| | Succès pour Le devin du village | |
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Chakton
Nombre de messages : 1258 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Succès pour Le devin du village Lun 16 Avr - 10:53 | |
| Mais oui, vous connaissez "Le devin du village" ! C'est cet opéra dans lequel la reine Marie-Antoinette a elle-même en personne tenu un rôle. Si, si, c'est marqué ici. https://maria-antonia.forumactif.com/t123p420-le-petit-theatre-de-marie-antoinette-a-trianonIl y a peu, cette pièce toujours d'actualité a été jouée dans le cadre même du théâtre de la reine à Trianon. Tous les détails ici. https://maria-antonia.forumactif.com/t9223-le-devin-du-village-performed-on-marie-antoinette-s-stageMaintenant, c'est pendant le célèbre MusiqueS à Cahors que le spectacle va être repris. Une création 2018C’est d’ailleurs cet endroit qui accueillera l’opéra de cette année, une création du cru 2018 du festival de Saint-Céré « Le devin du village » de Jean-Jacques Rousseau. Si cet auteur est plus connu pour ses essais philosophiques, il était également musicologue. Il a créé un opéra à la mode italienne qu’adorait Louis XVI, un conte sur une histoire d’amour entre un homme et une femme, et leur rapport à la nature… Le metteur en scène Benjamin Moreau, qui a notamment participé à la dernière création » La Traviata », a rajouté des textes philosophiques de Jean-Jacques Rousseau, formant ainsi une piécette de théâtre accompagnée par l’ensemble baroque des Monts du Reuil. Une création à découvrir jeudi 16 août 2018 à 21 h dans la cour de la Préfecture à Cahors. Vers le programmes des réjouissances https://actu.fr/occitanie/cahors_46042/festival-musiques-cahors-enchante-lete-entre-classique-opera-cabaret_16314560.html _________________ X est la force deux fois pure
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| | | Chakton
Nombre de messages : 1258 Date d'inscription : 22/10/2017
| Sujet: Re: Succès pour Le devin du village Jeu 6 Sep - 19:29 | |
| Succès aussi pour cette édition : Un opéra de Jean-Jacques Rousseau à Saint-CéréOn ignore souvent que Jean-Jacques Rousseau était aussi musicien. Il a composé un petit opéra, « Le devin du village », un intermède musical en un acte créé à la cour de Fontainebleau en 1752. Le philosophe évoque cet ouvrage au huitième livre des « Confessions ». L’une des idées passionnantes de l’édition 2018 du festival de Saint-Céré a été de monter cette rareté. La mise en scène a été confiée à Benjamin Moreau, conseiller artistique au festival de Figeac, où le spectacle a également été représenté. A Saint-Céré, ce « devin du village » était joué dans le cadre enchanteur du Château de Montal, à proximité des champs et des bois, de cette nature que Rousseau aimait tant. Benjamin Moreau nous a accordé un entretien, au lendemain d’une représentation. Fragil : Qu’est-ce qui vous touche dans « Le devin du village » de Jean-Jacques Rousseau ? - Benjamin Moreau : C’est la place que cet ouvrage laisse à la vraie beauté du chant populaire, avec une sincérité dans l’émotion, même s’il y a aussi une construction intellectuelle. C’est une histoire de gens simples. Ce qui m’interroge, c’est la continuité de cet opéra comique avec la pensée de Rousseau philosophe : ce « Devin du village » pose également la question de la recherche d’un bonheur désormais accessible, qui ne passe plus seulement par le salut, comme auparavant.
Fragil : Quel rapport Rousseau entretenait-il avec la musique et avec l’opéra ? - Benjamin Moreau : Il a découvert la musique assez jeune, et avait de vraies ambitions, allant jusqu’à inventer un système de notations musicales, qui a été balayé par Jean-Philippe Rameau. Il a aussi été copiste de partitions, ce qui n’est pas rien. C’est l’exemple de l’autodidacte. On sait qu’il aimait beaucoup les opéras italiens. On lui doit une lettre pour l’encyclopédie et un dictionnaire sur la musique. Quand par ailleurs on lit ses écrits sur le théâtre, il parle beaucoup du « Misanthrope », qui était pour lui une figure positive. Il ne voulait pas, comme Molière, représenter les travers humains, mais envisageait la représentation comme une communion avec le public, une véritable fête populaire : Jean-Jacques Rousseau était fasciné par les retraites aux flambeaux. Il souhaitait rendre le spectateur actif, ce en quoi il annonce Brecht. Sa conception du théâtre a conduit à un point de rupture avec Diderot et D’Alembert. De même, dans sa musique, il a cherché la vérité du sentiment plus qu’une construction savante.
Fragil : Comment présenteriez-vous votre spectacle ? - Benjamin Moreau : Le sujet n’est pas mythologique, c’est une pastorale naïve et le livret fait penser au théâtre de Marivaux. C’est une suite très simple d’évènements, pris pour ce qu’ils sont, où l’on est dans l’émerveillement immédiat. Quand on joue cette oeuvre, on doit retrouver cet étonnement de toute chose. J’ai fait le choix d’un certain statisme au début : des chanteurs, et aussi une musicienne, disent des textes. Ainsi, chacun s’approprie quelque chose qui n’est pas forcément son art. Toute la musique est de Rousseau et seul, l’avant-dernier air est de Philidor, qui l’avait composé dix ans après la création, pour étoffer ce « Devin du village ». Le dernier air « Allons chanter sous les ormeaux » est devenu un chant révolutionnaire, et l’ensemble « C’est un enfant », également à la fin, était certainement destiné à faire participer le public. L’ouvrage a connu un grand succès, il a été représenté devant Louis XV, et Marie-Antoinette a joué Colette dans son théâtre .Il y a eu de nombreuses parodies.
Les saluts, à la fin de la représentation ALEXANDRE CALLEAUFragil : Vous avez évoqué des textes, qui sont de Jean-Jacques Rousseau. De quelle manière les avez-vous choisis et comment s’articulent-ils avec l’ouvrage ? - Benjamin Moreau : Lorsque j’ai commencé à travailler pour cette commande, j’ai réuni beaucoup de textes qui se rapprochent de l’argument. Aussitôt après l’ouverture, ce sont des extraits des « Confessions », qui évoquent la genèse de l’ouvrage, et la simplicité avec laquelle c’est sorti. Il y a aussi un dialogue extrait de « Rousseau juge de Jean-Jacques », dans lequel le compositeur se justifie, suite aux reproches qui lui avaient été faits d’avoir plagié Pergolèse. Les autres textes appartiennent au livre V de « L’Emile », son roman d’apprentissage. Après Platon, aucun philosophe ne s’était ainsi intéressé à l’amour et aux r
apports hommes femmes. Ces extraits trouvent une continuité dans « Le devin du village », sans l’alourdir. J'ai pas tout partagé, le reste de l'interview se trouve ici https://www.fragil.org/un-opera-de-jean-jacques-rousseau-a-saint-cere/ _________________ X est la force deux fois pure
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| | | madame antoine
Nombre de messages : 6890 Date d'inscription : 30/03/2014
| Sujet: Re: Succès pour Le devin du village Lun 3 Mai - 9:47 | |
| Cher Chakton, voici une opinion qui vous fera grandement plaisir. Tendez l'oreille ! Faut-il se moquer de l'opéra de Jean-Jacques Rousseau ?... "opéra" ? "intermède" ? Il existe un lieu commun assez rebattu : "le Devin du village", intermède en un acte de 1752, ne serait pas de la très bonne musique. Est-ce toujours bien étayé ... ou est-ce quelque chose que nous aimons à dire sans vraiment savoir ?Jean-Jacques Rousseau (par Jean Édouard Lacretelle), :copyright: GettyUne œuvre à réhabiliterNous sommes le 1er mai 2021. Il y a exactement 254 ans, le 1er mai 1767, Jean-Jacques Rousseau, en plein délire de persécution, décide de quitter la maison de monsieur Davenport en Angleterre pour revenir en France. Il s’était exilé en Angleterre dans un accès de paranoïa, après s’être fâché avec toute la sphère littéraire française de la moitié du XVIIIe siècle qui se demandait avec appréhension ce qu’il allait bien pouvoir révéler sur elle dans ses Confessions. Jean-Jacques Rousseau est philosophe, mais il est également musicien. L’histoire retient de lui qu’il est musicien amateur, autodidacte et inexpérimenté. Pourtant, tout au long de ses Confessions , il se décrit comme musicien de métier. Autodidacte, en réalité, il ne l’est pas vraiment : il apprend la musique à la maîtrise de la cathédrale d’Annecy, il l’enseigne dès l’adolescence, toute sa vie il gagnera sa vie en tant que copiste (nous savons qu’à cette époque, la musique s'assimile beaucoup par la copie), et puis surtout il est le compositeur d’une des œuvres qui aura le plus de succès à l’opéra de Paris en y restant à l’affiche pendant près de 80 ans, de 1753 à 1829 : son intermède en un acte : le Devin du village. Chronique en forme de billet d'humeur contre toute certitude non renseignéeIl s'agit d'une conversation que nous avons très souvent dans nos premières années de musicologie : "Le Devin du Village de Jean-Jacques Rousseau, c’est pas bon, c’est médiocre..." et puis voilà. Et c’est devenu un tel acquis que nous avons commencé à le dire … sans avoir écouté l'œuvre.Le "Devin du village", en quelques motsRousseau compose cet intermède (cet acte) sous la forme de ce qui peut sembler être pour nous assez proche d’un opéra, c’est-à-dire une alternance de pièces orchestrales, d’airs et de récitatifs, le tout divisé en scènes. Pas de passages de théâtre : tout est chanté. Et tout est chanté dans un style que Rousseau veut italien. La musique française ne l’intéresse pas : “Le chant français n’est qu’un aboiement continuel.” Schématisons grossièrementEn France à cette époque, on se pose la question de l’avenir musical : est-ce qu’il faut composer avec l’intellect, avec la science des accords, ou est-ce qu’il faut composer avec le cœur et avec un chant proche de la diction naturelle de la vraie vie ? Rousseau, lui, est clairement du côté du naturel, et il entend utiliser Le Devin du Village pour le prouver. Mais alors pourquoi cet intermède, cet opéra, a-t-il mauvaise réputation ? Eh bien pour tout un faisceau de raisons. Déjà parce que Rousseau est (un peu) insupportable, il dresse toute la profession contre lui, et remplit ses Confessions de paragraphes entiers dédiés à sa propre louange. Egalement parce que l'Histoire nous a convaincus que Rousseau était autodidacte, ce qui prépare négativement notre perception. Et puis enfin : parce que nous ne prenons plus le temps de nous renseigner vraiment. C’est en 1947 que nous trouvons la sentence la plus violente contre Le Devin du Village. Pierre Lalo : “Le Devin du village est une partition d’une insignifiance parfaite, aux idées petites, faibles et fades, harmonisées et instrumentées avec une rare pauvreté, un ouvrage d’amateur médiocre.” En ce qui concerne l’instrumentation : je ne vais pas faire une dissertation. Je préfère plutôt faire écouter ceci : cordes, hautbois et cors, c’est très bien fait.EXTRAIT 2 - Ballet divertissement (scène du Devin du Village (Cantur Firmus Consort, dir. Andreas Reize) “Harmonisée avec une rare pauvreté” disait Pierre Lalo. Oui, alors je vais être très honnête : pendant une heure, nous avons premier degré, sous-dominante, dominante et ponctuellement le relatif mineur... et puis voilà. La simplicité volontaire qui correspond au sujet Mais c’est là où nous arrivons à ce que j’ai envie de dire : je pense qu’il y a un grand malentendu. Ce que beaucoup perçoivent comme “particulièrement peu inspiré” et “pauvre” est en réalité de la simplicité volontaire. Le sujet : une bergère inquiète des infidélités de son berger se tourne vers le Devin un peu charlatan qui lui dit de se faire plus coquette.Le sujet est le sujet habituel et pastoral de la moitié du XVIIIe siècle lorsque l'on cherchait à respirer esthétiquement entre deux drames mythologiques et tapageurs. Rousseau traite le sujet adéquatement : à sujet simple, traitement simple. La recherche de naturelCe que Lalo appelle “idées petites, faibles, fades et médiocres”, c’est en réalité ce chant qui cherche à être naturel. Oui : chez Jean-Philippe Rameau, quand ça chante, c’est magnifique ! C’est absolument somptueux parce que c’est très musical ! Chez Jean-Jacques Rousseau, la musique paraît moins impressionnante en raison du peu de vocalises, et des intervalles très restreints d’une note à l’autre sont très restreints. Le chant en paraît d’une certaine façon … moins expressif et poignant pour nos oreilles d’aujourd’hui. Rousseau réfléchit en compositeur contemporain, qui cherche à produire la musique de son temps, proche de la prosodie de son temps. Si cela vous semble peu inspiré, c’est peut-être que vous l’écoutez avec des oreilles “ramistes” : vous voulez inconsciemment du Rameau, et vous en oubliez de profiter de ce que vous avez réellement devant vous.EXTRAIT 3 - "J'ai perdu tout mon bonheur" (premier air du Devin du village - Gabriela Burgler, Colette) Cet air-là, Louis XV le fredonnera à longueur de journée.
Evidemment il y a de quoi remplir des thèses sur le sujet. Nous n'avons même pas commencé à aborder ce vaste sujet. Je voulais surtout conseiller d’écouter Le Devin du Village de Rousseau avant de le condamner.
Déjà ce n'est pas plus mal écrit que ce que quelqu’un comme André Gretry composera plus tard. Il est possible que les interprétations au début du XXe siècle n’aient pas aidé à apprécier l'œuvre. Il reste encore de la part des interprètes d'aujourd'hui tout un travail à faire pour convaincre et être poignant avec le peu de moyens musicaux laissés par Rousseau. Mais il ne faut pas se laisser berner intellectuellement par l’enjeu du Devin du Village : certes Rousseau insiste lourdement sur l’importance de son œuvre, et c’est pour cela que nous attendons un chef-d’œuvre, mais le génie de ce chef-d’œuvre est d’avoir accepté et embrassé la simplicité, qui allait d’une certaine façon être repris par la plume de Gluck. Le Devin du village n’est pas médiocre, il est simplement... simple. Nous pouvons reconnaître également qu’il n’a pas été composé pour plaire… mais qu’il a plu aux Parisiens pendant 80 ans, en soutenant la comparaison avec Gluck, puis Mozart puis Rossini avant de céder la place à Berlioz.L'équipe de l'émission : Christophe DilysProduction Vous pouvez écouter les extraits mentionnés sur la page de France Musique. https://www.francemusique.fr/emissions/tendez-l-oreille/tendez-l-oreille-faut-il-se-moquer-de-l-opera-de-jean-jacques-rousseau-94499 Bien à vous madame antoine _________________ Plus rien ne peut plus me faire de mal à présent (Marie-Antoinette)
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