La Salle de bain de Marie-Antoinette.Supportant mal les contraintes de l'étiquette versaillaise (lever, toilette, audiences, et repas en public), Marie-Antoinette recherche une vie plus intime qu'elle trouve dans ses appartements privés, situés sur plusieurs niveaux, dans le Corps Central du Château.
Plan actuel du rez-de-chaussée du Corps Central au Château de Versailles.Les cabinets intérieurs ne lui suffisant plus, Marie-Antoinette recherche de nouveaux espaces.
Vue de la PièceElle obtient de disposer d’un appartement privé au rez-de-chaussée du château, donnant directement sur la Cour de Marbre, clair et facile d’accès, près de ses enfants logés à proximité, où elle emménage en 1784.
Il lui est attribué en 1782, à l'emplacement d'une partie de l'appartement de Madame Sophie, l'une des tantes de Louis XVI, décédée la même année, qui comportait alors trois pièces principales: une salle de bains, un cabinet du tour et une bibliothèque, et quelques petites pièces pour le service.
Détail des boiseries.Les travaux sont engagés dans la Salle de bain après l’emménagement de la Reine en 1784, mais l’essentiel du programme est entrepris en 1788, lors d’un renouvellement complet de l’ameublement du Petit Appartement.
En 1788, les frères Rousseau réalisent un nouveau décor à panneaux sculptés d'arabesques d'après les dessins de l'architecte Richard Mique.
Le décor, peint en blanc, se détache sur un fond gris-bleu. Les panneaux offrent pour motif supérieur un trophée d'instruments de toilette avec miroir et coffret contenant des objets de toilette, et pour motif inférieur deux cygnes buvant à une vasque, motif néo-classique par excellence qu'accompagnent des rinceaux agrémentés de coquillages. Sur les côtés, ponctuant des roseaux et des chapelets de perles, des coquillages, un dauphin sur une coquille que surmonte une conque d'où partent deux branches de corail comme motif médian, le tout dans une clarté et un équilibre. Les parcloses offrent la même originalité dans les motifs avec dauphins, coquille et roseau, fontaine, et, au bas, une coquille et un crustacé.
Dès le mois d'avril 1788, le sol est pavé de carreaux de marbre blanc et noir. En juillet, les canalisations sont posées. "Une paire de cols-de-cygne garnis de souches et de rosettes" alimente les bains en eau chaude et froide. Afin d’éclairer le Cabinet de chaise, situé à l’arrière de la pièce, une glace blanche est livrée, en même temps que les douze vitres destinées aux deux fenêtres. C'est là que se trouve également le poêle qui chauffe la salle. Enfin, le règlement de la dorure des «"tours de glace des Bains de la Reine" intervient au mois de novembre. La pièce des bains est ainsi terminée, à l’automne 1788.
En juin 1789, pendant le voyage de Marly, la pièce est réhaussée au niveau de la cour de Marbre, au détriment de l'entresol. Les boiseries et les croisées sont replacées. Marie-Antoinette ne verra jamais l'achèvement de ce travail, toujours en cours d'exécution au mois de janvier 1790.
Vidé de ses meubles à la révolution, l'appartement privé de la Reine disparaît dans les années 1830, lors des travaux réalisés par l'architecte Frédéric Nepveu, à la demande de Louis-Philippe, pour créer les vastes galeries du Musée de l'Histoire de France.
Les boiseries de la Salle des bains furent remontées au XIXème siècle au Grand Trianon. Par ailleurs, les dessus-de-porte, soustraits à l'ensemble, avaient été offerts au musée des Arts décoratifs par l'antiquaire Émile Peyre en 1906.
Le musée des Arts décoratifs les a déposé lorsque la pièce a été reconstituée en 1984, en application de la loi programme 1978-1982.
(Merci Christophe DuarteVersailles passion - Connaissances et curiosités du Domaine de Versailles)