Bustes de Marie-Antoinette par Adèle Castiglione-Colonna, dite Marcello (1836-1879)

Que diriez-vous de poster ici des photos de bustes représentant la reine ?  

Celui-ci est superbe ! J'adore le profil altier et la lèvre dédaigneuse...  


Statue en plâtre de la reine Marie Antoinette à Versailles quand elle était dauphine, signée Marcello (1836-1879), hauteur 56,5 cm .
http://www.snoy.net/stolen.php

Le premier buste par Marcello est une vision de Marie-Antoinette telle qu'elle aurait été à l'époque du Premier Empire tant dans la mode que laisse deviner le décolleté que dans la coiffure et le tour de cou...
Mais le visage est bien vu...quoiqu'il n'eut sans doute pas plu à Marie-Antoinette qui aurait pu, en le voyant, redire cette phrase que rapporte Elisabeth Vigée-Lebrun :
" Si je n'étais pas Reine, on dirait que j'ai l'air insolent" ...

Bien à vous.

Buste de Marie Antoinette, par Adèle Castiglione-Colonna (1836-187...)

J'adore sa dignité !

... le nez altier et la lèvre Habsbourg !

Oui magnifique!

Cette lèvre Habsbourg en a énervé plus d'un...car ça lui donnait un air fier, dédaigneux et très hautain que ses ennemis prenaient pour de la provocation...

Citation :

que ses ennemis prenaient pour de la provocation...

Y'avait p'têt' un peu d'ça, aussi... "Nous n'avions pas besoin de remonter sur le trône, nous y étions". Ce s'rait pas un rien d'la provoc, des fois ?

Oui bon d'accord c'est vrai qu'elle avait cette tendance à l'ironie provocatrice redoutable et instinctive
Mais ses lèvres Habsourg n'arrangeaient rien , car avec ce genre de paroles "piquantes", il y a avait la figure aussi
Et beaucoup se sentaient provoqués juste en la regardant finalement...
Même le pauvre Duc d'Orléans en a fait les fraîs, alors qu'il se plaignait que l'Archiduc Maximilien n'était pas passé le voir avant d'aller à Versailles, la Reine lui répondit : "Le Roi a traité l'Archiduc en frère, puisqu'il l'a fait souper à l'intérieur, dans l'intimité de la famille royale, honneur auquel je suppose vous n'avez jamais prétendu".....il a dû être calmé sur le coup

Je trouve que ce buste est peu flatteur pour la reine, je me demande si le sculpteur n'a pas voulu plus montrer les défauts de Marie Antoinette que ses qualités.

C'est Marie-Antoinette durant Sa dernière année de vie que l'on voit ici...
L'auteur a donc marqué la Reine de ce que l'Histoire L'a fait enduré...
Ce n'est plus le même modèle qie celui de Boizot ou de Lemoyne

Bien à vous.

Il est certes peu flatteur mais malheureusement je pense qu'il est réaliste étant donné l'époque

c'est une femme plus mûre et désabusée sur l'existence. Les chagrins et les soucis sont passés sur elle, elle n'est pas abattue mais reste magnifique de dignité ! "Kopf hoch"

Les manches seulement me rappellent un peu trop la vêture des tableaux de Gautier d'Agoty ou Élisabeth Vigée-Lebrun, son premier qui était à l'affiche pour l'expo du Grand Palais...

Bien à vous.

Durfort a écrit:

Je trouve que ce buste est peu flatteur pour la reine, je me demande si le sculpteur n'a pas voulu plus montrer les défauts de Marie Antoinette que ses qualités.

Question de goûts, Durfort. Moi, c'est un de mes bustes préférés, bien qu'il ne puisse être que très subjectif, puisque datant du XIXe siècle. Ah, ça, bien sûr, on n'y trouve pas la grâce dansante de la jeunesse... C'est la veuve Capet que représente l'artiste.

cecile a écrit:

c'est une femme plus mûre et désabusée sur l'existence. Les chagrins et les soucis sont passés sur elle, elle n'est pas abattue mais reste magnifique de dignité ! "Kopf hoch"

Voilà ! Et je m'avoue, comme les femmes nippones, très touchées par cet aspect-là...

Citation :

Les manches seulement me rappellent un peu trop la vêture des tableaux de Gautier d'Agoty ou Élisabeth Vigée-Lebrun, son premier qui était à l'affiche pour l'expo du Grand Palais...

Bien à vous.

Bien sûr, l'oeuvre n'est pas réaliste, les vêtements travaillés, les cheveux de pleureuse, la grande croix... tout est très connoté vision XIXe de la reine décapitée.

Mais, et de façon intéressante, les traits physiques correspondent aux témoignages, le visage un peu trop long, un peu trop fin, le nez busqué, la lèvre inférieure avancée.

Oui je pense qu'elle était véritablement ainsi en ce temps là, tous les témoignages concordent

Bien que d'imagination, forcément, l'oeuvre a ceci de réaliste aussi qu'elle montre une femme jeune. On a beau dire ce qu'on veut, 37 ans, ce n'est pas vieux.

Pim a dit :

Citation :

On a beau dire ce qu'on veut, 37 ans, ce n'est pas vieux.

Grand dieu non. 37 ans est un bel âge. ceci dit après les épreuves qu'Elle a dû subir, on Lui donnait beaucoup plus.

Je mettrais bien ce buste chez moi.

Citation :

Pim a dit :

Citation :

On a beau dire ce qu'on veut, 37 ans, ce n'est pas vieux.

Grand dieu non. 37 ans est un bel âge. ceci dit après les épreuves qu'Elle a dû subir, on Lui donnait beaucoup plus.

Je mettrais bien ce buste chez moi.

Oui, c'est ce que disent les témoignages. Mais j'ai toujours eu du mal avec ça... Objectivement, morte à 37 ans, Marie Antoinette était une femme jeune, même pour l'époque, compte tenu de son rang social. On vivait plus vieux dans la haute que travaillant aux champs.

L'énergie dont Marie Antoinette a fait preuve jusqu'au bout confirme d'ailleurs ce sentiment. Il suffit de voir la présence d'esprit avec laquelle elle a répondu à ses accusateurs, la lucidité de sa dernière lettre, sa force de caractère lors de son ultime exhibition.

Au vu de tout cela, je m'interroge souvent sur ces témoignages qui la peignent vieille et abattue, et je me demande s'il ne faudrait pas les relativiser. En effet, les gens s'attendaient peut-être à une femme en atours et en majesté. Mis en présence d'une veuve sans apprêts particuliers, ils pouvaient avoir une première impression choquante.

Donc, si nous faisions passer la veuve Capet par nos salons de douceurs et de beauté, je suis certaine qu'elle n'en sortirait pas âgée.  

pimprenelle a écrit:

Donc, si nous faisions passer la veuve Capet par nos salons de douceurs et de beauté, je suis certaine qu'elle n'en sortirait pas âgée.

On sait déjà en quoi consisteraient les soins que nous Lui prodiguerions

Bien à vous.

Je savais que ça allait te toucher !  

J'ajoute quelques vues du buste de Marie-Antoinette au Temple par la Duchesse de Castiglione, Marcello de son nom d'artiste.







madame antoine

Super! Merci, Madame Antoine!

Je m'aperçois que nous n'avons pas encore de biographie de cette artiste. Et, pourtant, elle en vaut la peine!

Adélaïde Nathalie Marie Hedwige Philippine d’Affry est née le 6 juillet 1836 à Fribourg, en Suisse. Dans sa famille, beaucoup d'hommes se sont illustrés dans la carrière militaire, et elle dira plus tard qu'elle a comme un regret héréditaire de n'avoir pas été soldat... Vous voyez que c'est un esprit, cette femme!

En attendant, elle suit le cursus traditionnel de toute jeune personne de l'aristocratie. Le dessin et l'aquarelle figurent au programme de son éducation mais elle prend aussi des cours de modelage, à Rome, auprès du sculpteur suisse Heinrich Max Imhof.

En 1856, Adèle épouse Carlo Colonna, qui va recevoir le titre de duc de Castiglione-Altibrandi. Le couple va vivre à Paris, mais, bien vite, le duc décède de fièvre typhoïde et Adèle se retrouve veuve à vingt ans. Dotée d'une personnalité trop indépendante, peut-être, la jeune femme ne voudra jamais se remarier.

Contrainte de revenir à Rome pour régler les différends qui l'opposent à sa belle-famille dans la succession de son mari, Adèle reprend ses travaux de sculpture avec Imhof et étudie les oeuvres célèbres dont la ville regorge. Elle réalise un buste de son défunt époux et un autoportrait. La voici, cette sculpture où elle apparaît en jeune fille sage et presque austère:  



En 1859, la duchesse va vivre à Paris où elle ne tarde pas à fréquenter la haute société du Second Empire, les cercles légitimistes du faubourg Saint-Germain et le salon tenu par la comtesse de Circourt.

La jeune femme est infatigable: elle étudie le dessin animalier et l'art d'après nature à l'antique sans pour autant négliger la sculpture. Elle suit des cours d'anatomie dans le sous-sol de l'école pratique de médecine. Elle noue des amitiés durables, notamment avec Eugène Delacroix dont elle restera proche jusqu'à la fin de ses jours. Bref, elle court, elle court... et, pourtant, les premiers signes de la maladie de poitrine qui l'emportera sont déjà apparus...

Nous sommes en 1863. Après avoir longtemps tergiversé, Adèle décide d'exposer au Salon parisien.. mais non sans avoir choisi, pour se donner la crédibilité déniée à son sexe, un pseudonyme masculin. C'est sous le nom de Marcello qu'elle présente donc trois bustes: le portrait du comte G. de Nicolaÿ, celui de la duchesse de San Cesario et, surtout, sa Bianca Capello, qui retient l'attention de l'impératrice Eugénie...

Attention à ne pas confondre notre duchesse de Castiglione avec la comtesse du même nom... ça ne plairait pas à notre Adèle, mais alors là pas du tout!




C'était en effet la comtesse de Castiglione qui focalisait sur sa personne toutes les attentions. Sa beauté était aussi célèbre que célébrée, à tel point que, lorsqu'en début de soirée, l'aboyeur la confondait avec la trop fameuse comtesse, Adèle lui conseillait avec le sens de l'à propos qui la caractérisait: "Annoncez la laide!".

En fait, Adèle n'était pas moche du tout. Grande, peut-être un peu trop, elle avait une belle taille et de superbes épaules. Son teint était frais, ses cheveux blonds et ses yeux bleus, d'un bleu qui fonçait et s'irisait d'éclairs lorsqu'on la contrariait. Son allure, surtout retenait l'attention, car elle était à la fois hiératique comme les statues qu'elle sculptait et bohème au point de délaisser les sacro-saints corsets...

... tiens, tiens, ça me rappelle quelqu'un, ça...

En ce qui concerne son travail, Marcello s’inspire de la force et de l'expression plastique des grands maîtres, notamment de Michel-Ange. Techniquement, elle part de plâtre, terre glaise ou cire et fait fondre ou transposer ses œuvres en bronze ou en marbre. C'est pourquoi il existe souvent plusieurs éditions de la même sculpture. En 1865, elle expose ainsi au Salon une version en marbre de sa Gorgone.




Wah... Elle est magnifique! La voici en bronze:




Quelle expressivité! Quelle noblesse, aussi... Tellement plus digne et plus attirante que le modèle antique...