Louis XV en 1748, par Quentin de La Tour Entrée de Louis XV dans Paris
après la bataille de Fontenoy (mai 1745)
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Jamais on ne fit à aucun roi de France une réception plus magnifique. Louis XV venait de signaler sa première campagne
par la conquête de plusieurs places de la Flandre autrichienne. Une maladie dangereuse avait failli l’enlever au milieu de ses victoires. Devenu doublement cher aux Français...
Jamais on ne fit à aucun roi de France une réception plus magnifique. Louis XV venait de signaler sa première campagne par la conquête de plusieurs places de la Flandre autrichienne.
Louis XV en 1748, par Maurice Quentin de La Tour
Une maladie dangereuse avait failli l’enlever au milieu de ses victoires. Devenu doublement cher aux Français par la gloire dont il s’était couvert et le danger qu’il avait couru, on peut juger avec quels transports il dut être reçu par un peuple aussi extrême dans son amour que dans sa haine.
Ce ne fut pendant tous les jours suivants que fêtes, que réjouissances, qu’illuminations, feux d’artifice, repas somptueux, fontaines de vin coulant dans toutes les rues. Les vers pleuvaient également de tous les côtés. Dans la foule des poètes, on distingua le chantre d’Henri IV, qui célébra de la manière la plus pompeuse l’illustre rejeton de son héros. Chacun des autres poètes n’avait fait qu’une pièce, Voltaire en fit deux ; on lisait dans la première :
La vertu sur le trône est dans son plus beau jour,
Et l’exemple du monde en est aussi l’amour.
Nous l’avons bien prouvé, quand la fièvre fatale,
A l’œil creux, au teint sombre, à la marche inégale,
Attaqua dans son lit, de ses tremblantes mains,
Au sortir des combats, le plus grand des humains.
Jadis Germanicus fit verser moins de larmes ;
L’univers éploré ressentit moins d’alarmes
Et goûta moins l’excès de sa félicité
Lorsqu’Antonin mourant reparut en santé.
Dans la seconde épître que Voltaire adressa de suite à Louis XV, il enchérit encore sur tout ce qu’il avait dit dans la première.
...Si la philosophie
Plaça dans l’amitié le charme de la vie,
Quel est donc, justes dieux ! le destin d’un bon roi
Qui, dit, sans se flatter : « tous les cœurs sont à moi ? »
A cet empire heureux qu’il est beau de prétendre !
Vous qui le possédez, venez, daignez entendre,
Des bornes de l’Alsace aux remparts de Paris,
Ce cri que l’amour seul forme de tant de cris ;
Accourez, contemplez ce peuple dans la joie,
Bénissant le héros que le ciel lui renvoie :
Ne le voyez-vous pas tout ce peuple à genoux,
Tous ces avides yeux qui ne cherchent que vous,
Tous ces cœurs enflammés volant sur notre bouche ?
C’est-là le vrai triomphe et le seul qui vous touche.
Suit une comparaison du triomphe de Louis XV avec ceux des Romains.
Cent rois au Capitole en esclaves traînés,
Leurs villes, leurs trésors et leurs dieux enchaînés,
Ces chars étincelants, ces prêtres, cette armée,
Ce sénat insultant à la terre opprimée,
Ces vaincus envoyés du spectacle au cercueil,
Ces triomphes de Rome étaient ceux de l’orgueil.
Le vôtre est de l’amour, et la gloire en est pure
Un jour les effaçait, le vôtre à jamais dure
Ils effrayaient le Monde, et vous le rassurez,
Vous l’image des dieux sur la terre adorés,
Vous que dans l’âge d’or elle eût choisi pour maître.
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