Ludovic Miserole :
Sur le Divan cette semaine nous accueillons Mr
Ludovic Miserole pour son roman
L’Affaire Rose Keller chez French Pulp édition.
D’abord je voudrais souhaiter un joyeux anniversaire à l’auteur ;-)
Et vraiment quel plaisir ce roman, un roman historique vraiment bien réussi.
Dévoré jusqu à la dernière page en quelques jours preuve de qualité.
Nous découvrons la facette d’un Sade que je ne connaissais pas, j’aime découvrir et ce roman le permet et j’attends la suite avec impatience non d’un balai!
Voici un résumé du roman:Rose Keller est au chômage depuis plus d’un mois. Elle est réduite, en ce dimanche de Pâques du 3 avril 1768, à mendier sur la Place des Victoires à Paris.
En acceptant de suivre, pour un écu, un jeune homme soigneusement habillé qui a besoin de quelqu’un pour un peu de ménage dans sa maison d’Arcueil, elle ne peut se douter qu’elle se dirige tout droit vers l’enfer.
Elle ne sait pas encore que l’homme qui vient de l’engager n’est autre que Donatien Alphonse François de Sade, celui qu’on surnommera » le divin marquis « , qui lui fera subir les pires outrages imaginables.Ma première question pour mieux vous connaître : pouvez-vous vous présenter aux lectrices et lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
J’ai 45 ans (enfin, dans quelques jours). Je suis originaire du Nord de la France, de la région de Dunkerque. Je vis en Normandie depuis une vingtaine d’années. Je suis profondément attaché à ces deux régions. D’ailleurs, je vais rendre visite à ma famille et à mes amis au moins deux fois par an. Sinon, j’adore le ciné, la musique pop-rock et farfouiller dans les archives à la recherche de personnages oubliés.
Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
L’envie d’écrire est venue très tôt. Petit, je devais avoir 10 ans, mes parents m’avaient autorisé à regarder Cléopâtre avec Liz Taylor et Richard Burton. C’était exceptionnel au vu de la durée du film. Tellement fasciné par ce film, le lendemain j’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur cette femme dans l’encyclopédie de mes parents. J’y ai découvert que l’emplacement de sa tombe était inconnu. J’ai emprunté la machine à écrire de ma grand-mère et j’ai commencé à écrire une histoire où je me mettais en scène, tel un petit Indiana Jones partant à la recherche de ce tombeau. Je ne sais où est passée cette dizaine de pages. Perdu probablement dans l’un de mes nombreux déménagements.
Qu’est qui vous plait dans le roman Historique ?
Je pense que le roman historique offre une opportunité de transmettre un savoir de manière ludique, moins ennuyeuse que ne le font certaines biographies destinées avant tout à des universitaires. Je ne parle pas de celles de Decaux et Castelot qui ont tant fait pour dépoussiérer le genre à l’instar d’un Gosselin Lenotre que j’adore et que l’on surnomme le Pape de la petite histoire. Le roman historique permet à mon sens de rendre l’Histoire accessible au plus grand nombre.
Commençons par votre dernier roman : L’Affaire Rose Keller
Je terminait Zamor, le nègre républicain. J’avais une vague idée du sujet du prochain. Seulement, un jour, je conduisais et j’écoutais Franck Ferrand à la radio. Le sujet de l’émission ce jour-là était le Marquis de Sade. L’Affaire Rose Keller y fût évoquée brièvement. Trop à mon goût, mais Sade est un sujet si vaste que cela était normal. Frustré, j’ai commencé à recueillir des informations sur cette affaire en rentrant à la maison. J’avais mis le doigt dans l’engrenage.
« Voilà un nom que tout le monde sait et que personne ne prononce ; la main tremble en l’écrivant, et quand on le prononce les oreilles vous tintent d’un son lugubre » peut-on lire dans un dictionnaire de 1857, parlez-nous de Sade.
Sade est une ombre qui plane au-dessus de nos têtes, comme un Barbe Bleue ou un Jack l’Éventreur. Tout le monde connaît le nom de Sade, mais peu de gens connaissent son histoire. Moi-même je ne l’ai découverte qu’en travaillant sur l’affaire Rose Keller. Très vite, j’ai été happé par cette vie romanesque à souhait et intrigué par les personnages qui ont traversé son parcours. Vous parler de lui ici est difficile. Je peux simplement vous dire que l’homme avait une haute estime de lui-même et de son rang. Rien ne pouvait lui être refusé et personne ne pouvait s’opposer à lui. Ceci est une clé importante pour tenter de le comprendre.
Dans votre roman vous donnez la parole à ces victime Rose et Julie, c’etait important dans votre démarche de montrer ce qu’ont subit ces victimes ?
C’était même le but de ce livre. On aborde souvent Sade par ses œuvres ou ses frasques. On s’intéresse rarement à ces femmes qui, bon gré mal gré, ont eu à le fréquenter. Cette approche me plaisait d’autant plus que j’ai toujours eu à cœur de parler des personnages secondaires, les oubliés.
Avez-vous une anecdote sur votre roman à partager avec nos lecteurs ?
Plus qu’une anecdote, une chose étrange. Je suis allé à Venise il y a quelques mois. Un soir, je me suis rendu dans une des nombreuses églises de la Sérénissime assister à un concert de musique classique. Trois mois plus tard, en travaillant sur le tome 2, j’ai découvert que Sade avait visité cette même église avec sa belle-sœur.
Parlez-nous de vos deux précédent romans : Rosalie Lamorlière et Zamor
Tous deux étaient des domestiques, des anonymes. Rosalie était servante de prison à la Conciergerie lors de la révolution. Elle y a côtoyé Robespierre, Madame Roland et tant d’autres, mais surtout un autre personnage illustre : Marie-Antoinette. Elle fut l’une des rares, et parfois au risque de sa vie, à tenter d’adoucir un tant soit peu les conditions de détention de celle qui n’allait pas tarder à périr sur l’échafaud.
Zamor était d’origine indienne et fut arraché à ses parents et vendu comme esclave à Louis XV qui l’offrit à sa favorite de l’époque, Madame du Barry. Sa maîtresse veilla à lui donner une bonne éducation, mais, de par ses origines et son statut, il eut à subir les railleries de tous qui le considéraient comme un être inférieur. La révolution est arrivée, et avec elle l’espoir de changer tout cela et de s’affranchir d’une servitude qu’il n’avait pas choisie.
Deux anonymes qui ont croisé de grands personnages de notre Histoire.
Le concierge est curieux ! Êtes-vous en train d’écrire un prochain roman ?
Plus que jamais. L’Affaire Rose Keller est en fait le premier volet d’une trilogie consacrée à Sade et aux différentes affaires l’incriminant. J’écris actuellement les derniers chapitres du second tome qui sortira au printemps et je vais enchaîner aussitôt avec le troisième. Pour la suite, les sujets ne manquent pas. Je n’aurais pas assez d’une vie pour concrétiser tous mes projets. Hélas !
Comment écrivez-vous ?
J’écris n’importe quand, n’importe où sans aucun cérémonial. Pour le reste, la musique par exemple, je crois que cela dépend de mon humeur ou de la scène que j’ai à écrire. Autant parfois certains chapitres sont créés avec la musique très fort dans les oreilles, autant pour d’autres il me faut le silence. Les personnages décident pour moi.
Quel est votre premier lecteur, ou lectrice, quand votre roman est terminé ?
Olivier qui déteste les romans historiques. Si j’arrive à le captiver, je sais que c’est plutôt bon signe.
Quels sont vos écrivains préférés ? Quel est votre livre de chevet actuellement ?
J’adore Jean Teulé, Steinbeck, Philippe Djan et je replonge avec plaisir dans les classiques. En dehors de cela, je suis assez curieux et j’aime être bousculé par certaines de mes lectures. Karine Giebel est parvenue à me faire pleurer avec Meurtres pour rédemption. Sur ma table de nuit, en ce moment, il y a La Part des Flammes de Gaëlle Nohant.
Quels sont vos films préférés ?
J’aime les réalisateurs avec des univers, des créateurs d’ambiance. J’ai trois réalisateurs que j’aime par-dessus tout : Tim Burton, Pedro Almodovar et David Fincher. J’ai vu leurs films plusieurs fois.
Quelle musique accompagnerait le mieux votre roman ?
Je trouve que la musique composée par John MCT pour le booktrailer colle très bien à l’ambiance du bouquin. S’il fallait en choisir une autre, ce serait celle du film From Hell composée par Trevor Jones.
Si vous aviez eu la chance de rencontrer un personnage historique, lequel auriez vous aimer rencontrer ?
Ma Rosalie…ou Jack l’Éventreur (comme ça j’aurais enfin la solution de l’énigme).
Quel sera le mot de fin de cette interview ?
Tout d’abord, merci au concierge masqué de m’avoir sélectionné pour le balai d’or 2019. Quand je vois la sélection, je me dis que j’ai beaucoup de chance. Comme je le répète sans cesse, chaque jour est un cadeau et vous venez encore de le prouver.
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