Mémoires du baron de Besenval sur la cour de France

Madame de Chimay a écrit:

Je vous fais confiance. Je n'ai pas encore lu ces Mémoires.

Ses mémoires sont superbes ! J'adore.

Ils sont téléchargeables sur le net.

Ah d'accord !

Ils tombaient tous amoureux d'elle !
Elle leur accordait son amitié qu'elle vivait très profondément, ils l'approchaient de très près, elle leur laissait toute liberté de paroles et de gestes, sans étiquette parfois, ils avaient droit à entrer dans ses cabinets privés, elle leur accordait charges et honneurs, elle leur témoignait la plus profonde affection quitte à faire jaser... Allant jusqu'à la tendresse et la complicité...
Comment ne pas en perdre la tête ? Surtout quand ces hommes, pour la plupart, étaient des séducteurs patentés ?
Ils ont cru à plus. Certains ont tenté leur chance... D'autres ont eu assez de raison pour éviter de tomber dans le piège.

Elle avait le don de séduire et aussi le don de savoir les remettre à leur place. Une reine, quoi !

Citation :

Besenval ne laisse entendre à aucun moment dans ses mémoires que la reine aurait eu un faible pour lui ! Il fait allusion à sa brouille passagère avec la reine en l'attribuant à la médisance de courtisans qui l'auraient débiné derrière son dos... Il reste très évasif sur ce sujet, embarrassant pour lui à en croire Mme Campan !   Cela étant, dire que Besenval aurait voulu se "venger" de Marie-Antoinette dans ses mémoires est faux , il semble au contraire assez bienveillant envers elle.

Je sentis bien, écrit Besenval, que le refroidissement de la Reine pour moi ne pouvait venir que de quelque intrigue ou de quelque tracasserie, n'ayant rien à me reprocher . Je résolus en conséquence de persister à la voir, pour avoir une explication . Je fis part de ce que j'avais remarqué à la comtesse Jules de Polignac qui me dit qu'elle se trouvait précisément dans la même position que moi, qu'elle avait remarqué du changement dans la façon d'être de la Reine avec elle; ce qui me confirma dans l'opinion que, la comtesse Jules et moi, nous étions l'objet de quelques unes de ces menées si fréquentes dans les Cours . Elle se promit ainsi que moi de l'approfondir; et j'ai toujours soupçonné les trois hommes dont je viens de parler .

Les trois hommes en question sont le duc de Coigny, le chevalier de Luxembourg et le duc de Lauzun .
Besenval est à mille mille de deviner que c'est Mercy qui travaille à détruire son crédit auprès de Marie-Antoinette .

En effet, Mercy écrivait au même moment à sa Sacrée Majesté (    ) :

J'ai fait voir à la Reine qu'on ne cesse de la tromper en lui masquant adroitement les conséquences des choses, et en obtenant d'elle, sous l'apparence de bagatelles,  des demandes et des grâces qui sont essentiellement en opposition au bien de son service et au bon ordre général . J'exposai des faits qui étaient sans réplique, et je démontrai que, soit par légèreté soit par envie de se faire valoir, la comtesse de Polignac et, bien plus, le baron de Besenval, s'étaient rendus en maintes occasions coupables d'une sorte de trahison en défigurant ce que la Reine a la bonté de leur dire, et en abusant à leur profit ou à celui de leurs amis du crédit qu'ils se sont procuré .
A la façon dont mes remontrances furent reçues, j'aurai pu croire qu'elles devenaient nuisibles à moi-même et sans effet pour le bien de la chose; mais je connais trop la Reine pour ne pas savoir que les vérités les plus évidentes ont besoin de quelques temps pour germer dans son esprit .

Reinette a écrit:

Ils tombaient tous amoureux d'elle !
Elle leur accordait son amitié qu'elle vivait très profondément, ils l'approchaient de très près, elle leur laissait toute liberté de paroles et de gestes, sans étiquette parfois, ils avaient droit à entrer dans ses cabinets privés, elle leur accordait charges et honneurs, elle leur témoignait la plus profonde affection quitte à faire jaser... Allant jusqu'à la tendresse et la complicité...
Comment ne pas en perdre la tête ? Surtout quand ces hommes, pour la plupart, étaient des séducteurs patentés ?
Ils ont cru à plus. Certains ont tenté leur chance... D'autres ont eu assez de raison pour éviter de tomber dans le piège.

Elle avait le don de séduire et aussi le don de savoir les remettre à leur place. Une reine, quoi !  

Comme tu dis, Reinette, ils se méprenaient...

J'adore cette chanson !

Tu crois que Madame Tante avait le même don ?

Citation :

Citation :

Besenval ne laisse entendre à aucun moment dans ses mémoires que la reine aurait eu un faible pour lui ! Il fait allusion à sa brouille passagère avec la reine en l'attribuant à la médisance de courtisans qui l'auraient débiné derrière son dos... Il reste très évasif sur ce sujet, embarrassant pour lui à en croire Mme Campan !   Cela étant, dire que Besenval aurait voulu se "venger" de Marie-Antoinette dans ses mémoires est faux , il semble au contraire assez bienveillant envers elle.

Je sentis bien, écrit Besenval, que le refroidissement de la Reine pour moi ne pouvait venir que de quelque intrigue ou de quelque tracasserie, n'ayant rien à me reprocher . Je résolus en conséquence de persister à la voir, pour avoir une explication . Je fis part de ce que j'avais remarqué à la comtesse Jules de Polignac qui me dit qu'elle se trouvait précisément dans la même position que moi, qu'elle avait remarqué du changement dans la façon d'être de la Reine avec elle; ce qui me confirma dans l'opinion que, la comtesse Jules et moi, nous étions l'objet de quelques unes de ces menées si fréquentes dans les Cours . Elle se promit ainsi que moi de l'approfondir; et j'ai toujours soupçonné les trois hommes dont je viens de parler .

Les trois hommes en question sont le duc de Coigny, le chevalier de Luxembourg et le duc de Lauzun .
Besenval est à mille mille de deviner que c'est Mercy qui travaille à détruire son crédit auprès de Marie-Antoinette .

En effet, Mercy écrivait au même moment à sa Sacrée Majesté (    ) :

J'ai fait voir à la Reine qu'on ne cesse de la tromper en lui masquant adroitement les conséquences des choses, et en obtenant d'elle, sous l'apparence de bagatelles,  des demandes et des grâces qui sont essentiellement en opposition au bien de son service et au bon ordre général . J'exposai des faits qui étaient sans réplique, et je démontrai que, soit par légèreté soit par envie de se faire valoir, la comtesse de Polignac et, bien plus, le baron de Besenval, s'étaient rendus en maintes occasions coupables d'une sorte de trahison en défigurant ce que la Reine a la bonté de leur dire, et en abusant à leur profit ou à celui de leurs amis du crédit qu'ils se sont procuré .
A la façon dont mes remontrances furent reçues, j'aurai pu croire qu'elles devenaient nuisibles à moi-même et sans effet pour le bien de la chose; mais je connais trop la Reine pour ne pas savoir que les vérités les plus évidentes ont besoin de quelques temps pour germer dans son esprit .

Voilà quelque chose de très intéressant ! Je ne savais pas que Mercy œuvrait dans l'ombre contre Besenval et Mme de Polignac !

Reinette a écrit:

J'adore cette chanson !

Tu crois que Madame Tante avait le même don ?

Moi aussi, j'adore !

Je vois surtout mal la vieille bique susciter des dévouements si brûlants...

Citation :

  Voilà quelque chose de très intéressant ! Je ne savais pas que Mercy œuvrait dans l'ombre contre Besenval et Mme de Polignac !

Ah, si, si. Mercy oeuvrait contre les courtisans qui risquaient de prendre sur l'esprit de son archiduchesse un ascendant susceptible de contrebalancer celui de la sainte trinité autrichienne.  

pimprenelle a écrit:

Reinette a écrit:

J'adore cette chanson !
Tu crois que Madame Tante avait le même don ?

Je vois surtout mal la vieille bique susciter des dévouements si brûlants...

Et surtout, elle rappellerait du haut de son orgueil, qu'une fille de Roi est toujours appelée Madame...

Bien à vous.

Je ne connaissais pas cette chanson, mais le clip est rigolo

pimprenelle a écrit:

Citation :

  Voilà quelque chose de très intéressant ! Je ne savais pas que Mercy œuvrait dans l'ombre contre Besenval et Mme de Polignac !

Ah, si, si. Mercy oeuvrait contre les courtisans qui risquaient de prendre sur l'esprit de son archiduchesse un ascendant susceptible de contrebalancer celui de la sainte trinité autrichienne.  

Il avait pour lieutenant zélé l'abbé de Vermond .

Ben tiens donc le Vice et la Vertu avant les autres

Songez que nous sommes à la fin de l'été 1775, Marie-Antoinette est une toute jeune reine .  Depuis le printemps, l'ascendant de la comtesse Jules de Polignac sur la souveraine va toujours grandissant, grignotant ( et donc contrecarrant ) l'influence de Mercy.  L'ambassadeur alarmé constate l'émergence de cette nouvelle faveur plus prégnante que les précédentes.
Il travaille consciencieusement à la torpiller .

Besenval est lui aussi dans le collimateur de Mercy, surtout depuis que l'on chantonne en ville :

La Reine a dit imprudemment
A Besenval, son confident :
" Le Roi est un pauvre sire . "
L'autre répond d'un ton léger :
" Chacun le pense sans le dire,
Vous le dites sans le penser . "

Or voici que, sur ces entrefaites, vient à mourir sans crier gare le ministre de la Guerre, M. de Muy.  Aussitôt Besenval imagine de faire nommer à ce poste nouvellement vacant son ami Castries .   Il galope jusqu'à Ponthierry pour sauter sur le poil de Maurepas qui y relaye, lui expose sa requête, puis revient à brise abattue à Fontainebleau se précipiter chez la reine qui l'écoute favorablement, l'assure même de son soutien ...  

Las, c'est le lendemain de cette entrevue  que le baron note le très net refroidissement de Marie-Antoinette à son égard : entre temps, il y a eu les remontrances que Mercy nous exposait ci-dessus .  Après l'euphorie, c'est l'affliction incommensurable ...
Marie-Antoinette fait appeler le baron chez elle.

 Il raconte :
La Reine, qui s'était enfoncée dans un sofa, un mouchoir sur ses yeux malades d'une fluxion, me répondit avec un embarras qui l'empêchait presque d'articuler : " On ne m'a rien dit contre vous . Je suis toujours la même . "

Je continue de vous citer saint Besenval, parce que vraiment ! ça vaut son pesant de caramels mous !!!      

Les rois ne pardonnent point aux gens avec lesquels ils ont eu tort, et qui les embarrassent; ils savent gré au contraire à ceux qui, par leur façon d'être, leur donnent le moyen de se persuader qu'on ne s'est pas aperçu des reproches qu'on aurait à leur faire .  Voilà le meilleur moyen pour tous ceux qui visent à la faveur, ou qui veulent la conserver . Assez tranquille ( mon oeil !    ) sur celle dont je jouissais, je fis dans cette occasion, par indifférence, ce que beaucoup d'autres auraient fait par calcul . Je m'étais pourtant bien promis, après ce que je venais d'éprouver, de régler ma conduite sur celle que la Reine aurait avec moi; je le répète, plus loyal et plus droit qu'on ne l'est à la Cour, je ne pouvais avoir que ce tort là .
Je parlais à la Reine avec cette assurance que donne toujours la pureté de l'intention; je l'attaquai de nouveau sur le ministère de la Guerre; je la poussai même avec chaleur, au point qu'ayant longtemps éludé mes questions, elle me dit enfin avec une sorte d'impatience : " Il est cruel d'être obligée d'entendre tout ce que vous me dites, et d'être dans l'impossibilité d'y répondre ."

Bon sang... comme ces grippetouts ont dû lui pourrir la vie...

Oui ! Qu'il est intéressant de recouper les mémoires avec la correspondance des uns et des autres ! Besenval était un vrai boulet . Toujours en train de manigancer des intrigues afin d'obtenir quelques faveurs pour ses amis.
La reine se "vengeait" de cette bande de parasites en leur demandant sans cesse de l'argent, pour faire des dons à telle ou telle œuvre, pour jouer etc.. La reine n 'avait jamais un sou sur elle et usait de ce prétexte pour "dévaliser" ses amis. Je crois que c'est Besenval qui l'explique dans ses mémoires.

Personnellement je ne lui pardonnerai jamais le fait qu'il ait pu dire à sa protectrice :

"On n'est pas sûr d'avoir le lendemain, ce que l'on possédait la veille !" J'ai toujours trouvé abject cette répartie, alors qu'il n'était pas dans l'ignorance des embarras de la Reine.

Il fait partie des membres de l’entourage de Marie-Antoinette pour qui je porte peu de sympathie. D'où la raison de n'avoir toujours pas lu ses Mémoires. Honte à moi, mais c'est sa faute !

... donc, honte à lui !

pimprenelle a écrit:

... donc, honte à lui !

Effectivement !

Une très belle scène dans le Geneviève Casile nous montre Marie-Antoinette et madame de Polignac en promenade avec les enfants au loin.
Pendant ce temps, la comtesse Diane, Besenval, bientôt rejoints par Vaudreuil, nous offrent au premier plan un dialogue tout à fait savoureux. Et très réaliste !
Écrasants de suffisance !

Je trouve plus choquant encore :

Peu faite pour le sentiment, sans sa liaison et sa conduite avec Mme de Polignac, on aurait pu dire que la Reine ne connaissait point l'amitié .

Nous savons que le terme de liaison n'avait pas, au XVIIIème, le sens relation amoureuse qu'il a aujourd'hui. Là n'est pas la question . Mais fallait-il que Besenval fut vexé et amer pour dénier ainsi à Marie-Antoinette toute sensibilité !  
Pour autant, le baron n'est pas mauvais cheval, et ses Mémoires sont à lire absolument car ils fourmillent d'informations jetées sur le papier d'une plume alerte et agile .
Même s'il lui arrive de s'écarter du respect dû à Marie-Antoinette en s'exprimant comme nous venons de le souligner, nous ne pouvons pas ignorer les Mémoires du baron .

Nous le verrons encore intriguer comme un beau diable, pour la nomination de Ségur au ministère . Besenval fait dans l'exagération échevelée.
 Il y a du Marseillais dans ce Suisse .  

N'importe !
Notre cher Ligne authentifie les mémoires du baron, en termes élogieux :

Voici des souvenirs que j'aurais pu écrire tant ils sont de ma connaissance, mais jamais d'un style plus brillant : il l'est autant que l'auteur, c'est tout dire; on ne l'a jamais été plus que le baron de Besenval, à la guerre et à la Cour, où son amabilité l'avait porté par la société favorite de la Reine.  On voit qu'il aimait à se mêler de bien des choses; mais, dans le fond, il était comme tout le monde à la Cour, où l'on dit tour à tour du bien et du mal des ministres . Il s'annonce plus intriguant qu'il n'était . Il a porté la parole pour MM. de Ségur et de Castries et puis c'est tout .
Le bien que le baron dit du malheureux Louis XVI et de la Reine adorée de ceux qui l'ont connue, comme lui et moi, est bien vrai . Il n'y a que des gueux qui ont pu en dire du mal, et des sots qui l'ont cru .
Tout le bien qu'il a dit de la famille de Polignac, et que l'on peut en dire, est en dessous de ce qu'elle méritait .

Le Prince de Ligne à dit :

Citation :

Il n'y a que des gueux qui ont pu en dire du mal, et des sots qui l'ont cru .
Tout le bien qu'il a dit de la famille de Polignac, et que l'on peut en dire, est en dessous de ce qu'elle méritait .

Peut etre que le Prince n'avait pas toutes les informations que l'on a aujourd'hui.....Ou alors il a touché des pots de vin

..... des pots de vin !!!!!! au prince de Ligne !!!!!!! ...... ......

J'étais certain que tu réagirais à la seconde où tu lirais ce message, toi ou Reinette qui ne tardera surement pas.