Isabelle de Bourbon Parme

Elle a écrit ce texte, et d'autres, d'ailleurs, à Vienne. Elle avait donc au moins 19 ans. C'était une toute jeune femme, mais d'une très grande maturité. Elle était cynique, aussi... mais réaliste.

Non, je ne pense pas que les hommes lui en avait fait baver, et c'est bien en cela qu'elle est féministe avant la lettre. C'est une sorte de consience de genre qui l'anime, plus que l'expérience personnelle.

Elle est très dure, ici, j'en conviens. Mais, en se remettant dans le contexte de l'époque, où les hommes n'avaient pas l'habitude de s'effacer un tant soit peu pour leurs compagnes, je trouve ce texte bien tapé.

Beaucoup de grandes gueules du temps pourraient se reconnaître... à commencer par Joseph II !

un autre texte, tout aussi intéressant, qu'Isabelle a écrit sur la condition des princesses :

... A quoi doit s'attendre la fille d'un grand Prince? son sort est sans contredit le plus malheureux. esclave en naissant des prejugés du peuple, elle ne nait que pour se voir assujettée à ce fatras d'honneurs, à ces etiquettes sans nombre attachées à la grandeur... lorsqu'à peine encore elle sçait begayer. Sa condition la prive de la connaissance de ces memes hommes des quels elle est entourée, le rang qu'elle tient, loin de lui procurer le moindre avantage, la prive du plus grand agrement de la vie, de ce qui est donné à tous les hommes, de la societé. elle trouve souvent dans sa famille meme de quoi l'attrister. est-elle nombreuse, la difference des caracteres, les intrigues qui ne sont que trop frequentes à la cour, la mettent chaque jour dans le danger ou de se pervertir ou de s'y trouver innocemment melée ; est-elle peu nombreuse, l'union qui y regne ne la dedommage pas du temps qu'elle est obligée de donner à des soins importuns ou à des ceremonies ennuyeuses.
Voila le portrait et la situation d'une jeune princesse qui ne peut trouver meme dans sa famille les ressources que le dernier des particuliers renferme dans sa petite cotterie. obligée de vivre au milieu du grand monde, elle n'y a pour ainsi dire ni connoissances ni amis.
Ce n'est pas tout. à la fin on cherche à l'établir. la voila condamnée à abandonner tout, sa famille, son pays. et pour qui? pour un inconnu, pour une personne dont elle ignore le caractere, la façon de penser, pour une famille qui peut-etre ne la voira qu'avec jalousie ou du moins prevention: sacrifice [victime] d'un pretendu bien public, mais plus encore de la politique malheureuse d'un ministre qui ne sçait trouver autres moyens pour les deux maisons pour former une alliance... elle part, abbondonne ce qui lui est de plus cher. dans l'incertitude... de plaire à celui auquel on la destine, peut on rien trouver de plus dur si l'on reflechit bien à cette situation...
croyés vous donc que la ville de Vienne offre un sejour plus agreable? croyés moi j'ai vécu 11 ans en Italie et je puis bien vous assurer de m'y etre ennuyé autant que possible; cependant je m'y suis bien trouvée et les heures que j'avois pour moi me dedommageoient de tout... il ne s'agit que d'appeler la religion à son secours et penser comme lorsqu'on part pour se marier: Dieu m'appelle, Dieu me donnera sa grace...

Ceci me rappelle un peu les lettres de la Palatine.

C'est vrai qu'il y a de ça, baron.

En lisant ces lignes écrites par Isabelle, j'ai pensé à Marie Antoinette, à qui on reproche si souvent son mépris de l'étiquette. Eh bien, notre reine n'était pas la seule à s'en plaindre, et à en moquer les lourdeurs.

Je pense que la deuxième lettre est plus constructive que la première, dans le sens où elle relate plus de faits réels qu'un réquisitoire contre les hommes

Elles sont toutes les deux aussi essentielles l'une que l'autre, pour moi. Heureusement qu'il y eut de par les siècles quelques voix féminines pour s'élever contre notre lot commun à toutes. Sinon, nous en serions toujours à ce point !

Au lieu que, maintenant, nous pouvons faire des études, devenir indépendantes, nous marier, avoir des enfants si on le veut, mener de front carrière et vie de famille. Ou rien que carrière, si on préfère. On peut même devenir dirigeante, si on en a l'envie et les capacités.

Mais que de combats il aura fallu pour obtenir cette égalité ! Et encore, circonscrite à nos seules contrées...

Oui mais tu vois je pense justement que cette deuxième lettre avait bien plus de chance de faire mouche que la première, car tellement vraie!
On ne peut mettre les hommes plus bas que terre et ensuite demander une égalité avec des êtres réduits à des animaux
Les mouvement féministes n'ont pas besoin d'enfoncer les hommes pour faire valoir leurs droits, il leur suffit juste de mettre sur la table les inégalités (salaires, emplois, etc...), ce qui est bien plus efficace

Ces textes étaient des pensées couchées sur papier, j'ignore quelle postérité Isabelle de Bourbon Parme comptait leur apporter.

Et puis, elle parle là le langage de l'opprimé face à l'oppresseur. C'est ça, qui me touche. Cette image des hommes tellement imbus d'eux mêmes qu'ils ne se sont même jamais posé aucune question. Alors que des femmes comme elle, Isabelle, les observent et les jugent en silence.

J'aime beaucoup cela. Il faut se mettre à la place d'une femme de cette époque, naturellement réduite à rien du fait de sa seule naissance en sexe féminin.

Les hommes se rendent difficilement compte de cette réalité. Ils sont nés avec tout dans le bec, comme ça, tout cuit. Et depuis la nuit des temps. La supériorisation (si je puis me permettre) est inscrite dans leurs gênes.

C'est cela qu'illustre magistralement le texte d'Isabelle : cette absence totale de mise en question.

Ah oui je suis d'accord, elle a eu un grand courage et une grande fermeté de caractère pour écrire ça en son temps
Car même de nos jours je pense que ça en ferait réfléchir plusieurs
Pour écrire cela elle devait être vraiment opprimée c'est clair, et j'imagine qu'elle l'a écrit relativement vite, comme ça venait...
Mais tu sais, pour moi c'est comme pour la monarchie : c'est un problème de système avant d'être un problème de Roi C'est la société qui est mal foutue et non les hommes.
Les femmes ont toujours été, de tout temps ou presque, considérées comme en dessous des hommes...c'est clair que c'est long de rattraper toutes ces inégalités en seulement 2 siècles, mais petit à petit on y vient

Je n'en suis malheureusement pas si sûre, Chou... D'abord, ces essais d'égalité n'ont jamais eu lieu que dans le monde occidental. Ensuite, tous les intégrismes prônent la soumission de la femme, et ils ne cessent de gagner du terrain. :s:

Tu sais en orient les femmes sont "réduites" à rester au foyer et à éduquer leurs enfants alors que seul le mari gère les finances...c'est pas terrible non plus, et sur ce point je pense que l'occident est même plus en avance

Citation :

Ensuite, tous les intégrismes prônent la soumission de la femme, et ils ne cessent de gagner du terrain

Là on en rejoint le débat sur les sciences
Mais en Europe du moins je doute que ces mouvements passent...car sinon des lettres du genre de celles d'Isabelle fuseraient hein?

Quel est le poids de l'occident face à l'orient montant ? Je n'ai jamais fait l'exercice, mais je crains que, si nous prenons les pays où les femmes et les hommes sont égaux, ils ne soient pas les plus nombreux. Loin de là.

C'est comme pour le socialisme, surtout... J'ai grandi dans ces valeurs, sans jamais douter de la certitude que ces idéaux généreux se répandraient de plus en plus dans le monde. On deviendrait tous égaux et tous heureux, dans le partage et la communion.

Tu parles ! Le néo-libéralisme est en train de tous nous bouffer, pendant que des escrocs spéculent sur nos malheurs. Heureusement que je suis trop vieille pour qu'on me mette aux fourneaux, tiens !

Je suis d'accord qu'il y a encore beaucoup à faire, mais soit plus optimiste, dans l'ensemble depuis 50 ans il y en a eu des avancées!

Citation :

Heureusement que je suis trop vieille pour qu'on me mette aux fourneaux, tiens !

Trop quoi? T'es jeune bordel!
Pas assez jeune tu veux dire? Ouais moi aussi je regrette de ne plus avoir 20 ans pour m'y mettre....

Non, non, je t'assure, Chou... Il y a eu des avancées dans plein de domaines généreux, mais aussi, ces dernières années, des reculades, je le crains. La condition de la femme n'avance plus, en tout cas, c'est sûr.

Et le progrès social, c'est la dégringolade !

Oui, je suis trop vieille pour qu'on me colle aux fourneaux parce que j'y suis trop nulle. Il y aurait trop à rattraper. Plus le temps ! Même mes spaghets, c'est à rendre un chien malade !

De quelle reculades parles-tu? :s:

Citation :

Et le progrès social, c'est la dégringolade !

Ah ça...l'actualité te donne raison malheureusement...
Je viens de lire que Sarkozy a fait voter la suppression des 35 heures pour les cadres : on va devoir bosser 235 jours par an au lieu de 218 maintenant, c'est à dire même les jours fériés (sauf le 1er Mai)...c'est hallucinant... Et pour seulement 10% de salaire en plus! Wouuuu!
Mais ce qu'il va se passer, si cette loi est appliquée dans les entreprises, c'est que nous allons en effet bosser plus de jours par an, mais les heures sup qu'on fait et qu'on ne déclare jamais...on ne les fera plus! Et au final le gouvernement y perdra ça c'est certain

Citation :

Oui, je suis trop vieille pour qu'on me colle aux fourneaux parce que j'y suis trop nulle.

Mais! Je vais te censurer ma parole! Le mot "vieille" est interdit de la part de ton clavier Pim, attention! T'es jeune bordel! C'est fou ça
Et puis tu veux les gouter mes spaghets à moi pour voir? Tu verras si t'es trop vieilles!

T'es adorable, Chou ! Tu me fais marrer de grand matin, alors qu'il fait dégueu dehors et tout... ! D'accord, on va se faire une grande spaghets-surprise en invitant docteurs et pharmaciens !

Ouais! La découverte d'une nouvelle arme chimique!

Viens à Lyon il fait ciel bleu

D'accord ! Parce qu'ici... "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant en proie au long ennui", disait ce petit comique de Baudelaire. Et cet autre petit plaisantin : "avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu".



J'me casse ! Hop ! Téléportation !



Tiens... J'ai atterri à Trianon... ! C'est fou, ça ! Serait-ce une obsession ?

Mais non mais non, c'est un pur hasard voyons