bas 564218

Ce sont des sources familiales qui disent cela Smile un certain nombre d'enfants n'ont pas survècus.
Oui, merci, c'est une explication à laquelle je n'avais pas pensé. Embarassed

Quand la mère de Philippe a trouver la mort(à cinquante ans), une autopsie a été réalisée pour découvrir les causes de sa mort, et il a été découvert que le foie et le coeur étaient attaqués.

L'Incorruptible a écrit:
Merci, Namtar, pour ce retour aux sources. Very Happy

Je suis toujours ému par l'intensité des correspondances personnelles.

De rien, je vais continuer aujourdhui Smile Ange Le Bas semblait beaucoup aimer ses enfants.

Je vais mettre la suite de la fiche tout à l'heure Smile
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moriarty

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:20

Chic ! Merci c'est passionnant ! Philippe-François-Joseph Le Bas 27992 Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

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Il est si beau qu'il tombe dans l'eau
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Namtar

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMer 21 Sep - 20:03

[suite fiche]

Durant leur mission à l'armée du Rhin, Saint-Just et Le Bas envoyèrent régulièrement des missives au Comité de Salut Public. Les deux commissaires/représentants du peuple ne firent pas guillotiner ou exécuter, mais mirent en place une discipline de fer, comme c'est visible dans cet arrêté :

Citation :
Les représentants du peuple envoyés près l'armée du Rhin, après avoir entendu Jacques Mérigues, gendarme, lequel a représenté que le soin de sa fortune, qu'il évalue à 40,000 livres, l'appelait à Poitiers ; pour quoi il demandait à s'éloigner de l'armée du Rhin, pour se rendre chez lui avec étapes tant pour lui que pour son cheval.
Considérant que Jacques Mérigues est un lâche, qui préfère son intérêt privé à l'intérêt de sa patrie en danger, arrêtent ce qui suit :
Jacques Mériges sera dégradé sur l'une des places publiques de Strasbourg, il sera envoyé en arrestation à Mirecourt jusqu'à la paix.
Le commandant de Strasbourg est chargé de faire mettre à exécution le présent arrêté.
A Strasbourg, le 8 du deuxième mois, l'an II de la République une et indivisible. SAINT-JUST, LE BAS

Saint-Just et Le Bas imposèrent la discipline également aux généraux à qui ils ordonnèrent de manger et dormir sous leur tente.

Philippe continua, malgré son travail harassant, à écrire à son épouse :

Citation :
A la citoyenne Le bas
9e jour du 2e mois, an II.
Je ne reçois point de tes nouvelles, ma chère Élisabeth ; persuadé, comme je le suis, de ton attachement pour moi, juge de l'inquiétude où ce silence me plonge. Es-tu malade ? Est-ce là la cause qui me prive de tes lettres ? Mais Henriette ne m'écrit pas, toute la famille se tait ; en vérité on a bien peu pitié de moi, et cet abandon est bien cruel.Si tu pouvais voir le fond de mon cœur, ma chère Élisabeth, tu gémirais de ce que je souffre; de grâce si ce que j’appréhende n'existe pas, apprends-le moi bien vite et tire-moi de mon anxiété.
Nous espérons toujours voir promptement la fin de notre mission ; mais de comité de salut public ne paraît pas s'occuper de nous procurer ce qui doit nous conduire à notre but.
Envoie-moi une ou deux paires de bas de soie pour les bottes, autant de bas de fil et quelques chemises. Tout à toi. Le Bas.

Selon son manuscrit, c'est environ à l'époque de cette lettre qu’Élisabeth compris qu'elle était enceinte.

Voici une autre lettre de Philippe à son épouse :

Citation :
Strasbourg, 11e jour du 2e mois, an II.
Jarry m'a remis ta lettre et celle d'Henriette, ma chère Élisabeth ; tu dois te figurer le plaisir qu'elles m'ont fait. J'étais dans une mortelle inquiétude. Écris-moi le plus souvent que tu pourras ; tu as plus de temps que ton pauvre Philippe qui mène ici une vie bien active. Nous nous dépêchons de finir, tu entres pour beaucoup dans mon empressement. Si, comme je l'espère, nous rendons d'importans services à la patrie dans ce pays, je retournerai à toi avec une double satisfaction, et tu m'en aimeras mieux. Vous faites bien de vous amuser. Je remercie Henriette des soins qu'elle prend pour te dissiper, et ne suis point étonné qu'elle le fasse autant par amitié pour moi, que par l'attachement que tu as su lui inspirer. Prends soin de ta santé, surtout; je ne puis te rendre le sentiment que j'éprouve en te le recommandant. Tu ne me dis pas si tu es établie dans notre nouveau logement. Je compte trouver tout cela bien arrangé à mon retour. Je suis très content de Saint-Just; il a des talens que j'admire et d'excellentes qualités. Il te fait ses complimens. Je n'écris pas séparément à Henriette, elle lira cette lettre. Aime-la autant qu'elle le mérite. Je t'embrasse de tout mon coeur.
Le Bas.

Mille amitiés à toute la famille; embrasse-les tous pour moi; bien entendu que Robespierre est du nombre.


Dernière édition par Namtar le Ven 23 Sep - 10:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeJeu 22 Sep - 11:35

[Suite fiche]

A Strasbourg, Saint-Just et Philippe continuèrent à prendre des décisions très dures pour restaurer l'ordre et la discipline, comme celle-ci :

Citation :
Les représentants du peuple, envoyés extraordinairement près l'armée du Rhin, informés que les
ennemis ont pratiqué des intelligences dans Strasbourg parmi les autorités constituées, considérant l'imminence du danger, arrêtent ce qui suit :
Art. 1. — L'administration du département du Bas-Rhin est cassée ; les membres seront arrêtés sur le champ, à l'exception des citoyens Neuman, Didier, Mougeat, Berger, Tebrel, et seront conduits de suite en arrestation à Metz.
Art. 2. — Les citoyens Neuman, Mougeat et Tehre formeront une commission provisoire pour l'expédition des affaires.
Art. 3. — La municipalité dé Strasbourg est également cassée, à l'exception du citoyen Monet, maire. La société populaire remplacera la municipalité par une commission provisoire de douze membres pris dans son sein, dont le plus âgé remplira les fonctions de procureur de la Commune. Les membres de la municipalité seront conduits en arrestation à Châlons.
Art. 4. — L'administration du district de Strasbourg est également cassée ; cinq membres élus par le comité de surveillance de la dite ville en l'empliront provisoirement les fonctions. Les membres du district de Strasbourg seront conduits en arrestation à Besançon.
Art. 5. — Le commandant de Strasbourg et le comité de surveillance de la dite ville, sont chargés d'exécuter le présent arrêté, de manière à ce que les membres des autorités cassées soient hors de la ville demain à huit heures du matin.
A Strasbourg, le 12 du deuxième mois de l'an II.
SAINT-JUST, LE BAS.

L'approvisionnement de la région sous la responsabilité de Philippe et Saint-Just continuant d'être problématique, Philippe pris le 13 Brumaire un arrêté mettant en demeure les départements des Haut et Bas-Rhin, de la Meurthe, des Vosges, de la Haute-Marne, de la Haute-Saône, de la Côte-d'Or, du Doubs et du Mont-Terrible, d'obtempérer aux réquisitions de paille qui leur seront faites par les administrateurs des subsistances, pour l'approvisionnement de l'armée et des places du Bas-Rhin, en état de siège, sous peine d'être jugés comme ennemis de la patrie.

Mais Philippe, de concert avec Saint-Just prit également des mesures pour soulager les plus miséreux :

Citation :
Les représentants, etc., arrêtent que le maire de Strasbourg fera délivrer, dans le jour, cent mille livres provenant de l'emprunt sur les riches, entre les sections de la dite ville, pour être employées à soulager les patriotes indigents, les veuves et les enfants orphelins des soldats morts pour la cause de la liberté.
A Strasbourg, le 15 du deuxième mois de l'an II.
SAINT-JUST, LE BAS.

Citation :
Les représentants du peuple envoyés extraordinairement à l'armée du Rhin arrêtent que le payeur de cette armée tiendra à la disposition de la municipalité de Strasbourg, sur les fonds provenant de l'emprunt de neuf millions, la somme de cinq cent mille livres, pour être employée sur-le-champ au soulagement des familles indigentes de Strasbourg.
Strasbourg, le 22 brumaire, an II. SAINT-JUST, LE BAS


En homme amoureux comme il se doit, Philippe continua d'écrire à son épouse :
Citation :
Strasbourg, 22 brumaire, an 2
Je profite de l'occasion de mon collègue Milhaut, qui retourne à Paris, pour t'écrire deux mots. Je compte, ma chère Élisabeth, que mon séjour ici ne sera plus long et que bientôt j'aurai le plaisir de te revoir. On te dira que nous prenons toutes les mesures nécessaires pour forcer promptement l'ennemi à quitter l'Alsace, et faire triompher la cause du patriotisme. Voilà ce qui me console d'être éloigné de toi. Prends du courage, chère amie, embrasse ma sœur pour moi. Je vous aime toutes les deux pour la vie.
Saint-Just te fait ses complimens ; il espère t'apaiser. Le Bas.

Citation :
Bitche, 2 frimaire an 2.
Courage, ma chère amie, je touche au terme de ma mission; encore quelques jours et j'irai moi-même t'apprendre les succès de la République. Qu'il me sera doux de me réunir à toi dans des circonstances aussi favorables. Je compte aussi que tu te consoleras de mon absence en songeant qu'elle n'a pas été inutile à la patrie. Depuis huit jours nous courons. Nous ne nous reposerons plus guère jusqu'au moment de notre départ. Nous avons vu beaucoup de fripons et de gueu, mais aussi beaucoup de braves gens. J'embrasse Henriette et toi, ma chère femme, de tout mon coeur. Mille amitiés à toute la famille. - Le Bas.
Écris-moi à Strasbourg.

Citation :
Strasbourg, 6 frimaire
Tranche-la-Hausse arrive à l'instant, chère Élisabeth, il me remet une lettre de toi et ma sœur ; j'en reçois par la poste deux semblables d'une date postérieure, et je vois avec plaisir que tu sais maintenant que j'étais loin de t'oublier, et que je te partageais, comme je partage encore, le chagrin de notre séparation. C'est pour moi un dédommagement que le bien qu'on dit de nous et la justice qu'on nous rend. Nous sommes toujours très-occupés ; ce qui me force à persévérer dans mes torts envers Henriette, à qui je n'écrirai que dans quelques jours ; c'est-à-dire au moment de notre départ. Nous allons à Saverne, d'où nous nous porterons où notre présence sera nécessaire. Adresse-moi là tes lettres, si toutefois je te donne encore le temps d'écrire, car je n'attends que la nouvelle d'un succès décisif pour partir avec Saint-Just, qui est aussi bien impatient de revoir Paris. Je t'embrasse de tout mon cœur, ma chère femme ; embrasse bien des fois notre chère Henriette et la famille. Le Bas.

Citation :
Saverne, 8 frimaire an II.
Je profite, ma chère Élisabeth, d'un moment de loisir pour causer un peu avec celle qui m'est plus chère que la vie. Combien de fois n'ai-je pas déjà souhaité de te revoir ! Avec quel déplaisir ne vois-je pas s'éloigner le moment de mon retour à Paris ! Le pays où je suis est superbe. Nulle part je n'ai vu la nature plus belle, plus majestueuse; c'est un enchaînement de montagnes élevées, une variété de sites qui charme les yeux et le cœur. Nous avons été ce matin, Saint-Just et moi, visiter une des plus hautes montagnes au sommet de laquelle est un vieux fort ruiné, placé sur un rocher immense. Nous éprouvâmes tous les deux, en promenant nos regards sur tous les alentours, un sentiment délicieux. C'est le premier jour que nous avons quelque relâche. Mais moi, il me manque quelque chose : j'aurais voulu être à côté de toi, partager avec toi l'émotion que je ressentais, et tu es à plus de cent lieuses de moi ! Cette idée m'a déjà bien des fois attristé jusqu'au fond de l'ame, et certes il faut tout le dévouement dont le véritable patriotisme est capable pour supporter une aussi cruelle privation que la mienne. Il n'est guère d'instans, même au milieu des occupations les plus graves, que je ne songe à toi; mais enfin il faut se soumettre à la nécessité. Le plus fort est fait. Bientôt je serai dédommagé d'un aussi pénible sacrifice. Encore quelques jours et j'espère aller revoir pour long-temps mon Élisabeth; j'espère augmenter le plaisir de notre réunion par la nouvelle d'un avantage décisif sur nos ennemis. Nous ne cessons, Saint-Just et moi, de prendre les mesures nécessaires pour l'assurer de la manière la plus prompte; nous courons toute la journée, et nous exerçons la surveillance la plus suivie. Au moment où il s'y attend le moins, tel général nous voit arriver et lui demander compte de sa conduite. Nous approchons de Landau ; bientôt sans doute il sera délivré : voilà le terme de notre mission, tout nous invite à la hâter. Saint-Just est presque aussi empressé que moi de revoir Paris. Je lui ai promis à dîner de ta main. Je suis charmé que tu ne lui en veuilles pas ; c'est un excellent homme ; je l'aime et je l'estime de plus en plus tous les jours. La République n'a pas de plus ardent, de plus intelligent défenseur. L'accord le plus parfait, la plus constante harmonie ont régné parmi nous. Ce qui me le rend encore plus cher, c'est qu'il me parle souvent de toi et qu'il me console autant qu'il peut. Il attache beaucoup de prix, à ce qu'il me semble, à notre amitié, et il me dit de temps en temps des choses d'un bien bon cœur.
Adieu, chère amie. Je vais écrire quelques lignes à Henriette. Je présume que vous vous aimez toujours bien. Quel trio charmant nous allons faire en attendant que la patrie devienne plus nombreuse ! ... Pour Dieu, prends bien soin de ta santé. Adieu, ma chère femme, reçois l'assurance du tendre et invariable attachement de ton fidèle, Lebas.
P. S. Notre courrier est toujours avec nous; il me charge de te faire ses complimens. Nous l'aimons bien, c'est un brave homme. Mille embrassades à la famille et à nos amis communs.

Saint-Just et Le Bas revinrent à Paris quelques jours après cette dernière lettre.


Dernière édition par Namtar le Ven 23 Sep - 10:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeJeu 22 Sep - 11:59

Il est passionnant de suivre pas à pas cet homme à travers ses écrits. Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeJeu 22 Sep - 13:35

L'Incorruptible a écrit:
Il est passionnant de suivre pas à pas cet homme à travers ses écrits. Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

Effectivement Smile J'ai oublier de les mettre au début, mais voici deux passeports (présentés dans un ouvrage) qui décrivent le physique de Philippe :


Citation :
ÉGALITÉ, LIBERTÉ.
Au nom de la Nation.
Département du Pas-de-Calais, district de Saint-Pol, municipalité de Saint-Pol. Laissez passer Philippe-Français-Joseph Le Bas, homme de loi et député pour la Convention nationale, citoyen français, domicilié à la municipalité de Saint-Pol, district du même lieu, département du Pas-de-Calais ; âgé de vingt-huit ans, taille de cinq pieds cinq pouces, cheveux et sourcils châtains, yeux gris-bleu, nez court un peu retroussé, bouche petite, menton rond, front large, visage ovale; et prêtez-lui aide et assistance en cas de besoin.


Citation :
La loi.
Laissez passer le sieur Philippe Le Bas, français domicilié en la ville de Saint-Pol, département du Pas-de-Calais, district de Saint-Pol, âgé de vingt-huit ans, taille de cinq pieds cinq pouces, cheveux et sourcils châtains, yeux gris, nez élargi, bouche moyenne, menton long, visage ovale, front haut ; et prêtez-lui aide et secours en cas de besoin.
Donné à Frévent, même département et district, sous notre signature et la sienne, le seize septembre mil sept cent quatre-vingt douze, l'an quatre de la Liberté, le 1er de l'Égalité.
Délivré à la maison commune le 15 septembre 1792, l'an IV de la Liberté.
Nous, maire et officiers municipaux susdits certifions à tous qu'il appartiendra que ledit Philippe-Français-Joseph Le Bas mérite l'estime et la vénération publique par son patriotisme, son dévouement entier à la chose publique et qu'il s'est acquis un prix infini  à la reconnaissance de tous les bons patriotes, en propageant l'esprit publique l'amour de la patrie dans cette commune, qui s'honore de procurer à la Convention nationale un défenseur aussi dévoué à la cause de la Liberté et de l'Égalité ; en témoignage de quoi nous lui avons délivré ces présentes auxquelles nous avons fait apposer le sceau de la municipalité.
Fait à Saint-Pol, en la maison commune, le quinze septembre mil sept cent quatre-vingt-douze, l'an 4 de la Liberté 1er de l'Égalité.


Il avait l'air plutôt bien fait de sa personne, même si sa description varie. Philippe mesurait un mètre soixante-seize (si je ne me suis pas trompé dans la conversion) ce qui me semble une taille respectable pour l'époque.


Voici un portrait réalisé du vivant de Philippe par le peintre David au cour d'une séance de la Convention Nationale :
Philippe-François-Joseph Le Bas Philip11
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeDim 25 Sep - 8:46

[Suite de la fiche]
Peu de temps après leur retour à Paris, Saint-Just et Philippe reçurent un nouvel ordre de mission : ils devaient repartirent à l'armée du Rhin. Seulement, Élisabeth(alors enceinte d'environ trois mois) ne l'entendait pas de cette oreille, et se résolue à accompagner son époux. Elle raconte très bien cet épisode dans ce passage de ses mémoires (son voyage à Saverne semble l'avoir marquée :

Citation :

Quel chagrin pour nous ! Le Bas dit à notre bon ami qu'il ne voulait pas partir sans moi, qu'il voyait bien que je ne pourrais plus supporter une aussi cruelle séparation, qu'ayant déjà fait quelques sacrifices pour le bien de son pays, il ne se sentais pas la force de compromettre la santé de sa femme par le chagrin que lui causerait une nouvelle séparation.
Notre ami ne voyait que trop combien j'étais affligée à l'idée d'être séparée de mon mari. Cependant il fallait partir ; Robespierre, qui avait une grande confiance en Le Bas parce qu'il connaissait bien son caractère prudent et sage, l'avait choisi pour accompagner Saint-Just, que son brûlant amour de la patrie entraînait quelquefois à trop de sévérité, et dont le caractère péchait par l'emportement.
Saint-Just aimait beaucoup mon mari ; il s'aperçut du chagrin que lui causait la pensée de me quitter. Il avait aussi de l'amitié pour moi et venait assez souvent chez nous. Il vit bien que je supporterais difficilement, dans l'état de grossesse où j'étais, le chagrin d'une nouvelle séparation.
Enfin notre providence, notre bon ami Robespierre, parla à Saint-Just pour l'engager à me laisser partir avec eux, ainsi que ma belle-sœur Henriette. Il y consentit, mais avec des conditions : il nous fit promettre de ne voir personne de la ville où nous allions nous rendre, de ne recevoir qui que ce soit, de n'avoir aucun rapport de société avec les habitants, et nous dit que si nous ne nous conformions pas scrupuleusement à sa recommandation, il se verrait forcé de nous faire repartir tout de suite pour Paris. Saint-Just et mon mari, qui sentaient toute l'importance de leur mission, craignaient que l'on ne s'adressât à nous pour chercher à les influencer et les troubler dans leurs devoirs.
Ma belle-sœur n'avait que dix-huit ans ; nous étions trop jeunes, l'une et l'autre, pour avoir de l'expérience ; nous n'avions d'ailleurs jamais quitté notre famille, et nous ignorions à quel danger la moindre légèreté de notre part pourrait exposer Saint-Just et mon mari.
Nous partîmes enfin pour Saverne. Nous voyagions tous les quatre dans la même voiture. Saint-Just eut pour moi, en route, les attentions les plus délicates et les prévenances d'un tendre frère. A chaque relai, il descendait de la voiture pour voir si rien n'y manquait, de peur d'accident. Il me voyait si souffrante qu'il craignait pour moi. Il fut enfin si bon et si attentif pour ma belle-sœur et pour moi que la route ne nous parut pas longue. Mon bien-aimé fut très sensible à toutes ses bontés et lui en marqua toute sa reconnaissance.
Pour passer le temps, ces messieurs nous lisaient des pièces de Molière ou quelques passages de Rabelais, et chantaient des airs italiens ; ils faisaient tous leurs efforts pour nous distraire et me faire oublier mes souffrances. Nous fûmes très gais ; aucun accident ne nous arriva et je réjouissais de nous voir au terme de notre voyage. Mais nous avions encore à traverser les gorges de la montagne de Saverne. Ce passage me fit peur. Je croyais à chaque instant que notre voiture allait être brisée, que nous allions périr. Ces secousses me faisaient un mal affreux ; mon bien-aimé tenait dans ses bras pour me protéger contre les secousses, mais rien ne pouvait m'empêcher d'en souffrir. Notre voiture frappait tantôt à droite, tantôt à gauche, et recevait le mouvement du roulis sur mer. A peine y avait-il, par place, la voie d'une voiture. Ce passage-là me fit plus de mal que tout le reste de la route.
Ce voyage fit sur moi et sur ma belle-sœur une grande impression ; jamais nous n'avions quitté nos parents ; tout nous semblait extraordinaire, à moi surtout qui étais Parisienne, et qui n'étais allée que très rarement à la campagne. Nous voyagions au milieu de l'hiver ; un jour (dois-je le dire à ma honte), je me mis à dire : « Mon Dieu ! Quel malheur ! Nous n'aurons pas de blé cette année ; la neige va détruire toute la moisson ! » (Je n'avais jamais eu l'occasion d'observer à quelle époque on fait la moisson.) Lorsque j'eus fait cette sotte remarque, je vis bien que j'avais dis une sottise : mes amis se mirent à rire aux éclats : je compris que j'avais dit quelque chose d'absurde ; j'en fus toute confuse et je me promis de ne parler à l'avenir que de choses que je connaîtrais bien. Mes amis virent que cela m'avait fait de la peine et cessèrent de plaisanter.
Enfin je vis avec joie les portes de Saverne ; je me crus sauvée : j'avais tant souffert ! Ma belle-sœur me crus sauvée : j'avais tant souffert ! Ma belle-sœur avait mieux que moi supporté le voyage. A notre arrivée Philippe me força à prendre le lit pour me reposer de toutes mes émotions. Quelques heures après, je me trouvais bien mieux.
Nous occupions un appartement dans l'hôtel du quartier général, mais tout à fait séparé de la partie occupée par les officiers et les soldats. A peine arrivés, il fallut encore nous séparer : Saint-Just et Philippe ne prirent que quelques instants de repos, pour dîner, et furent obligés d'aller exposer leur vie en se rendant au blocus de Landau. Avant de partir, Saint-Just nous recommanda encore avec sévérité d'être très prudentes et de nous conduire avec beaucoup de circonspection, nous répétant encore que, s'il en était autrement, il se verrait forcé de nous renvoyer à Paris. Mon mari me dit aussi : « Tu sais, mon Élisabeth, combien tu ferais de peine à ton Philippe. Aussi, ne voyez personne, ne recevez qui que ce soit ; vous nous compromettriez horriblement. » Ils partirent et je me séparai à grand'peine de mon mari A notre arrivée, ces bons amis, dans leur prévoyance, nous avaient choisi pour mentor, pour protecteur et pour ami, un vieillard, le maire de Saverne, homme vénérable à cheveux blancs et décoré de l'ordre de Saint-Louis. Mes amis, l'ayant connu précédemment, avaient en lui une grande confiance, qu'il méritait sous tous les rapports. Il nous témoignait la tendresse d'un père et veillait avec sollicitude à ce que rien ne nous manquât ; il nous promenait partout et passait souvent la soirée avec nous. C'était un de ces hommes purs et respectables ; il était chéri dans le pays comme maire et comme bon citoyen. A cette époque-là j'étais très souffrante ; un père n'eût pas eu plus de soin et plus d'égards qu'il n'en eut pour moi. Il nous choisit lui-même une charmante petite bonne appartenant à une famille honnête du pays ; sage, douce, bonne, elle avait à peine dix-huit ans et était très réservée ; elle ne savait pas un mot de français, et ma sœur et moi nous ne savions pas un mot d'allemand ; jugez de la difficulté que nous avions à nous entendre ! Un jour, je lui demandai de nous avoir un pigeon pour notre dîner ; elle ne pouvait me comprendre, mais comme cette petite avait beaucoup d'intelligence, elle alla me chercher son livre de prières, me fit voir le Saint-Esprit, et parut enchantée de m'avoir devinée. Elle était très adroite, savait coudre, repasser, blanchir, faire la cuisine ; elle était, de plus, fort jolie et avait une voix charmante. Je remerciai beaucoup notre bon maire de nous avoir donné cette fille ; il me dit que s'il ne l'avait pas bien connue, ainsi que sa famille, il ne nous l'aurait pas donnée et qu'elle était, en effet, ce qu'il y avait de mieux dans sa classe.
Elle aurait bien voulu partir avec nous ; ma soeur et moi nous l'aurions bien voulu aussi; nous lui étions attachées; elle savait se faire aimer; elle serait venue à Paris pour rien, plutôt que de nous quitter. Quand, après le déblocus de Landau, nos amis revinrent nous chercher, nous demandâmes à mon Philippe de prendre à notre service cette jeune fille qui nous était si attachée. Philippe me dit: « Non, mon Élisabeth; elle te plaît elle plaît à ma soeur ; moi-même je serais content de te voir cette petite qui est si bien, et surtout d'après ce que nous en dit notre respectable maire. Mais elle est trop jolie pour la faire venir à Paris; nous serions au désespoir si elle se perdait : quelle douleur pour sa famille! Non, mon amie, Paris est trop dangereux pour de si jeunes filles, si jolies, et étrangères, ne connaissant pas un mot de français. Je vois que cela t'afflige; mais réfléchis bien ; ce ne sera que peine et inquiétude pour toi et pour moi ; tu es trop raisonnable pour ne pas voir que cela est impossible. » Je compris parfaitement que la chose n'était pas faisable, que c'était pour nous une trop grande responsabilité. Nous, avons éprouvé, ma soeur et moi, du chagrin de nous en séparer et surtout de lui voir couler ses larmes.
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeLun 26 Sep - 6:49

Un grand merci, Namtar. Le récit de Mme Lebas est très touchant, plein à la fois de naïveté et de lucidité.

Bien à vous

madame antoine

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeLun 26 Sep - 7:30

madame antoine a écrit:
Un grand merci, Namtar. Le récit de Mme Lebas est très touchant, plein à la fois de naïveté et de lucidité.

Bien à vous

madame antoine

à noter qu'elle a coucher ses souvenirs sur le papiers quelques dizaines d'années plus tard, à la demande de son fils.
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 27 Sep - 17:14

Et bien alors quelle famille ces Le Bas !! Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 27 Sep - 17:20

moriarty a écrit:
Et bien alors quelle famille ces Le Bas !! Philippe-François-Joseph Le Bas 914132

Effectivement Smile pour l'anecdote, il y a eut des projets de mariage entre Henriette Le Bas et Saint-Just. Mais ce dernier a casser les fiançailles pour une raison mystérieuse. Selon un historien, c'est parce que Henriette avait pris l'habitude de chiquer du tabac.
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MessageSujet: Re: Philippe-François-Joseph Le Bas   Philippe-François-Joseph Le Bas Icon_minitimeMar 27 Sep - 20:38

[Suite de la Fiche]
Tandis qu’Élisabeth et Henriette demeuraient à Saverne, Saint-Just et Le Bas continuèrent leur mission auprès de l'armée du Rhin.
Le 14 décembre 1793, Philippe écrivit à Maximilien de Robespierre :

Citation :
A Robespierre l'aîné.
Strasbourg, 24 frimaire, an II de la République française.
Nous sommes arrivés hier ici, nous avons surpris plus d'une personne. Nous y avons retrouvé du mal à réparer et nous sommes plus que jamais convaincus que l'exercice du pouvoir a besoin de beaucoup de sagesse. Quant à l'armée, nous avons vu Pichegru ; les affaires ; sans être fort avancées, sont en assez bon état. Landau n'est pas rendu, comme on l'avait annoncé, et nous espérons qu'il sera bientôt délivré. Nous avons attaqué souvent ce système a dérouté l'ennemi. Ce serait mal connaître le caractère de l'armée, ce serait livrer la République que d'adopter un système défensif. On l'a dit souvent, on ne doit jamais l'oublier.
Nous envoyons au Comité de Salut public l'accusateur près le tribunal révolutionnaire de Strasbourg. C'est un ci-devant prêtre, né sujet de l'empereur. Il sera avant son départ exposé sur l'échafaud de la guillotine. Cette punition, qu'il s'est attirée par sa conduite insolente, a été aussi commandée par la nécessité de réprime les étrangers. Ne croyons par les charlatans cosmopolites, et ne nous fions qu'à nous-mêmes.  Je vous embrasse de tout mon cœur. LE BAS.
De la main de Saint-Just :
On fait trop de lois, trop peu d'exemples: vous ne punissez que les crimes saillants, les crimes hypocrites sont impunis. Faites punir un abus léger dans chaque partie, c'est le moyen d'effrayer les méchants, et de leur faire voir que le Gouvernement a l’œil à tout. A peine tourne-ton
le dos, l'aristocratie se monte sur le ton du jour, et fait le mal sous les couleurs de la liberté.
Engage le Comité à donner beaucoup d'éclat à la punition de toutes les fautes du Gouvernement, vous n'aurez pas agi ainsi un mois, que vous aurez éclairé ce dédale dans lequel la contre-révolution et la révolution marchent pêle-mêle. Appelle, mon ami, l'attention de la société sur des maximes fortes de bien public ; qu'elle s'occupe des grands moyens de gouverner un État libre.
Je t'invite à faire prendre des mesures pour savoir si toutes les manufactures et fabriques .de France sont en activité, et à les favoriser, car nos troupes dans un an se trouveraient sans habits ; les fabricants ne sont pas patriotes, ils ne veulent point travailler, il les y faut contraindre, et ne laisser tomber aucun établissement utile.
Nous ferons ici de notre mieux. Je t'embrasse toi et nos amis communs. SAINT-JUST.

Philippe et Saint-Just prirent un grand nombre d'arrêtés pour rétablir l'ordre, notamment celui-ci qui veut assurer l'approvisionnement des citoyens de la région :

Citation :
Il est ordonné au tribunal du département du Bas-Rhin de faire raser la maison de quiconque sera convaincu d'agiotage ou d'avoir vendu à un prix au-dessus du maximum. Les représentants, etc. Saverne, 3 nivôse, IIe année. SAINT-JUST, LE BAS

(Agiotage = Manœuvre de spéculateur ayant pour objet de provoquer la hausse ou la baisse des effets publics, des valeurs mobilières ou des marchandises.)

Mais ils prennent également des mesures plus civiles, cet arrêté a eut par exemple une grande importance pour le Bas-Rhin :
Citation :
Provisoirement et jusqu'à l'établissement de l'instruction publique, il sera formé dans chaque commune ou canton du département du Bas-Rhin une école gratuite de langue française. Le département du Bas-Rhin prendra, sur les fonds provenant de l'emprunt sur les riches, une somme de six cent mille livres pour organiser promptement cet établissement, et en rendre compte à la Convention. Strasbourg, 9 nivôse, IIe année. SAINT-JUST, LE BAS

Et des mesures que je qualifierai de "charité forcée" comme :
Citation :
Les représentants du peuple près les armées du Rhin et de la Moselle arrêtent : Tous les citoyens aisés de Strasbourg, Saverne, Haguenau, Landau, Wissembourg et des cantons du Bas-Rhin, sont invités à donner pendant l'hiver l'hospitalité à un soldat mutilé pendant la campagne pour la Patrie.
Le département du Bas-Rhin est chargé de publier et de faire exécuter le présent arrêté, et d'en rendre compte à la Convention nationale. Strasbourg, 9 nivôse, an II. LE BAS, SAINT-JUST

Au cours de cette dernière mission à l'armée du Rhin, Philippe avec son collègue ont rétabli la discipline de l'armée qu'ils ont habillée, mis en service des hôpitaux, créé des écoles gratuites françaises dans le Bas-Rhin, tenté de rétablir les subsistances. Ils ont également intégré les bataillons de volontaires frais dans des unités déjà anciennes afin d'éviter d'avoir des unités de personnes certes motivées, mais totalement inexpérimentées. Ils ont exécuté leur mission, malgré le fait que l'administration centrale ne suivait pas, comme c'est visible dans cette lettre de l'époque :
Citation :
[Lettre de Maximilien de Robespierre à Saint-Just et Le Bas]
Mon ami, je n'ai oublié un instant ni l'armée du Rhin, ni nos deux commissaires; j'ai pris toutes les mesures nécessaires, et j'ai lieu de croire qu'aucune n'a été négligée. Le Comité a adopté un plan qui me parait très bien conçu et dicté par le même esprit que celui qui a si bien réussi pour l'armée du Nord. Le plan est plus vaste et plus hardi que celui qui consiste à défendre les différents points du territoire avec différents corps d'armée.
Il est aussi plus sage et atteint seul le but ; Carnot, qui nous en a présenté l'idée, vous a déjà écrit pour le développer. Nous vous enverrons ce collègue dans peu de jours pour mieux vous expliquer nos idées si vous ne les avez pas entièrement saisies. Nous comptons beaucoup sur l'énergie que vous avez communiquée à l'armée, et sur l'activité que vous déployez. Pour moi, je ne doute pas du succès si vous l'appliquez à exécution de notre plan.
Au surplus, les ordres sont donnés pour procurer à
l'armée tous les ressorts qui sont à notre disposition;
Adieu, je vous embrasse de tout mon coeur.
ROBESPIERRE


Saint-Just et Philippe ont également durant cette mission fait procéder à l'arrestation d'Euloge Schneider, prêtre d'origine allemande qui se promenait à travers l'Alsace avec une guillotine. Ce passage de l'ouvrage Autour de Robespierre : Le Conventionnel Le Bas, donne je trouve une idée du personnage :

Citation :
Euloge Schneider, prêtre allemand, autrefois professeur à l'Université de Bonn et vicaire épiscopal, aujourd'hui fonctionnaire débauché et constamment sous l'empire de l'ivresse des buveurs de bière. Accompagné d'une escorte de défroqués et d'énergumènes, il traînait sa guillotine à travers l'Alsace, qu'il épouvantait par ses exactions ; Fouquier-Tinville lui-même frémissait, a-t-on dit,en apprenant sa conduite : pourtant il n'abusait pas de la peine de mort ; il préférait requérir de fortes amendes, dont il se gardait bien d'établir un relevé.
Il s'abandonnait même, parfois, à des générosités, peu coûteuses pour lui : un jour, il entre dans un village avec son théâtral cortège, au moment où un prêtre constitutionnel de l'endroit se mariait ; prêtre lui-même, il veut que sa présence profite à un confrère, et, sur la menace de la guillotine qu'il a fait dresser, il ordonne aux habitants de doter les époux par main quête publique et immédiate.
Au cours de sa dernière tournée, il s'était lui-même marié : il venait d'épouser, presque de force, la jeune fille qu'il avait choisie, et rentrait à Strasbourg, dans une chaise de poste à six chevaux ; des cavaliers de Barr, l'épée au clair, lui faisaient escorte, et lorsqu'il passa, la garde de la porte battit aux champs et lui rendit les honneurs militaires.
Le Bas et Saint-Just saisissent aussitôt l'occasion de se débarrasser de ce charlatan macabre. Ce jour même, ils arrêtent que « Schneider sera exposé le lendemain, de dix heures du matin à deux heures de l'après-midi, sur l'échafaud de la guillotine, à la vue du peuple, pour expier l'insulte faite aux mœurs de la République naissante, et qu'il sera ensuite conduit de brigade en brigade au comité du salut public
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