Translation des restes LL MM Louis XVI et Marie-Antoinette à la basilique royale Saint-Denis
musée Carnavalet L'emplacement de la tombe de Louis XVI aménagée par Desclozeau
Photo Josse-Lalance
Les fouilles commencèrent donc, après 8 mois d’enquêtes, le 18 janvier 1815, en présence de l’abbé Renard, de Danjou et de Desclozeau.
On creusa aux endroits précis indiqués par les témoins, sur huit pieds de long et huit de large. Arrivés à huit pieds de profondeur, les ouvriers rencontrèrent un lit de chaux de dix pouces d’épaisseur. Au-dessous apparaissait l’empreinte d’une bière de cinq pieds et demi de longueur. Plusieurs ébris intacts de planche s’y trouvaient. On trouve alors « un grand nombre d’ossements de femme » et le crâne entier. On relève également deux jarretières élastiques assez bien conservées (ce sont elles qui ont permis l’identification car la reine les avait elle-même confectionnées) qui seront remises à Louis XVIII en même temps que deux débris du cercueil.
Les os encore intact sont placés dans une boîte. La chaux trouvée dans le cercueil est relevée et placée dans une autre boîte. Les deux boîtes sont portées dans le salon de Desclozeau, transformé en chapelle ardente.
Puis, le lendemain, on creuse à l’emplacement indiqué pour la fosse de Louis XVI, entre celle de la reine et le mur de la rue d’Anjou. On trouve à dix pieds de profondeur quelques débris de planche dans la terre mêlée de chaux et des ossements dont certains tombent en poussière. Des morceaux de chaux encore entiers adhèrent à certains os. La tête est placée entre les fémurs.
Tous les débris qu’on peut sortir de cet amas de terre, de chaux, de bois et d’ossements sont enfermés dans deux boite, l’une aux ossements, l’autre contenant les restes qui n’ont pas pu être extraits de la chaux solidifiée, souvent –détail macabre – parce celle-ci avait « moulé » une partie du corps du défunt.
Les deux boites furent, comme pour Marie Antoinette, placées dans un cercueil.
Le régime ne pouvait se contenter de messes. On connaissait l'enclos de M. Desclozeaux, où, selon toute vraisemblance, avaient été enterrés le roi et la reine. Des visiteurs de la famille royale - dont évidemment la duchesse d'Angoulême, seule survivante des enfants de Louis XVI, étaient venus s'y recueillir dès leur retour en France.
Le gouvernement décida le transfert des restes royaux à Saint-Denis. La nécropole royale avait été ruinée par la révolution qui avait déterré les corps et détruit la plupart des tombeaux, mais Napoléon avait déjà procédé à des restaurations, probablement dans l'intention de se servir de la nécropole pour sa propre dynastie.
Les émissaires du gouvernement après avoir entendu les témoins encore en vie
(dont l'un des deux prêtres constitutionnels qui avaient célébré une messe après l'exécution du roi et accompagné le corps au cimetière de la rue d'Anjou - le second était décédé) procédèrent à l'exhumation des restes qui furent déposés dans une chapelle ardente - parmi les personnes venues sur les lieux suivre l'exhumation on trouvait Chateaubriand qui prétendit avoir reconnu le crâne de la reine...à son sourire, l'ayant rencontrée une fois lorsqu'il avait été présenté à la cour quelques années avant la révolution.
Tout fut prêt pour le 21 janvier 1815.
Une rumeur se répandit chez les anciens Conventionnels régicides, diffusée par Tallien, l'un d'entre eux, selon laquelle ils seraient obligés de suivre le cortège funèbre, un cierge à la main, pieds nus, la corde au cou. On parla aussi d'un massacre des Conventionnels organisé par des chefs vendéens : "Le long du cortège du 21 janvier, une fausse émeute aurait servi de prétexte aux violences." Certains comme Carnot, se barricadèrent avec de l'aide de vieux soldats, prêts à se défendre. Rien ne se passa... ( Emmanuel Fureix, Regards sur le(s) régicide(s), 1814-1830 )
Translation des corps de Louis XVI et de Marie-Antoinette à Saint Denis, le 21 janvier 1815, gravure anonyme.
Le catafalque passe devant l'hôtel particulier du maréchal Berthier, prince de Wagram, prince de Neuchâtel.Le 21 janvier 1815, douze gardes de la compagnie écossaise placèrent les restes sur un catafalque orné de draperies funèbres, en présence des membres de la famille royale. Ceux-ci posèrent la première pierre d'une chapelle destinée à être construite sur le lieu de l'exhumation puis se joignirent au cortège.
Le catafalque tiré par huit chevaux traversa Paris, entouré des détachements militaires à pied, le fusil tourné vers le bas, et à cheval. Il était précédé de treize voitures dans lesquelles avaient pris place la famille royale; juste avant le corbillard venaient le roi d'armes et les hérauts d'armes de France, à cheval.
On remarquait les régiments de la maison du roi, avec les mousquetaires noirs et gris et leur uniforme frappé d'une croix par devant et par derrière - même si ce n'étaient plus les mêmes costumes qu'à l'époque de d'Artagnan, mais des uniformes du 19ème siècle. Les troupes de ligne et la gendarmerie encadraient le cortège.
Les témoignages de l'époque disent que la foule qui assistait au passage du cortège était considérable et émue - pourquoi pas. Lorsque les corps sortirent du cimetière, beaucoup de spectateurs tombèrent à genoux.
Une gravure montre le cortège passant devant l'hôtel particulier du prince de Wagram (le maréchal Berthier, également prince de Neuchâtel). Celui-ci était-il derrière ses fenêtres à regarder le cortège? Ou même présent dans le cortège comme capitaine de la garde royale ? Berthier, après avoir voté la déchéance de Napoléon, s'était rallié à Louis XVIII comme tous les maréchaux de Napoléon. Le roi l'avait nommé pair de France et capitaine de sa garde - un poste honorifique bien sûr pour un maréchal de France.
Ce détail du cortège passant devant l'hôtel particulier d'un membre de la noblesse d'Empire montre que depuis la mort du roi, bien des choses surprenantes s'étaient passées, comme l'instauration et l'effondrement d'une nouvelle dynastie.
A Saint-Denis, dans la basilique tendue de draperies funèbres, avaient pris place les ministres, les délégations de la magistrature, des corps constitués, des départements, les pairs de France et les députés, les ambassadeurs.
Des places de choix avaient été réservées "au vénérable M. Desclozeaux", l'homme qui avait protégé l'emplacement des tombes du roi et de la reine (Louis XVIII venait de le nommer chevalier de l'ordre de Saint-Michel et de lui accorder une pension réversible sur ses filles), à M. Hue, l'ancien valet de chambre de Louis XVI (que Louis XVIII fera baron) et à l'avocat de Sèze (le dernier survivant des avocats de Louis XVI, que Louis XVIII fera comte et pair de France). Un emplacement avait été réservé à la famille de Malesherbes, l'un des trois avocats de Louis XVI, guillotiné sous la Terreur. Le troisième avocat, Tronchet était mort depuis 1806 après avoir été sénateur de l'Empire et un des rédacteurs du code civil - peu de gens savent qu'il est enterré au Panthéon, il est vrai avec les notables de l'Empire et pas avec les grands hommes de la république).
L'office funèbre dura cinq heures.
L'oraison funèbre fut prononcée par l'évêque de Troyes qui revint sur le thème du sang de Louis XVI.
Après avoir comparé les dernières paroles du roi sur l'échafaud aux paroles de Jésus Christ dans l'office du Vendredi Saint, " O mon peuple, que vous ai-je fait, et en quoi vous ai-je été contraire? Répondez-moi ", l'évêque s'exclame avec le lyrisme des prédicateurs de l'époque:
"...il va être accompli ce vœu sublime de son amour, cette dernière expression de son cœur : Je désire que mon sang fasse le bonheur de la France. (....) Ah ! Que ne peuvent-elles percer les voûtes de ce temple, voler jusqu’aux extrémités de l’univers, afin que l’univers répète jusqu’aux âges les plus reculés : Je désire que mon sang fasse le bonheur de la France. Oui, Prince magnanime autant qu’infortuné, votre mort le fera, ce bonheur de la France, comme la mort de Jésus-Christ a procuré le salut du genre humain. Le sang du juste est monté jusqu’au ciel, non pour crier vengeance, comme celui d’Abel, mais pour crier grâce et miséricorde. Il nous couvrira comme d’un bouclier, il nous protégera, il s’interposera entre le ciel et nous. Il nous réconciliera avec Dieu, avec nos frères, avec nous-mêmes. Il éteindra toutes les haines et toutes les discordes. Il fertilisera cette terre de tant de crimes et de tant d’égarements, pour y faire germer les vertus de nos aïeux. Il ranimera cet esprit religieux qui fit toute leur gloire, il ressuscitera l’honneur antique, il renouvellera le sang français en renouvelant le sang chrétien."
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