Le 9 novembre prochain, la maison Sotheby’s proposera en vente aux enchères, à Paris :
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Terrine à lait provenant de la laiterie de propreté de la reine au Petit Trianon.Porcelaine de Paris de la Manufacture de la rue Thiroux (1786).
Marqué A couronné en rouge pour Antoinette, manufacture d’André-Marie Leboeuf, rue Thiroux, dite Manufacture de la Reine
Long. 41,5 cm, haut. 13,5 cm
Estimation entre 70 000 et 100 000 euros (ki k’en veut ?
)
Je copie ici la note de l’expert, car elle est intéressante...
Je disais récemment à notre MARIE-ANTOINETTE qu’il fallait absolument faire une petite présentation des différents services de la reine dans la rubrique
Patrimoine.
Je n’ai pas eu le temps pour l’instant.
Voici donc quelques extraits de la notice, au sujet de cette production :La manufacture dite de la Reine est fondée par André Leboeuf qui dépose une soumission devant le Lieutenant Général de Police le 9 septembre 1776 et obtient l’autorisation de créer une manufacture de porcelaine rue Thiroux à la Chaussée d’Antin.
Dès juillet 1777, Leboeuf avertit le public au travers des Annonces, Affiches et Avis divers que la manufacture est en état de produire des « pièces de service et d’utilité, de goût et de décoration et des groupes en biscuits ». Un an plus tard, en décembre 1778, Leboeuf annonce dans la même feuille que « La Reine voulant bien honorer de sa protection leur établissement et permettre qu’il porte son auguste nom, chaque pièce nouvellement fabriquée sera désormais marquée au dessous d’un A couronné, première lettre du nom de Sa Majesté ».
(...)
Il est également attesté que la manufacture de la rue Thiroux livre en 1785 et 1786 des porcelaines à Marie-Antoinette pour Fontainebleau, ses petits appartements aux Tuileries et son château de Trianon (Arch. Nat. O1 3792).
Il est rare de pouvoir identifier ces objets et notre terrine constitue en cela une exception car sa provenance est attestée par des documents d’archives et l’existence d’autres terrines du même ensemble.
Deux terrines à lait de même décor et de la deuxième grandeur (long. 34,8 cm) ont été acquises en 2000 par le château de Versailles et ont fait l’objet d’un article détaillé (Christian Baulez, « Deux terrines de la Manufacture de la Reine », Versalia, n°4, 2001, p.16 et 17).
Deux autres également de la deuxième grandeur sont récemment passées en vente publique (Sotheby’s, Paris, 29 mars 2007, lot 75 et 9 novembre 2010, lot 200).
Une terrine à lait, de même forme et de même décor mais d’une troisième grandeur, plus petite encore, passée en vente publique en 1990, était également reliée par tradition familiale au Hameau de la Reine (Drouot, Ader Picard Tajan, collection Le Tallec, 9 novembre 1990, lot 880, diam. 29,5 cm).
Il faut souligner qu’aucune autre jatte de cette forme associée à un autre décor n’est aujourd’hui connue.
Plusieurs documents conservés aux Archives Nationales attestent qu’en 1786 la manufacture de la rue Thiroux livre des porcelaines pour la laiterie du Hameau de Trianon (Arch. Nat. O1 1878 ; dossier 2).
La commande, ordonnée par l’architecte de la reine, Richard Mique, est connue par une copie de l’extrait de la livraison le 28 novembre 1786 :
Fourni pour le hameau du Petit Trianon par la manufacture des porcelaines de la Reine, par ordre de Monsieur Mique12 terrines à lait 1er gr. (grandeur), décorées……….…. à.....150#.…1800
24 dites idem 2e gr. …………..……………………à.…120#.…2880
12 dites idem 3e gr. …………..……………………à…...72#…...864
6 fromagers et plateaux ………………………….....à…...36#…...216
6 tasses et soucoupes …………………………….....à…...12#……72
2 beurriers ronds ………………………………….à…...24#…….48
8 brocs …………………………………..………à…...24#…...192
6 assiettes ………………………………..………à…...10#…….60
2 battes à beurre …………………………...….….à….120#…...240
Total 6.372 livres
Quarante-huit terrines à lait de trois grandeurs différentes sont donc livrées en 1786.Notre terrine à lait, plus grande que les cinq autres actuellement connues, correspond à l’une des douze de la première grandeur et vient ainsi confirmer le rapprochement entre cette livraison de 1786 et les terrines connues.
(...)
Il est probable que les porcelaines livrées en 1786 par la manufacture de la rue Thiroux furent destinées à la laiterie de propreté où la reine venait goûter en petite compagnie, et disposées dans les niches et sur la table centrale et les tables d’appui en marbre blanc veiné livrées la même année par le marbrier Le Prince. (Annick Heitzmann, « Restauration au Hameau de Trianon : La tour de Marlborough et la laiterie », Versalia, n°5, 2002, p.32-43 et « Laiteries royales, laiteries impériales : Trianon et Rambouillet », Histoire de l’art n° 11, octobre 1990).
Christian Baulez (op. cit.) identifie une importante partie de ces
porcelaines vendue en 1793 lors des ventes révolutionnaires en un lot composé de quarante quatre terrines, deux fromagers et leurs soucoupes, quatre petits brocs et une barratte le tout de porcelaine de la Chaussée d’Antin adjugé au citoyen Berton aîné le 27 Brumaire An II (17 novembre 1793) pour 510 livres 1 sol (Arch. Dep. Yvelines, 2 Q 70, 11eme cahier, lot 5146, article 1389).
(Belle affaire, citoyen Berton ! )Les deux terrines à lait conservées au château de Versailles ont récemment figuré aux expositions à Paris, Marie-Antoinette (Selma Schwartz, catalogue de l'exposition au Grand Palais, 2008, n° 209, p. 285) et à Bordeaux, Marie-Antoinette à Versailles : Le goût d'une reine (Bernadette de Boysson et Xavier Salmon, catalogue de l'exposition au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, 2005).
A l’occasion de cette même vente :
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VEILLEUSE À LA TURQUE EN HÊTRE SCULPTÉ LAQUÉ BLEU RECHAMPI OR D'ÉPOQUE LOUIS XVI, VERS 1777-1779, ESTAMPILLÉE G.IACOB avec une marque au feu circulaire du garde-meuble de la Reine MA entrelacé et une étiquette imprimée moderne 223
Haut. 90 cm, larg. 147 cm, prof. 65 cm
Estimation entre 200 000 et 300 000 euros (c’est parce qu’ils ne sont pas sûrs, sûrs...
)
Notice de l’expert (qui fait bien « le job » chez Sotheby’s).
Courage ! La lecture est un peu longue, mais c’est intéressant ...
- Très probablement livrée pour la reine Marie-Antoinette, vers 1777-1779- Vente à Paris, Palais Galliera, 23 et 25 juin 1969, lot 64
Georges Jacob, menuisier reçu maître en 1765
La désignation de ce type de canapé au XVIIIe siècle, appelé
veilleuse par Roubo (fig.2), nous rappelle son usage premier :
un siège confortable pour se reposer, avec la possibilté d'y allonger ses jambes.
Cette veilleuse présente toutes les caractéristiques d’un siège fait pour Marie-Antoinette.
L’extraordinaire qualité de sculpture associée à l’originalité des ornements sculptés – entrelacs de cœur, tors de ficelle, mais surtout
le motif sculpté à l’imitation de la passementerie – sont la signature d’un siège lui ayant appartenu. Le motif de passementerie, notamment, se retrouve sur d’autres sièges commandés par la souveraine : citons par exemple les chaises de l’ancienne collection Jones, conservées au Victoria and Albert Museum de Londres et provenant certainement de son boudoir de la Méridienne à Versailles (fig. 4), mais également la célèbre console de Riesener provenant du même boudoir (fig. 3).
La jeune Marie-Antoinette connut, semble-t-il, assez tôt des problèmes de circulation veineuse. Afin de soulager sa jambe, la reine, dès le 3 janvier 1779, se fit livrer par le marchand de galons L’Héritier, pour la somme faramineuse de 1334 livres, 29 aunes de galons d’or destinés à orner une chaise longue. Celle-ci fut utilisée par la souveraine le 17 janvier 1779, comme en témoigne le prince de Croÿ, lors de la réception donnée suite à la naissance de son premier enfant, Madame Royale.
Pendant la Révolution, la quasi-totalité du mobilier de Versailles fut vendue aux enchères.
Ces ventes débutèrent par le mobilier de Trianon, d'une part en raison de sa somptuosité mais aussi à cause de la haine qui poursuivait la souveraine jusqu'à son mobilier. Plusieurs chaises longues ou canapés furent vendus.
Ainsi était décrite « Une chaise longue en gondole en bois doré avec deux matelas, oreillers et rondins, couverte en étoffe de soie fond blanc brodée ».
Deux autres chaises longues étaient couvertes de simple toile de Jouy et devaient servir au Hameau.
Une quatrième, couverte de damas jaune, fut adjugée au marchand Grincourt. Enfin, une dernière chaise longue garnie de satin blanc broché à chenille fut adjugée la somme très importante de 900 livres au marchand Glaise.
Elle devait être assortie à un mobilier couvert du même tissu, à moins que ce ne soit le siège cité plus haut et livré pour les relevailles en 1779.
La peinture bleu originelle, récemment retrouvée avec la marque au feu lors d'une restauration, nous indique également que cette veilleuse était assortie à d’autres sièges tous recouverts d’un tissu bleu.
Il faut se rappeler que
le bleu et le vert étaient les couleurs favorites de la souveraine car, selon elle, elles reposaient sa vue. Ainsi dans la chambre à coucher de son petit appartement à Versailles, les sièges étaient garnis de pou de soie bleu orné de franges et cartisanes. Dans son garde-meuble était également entreposé un mobilier de salon recouvert du même tissu.
Tous ces éléments associés confortent l’appartenance de cette veilleuse au mobilier de Marie-Antoinette.Nous ignorons pour quel lieu notre veilleuse a été commandée. Tout au plus pouvons-nous remarquer une similitude dans le décor sculpté – frises de perles entrelacées et glands – avec le mobilier, exécuté par Jacob et sculpté par Rode en 1777, pour le boudoir turc du comte d’Artois au Palais du Temple à Paris (Bill G.B. Pallot, Le Mobilier du Musée du Louvre, T. II, Dijon, 1993, n°44, pp. 132-135).
Nous savons que la souveraine posséda au même moment à Versailles un boudoir turc dont il ne reste rien.
Qu’est-il advenu également du « petit canapé en gondole avec un matelas de crin… » vendu avec « un fauteuil à carreau de plume avec un oreiller couvert en pou de soie vert anglais», le tout venant d’une pièce éclairée par une fenêtre ?
La marque GR couronnéConnue depuis 1934, la marque GR couronné associée à la marque d’un château royal (W pour Versailles, F pour Fontainebleau, BV pour Bellevue, etc.) fut récemment publiée par Christian Baulez comme celle du Grenier des Récollets (Revue du Louvre, 1997/3, pp. 17-19). La reine Marie Leczinska, épouse de Louis XV, y avait son garde-meuble privé, ainsi d’ailleurs que la dauphine de Saxe, grande cliente du marchand-mercier Lazare Duvaux.
La dauphine Marie-Antoinette bénéficia naturellement de cette facilité dès son arrivée à Versailles.
Le service de la chambre dirigée par les dames d’honneur dépensa plus de 790 000 livres pour l’établissement de la dauphine, ce qui lui valut un rappel à l’ordre de Louis XV. Cette première marque GR couronné perdura, semble-t-il, jusqu’à la réforme de l’administration du garde-meuble de la Couronne, entreprise en 1784 par Thierry de Ville d’Avray. La reine eut alors officiellement un garde-meuble privé, complètement séparé et régi par Bonnefoy Duplan, son concierge (comprendre intendant).
Ce dernier était chapeauté par le contrôleur général de la Maison de la Reine sous la responsabilité de la princesse de Lamballe, surintendante de la dite Maison. A l’occasion de cette réforme, une seconde marque fut créée.
La marque du garde-meuble de la ReineCette marque bien spécifique et parlante était apposée à chaud par des fers.
Gravée d’une façon circulaire autour du chiffre MA et surmontée d’une couronne fermée, cette marque fut dorénavant frappée sur le mobilier de la souveraine à l’occasion d’un changement d’ameublement, d’une restauration ou d’un déplacement. Parmi les compétences du garde-meuble privé, il revenait à Bonnefoy de s'occuper de l’ameublement des cabinets intérieurs de tous les châteaux royaux, mais aussi de Trianon qui servait d’ailleurs de siège à cette administration.
A cette marque était associée la marque du château, suivie du numéro d’inventaire du meuble, numéro correspondant certainement à l’inventaire général, par exemple C.T. 10 pour la table de Riesener livrée à la reine par Riesener pour son château de Trianon (Waddesdon Manor).
Lorsque cette nouvelle marque était apposée, les anciennes marques du garde-meuble royal ou du mobilier des dauphines étaient alors en principe biffées.
Que devinrent les papiers du garde-meuble privé ?Cette belle mécanique fut troublée quand la souveraine fut contrainte, le 6 octobre 1789, de résider aux Tuileries.
Bonnefoy occupa dès lors une maison dans l’enceinte des Tuileries, maison qui fut incendiée le 10 août 1792 et dont des papiers ne subsistent qu’un ou deux feuillets en partie calcinés et convertis par l’administration révolutionnaire en pochette à documents. Quant au grand registre de plus de 300 feuillets contenant l’inventaire de la totalité du mobilier de la souveraine, il semblerait qu’il ait été remis par Bonnefoy à l’administration révolutionnaire et aujourd’hui perdu. Certains papiers ont été conservés par Bonnefoy puisque nous le voyons payer des boites d’archives en bois afin qu’elles soient déposées à la mairie du Charmel, commune dont il fut le seigneur, puis le maire.
Hélas, la mairie, le château et tout leur contenu furent entièrement détruits pendant la Première Guerre Mondiale à l’exception de quelques documents communiqués à la conservation de Versailles il y a plus de quarante ans.
Ne restaient donc que les papiers du contrôleur général de la Maison de la Reine, partie la plus importante avec les états de règlements et les doubles de nombreuses factures, qui eux furent remis peu avant 1809 à la préfecture de Seine-et-Oise à Versailles.
Que sont-ils devenus ?
Même jour :
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GRANDE ET EXCEPTIONNELLE JATTE À PUNCH EN PORCELAINE TENDRE DE TOURNAI DU XVIIIÈME SIÈCLE, VERS 1787, DU SERVICE DU DUC D'ORLÉANSEstimation entre 120 000 et 180 000 euros pour un apéro au punch dans la jatte de l’autre raclure !
Les autres babioles de cette vente prestigieuse sont consultables ici : http://www.sothebys.com/fr/auctions/ecatalogue/2012/mobilier-sculptures-et-objets-dart-pf1211/lots.list.1.html
Mauvaise idée pour Sotheby’s d’organiser cette vente à Paris !
Les acheteurs potentiels vont hésiter à acheter une oeuvre d’art sur le sol français.
Peut-être seront-elles bientôt imposables à l’ISF...