Louis XV, le Bien-Aimé

Petit Normand a écrit:

Nous savons quel tort porta au Roi et à la France ce manque de confiance en lui.

Absolument vrai!!! Un Roi doit être fort, il n'a pas le choix. Comme avec un Lion qui faiblit, les hyènes ne sont jamais loin.

Je souhaiterais revenir sur Louis XV et plus particulièrement sur ses rapports avec le futur Louis XVI
Tout d'abord je vous conseille vivement la bio sur ce roi de Paul del Perugia, elle a été éditée dans les années 70. On apprend des milliers de choses sur ce roi et surtout à l'aimer (un bon pavé).
Si Louis XV avait une correspondance suivie avec son petit-fils de Parme (il le connaissait de vue puisqu'il est venu deux fois à Versailles avec sa mère), il n'était pas pour autant son chouchou. Il faut se rappeler du pacte de famille, renforcé par les alliances des princes Bourbons avec les archiduchesses.
De plus, Louis XV aimait tendrement ses enfants et petits-enfants (même si c'est d'une façon particulière quand on voit le sort de ses filles). Il fut déchiré de la mort des jumelles et du Dauphin. Avec lui, il a aussi énormément souffert du mépris qu'il lui portait vis-à-vis madame de Pompadour. Entre le libertin et de dévôt intransigeant l'entente était difficile. Mais je ne pense pas que Louis XV ait beaucoup de tort de ce côté, il était honnête et eut bien raison d'avoir une telle favorite!
D'où sa joie de voir un de ses petits-fils, en l'occurence le futur Louis XVI, respecter madame du Barry. L'adolescent va jusqu'à demander à la favorite d'être invité aux fameux soupers de Louis XV. Il existe une gravure (désolée de ne pas avoir le matériel adéquat) d'un de ces soupers à Louveciennes où on voit le Dauphin.
Louis XV à ces soupers faisaient beaucoup manger son héritier et si l'on analyse les dates (d'après les Girault e Coursac), elles correspondent aux indigestions dont parlent Marie-Antoinette et Mercy à Marie-Thérèse. En effet, elles cessèrent à la mort du grand-père. Rappelons que Louis XVI a été très maigre jusqu'à ses vingt-cinq ans inquiétant du coup le bon vivant qu'était Louis XV.
Le grand-père préféra un jour décommander son départ pour Choisy? Fontainebleau? Compiègne? Marly? (désolée, je n'ai pas ma bibliothèque à ma disposition) parce que le Dauphin avait un rhume. Il n'eut pas les mêmes scrupules pour une rougeole de madame Victoire.
Certes le Dauphin n'avait pas sa place au Conseil avant la mort de Louis XV, d'où l'accusation qu'il n'était pas préparé à son avènement. Mais aucun Dauphin n'y eut accès avant de donner un héritier.
Cependant entre sa sortie d'éducation et son mariage, au printemps 1770, fut nommé un lecteur pour le Dauphin, dont (encore désolée!) j'ai oublié le nom, je crois qu'il s'agit 'un abbé, commis du ministère des Affaires Etrangères. Donc à mon avis il a du lui apprendre deux trois choses sur la diplomatie européenne.
Et outre ces soupers précédemment cités, il allait à la chasse avec son grand-père. Ils ont du parler! Et je pense que la politique a sûrement été un sujet de conversation ente les deux, ne serait-ce que parce que le grand-père avait la soixantaine.
Louis XVI gardera auprès de lui les vieux compagnons libertins de son grand-père : le duc de Richelieu, le duc de Duras (gentilshommes de la Maison du Roi), le duc de Brissac (qui prouvera sa fidélité en 1792 et rempacera Louis XV auprès de madame du Barry)...
Le duc de Richelieu tentera même de présenter au jeune roi une jolie comédienne.
Là j'entre dans la partie convictions personnelles.
Je pense que si Louis XVI n'a jamais pris de maîtresse c'est à cause de ce qu'il a connu sous son grand-père. Louis XV ne pouvait pas communier, puisqu'il ne pouvait se confesser. Or, le roi est garant du salut de son peuple. S'il part en enfer, son peuple le suit (monarchie de droit divin).
Si Louis XVI a probablement des convictions religieuses, il tient aussi à sa popularité. Or le peuple (et l'opinion publique) aspire à un roi vertueux (la vertu est à la grande mode à cette époque). Cela ne l'empêchait pas d'apprécier les jolies filles (et il le disait) et d'être fier de sa femme qui jouait à merveille le rôle des favorites pour les protections artistiques.
Je suis sûre que Louis XV savait que son petit-fils serait un grand roi qui ne ferait pas les mêmes erreurs que lui côté femmes (qui lui causa des soucis énormes). Malheureusement, il a du relever des défis qu'aucun roi avant lui n'avait connu.

Votre avis sur Louis XV est intéressant car il diffère un peu du mien, enfin surtout entre les relation qu'il a eu avec Louis-Auguste

J'ai plusieurs fois lu que Louis-Auguste n'a jamais vraiment apprécié la Comtesse du Barry, au même titre que ses tantes. D'ailleurs l'une des premières mesures de Louis XVI n'a t-elle pas été d'exiler l'ancienne favorite?
Louis-Auguste était très prude, et les dérives de son grand-père l'ont franchement dérangé. D'ailleurs comme vous dîtes, il n'a pas eu de maîtresse par la suite, d'une part parce qu'il ne voulait pas commettre les mêmes erreurs que le Roi précédent (des erreurs très mal vues du peuple), et d'autres part parce qu'il, là c'est selon moi, avait tout ce qu'il voulait avec sa femme, en parallèle du fait que le sexe ne l'a jamais branché

Mais j'ai aussi lu, je ne sais plus où désolé, mais surement dans la biographie de Louis XVI par Lever, que Louis XV n'a jamais vraiment échangé avec son petit-fils...Louis XV voyant plus le futur Roi dans le Duc de Bourgogne :s:
Cela ne veut pas dire qu'il ne l'aimait pas, mais il devait être distant vis à vis de lui, constatant bien toutes les différences de caractère qu'il y avait entre eux.

Pensait-il que Louis-Auguste serait un grand Roi? J'avoue ne pas savoir...disons que je pense qu'il voyait plus le Duc de Bourgogne en grand Roi, quand ce dernier était encore en vie bien sûr, mais après...

Merci Olivia
J`ai appris à mieux connaître Louis XV grâce a Simone Bertière dans son livre, Les Reines de France au temps des Bourbons, La Reine et la Favorite.
Fleurdelys

Je suis d'accord pour dire que Louis XVI n'aimait pas madame du Barry. Mais sûrement plus pour ce qu'elle représentait (favorite de son grand-père, roi de France) que la personne en elle même. Elle n'était pas méchante, bien éduquée (elle ne rotait sûrement pas à table!) et elle a prouvé sa fidélité à la cause monarchique.
Entre parenthèses (je ne sais pas s'il y a un sujet directement lié à madame du Barry) j'adore le fait que ce soit une des rares à hurler en montant à l'échafaud. Elle prouve bien d'une part qu'elle n'avait pas la noblesse innée et d'autre part si d'autres guillotinés avaient montré plus d'humanité et moins de "hauteur" et de détachement (qu'on peut biensûr appelé dignité ou noblesse), le petit peuple se serait senti peut-être plus concerné et aurait montré un peu plus de dégoût devant les charrettes de condamnés quotidiennes.

Pour en revenir aux rapports du grand-père et du petit-fils, il est vrai que Louis XVI aurait pu se tourner dans le clan dévôt tenu par ses tantes et anciennement par son père le Dauphin. Mais son confesseur l'abbé Soldini (esprit très ouvert) lui a expliqué que cela causerait des tensions au sein de la famille royale, comme ce fut le cas du temps de son père et de madame de Pompadour. Qu'il devait garder pour soi ses convictions et montrer au public son respect envers son grand-père et donc devant madame du Barry.
Marie-Antoinette s'en plaint même parce qu'elle suit les recommandations des tantes (elle n'a que quatorze ans, ne connait encore rien aux intrigues de cour et sa mère lui a dit de suivre leurs conseils et ne peut vraiment pas accepter qu'une fille du peuple puisse avoir le premier rang qui lui revient parce qu'elle est dans le lit du roi!).
Louis XVI a une conscience religieuse ouverte. Il a une foi profonde, sincère (il n'ya qu'à lire son testament) mais aucunement rigide. Il adore le théâtre (alors que son père se signait quand il passait devant les salles de spectacles) et comme dit plus haut s'entourait de vieux libertins.
A propos avez-vous vu un Racines et des Ailes consacré à la place de la Concorde? On entre dans le ministère de la Marine ancien garde-meuble de la Couronne. On voit l'appartement privé du surintendant. Or le dernier n'était autre qu'Antoine Thierry de Ville-d'Avray, premier valet de chambre du roi attaché à Louis XVI depuis sa naissance. Or la décoration est d'un style assez peu conforme à l'idée qu'on a des éducateurs de Louis XVI. J'ai rarement vu une déco XVIIIème aussi érotique (et pourtant!).
Louis XVI était si peu intransigeant dans sa religion qu'il a donné les droits civiques aux protestants et aux juifs (avant la révolution!) par l'édit de Tolérance.
Des esprits étriqués disent même que s'il y eut la révolution, c'est parce que Dieu a puni la France de cette tolérance envers les hérétiques.
Enfin il faut surtout se méfier de ce qui est dit de Louis XVI : sa faiblesse, sa personne désagréable, la méfiance que lui porte son entourage de par sa personnalité difficile sont le fruit d'une propagande qui commence à la cour (Choiseul ,ennemi du parti dévot ,que représente automatiquement le nouveau Dauphin après la mort de son père, puis Provence et Orléans, peu inventifs dans leur rôle de princes collatéraux, chefs de l'opposition royale de par leur rang) et qui est largement reprise à la révolution puis au XIXème siècle pour expliquer justement les causes de celle-ci.
Excusez-moi je m'embale toujours quand ça concerne Louis XVI (et aussi Marie-Antoinette mais ici elle ne manque pas de défenseurs) mais vraiment je vous promets qu'il est très différent de l'image qu'on veut nous donner. De toute façon il a contre lui les pro-monarchistes parce que par sa "faiblesse" il a laissé faire la révolution et de l'autre côté les républicains intégristes qui feront tout pour dire que c'est une bonne chose de l'avoir tué (même s'ils se disent contre la peine de mort). Comme quoi les extrêmes se rejoignent toujours. Il n'y a qu'à voir les magouilles communes des émigrés et des jacobins (certains bien sûr) lors de la révolution, les deux camps étant bien d'accord qu'il fallait éliminer Louis XVI puis sa famille. S'il y en a bien un qui fut heureux d'apprendre la mort de son frère puis de sa belle-soeur puis e son neveu, c'est bien Provence!
Bon je m'éloigne du sujet.
Mais une dernière question : est-ce être faible que d'accepter de mourir pour son peuple? Biensûr ce sacrifice personnel entraîne celui de sa famille et moralement c'est difficile, mais quand même. Louis XVI a préféré se sacrifier plutôt que d'exercer une véritable tyrannie sur la France. Je trouve ça plus fort qu'envoyer l'armée mater le peuple. Je serai toujours étonnée qu'on puisse plus admirer un assoiffé de pouvoir comme Napoléon qui n'hésite pas à mettre l'Europe à feu et à sang.
Et Marie-Antoinette le dit bien à son procès que son mari n'était pas faible.

Ah il y a un bon sujet de 16 pages sur la Comtesse du Barry ici

J'ai copié-collé votre message sur Louis XVI dans ce sujet

J'ai déplacé les messages sur la Marquise de Pompadour ici

Votre message sur Marie-Antoinette a été déplacé dans ce nouveau sujet Lya

Même âgé, Louis XV est arrivé à séduire et à plaire à une femme comme la Comtesse du Barry, c'est qu'il avait encore du charisme le bougre

Chou d'amour a écrit:

Même âgé, Louis XV est arrivé à séduire et à plaire à une femme comme la Comtesse du Barry, c'est qu'il avait encore du charisme le bougre

je pense qu'il était plus passif qu'actif, et donc loin d'être le séducteur, les femmes lui tombaient toutes chaudes...

Chou d'amour a écrit:

Même âgé, Louis XV est arrivé à séduire et à plaire à une femme comme la Comtesse du Barry, c'est qu'il avait encore du charisme le bougre

Le charme de sa couronne non ?

Il était le Roy, Chou, ça aide !!!

Mais, cette petite pique républicaine à part, Louis XV était incontestablement un homme magnifique, de la prestance, de la physionomie ... Son arrière-grand-père, Louis XIV, jeune, était très beau avec sa fine moustache conquérante ...
Fi donc, voilà que je vais devenir royaliste !!!

Alors là je vous trouve réducteur avec l'amour que portait Du Barry pour Louis XV
Si elle l'avait aimé juste pour sa couronne, je ne pense pas qu'elle serait resté à son chevet en Mai 1774, au risque d'être infectée par la petite vérole
Elle aimait vraiment Louis XV, le Roi comme l'homme je pense, car elle s'est véritablement dévouée à lui.
Louis XV avait la réputation d'être un homme à femme, donc si effectivement beaucoup lui tombaient toutes cuites dans les bras , il y en avait d'autres moins faciles, et là il savait être actif

Bon, Chou, je suis comme vous, j'aime bien Jeanne, mais pourquoi diable couchait-elle avec le duc d'Aiguillon, cet antipathique ? Il faut savoir dire non de temps en temps ... on a son quant à soi, zut alors !

Chou d'amour a écrit:

Louis XV avait la réputation d'être un homme à femme, donc si effectivement beaucoup lui tombaient toutes cuites dans les bras , il y en avait d'autres moins faciles, et là il savait être actif

Et à qui le dites-vous ???? sourire

Citation :

Bon, Chou, je suis comme vous, j'aime bien Jeanne, mais pourquoi diable couchait-elle avec le duc d'Aiguillon, cet antipathique ? Il faut savoir dire non de temps en temps ... on a son quant à soi, zut alors !

Je pense qu'elle était bien moins sincère et amoureuse d'Aiguillon qu'avec Louis XV. Jacques de Saint-Victor va en ce sens d'ailleurs.  
Mais Du Barry était aussi une femme à homme donc elle aussi les avait tous cuits  
Louis XV a su cependant attirer cette femme là, si désirée, et il a su la garder près de lui jusqu'à la mort malgré une contagion très dangereuse, quant sa couronne n'avait plus de poids, au contraire même, son successeur étant loin de l'apprécier  

Athénais de Montespan a écrit:

Chou d'amour a écrit:

Même âgé, Louis XV est arrivé à séduire et à plaire à une femme comme la Comtesse du Barry, c'est qu'il avait encore du charisme le bougre

je pense qu'il était plus passif qu'actif, et donc loin d'être le séducteur, les femmes lui tombaient toutes chaudes...

Ah, je ne suis pas d'accord avec votre analyse... Que les femmes lui soient livrées ne signifie pas qu'il manquât de séduction... En tout cas, sur ses portraits, ses yeux parlent...

Chou d'amour a écrit:

Alors là je vous trouve réducteur avec l'amour que portait Du Barry pour Louis XV
Si elle l'avait aimé juste pour sa couronne, je ne pense pas qu'elle serait resté à son chevet en Mai 1774, au risque d'être infectée par la petite vérole
Elle aimait vraiment Louis XV, le Roi comme l'homme je pense, car elle s'est véritablement dévouée à lui.
Louis XV avait la réputation d'être un homme à femme, donc si effectivement beaucoup lui tombaient toutes cuites dans les bras , il y en avait d'autres moins faciles, et là il savait être actif

Tout à fait d'accord avec toi, Chou. Couronné ou pas, le Bien Aimé était craquant !

D'accord avec Pim : les portraits de Louis XV sont très éloquents ! Il a la prunelle langoureuse à souhait ...
Bon, je passe à Jeanne le duc d'Aiguillon, mais tout de même, quand on est aimée du Roi, il devrait avoir l'exclusivité !!!

Quant à d'Aiguillon !   Bouh !  qu'il est vilain !    On n'en ferait pas des folies ...

C'est ça, quoi ! Se taper ça quand on sort du lit du roi... Quelle faute de goût...

Aiguillon... no comment

Bien à vous.

Gloups !  

De gustibus n'est-ce pas...