Tentures et chinoiseries

J'aime beaucoup ce style  

Comme convenu, continuons notre petit tour Tapisseries et chinoiseries d’après François Boucher.  
Vous vous souvenez, nous admirons là son travail pour la Deuxième Tenture Chinoise de la Manufacture royale de Beauvais.
Ses cartons préparatoires ont été présentés au Salon de 1742, et les premières tapisseries tissées l’année suivante.
Un jeu complet (identique à celui tissé pour Louis XV en 1759) a été envoyé en cadeau à l’empereur de Chine : Qianlong.

Source d’inspiration, cette série fut de nombreuses fois reprise : tapisseries, dessins, gravures et diverses autres déclinaisons artistiques (que je ne développe pas ici, ce serait trop long).
Je vous présente donc la suite de cette série, avec :

La Pêche (sur eau, ou depuis la terre)


esquisse, 1742



La chasse chinoise (il s’agit ici d’une chasse au filet, pour piéger les oiseaux)

Manque une tapisserie prévue pour cette Deuxième Tenture Chinoise de Beauvais, par François Boucher.
Il s'agit du Repas de l'empereur.

Je n'ai malheureusement à vous proposer que le carton préparatoire, impossible de mettre la main sur la tapisserie :




Le thème du repas ou de la collation à la chinoise était très populaire...
L'on voit ici celui du Thé, décliné pour la Manufacture d'Aubusson, vers 1745 :





De même, François Boucher s'est plu à décrire les gestes de la vie quotidienne, ou des métiers exotiques.
Ils seront très souvent repris, comme ici, toujours pour Aubusson, avec cet Oiseleur :



D'autres sujets avaient été présentés par François Boucher au salon de 1742.
Ils n'ont pas nécessairement étaient tissés par la suite.

C'est le cas du mariage chinois :



Inspiré, je vous l'avais écrit, des planches de dessins de Arnoldus Montanus depuis son Ambassade de la Compagnie Hollandaise des Indes orientales vers l'empereur du Japon , publié quelques 50 années plus tôt : `



Ou de l'Audience de l'empereur (thème déjà décliné pour la Première Tenture Chinoise de Beauvais) :
On remarque en bas, à droite, un empilement d'objets chinois qui fascinaient alors les collectionneurs européens : statues, porcelaine, soierie, etc.



Sur la gauche, un brûle-parfum laisse échapper des volutes d'encens : c'est un objet qui était alors très couru pour parfumer les intérieurs des salons élégants.
Comme celui-ci, bien plus petit, et issu d'une paire, en bronze et laque :





Voilà.
J'en ai terminé avec les Tentures Chinoises de la manufacture de Beauvais !

Superbe merci
J'aime beaucoup le dernier

Citation :

Le thème du repas ou de la collation à la chinoise était très populaire...
L'on voit ici celui du Thé, décliné pour la Manufacture d'Aubusson, vers 1745 :

.... le thé servi accompagné d'une assiette de petites douceurs , et goûté avec tout l'agrément d'une conversation tendre et intime ...... toujours la même atmosphère de raffinement dans un écrin de luxuriante végétation  !

Le protocole et les rites de l'empire chinois étaient particulièrement stricts.
Si je ne me trompe pas, il me semble que les serviteurs ne pouvaient regarder l'empereur ; quant aux génuflexions et autres prosternations, elles étaient aussi de rigueur pour les membres de la cour et, du reste, pour toutes celles et ceux en présence de l'empereur.

Vous avez peut-être lu l'Empire immobile : il y est question, à la fin du XVIII, de l'ambassade britannique de Lord Macartney.
Tout un épisode tourne autour de la cérémonie de réception de l'ambassadeur et du respect ou non des génuflexions de rigueur.
Lire ici : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/journaux-voyage/topic684.html

Enfin, je vous recommande aussi cette autre lecture, depuis le même forum : http://www.lafoliedix-huitieme.eu/asie/topic1016.html

Cette lecture était très intéressante, et vraiment fascinant les rites quasi sacrés dont s'entourait l'Empereur de Chine .
L’idée de rite est très ancienne dans la pensée chinoise, et le rituel impérial est inséparable du pouvoir politique , écrit Sam Wong, et l'on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la très lourde étiquette imposée par Louis XIV, codifiant la vie de la Cour .  Qu'était-ce sinon un rite, et la démonstration du pouvoir absolu du Roi sur le reste du monde ?
Louis XV a le premier secoué le joug de l'étiquette fragilisant ce rite; Louis XVI l'a laissé enfreindre par tout un chacun ...  le pouvoir royal en a tremblé sur ses bases pour finalement s'écrouler comme un château de sable ...

L'intervenant sur La Folie a à peu près tout lu, et peut faire des chapitres entiers sur n'importe quel sujet !  

Citation :

Cette lecture était très intéressante, et vraiment fascinant les rites quasi sacrés dont s'entourait l'Empereur de Chine .
L’idée de rite est très ancienne dans la pensée chinoise, et le rituel impérial est inséparable du pouvoir politique , écrit Sam Wong, et l'on ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec la très lourde étiquette imposée par Louis XIV, codifiant la vie de la Cour .  Qu'était-ce sinon un rite, et la démonstration du pouvoir absolu du Roi sur le reste du monde ?

Oui. Cependant, Sam Wong insiste sur l'aspect plus proche de celui du culte, de la spiritualité, qu'il faut différencier de la "simple" étiquette ou du protocole.

Citation :

Oui. Cependant, Sam Wong insiste sur l'aspect plus proche de celui du culte, de la spiritualité, qu'il faut différencier de la "simple" étiquette ou du protocole.

Bien sûr, mais là aussi nous pouvons faire le parallèle : nos Rois étaient censés tenir leur pouvoir de Dieu.  Ils étaient des personnes sacrées.

C'est dans cette petite commode à chinoiseries tons d'or sur fond noir , que vous avez mis votre Zweig !!! deuxième tiroir à gauche ...

( Ateliers des Frères Coulon, rue Princesse A la toilette Royale, vers 1750 )

Joli meuble

J'ajoute ce carton du mariage chinois de Boucher bien sûr

Merci Globule.