18 janvier 1794
- Marguerite de Flandre, fille de Philippe V
Le tombeau de François Ier étant démoli, il fut aisé d'ouvrir celui de Marguerite, comtesse de Flandres, morte en 1380, âgée de 66 ans, qui avait été déposée dans un caveau assez bien construit.
On ouvrit son cercueil de plomb, qui était supporté par des barres de fer: on n'y trouva que des ossements bien conservés et quelques restes de planches en bois de châtaignier, ce qui m'autorise à croire que cette femme avait été inhumée d'abord dans un cercueil de bois; car, comme je l'ai dit plus haut, de son temps l'usage du plomb n'était pas encore établi, et le placement du tombeau de François Ier ayant causé le déplacement du sien, on aura placé dans un cercueil de plomb celui en bois qui contenait son corps.
Au milieu de ce bouleversement et de cette rage générale de destruction et de vandalisme qui s'empara de toute la France, pour effacer, briser et anéantir le passé, il se trouva heureusement quelques hommes plus modérés et plus sages.
La main des démolisseurs s'était abattue partout; elle renversait sans pitié les plus beaux mausolées, inestimables objets d'art; elle brisait les statues, elle spoliait les tombes; le bronze était fondu, le marbre du tombeau était abandonné et transformé en mille objets vulgaires; les colonnes des monuments funèbres devenaient des ornements de jardin, et, amer contraste!
Les vases qui avaient contenu les cœurs des rois, placés sur des piédestaux devant les palais, étaient remplis de fleurs ! ...
Le tombeau de Marguerite de Flandre, comtesse de Flandre
La fondation de la chapelle Saint-Jean-Baptiste par Charles V avait fait des émules.
Marguerite de France, deuxième fille de Philippe V le Long et de Jeanne de Bourgogne, avait épousé Louis, comte de Flandre, qui fut tué à la bataille de Crécy en 1346.
Elle demanda au roi l’autorisation d’être ensevelie dans la chapelle qu’elle avait enrichie de ses dons et que les religieux de Saint-Denis l’avaient autorisée à établir.
En mai 1363, Marguerite dote la chapelle Saint-Michel, située à l’Ouest du portail du bras Sud du transept, non loin de celle de Charles V.
Elle commande son tombeau et c’est dans cette chapelle qu’elle sera enterrée à sa mort en mai 1382.
Le gisant de Marguerite de FlandreLes petits chiens, symbole de la fidélité, aux pieds de la comtesse; marbre, plis de la robe...Le gisant de Marguerite est d’une grande simplicité.
Elle est représentée les mains jointes en prière au-dessus de sa poitrine
En revanche, le monument funéraire qui surplombait le gisant était, lui, d’une grande complexité.
Cette structure élaborée atténuait l’impression de sobriété de l’image de la défunte.
Dom Félibien rapporte que l’effigie était placée « sur un tombeau de marbre noir environné d’une grille de fer et orné d’un ouvrage gothique terminé en pyramide d’un travail singulier »
Par chance, cette structure nous est parvenue: c’est le baldaquin gothique qui surmonte aujourd’hui les reliquaires des saints martyrs au fond du chœur.
Le baldaquin gothique qui ornait le tombeau de Marguerite de France jusqu'à la Révolution.
Il sert aujourd'hui d'écrin aux reliquaires de saint Denis, saint Rustique et saint Eleuthère.La singularité de cet assemblage, anéanti à la Révolution, sera éclipsée par le tombeau de François Ier érigé un siècle et demi plus tard à côté de celui de Marguerite.
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