Juillet 1590: Carcassonne. Les conséquences des guerres de religion (XVIe siècle)

Arrivé en juillet 1590 dans la Bastide, le duc de Montmorency entreprend de renforcer les fortifications à l'aide de 4 500 charretées de pierre provenant du couvent des Cordeliers précédemment détruit.



Il fait alors construire deux ravelins, ou éperons, en avant du bastion Saint-Martial et sur l'actuel boulevard de Varsovie.



Ces deux citadelles communicant par un passage couvert n'en faisant en réalité qu'une, la troupe occupe la plus grande partie du quartier jusqu'au clocher de Saint-Vincent, en expulsant les habitants.

Ces mesures engendrent chez les Carcassonnais un vif mécontentement, amplifié par des problèmes de ravitaillement qui favorisent l'arrivée de la peste.



En effet, la région est contrôlée par le duc de Joyeuse, lequel ne facilite pas l'alimentation de la ville, si bien que cette dernière se détache progressivement du parti royaliste.



En décembre 1591 elle ouvre ses portes à Joyeuse, lequel rend leurs privilèges aux consuls… et entreprend de raser les fortifications réalisées par son adversaire, tout en achevant de fortifier le bastion de la Figuière au nord-est.

Les deux camps sont cependant au bord de l'épuisement, et une trêve est conclue pour 1593-1594, facilitée par le fait que Montmorency est parti sous d'autres cieux, en laissant son nom à un bastion et à une maison de la Trivalle.



C'est la situation politique nationale qui va mettre fin du conflit: quand Henri IV reconverti au catholicisme entre dans Paris le 13 mars 1596, Carcassonne se rallie au Béarnais, et le souverain accordera en 1598 l'édit de Nantes.

Il n'en reste pas moins que les pays d'Aude ont été ravagés par 30 ans de conflits qui ont vu des Carcassonnais détruire leur maison pour survivre, tandis que dans les campagnes les troupes prenaient «tout le pain tant qu'il y en a», détruisaient les récoltes, abattaient les animaux et coupaient les arbres dans le but d'affamer les villes pour les faire capituler.

Toutefois, ces souffrances de nos ancêtres ont enrichi notre patrimoine en nous léguant les fortifications de la Bastide, qui ont en partie traversé les siècles.