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| Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 13:58 | |
| Bonjour à tous,
Je viens ici vous soumettre une interrogation qui me trotte depuis que j'ai lu des choses différentes à propos des rôles exacts joués par Madame Élisabeth et par Marie-Antoinette, en ce jour du mercredi 20 juin 1792. Restituons le contexte : le 19 juin, Louis XVI opposa son veto à deux décrets de l'assemblée. Le lendemain, le peuple en colère força les portes des Tuileries afin de faire retirer au roi son double veto. Jusqu'alors, j'ai lu plusieurs fois, notamment dans les biographies de Stefan Zweig et Antonia Fraser (il me semble), ainsi que sur des sources Internet, que devant les émeutiers, Madame Élisabeth avait courageusement endossé le rôle de la reine, et avait réussi à tromper le peuple sur son identité, les affrontant sans sourciller. Cependant, j'ai lu il y a peu, dans Marie-Antoinette, les dangereuses liaisons de la reine, de Michel de Decker, l'extrait suivant :
"La reine, sa Mousseline, son Chou d'Amour et la princesse de Lamballe qui ne les quitte pas d'une semelle, ne savent où aller. - Il faut que je rejoigne le roi, dit Marie-Antoinette. - Surtout pas ! lui dit Marie-Thérèse de Lamballe. - Qu'ai-je à craindre ? Le pire serait d'être tuée. Allons-y. Et déjà elle avance vers le vestibule de la chambre de parade, baptisé l'Oeil-de-Boeuf, comme à Versailles, où le roi s'est réfugié. Pendant que les panneaux des portes sautent à grands coups de hache, que les escaliers résonnent du piétinement sourd des émeutiers en marche, que les vociférations se rapprochent - "On veut la Reine ! On la veut morte ou vive, la chienne !" -, au détour d'un couloir un homme jaillit. - Où allez-vous, Majesté ? s'écrie-t-il en écartant les bras comme pour l'empêcher de faire un pas de plus. Elle le reconnaît, cet homme, c'est son chevalier du poignard. - Près du roi, monsieur, et c'est sur vous que je compte pour me conduire à lui. - Non, n'y allez pas ! - Ce n'est pas à moi que le peuple en veut, le supplie-t-elle, je vais leur offrir une victime. - Non, suivez-moi ! Et, avec respect mais fermeté, Rougeville -qu'Alexandre Dumas transformera un jour en Chevalier de Maison-Rouge- l'entraîne alors vers la chambre du Conseil, qui n'a pas encore été envahie par la "lie des faubourgs". - Placez-vous tous derrière cette lourde table, elle vous fera un rempart, ordonne-t-il, avant de demander à quelques grenadiers de s'aligner par le devant. Il était temps. La porte venait de céder. Emportée par un coup d'épaule du brasseur Santerre qui ressemblait à un mastodonte. Un instant, l'homme des tavernes demeura comme interdit en découvrant Marie-Antoinette, là, devant lui, à portée de main ; en observant la princesse de Lamballe qui semblait pétrifiée ; en regardant une fillette en larmes et le petit dauphin grimpé sur la grosse table de travail. Mais il n'était pas homme à se laisser impressionner. D'autant qu'il avait sans doute déjà quelques degrés de bière dans les veines. - Craignez rien, madame, lança-t-il à la reine, je vais pas vous faire de mal. Poussez-vous, les grenadiers, il faut que le peuple la voie ! Puis, se tournant vers la foule qui hésitait encore à entrer, d'une voix de bateleur il s'exclama : - Allez-y ! Venez donc tous saluer la reine et le prince royal ! Marie-Antoinette au pilori. Pendant près de quatre heures ! Quatre heures de défilé pendant lesquelles elle a dû garder la tête haute, transpirer dans la chaleur de juin, supporter les regards méchants, sentir les haleines vineuses, se laisser injurier sans broncher. Par les femmes, surtout, qui étaient beaucoup plus haineuses que les hommes. L'une d'elles, par exemple, en lui glissant sous le nez une planchette sur laquelle était cloué un cœur de bœuf, avait méchamment ricané en lui disant : - T'as vu ce qu'on a fait du cœur du roi ? Une autre avait agité nerveusement sous ses yeux une potence en miniature, avec une poupée suspendue. - C'est toi ! Une autre encore lui avait brandi un poing de déménageur sous le menton, en hurlant : - Tu es une infâme, on te crèvera le boyau ! - Vous ai-je fait aucun mal ? avait demandé la reine en clignant des yeux. Puis, se tournant vers la princesse de Lamballe, elle avait murmuré : - C'en est trop, cela va au-delà de la patience humaine. Mais elle savait qu'elle ne devait pas réagir, qu'il fallait patienter, rester digne, en imposer presque, car l'instant était périlleux. - Si l'une de ces femmes avait osé la frapper, tout ce qui était dans la salle eût été massacré, racontera Mme de Lamballe.
Voilà, ainsi, dans cette version, il semble que ce soit la reine qui ait affronté directement les émeutiers, en compagnie de ses enfants et de Madame de Lamballe. D'où mon incompréhension quant au rôle tenu par la princesse Élisabeth. J'ai quelques hypothèses à ce sujet :
- L'épisode décrit par Michel de Decker est juste, et il est possible qu'à ce moment-là, Madame Élisabeth se trouvait aux côtés du roi, se faisant effectivement passer pour son épouse ;
- Ayant relevé quelques erreurs dans ce livre, l'auteur a tout simplement fait une erreur dans sa relation des faits, ce n'était pas Marie-Antoinette qui se trouvait dans cette pièce mais Madame Élisabeth.
Je tiens à ajouter, que dans l'extrait retranscrit, et dans l'ensemble du livre en général, certains dialogues sont imaginés, lorsque l'auteur ne mentionne pas "avait dit une telle", etc...
A partir de ces éléments, si vous pouvez m'éclairer sur le sujet, ce sera avec joie que j'accueillerai vos réponses ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:12 | |
| Cher M. d'Hézecques, les deux scènes que vous relatez ne s'excluent pas l'une l'autre . Elles ont lieu en concomitance, ou à peu près ..... Mais peut-être est-ce la mystification de Mme Élisabeth prenant l'identité de sa belle-sœur, qui permet à Marie-Antoinette de fuir ses assassins et lui donne le temps de suivre Rougeville . Ce fidèle royaliste fait effectivement d'une grande table un rempart entre elle et les émeutiers ... |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:19 | |
| Si doute il y a je ne conseillerais pas la version de de Decker étant donné que son livre n'est pas d'une justesse historique exemplaire à la base Ces dialogues notamment sont purement imaginaires _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:24 | |
| Vous avez été plus rapide que moi, j`ai justement envoyé une réponse à Monsieur d'Hézecques. Mais je ne savais pas que le Chevalier de maison rouge était présent en ce moment-là. Fleurdelys |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:30 | |
| Si si ! sauf que son nom n'est pas Maison Rouge, mais Gonze de Rougeville . |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:46 | |
| Je suis d'accord avec vous Chou d'amour sur l'inexactitude historique donc fait parfois preuve Michel de Decker, pour ce qui est des dialogues vous avez également raison, d'ailleurs j'y ai fait mention dans mon premier post. Je n'ai pas particulièrement apprécié ce livre, son style surtout, le summum reste la fin, le dernier chapitre où Marie-Antoinette est dans les cieux, attendant le jugement divin, discutant avec Louis XVI... Ca ne fait pas très sérieux.
En tout cas merci aux autres pour leurs réponses, c'est ainsi ce que je pensais, les deux scènes sont concomittantes. Merci de m'avoir éclairé en tout cas ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 14:50 | |
| - Monsieur d'Hézecques a écrit:
Cependant, j'ai lu il y a peu, dans Marie-Antoinette, les dangereuses liaisons de la reine, de Michel de Decker, l'extrait suivant [...] Je tiens à ajouter, que dans l'extrait retranscrit, et dans l'ensemble du livre en général, certains dialogues sont imaginés, lorsque l'auteur ne mentionne pas "avait dit une telle", etc... Vous avez vous-même conscience que Decker est une mauvaise référence... Remettez-vous en à tous les auteurs, sauf à lui ! Pour vous répondre , je dirais que ni le Roi, ni la Reine n'a été épargné cette terrible journée du 20 juin 1792, si bien que je m'étonne de votre questionnement. Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 16:20 | |
| J'ai bien conscience que personne n'a été épargné durant cette journée. Mon questionnement portait seulement sur le rôle tenu par Madame Élisabeth, à savoir si elle s'était fait passer pour la reine ou pas aux yeux du peuple. Apparemment oui, même si au même moment Marie-Antoinette se trouvait dans une autre pièce, avec ses enfants et madame de Lamballe, devant d'autres citoyens. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 16:29 | |
| Oui, c'est généralement admis. Mme Élisabeth a eu ce geste courageux, tout à son honneur ! |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 16:33 | |
| La plupart des historiens donne effectivement ce rôle à Madame Élisabeth _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? Dim 24 Jan - 19:29 | |
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| Sujet: Re: Madame Elisabeth en Marie-Antoinette ? | |
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