Zamor, Greive et Madame du Barry

Zamor naquit à Chittagong au Bengale (aujourd'hui Bangladesh), vers 1762. En 1773 (il avait à peu près 11 ans), il fut capturé par des marchands d'esclaves et vendu à Louis XV qui l'offrit à Mme du Barry. Le jeune Indien reçut alors le nom de baptême de Louis-Benoît. Mme du Barry se prit d'affection pour lui et le fit éduquer. Cette sympathie ne l'empêchait toutefois pas de se tromper sur les origines de son protégé, qu'elle croyait dur comme fer Africain.  

Zamor aimait la lecture, particulièrement les philosophes et particulièrement Rousseau.   Est-ce la séduction des idées nouvelles qui l'embrigada dans la Révolution ? Toujours est-il qu'il rejoignit les rangs des Jacobins. On dit qu'il détestait tellement son ancienne maîtresse qu'il la dénonça.  

Coppola l'avait mis dans son film.

Célèbre tableau où l'on voit Zamor apporter une tasse de chocolat à la favorite du roi:



On remarquera au passage que Milena Canonero a bien travaillé sur les costumes du film de Coppola.

Une tasse ? Un "dé à coudre", vous voulez dire!  

Ah juste ! La livrée de Zamor est bien étudiée !

Zamor ? Je sais que le marquis de Polignac lui donnait des leçons de géographie, dans son enfance,  puis qu'il a eu une conduite ignoble pendant la Révolution,  mais à part cela ......

Selon G. Lenôtre, un mois après l'exécution de la comtesse, Zamor a lui-même été arrêté et emprisonné quelques semaines. A sa libération il a semble-t-il disparu. Il ré-apparaît à Paris en 1815, où il devient le précepteur des neveux de la propriétaire de son appartement, Mme Poullain. Il tombe amoureux d'une couturière du Palais Royal qui le "déleste" du peu de fortune qui lui restait et meurt le 7 février 1820 à son domicile 13 rue Perdue à Paris (aujourd'hui rue Maître Albert dans le 5ème, près de la place Maubert). Il n'aimait pas évoquer sa vie du temps de la comtesse. Selon Lenôtre, plusieurs témoins rapportent l'avoir entendu dire que la comtesse le traitait comme un "jouet". Il en voulait en outre à la comtesse de l'avoir laissé se faire "humilier" par ses familiers qui selon lui le "raillaient" et "l'insultaient en permanence". Il est mort seul à Paris le 7 février 1820. Mme Poullain a déclaré son décès aux autorités qui l'ont fait enterrer au cimetière de Vaugirard. Personne n'a assisté à son enterrement. Il est resté révolutionnaire jusqu'au bout.

Ah merci, j'ignorais sa fin.

Il est certain que le pauvre est surtout une victime.

Portrait de Zamor au Pavillon de musique de Louveciennes (le vrai étant à Carnavalet!):


Voici une peinture d'une ancienne boutique, je présume, se situant rue des Petits-Carreaux à Paris dans le IIème arrondissement:



On dit que le jeune homme de couleur est Zamor:

olivia a écrit:

Ah merci, j'ignorais sa fin.

Il est certain que le pauvre est surtout une victime.

Victime je ne sais pas mais indubitablement manipulé par le mystérieux Greive.

Citation :

Voici une peinture d'une ancienne boutique, je présume, se situant rue des Petits-Carreaux à Paris dans le IIème arrondissement:
On dit que le jeune homme de couleur est Zamor

Hum...je ne vois pas trop pourquoi ?
Il n’est pas retourné à sa vie d’esclave, et pas davantage comme serviteur d’un colon, à la tenue très 19ème (2ème moitié du 19ème d'ailleurs non ?).

d'eon a écrit:

olivia a écrit:

Ah merci, j'ignorais sa fin.

Il est certain que le pauvre est surtout une victime.

Victime je ne sais pas mais indubitablement manipulé par le mystérieux Greive.

Greive, le soir de l'exécution de Jeanne :

Je n'ai jamais tant ri qu'aujourd'hui, en voyant les grimaces que faisait cette belle pour mourir .

Puisque j'avais écrit, sans donner ma source, que le marquis de Polignac s'était procuré ses entrées chez Mme du Barry en se chargeant de donner des leçons de géographie à Zamor, je précise ce soir que cette information est mentionnée dans les mémoires ( apocryphes ) de la comtesse d'Adhémar .
Merci à notre ami qui me permet de réparer cet oubli .

Merci beaucoup chère amie pour cette réponse aussi précise que rapide. Je m'en vais, de ce pas, tenter de trouver ces mémoires.
Quant à ce cher monsieur Greive, on pourrait se demander ce qui le poussait à hair à ce point madame Du Barry. Tout chez lui transpire la haine envers la malheureuse Jeanne.
Bonne soirée Madame.

Oui, c'est vrai que ce Greive a eu une attitude envers madame du Barry qui mérite d'être creusée. On a l'impression qu'il n'avait qu'un seul désir : la voir morte.  

Par contre, comme notre ami, il est pour moi impossible de voir dans l'image postée ce funeste duo que fut Zamor/Greive. On se demande pourquoi Zamor se serait retrouvé habillé tel un esclave de plantations, donc en toute vraisemblance aux Antilles, alors qu'il s'est retrouvé "négrillon" de salon.
De plus, il s'avère qu'il n'était pas Africain mais venant d'Inde.

http://www.fdesouche.com/241498-a-paris-faut-il-retirer-les-fresques-du-temps-des-colonies/comment-page-1

Voici le lien du site qui fait, on ne sait pourquoi, un rapprochement entre cette enseigne et Zamor.

Le colonialiste est habillé en tenue du XIXème siècle donc l'autre ne peut pas être Zamor.

Citation :

Greive, le soir de l'exécution de Jeanne :
Je n'ai jamais tant ri qu'aujourd'hui, en voyant les grimaces que faisait cette belle pour mourir .

Voilà une phrase que je trouve particulièrement ignoble !  

Je ne sais rien de ce Greive mais il m'apparait fortement pourri !  

Ce Greive est en effet un ignoble personnage. Il va se focaliser sur madame du Barry, s'installant même à Louveciennes, dans l'unique but de trouver tout et n'importe quoi pour la dénoncer au Tribunal révolutionnaire.
Il soudoiera même ses serviteurs dont évidemment le plus célèbre Zamor qui deviendra son complice.

Au début Jeanne va réussir à prouver que toutes ces dénonciations sont de la pure calomnie mais au fur et à mesure, l'étau se ressera...
Elle va même écrire aux autorités que si Greive agit de la sorte, c'est tout simplement parce qu'elle n'a pas cédé à ses avances. Qui auraient été si poussées qu'on peut penser qu'il a tenté de la violer.

C'est pour cela que jusqu'au bout elle a cru à une méprise et ne pensait vraiment pas se retrouver sur l'échafaud.

voici la rue MAITRE ALBERT par son entrée de la place MAUBERT !!!! au fond on voit la maison HOTEL DE LA CITE et juste dans l'angle droit en regardant cette maison se trouve l'immeuble où vivait ZAMOR !!!!!
la photo de 1910 rend bien l'ambiance de cette rue qui est restée identique jusque dans les années 70 !!!!

Amicalement MARIE ANTOINETTE

voilà des informations completes sur zamor
http://www.cidif.go1.cc/index.php?option=com_content&view=article&id=131&Itemid=3

Tout sur le petit sapajou ! Merci, Princesse .

Citation :

Tout sur le petit sapajou ! Merci, Princesse .  

de rien!
vous voyez bien qu'il commence son esprit de revenge quand il lit les philosophes, le livres ouvrent les coeurs et la pensée!
 c'est pour ça qu'on doit toujours apprendre

encore des sites
http://en.wikipedia.org/wiki/Zamor

http://www.tombes-sepultures.com/crbst_61.html

http://parislenezenlair.blogspot.it/2008/12/13-rue-matre-albert.html

ici on dit que Grieve viol la Du Barry...

http://maktaaq.blogspot.it/2006/06/du-barrys-backstabber.html

Intéressant. Merci, princesse !

Voici une biographie En Ligne de Zamor.

ZAMOR (1762-1820)

Zamor est probablement un Sidi né au Bengale. Capturé par des négriers anglais, il fut emmené à Madagascar et de là vendu au roi Louis XV qui l’offrit en 1773 à sa favorite, Jeanne du Barry, une ancienne courtisane, qui en fit son page après l’avoir fait baptiser et instruire.

« Louis-Benoît » Zamor se montra très doué et souffrit très certainement du rôle qu’on lui faisait jouer, déguisé en « Africain » dans une livrée exotique ridicule.

Espiègle et indépendant -très connu pour son impertinence – Zamor se mit à lire, avec une prédilection pour Rousseau.

Lors de l’avènement de Louis XVI, Zamor partagea la disgrâce de la Du Barry, exilée à Meaux, puis à Louveciennes où fut reçue La belle Isabeau.


Zamor par Lemoine
Musée Cummer de Jacksonville, Floride

En 1789, Zamor prit le parti de la Révolution et fut assidu aux réunions du club des Jacobins.

Parce qu’il était proche du Comité de salut public, on l’a accusé d’avoir dénoncé la comtesse du Barry qui fut appréhendée et guillotinée en 1793. Mais la Du Barry fut dénoncée par un espion anglais, agent double, et Zamor fut ensuite arrêté à son tour. Il réussit à s’échapper et quitta la France.

On le revit à Paris en 1815. Il était domicilié, peu avant sa mort, rue Maître-Albert, près de la place Maubert, et il exerçait la profession de maître d’école.
http://www.une-autre-histoire.org/zamor-biographie/

Bien à vous

madame antoine

Etes-vous certains que ce portrait représente bien Zamor ?