En avril, s'achèvera le plafond de la salle des gardes de la reine. Une œuvre de Noël Coypel qui trône ici depuis 1679 et qui retrouve ses couleurs et ses fulgurances. Ensuite interviendra la restauration des stucs. L'ensemble sera rendu aux yeux du public en 2018.Monter l'escalier des Princes, longer le couloir de cloisons céladon plantées le temps des travaux. Y guetter la discrète découpe d'une porte, la pousser et, au propre et au figuré, grimper au plafond. Se déploient quatre grands panneaux magnifiques aux sujets antiques, peints avec des couleurs contrastées et des formes en volume à la manière de Poussin.
Ils jouent du télescopage baroque d'architectures ciselant des échappées de ciels, et déjouant les canons du classicisme. Peints sur les voussures, ils encadrent un octogone central sur lequel Jupiter conduit son char tandis qu'un trio de putti danse sur la nuée.
Quatre écoinçons complètent ce décor. Des personnages en costume du XVIIe siècle écartent des frondaisons et des guirlandes de fleurs pour mieux jouir de la vue. Le décor floral des écoinçons est signé Jean-Baptiste Monnoyer ; les personnages sont d'une main inconnue. Le reste est de Noël Coypel, élève de Vouet, peintre de l'Académie royale de peinture puis directeur de l'Académie de France à Rome, et ancêtre de deux générations de peintres.
Faire remonter les couleursUne équipe d'une quinzaine de restauratrices œuvre pour un mois encore. Elles achèveront leur bel ouvrage fin avril, après vingt-deux mois à la brosse et au pinceau, sous la direction de Béatrice Sarrazin, conservateur général du patrimoine et chef du département des peintures et des arts Graphiques au château de Versailles, avant que les architectes ne s'attaquent à redorer les stucs pour une inauguration en 2018.
Le nettoyage des toiles est l'étape la plus délicate: il n'est pas réversible. Ensuite, les restauratrices ajoutent des pigments dilués dans de la résine, et non pas dans de l'huile, pour faire remonter les couleurs et laisser la possibilité de revenir sur la restauration.
«À l'origine, la toile centrale et les quatre voussures étaient prévues pour servir de plafond à la salle du conseil et à son salon de Jupiter, détruits dans le percement de la Galerie des Glaces», dit Béatrice Sarrazin.
«Donc les toiles n'ont jamais été mises en place à l'endroit auquel elles étaient destinées. On les a placées au plafond de la salle des gardes de la Reine. Elles représentent un sujet plutôt masculin: le char de Jupiter entouré d'allégories, la Justice, la Piété et l'Impiété. Sur les voussures, de grandes figures de l'histoire antique retracent des hauts faits de Trajan, Solon, Ptolémée et Sévère Alexandre. Le plafond a été posé en 1679-80, complété ensuite par les écoinçons en trompe l'œil peints sur enduit alors que les voussures et le plafond sont sur toile», précise-t-elle.
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