La Comtesse Jeanne du Barry

Je sais bien qu'ils étaient hautement conscients de leur rangs.
Mais je m'étonne que leur âme ne se soit pas amolie dans le train de vie aisé qu'ils menaient. C'est ce qui s'est passé dans les affaires amoureuses ; ces messieurs se sont mis à chercher sauter sur tout ce qui bouge, et à chercher autre part qu'à la cour, et ses dames s'en donnaient aussi à coeur joie. Ce n'est pas en accord avec le rang, ça par exemple. Et le fait de se penser au dessus du commun, lorsque vous avez une ame faible ne vous enmpeche pas de craquer devant la guillotine.

Je suis surpis en bien qu'une génération qui n'a connu que le carpe diem et la superficialité, lorsqu'il est question de faire l'une des choses les plus diffcile qu'impose le devoir ils le fassent en aussi grand nombre.
Qu'il sachent ce qu'il faille faire selon leur rang c'est une chose, mais qu'ils arrivent à le faire en est une autre.

Citation :

Je suis surpris en bien qu'une génération qui n'a connu que le carpe diem et la superficialité, lorsqu'il est question de faire l'une des choses les plus diffcile qu'impose le devoir ils le fassent en aussi grand nombre.
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C'est sans doute que leurs âmes n'étaient pas si ramollies que cela ?  

C'est là que réside ma surprise. Car on nous repete leur corruption, on la vérifie souvent, et pourtant... que la nature humaine est surprenante !

Relisez Il Cortegiano de Baldassare Castiglione (écrit entre 1508 et 1516!)...

.....  dans le texte, évidemment  .  



Ah,  ce cher Diphil !  

Citation :

Que disait cette lettre, au juste ?

"Citoyen accusateur public,
J'espère que tu voudras bien, dans l'examen impartial de l'affaire malheureuse que Geivre et consorts m'ont suscitée au Tribunal, ne voir en moi que la victime d'une intrigue pour me perdre. Je n'ai jamais émigré, je n'en ai même jamais eu l'intention. L'emploi que j'ai fait des deux cent mille livres qu'Escourre a placées pour moi chez le citoyen Rohan doit le prouver jusqu'à l'évidence aux esprits les plus prévenus. Je n'ai jamais fourni d'argent aux émigrés, je n'ai jamais entretenu de correspondance criminelle avec eux, et si les circonstances m'ont engagée à voir, soit à Londres, soit en France, ou des personnes de la cour ou des personnes qui ne marchaient peut-être pas dans le sens de la révolution, j'espère bien, citoyen accusateur public, que tu sauras, dans la justice et l'équité de ton coeur, apprécier et les circonstances où je me suis trouvée, et mes liaisons connues et forcées avec le citoyen Brissac, dont la correspondance est sous vos yeux. Je compte sur ta justice; tu peux compter sur la reconnaissance éternelle de la citoyenne,
Vaubernier du Barry."

Osterreich a écrit:

Je ne me souviens pas que le billet salissait Brissac...

En parlant de "liaisons forcées", elle sous-entend presque que Brissac est un violeur, non? Brissac était un homme d'honneur, il est l'un des derniers à être resté fidèle au roi. Il est resté jusqu'à la fin, en première ligne, alors que les rats avaient déjà tous quitté le navire ...

Citation :

C'est là que réside ma surprise. Car on nous repete leur corruption, on la vérifie souvent, et pourtant... que la nature humaine est surprenante !

C'est dans l'adversité que les gens révèlent leur vrai caractère ... ce qui n'est pas à l'avantage de la du Barry  

Cette lettre ne salit pas Brissac :  mes liaisons connues et forcées avec le citoyen Brissac .

Puisqu'elle prétend ne plus avoir de relations avec des ci-devants, ce sont donc des relations forcées par les circonstances .
C'est ainsi que je la comprends .  Elle ne prétend tout de même pas que Brissac l'ait " forcée ", violée quoi,  si ?
Ce serait évidemment une toute autre interprétation !

Quelle correspondance est sous les yeux des juges, puisqu'il lui est reproché d'avoir brûlé tous les papiers ?

Citation :

Citation :

Il est remarquable que le plus grand nombre des nobles guillotinés restèrent dignes jusqu'au bout.

Ils avaient à tenir leur rang, jusqu'au bout . Point de faiblesse !
Même Egalité, pleutre toute sa vie, a su montrer ce courage de la fin .

Au passage de la charette du duc d'Orléans, des parisiens lui ont lancé "je vote la mort" pour se moquer de lui...

Pour la du Barry je trouve que le traitement qui lui a été réservé était inhumain. Cela étant la panique ne peut pas justifier de trahir la mémoire d'un homme . Je ne suis pas un grand fan de Madame du Barry... son appât du gain notamment me choque

C'est votre avis.

Citation :

Citation :

C'est là que réside ma surprise. Car on nous repete leur corruption, on la vérifie souvent, et pourtant... que la nature humaine est surprenante !

C'est dans l'adversité que les gens révèlent leur vrai caractère ... ce qui n'est pas à l'avantage de la du Barry  

En même temps, hurler de terreur et d'indignation devant l'échafaud est tout à fait compréhensible. J'évoquerais certainement le souvenir et l'exemple admirable de Marie-Antoinette dans de telles circonstances mais je ne pense pas non plus que mes nerfs tiendraient.  

Voyez ce que dit madame Vigée-Lebrun à ce propos : "Elle est la seule femme, parmi tant de femmes que ces jours affreux ont vues périr, qui ne put avec fermeté soutenir l'aspect de l'échafaud ; elle cria, elle implora sa grâce de la foule atroce qui l'environnait, et cette foule s'émut au point que le bourreau se hâta de terminer le supplice. Ceci m'a toujours persuadée que, si les victimes de ce temps d’exécrable mémoire n'avaient pas eu le noble orgueil de mourir avec courage, la terreur aurait cessé beaucoup plus tôt. Les hommes dont l'intelligence n'est pas développée ont trop peu d'imagination pour qu'une souffrance intérieure les touche, et l'on excite bien plus aisément la pitié du peuple que son admiration."

Les nobles exécutés sont morts comme ils ont vécu : quelque part avec le mépris de leur caste envers ce peuple qu'ils ont toujours considéré comme infantile et qui leur prouvait bien une fois de plus que c'était le cas.
Madame du Barry ne pouvait en aucune façon se conformer à cette attitude.

Et puis encore heureux qu'il y ait une différence de comportement entre les gens nés et les roturiers. Car, surtout à cette époque, quel en serait sinon l'intérêt ?   Une fois tous les privilèges perdus, il ne reste plus que l'essence de la noblesse.

Un noble doit se comporter en noble, à plus forte raison un roi ou une reine. Ils sont au-dessus de la masse.

Madame du Barry n'était pas noble et a agi comme agirait 95% de la population, majoritairement roturière.

Citation :

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Je ne sais pas trop ce qu'elle veut dire par "liaisons forcées" mais le savait-elle elle-même ? Il me semble qu'elle porte atteinte à la réputation de Brissac non?

Cela ne me saute pas aux yeux . En quoi ?

 
Pour moi "liaisons forcées" = liaisons non consenties

Et elle se serait laissée faire pendant près de 20 ans ?

Il lui restait assez de moyens et de crédits durant le règne de Louis XVI pour échapper à une telle situation !

Pourquoi lui a-t-elle juré alors de considérer sa fille comme sa soeur ? Ce qu'elle prouva largement en pleine Terreur dans un geste admirable ?

Je pense sincèrement qu'à la toute fin, effrayée par le sort qui lui pourrait être réservée, elle n'a pas hésité à renier cette aristocratie à qui elle devait tant. Dire qu'elle a été forcée par un aristocrate de cette trempe pouvait être pensait-elle un moyen d’apitoyer ses accusateurs.
Acculée comme elle l'a été, on peut comprendre qu'elle puisse vouloir sauver sa peau plutôt que d'honorer la mémoire de feu son amant.

C'est peut-être de la lâcheté mais une fois encore, que ferions-nous dans un tel cas ?

L'analyse de Mme Vigée Lebrun est intéressante merci.   J'avais abordé sa biographie dans l'"espoir" de découvrir un personnage "extraordinaire"' une sorte de femme fatale et j'ai été "déçu" par sa vie qui m'a paru somme toute assez petite et effacée, sans coup d'éclat. On a l'impression qu'elle était prête à tout pour acquérir et conserver ses chers diamants....

Comme coup d'éclat, elle a tout de même réussi à être la seule "petite" maîtresse de Louis XV présentée et installée durablement à la Cour !

On se doute bien que Louis XV n'aurait pas choisi n'importe qui comme femme auprès de lui destinée à adoucir ses vieux jours. Elle devait à la fois remplacer la reine et madame de Pompadour !

Si elle n'avait pas été mariée, il est presque certain que Louis XV aurait suivi l'exemple de Louis XIV en l'épousant et éviter enfin de cette façon les reproches de l'Eglise.
Fut-il vraiment amoureux d'elle justement pour la garder près de lui et risquer à 60 ans passés les flammes de l'Enfer ! On ne saura jamais à quel point cette terreur vraiment ancrée chez le roi fut le drame de sa vie.

Qu'elle eut certains talents n'expliquent pas tout. Il l'aimait vraiment. Et un roi ne tombe pas amoureux d'une fille complètement insipide.

Ses qualités : elle aimait la vie et elle était généreuse. Vraiment.

Louis XV, blasé de la vie, dépressif chronique, dégoûté de la Cour, avait enfin devant lui une vraie fille, naturelle, sans chichis.

Citation :

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Je ne me souviens pas que le billet salissait Brissac...

En parlant de "liaisons forcées", elle sous-entend presque que Brissac est un violeur, non? Brissac était un homme d'honneur, il est l'un des derniers à être resté fidèle au roi. Il est resté jusqu'à la fin, en première ligne, alors que les rats avaient déjà tous quitté le navire ...

Ce que vous dites m'interpelle vivement, car il évoque une tooute autre analyse que j'ai lu autre part. Dans un article touchant à la sociologie nobiliaire, l'auteur parlait de la tendance hagiographique des ancêtres nobles sous la révolution. Elle mettait en avant l'aspect idéaliste, (dans le sens déconnecté des réalité) bravache et dépacé de ceux qui restèrent fidèlent au Roi, en citant l'exemple du duc Louis Hercule, que ces hagiographies tournaient à l'héroïsme.

Votre réaction m'a fait repenser à cet article, et à ma propre incompréhension en le lisant.

On s'égare ........

Citation :

Pour moi "liaisons forcées" = liaisons non consenties

Ne pouvez-vous comprendre que la peur atroce de la mort puisse la faire mentir, dire n'importe quoi ?

Oui, on s'égare !

Brissac est un homme hors du commun, un vrai héros.

On peut dire ça.

Si l'on en revenait au vif du sujet ?

diphildor a écrit:

Question de "structure", ou d'éducation, si l'on préfère!
Il est des qualités que l'on ne développe qu'aux genoux de sa mère, vous diraient certains ...

Il est aussi des qualités que l'on développe au contact de la religion . Oui, des hommes et des femmes du peuple surent mourir avec courage face à la guillotine.
Il n'y a qu'à lire certains ouvrages bien connus ...

Ne veut-on point revenir à Jeanne du Barry ?!

Tu l'as dit !