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| Le tribunal révolutionnaire | |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Ven 10 Déc - 16:48 | |
| Les lignes qui suivent donnent une explication des massacres de septembre :
"Depuis longtemps , le cri de la vérité a percé : on sait que les horreurs des premiers jours de septembre ne sont que l’ouvrage d’une poignée de tyrans démagogues . Plusieurs ont eu l’ audace de se vanter publiquement de la part qu’ils y avaient prise. On a retrouvé sur les registres des sections , sur ceux de la municipalité , différents renseignements sur les hommes qui ont composé les listes de proscription , sur ceux qui ont mis les têtes à prix , sur la somme que l’on donnait pour la mort de telle ou telle personne ; on a découvert les notes des mandats délivrés aux égorgeurs , et jusqu’au nom de ces monstres ; on a acquis la preuve qu’il y a eu des têtes payées 5 fr, 34 fr, et jusqu’à 94 fr ; et qu’en outre la journée de chaque assommeur était de 24 fr. On a découvert qu’on employait jusqu’à des femmes pour crier haro sur les victimes , et pour exciter la rage des bourreaux . Un article des registres de la Commune porte : « payé 36 fr à une femme pour avoir fait son devoir pendant l’expédition « ( mot technique des journées de massacres ). De ces renseignements que nous nous sommes procurés , des anecdotes éparses dans différents ouvrages connus par leur véracité , des discours, motions , déclarations répandus dans le Moniteur , dans les journaux de tous les partis , et dans les procédures instruites à différentes époques , nous en avons formé un ensemble qui présentera , dans tout son jour , l’histoire secrète et véritable des horribles journées du mois de septembre. Jusqu’aujourd’hui , on n’a donné que des détails , des résultats ; le nom des victimes , celui des bourreaux ; mais le motif qui a fait organiser les massacres , le but auquel les organisateurs voulaient atteindre , sont connus de peu de personnes. La masse du public n’a vu dans ces crimes que le crime et rien de plus.
Le tribunal du 17 août ne remplissait pas les vues de ceux qui en avaient provoqué la création . Il était embarrassé, dans sa marche , par des formes protectrices qu’on n’avait pas encore osé violer ; il pouvait à peine sacrifier en deux jours victime. Qu’était-ce une victime en deux jours pour des cannibales qui désiraient d’ en dévorer une chaque minute ! Cette soif du sang humain était causée par la peur et par l’ambition. La Commune insurrectionnelle du 10 août avait commis tant d’actes arbitraires , soit dans les visites domiciliaires , le désarmement , les arrestations , soit dans la destitution des juges de paix , que cette conduite odieuse décida des sections entières à demander que cette commune fût cassée et remplacée par une municipalité nouvelle. En ce qui concerne les visites domiciliaires, on eut l’indécence d’entrer dans la chambre D’une jeune femme au moment où le chirurgien Desormeau l’accouchait , et sous le prétexte de chercher des armes. M. Séron, procureur au parlement , paya de sa vie l’humeur qu’il témoigna à ces perquisiteurs. Eveillé en sursaut , dans son premier sommeil , par les visiteurs , auxquels sa domestique avait été forcée d’ouvrir la porte , il traita ces messieurs assez rudement. Ils se crurent insultés , arrêtèrent le particulier , le conduisirent dans une prison , où il fut massacré le 3 septembre.
Ces demandes d’une nouvelle municipalité furent accueillies par l’Assemblée législative. Après avoir entendu un rapport , dans lequel on trouve cette phrase remarquable : « Le Conseil Général de la Commune de Paris, né de l’anarchie , doit cesser avec l’anarchie. » Après ce rapport, disons-nous , l’Assemblée , par un décret , cassa la Commune insurrectionnelle , et , par une contradiction singulière , la même assemblée décréta que cette Commune avait bien mérité de la Patrie. Ce décret de suspension jeta l’alarme dans cette Commune révolutionnaire ; les principaux chefs , tels que Marat , Robespierre, Panis , Sergent, Tallien, Camille Desmoulins, Fabre d’Eglantine , Manuel, Billaud-Varennes , Pétion , et d’autres encore , qui n’avaient de consistance et d’abri que dans leur place , sentaient bien qu’une fois rentrés dans le rang de simples citoyens , on pouvait les poursuivre , les atteindre et les juger pour leurs faits : il fallut éviter ce désagrément. Danton était ministre de la justice ; il devait cette place à tous les conjurés que nous venons de nommer. Il était de la reconnaissance que le ministre les aidât dans le moment critique . On se réunit chez lui. Quelques membres de l’Assemblée législative , que l’on avait prévenus , s’y trouvèrent . On exposa la situation embarrassante dans laquelle on était placé ; chacun donna son avis . Après de vives discussions , on convint des mesures que voici :
Composer les corps électoraux de dévoués , qui nommeraient à la Convention Nationale les individus qu’on leur indiquerait . On arrêta que la députation de Paris serait formée de ceux qui conjuraient , et qu’on ferait réélire , par certains départements , les législateurs qui avaient soutenu la Commune de Paris. Afin d’avoir le corps électoral de Paris à sa disposition , on décida de faire arrêter et emprisonner les royalistes , et principalement les prêtres. Comme les Prussiens avaient envahi les frontières de la France , que Longwi était en leur pouvoir , et que Verdun allait se rendre , il fut convenu que les aboyeurs des sections feraient entendre au peuple que ces arrestations étaient d’autant plus nécessaires , que, dans un moment où tous le Parisiens allaient se battre contre les Prussiens , les ennemis de l’intérieur pourraient facilement dissoudre l’Assemblée Nationale , faire périr les députés , s’emparer des pouvoirs , rendre la liberté à la famille royale , et replacer le Roi sur le trône. Quelque pitoyable que fût ce motif , le peuple s’en contenta , et il vit dans chaque personne qu’on arrêtait , un ennemi de moins. "
Source : Histoire secrète du tribunal révolutionnaire |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Ven 10 Déc - 19:09 | |
| - Madame de Chimay a écrit:
- Les lignes qui suivent donnent une explication des massacres de septembre :
sur la somme que l’on donnait pour la mort de telle ou telle personne ; on a découvert les notes des mandats délivrés aux égorgeurs Ah bien, ça par exemple !!! Les égorgeurs étaient payés plus cher lorsque la victime était un V.I.P. , sur barème en fonction de la notabilité . C'est inouï !!! C'est la première fois que je lis cela . Merci, chère Princesse pour le travail fou que vous vous donnez à nous taper tout cela . |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Ven 10 Déc - 23:13 | |
| "Danton se chargea d’aller le lendemain à l’Assemblée législative , débiter un discours qui devait, dit-il , faire trembler les faibles , donner de l’énergie aux patriotes , et effrayer tous les partis. Le maire Pétion , et les municipaux auxquels la multitude avait le plus de confiance , devaient amener cette multitude autour de l’Assemblée pour réclamer contre le décret qui cassait la commune insurrectionnelle . Les conjurés remirent à prendre des mesures ultérieures , après avoir vu le résultat de celles qu’ils venaient d’arrêter.
Le 28 août , Danton parut à l’Assemblée ; nous allons extraire de son discours les phrases les plus marquantes : « Le pouvoir exécutif national provisoire m’a chargé de venir entretenir l’Assemblée Nationale des mesures qu’il croit utiles pour sauver la chose publique . Je vous développerai les motifs de ces mesures en ministre révolutionnaire ; nos ennemis ont pris Longwi , mais la France est encore intacte : vous concevez que les inquiétudes que l’on répand sur notre situation , sont très exagérées. Nous avons anéanti le despotisme dans la capitale ; ce n’est que par une convulsion nationale que nous pourrons chasser les despotes . Il est temps de dire au peuple , que le peuple en masse doit se précipiter sur ses ennemis. Nous vous proposons de décréter que chaque municipalité assemblera tous les hommes qui sont dans son sein , en état de porter les armes , et qu’elle les équipera … Pour que ces mesures aient leur effet , on a fermé les portes de la capitale , et l’on a eu raison ; s’il faut encore mettre sous la main de la loi 30 000 traîtres , qu’ils y soient mis demain. La municipalité est investie du pouvoir de saisir tous les hommes suspects … »
Le lendemain , Pétion , accompagné de Manuel , et à la tête d’une nombreuse députation suivie par des groupes , se présenta à la barre de l’Assemblée Nationale pour réclamer contre le décret qui les supprimait. Pétion dit : « Le conseil général de la Commune vient vous exposer les motifs de sa conduite . » Alors, Tallien , orateur de la députation , prit la parole . Son discours est marqué au coin de l’audace la plus tyrannique ; on ne peut en donner d’extrait sans l’affaiblir et sans le dénaturer ; nous le donnons en entier :
« Législateurs ! Les représentans provisoires de la Commune de Paris ont été calomniés et jugés sans avoir été entendus ; ils viennent vous demander justice. Appelés par le peuple dans la nuit du 9 au 10 , pour sauver la patrie , ils ont dû faire ce qu’ils ont fait ; le peuple n’a pas limité leurs pouvoirs ( 1 ) ; il leur a dit : « Allez , agissez en mon nom , et j’approuverai tout ce que vous aurez fait . Vous , messieurs , vous avez applaudi vous-mêmes à toutes nos mesures : vous êtes remontés par nous à la hauteur des représentans d’un peuple libre ; c’est vous-mêmes qui nous avez donné le titre de représentans de la Commune ; et vous avez voulu communiquer directement avec nous ;
( 1 ) C’est un mensonge bien impudent. On peut voir , sur le Tableau général des Commissaires des 48 sections , imprimé par ordre du conseil général de la Commune , les pouvoirs que chaque section donna à ses délégués. Ces pouvoirs peuvent se réduire aux 5 espèces suivantes :
1°-Pouvoirs illimités de tout faire pour sauver la patrie, et déclaration de ne plus reconnaître d’autres ordres que ceux des commissaires réunis. Ces pouvoirs sont ceux des sections des Quinze-Vingts , des Invalides, des Gravilliers et du Finistère ;
2°-Pouvoirs illimités pour sauver la patrie : onze sections les ont donnés ;
3°-Pouvoirs de délibérer et d’agir sur tout ce que la sagesse suggérera pour le bonheur public : donnés par 21 sections ;
4°-Pouvoirs de former le conseil général et de délibérer sur les mesures propres à sauver la patrie : donnés par 2 sections ;
5°-Pouvoirs de représenter la section à la Commune : ces pouvoirs sages sont sortis de dix sections. " |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 0:21 | |
| "Tout ce que nous avons fait , le peuple la sanctionné. Nous avons cassé des juges de paix , indignes de ce beau titre ; nous avons cassé la municipalité feuillantine ; nous avons fait arrêter les conspirateurs , et nous les avons mis entre les mains des tribunaux , pour leur salut et pour celui de l’état ; nous avons proscrit les journaux incendiaires ; ils corrompaient l’opinion publique ; nous avons fait des visites domiciliaires . Qui nous les avait ordonnées ? Vous . Nous avons fait arrêter les prêtres perturbateurs ; ils sont enfermés dans une maison particulière , et, sous peu de jours , le sol de la liberté sera purgé de leur présence . La section des Lombards a réclamé dans votre sein contre nous ; mais le vœu d’une section n’anéantira pas celui de la majorité très prononcée des sections : hier, les citoyens ; dans nos tribunes , nous ont juré qu’ils nous conservaient leur confiance . Si vous nous frappez , frappez aussi le peuple qui a fait la révolution le 14 juillet , qui l’a consolidé le 10 août ; il est maintenant en assemblée primaire , il exerce sa souveraineté ; consultez-le , et qu’il prononce sur notre sort . Vous nous avez entendus , prononcez ; nous sommes là ! Les hommes du 10 août ne veulent que la justice , et obéir à la volonté du peuple . »
L’Assemblée écoute tranquillement ce discours plein d’audace. Manuel, procureur de la Commune , ajouta quelques phrases insultantes pour l’Assemblée . Quand il eut cessé de parler , les gens affidés , et qu’on avait placés aux portes , s’agitèrent , menacèrent d’un soulèvement ; plusieurs forcèrent la consigne et entrèrent pour demander à voir les représentants de la Commune . L’Assemblée fut effrayée et se hâta de rapporter le décret qui cassait cette Commune. Le maire et toute sa bande se retirèrent satisfaits ; leurs manœuvres avaient réussi.
Dès le jour de leur triomphe , les arrestations se multiplièrent ; on conduisait les proscrits dans des chambres d’arrêt à la mairie , d’où on les distribuait , souvent sans avoir été interrogés , dans les différentes prisons. On ne rencontrait jour et nuit que des fiacres remplis de nobles, de prêtres , et même de simples particuliers qu’on avait arrachés de leurs domiciles. " |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 15:52 | |
| "Les conjurés municipaux se réunirent de nouveau. On fit diverses propositions qui toutes avaient pour objet de conserver à la Commune de Paris , et d’augmenter , s’il était possible , la monstrueuse autorité qu’elle avait envahie. Une nouvelle Assemblée était convoquée sous le titre de Convention Nationale ; il était essentiel de la dominer et de lui dicter la loi. On avait bien les clubs des Jacobins et des Cordeliers pour surveiller et dénoncer les députés nouveaux , mais on savait que Roland, ministre de l’intérieur , intriguait dans les départemens pour faire réélire ceux de la Gironde, ennemis déclarés des Jacobins , des Cordeliers et de la Commune de Paris. Il était essentiel et urgent de trouver un moyen vigoureux qui effrayât et paralysât La Convention Nationale au moment de sa réunion , et rendît de nul les efforts du parti Roland.
Marat trouva ce moyen. Il consistait à déblayer ( c’est le mot dont il se servit )les prisons d’une manière prompte . Il se chargea d’en parler à Danton . Voici la conversation que ce chef anarchiste eut à ce sujet avec le ministre , et qui se tint en présence de plusieurs personnes . Après avoir parlé des nombreuses arrestations que l’on faisait, Marat dit à Danton : « Est-ce que tu as envie de faire punir judiciairement tous ces coquins qui sont en prison ? –Danton. Pourquoi cette question ? –M. Parce que si tu ne les expédie pas comme dans la glacière d’Avignon , ces b..g..s-là parviendront à nous égorger . Il y a entr’autres un tas de nobles et de prêtres dont il faut se défaire. D. Je sais bien qu’une Saint-Barthélémi serait nécessaire ; cela vaudrait mieux que de verser le sang goutte à goutte ; mais les moyens d’exécution me paraissent difficiles .M. Laisse-moi faire ; de ton côté , prépare les députés de ta connaissance . Nous avons à Paris des b..g..s. à poil qui nous donneront un coup de main . Rappelle-toi ce qu’a dit Raynal : On ne peut régénérer une nation que dans un bain de sang. »
En sortant de chez le ministre , Marat se rendit à la Commune , où les principaux conjurés l’attendaient. Après leur avoir rendu compte de sa conversation avec Danton , il fut question de déterminer la manière dont on déblayerait les prisons . On proposa d’y mettre le feu de faire descendre les prisonniers, dans les cachots , dans les caves , et de les y noyer ay moyen des pompes . Ces modes présentaient des inconvénients et des dangers, on les abandonna. Robespierre ne voulait pas que l’on fît périr tous les prisonniers indistinctement , mais seulement les nobles et les prêtres. On en vint enfin au moyen qui fut employé dans ces affreuses journées ; il présentait une apparence de justice propre à tromper le peuple. Ainsi, il fut arrêté qu’on établirait dans chaque prison une espèce de tribunal , que l’on appellerait tribunal souverain du peuple, devant lequel on ferait comparaître chaque détenu ; que le président de ce tribunal , après lui avoir demandé son nom et sa qualité , consulterait le livre des écrous , ferait part aux juges prétendus des motifs d’arrestation du prisonnier , et prendrait leur avis sur le jugement à rendre. Par une espèce de reste d’humanité , il était convenu de ne pas prononcer les mots terribles la mort , mais de laisser l’espérance aux victimes. Ainsi , on disait aux prisonniers de l’Abbaye , que l’on vouait à la mort : Que l’on transfère monsieur à la Force . Aux prisonniers de la Force , on disait : Transférez monsieur à l’Abbaye . La porte s’ouvrait , l’infortuné faisait un pas pour en franchir le seuil …il n’était plus. Quand , par hasard , ou plutôt d’après des ordres particuliers, on rendait la liberté à un prisonnier , le signal était les cris : Chapeaux bas ! Vive la Nation !"
Ainsi donc , c'est Marat l'instigateur des massacres de SEptembre et ce en accord avec Danton et Robespierre ! Y a T-il seulement un révolutionnaire qui n'est pas trempé dans ce coup là ? |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 16:07 | |
| "Il fut ensuite question de trouver des juges et des bourreaux. Billaud-Varennes se chargea de ce soin. Cependant , après beaucoup de recherches , il ne put réunir assez de scélérats pour cette barbare opération . alors , il proposa et fit adopter aux conjurés un moyen qu’un monstre, ennemi du genre humain , pouvait seul imaginer. Ce fut de choisir dans les prisons les plus grands scélérats , jugés ou non jugés pour les crimes qu’ils avaient commis , et de leur rendre la liberté , à la condition qu’ils se réuniraient à la bande des égorgeurs déjà enrôlés.
Comme une idée en fait naître une autre, qu’un crime conduit à un nouveau crime , on décida de tirer des prisons de ces femmes condamnées pour vols, ou détenues pour mauvaises mœurs . Ces furies devaient se répandre partout , exciter au meurtre , y applaudir , et provoquer à tous les excès. On en fit sortir plus de 400 ! Ce sont ces femmes dont les tyrans se sont servis pour peupler les tribunes de la Convention , des Jacobins , de la Commune , les salles des tribunaux révolutionnaires ; ce sont ces femmes auxquelles on a donné le nom de tricoteuses , de mouches, de furies de guillotine ; ce sont ces femmes qu’on employa pour piller les épiciers , et provoquer le désordre et les émeutes. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 16:10 | |
| Billaud-Varennes Source : wikipédia |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 16:18 | |
| Les farouches tricoteuses source : http://teaattrianon.blogspot.com/.../les-tricoteuses.html ( blog Tea at Trianon ) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 16:51 | |
| "Auparavant de se séparer et d’aller remplir la tâche imposée à chacun , les conjurés convinrent des individus qu’ils voulaient sacrifier ou sauver. Ainsi Manuel se fit accorder la tête de Bosquillon ; Danton celle de Montmorin , gouverneur de Fontainebleau : Marat voulait celles de Brissot et de Roland ; Danton s’y opposa et les deux hommes furent sauvés. Le même Danton demanda et obtint la liberté de plusieurs individus. On lui fit observer que l’un de ses protégés était un escroc : « En Révolution répondit le ministre de la justice , ce sont des espiègleries, des peccadilles. « Camille Desmoulins sauva un prêtre , et Fabre d’Eglantine sa cuisinière , qu’il avait fait arrêter quelques jours avant pour l’avoir volé. Enfin, on fit rendre la liberté aux députés Jaucourt et Journeau , à qui plusieurs de leurs confrères , amis des conjurés , s’intéressaient vivement.
On fit écrire à toutes les sections de Paris , par le conseil général de la commune , le billet ou si l’on veut , l’arrêté que voici , et dont le but était de garnir au plus vite les prisons : « Le conseil général a arrêté que les sections seraient chargées d’examiner et de juger , sur leur responsabilité , les citoyens arrêtés cette nuit dernière ( celle du 29 au 30 août ) ou dans la matinée du jour. « Signé Huguenin , président ; Méhée , secrétaire-greffier-adjoint ; Tallien,secrétaire-greffier .
Toutes les mesures ayant été prises , on se sépara et chacun fut jouer son rôle. Fabre d’Eglantine et Camille Desmoulins entrèrent dans un café ; ils dirent aux personnes qui les interrogèrent : Nous avons pris de grandes mesures qui sauveront la patrie. Le lendemain, Marat , dans son journal, annonça que les prisonniers organisaient une conspiration. D’autres insinuèrent au peuple de se défaire des ennemis de l’intérieur Avant de marcher au-devant des Prussiens. Dans des pamphlets , on faisait entendre assez clairement qu’il était inutile d’entretenir plus longtemps les ennemis jurés de l’état , tandis qu’une foule de bons citoyens manquaient du nécessaire ; on lisait , placardé sur les murs , qu’une saignée était nécessaire pour rendre au peuple un pain dont on avait voulu le priver ; enfin, on fit courir le bruit que les aristocrates qui étaient en liberté , devaient se porter la nuit aux prisons , les forcer , armer les prisonniers , et, tous réunis , égorger les patriotes , dont ils avaient la liste et la demeure. " |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Sam 11 Déc - 22:31 | |
| Mission accomplie, chère Princesse ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 1:34 | |
| "Le procureur de la Commune, Manuel , se rend aux Carmes , où étaient détenus les prêtres qui devaient être déportés , les prévient de faire venir leurs effets et leur argent , parce que , sous deux jours , leur sort serait décidé , qu’il leur en donnait sa parole d’honneur. C’était le 31 août et le 2 septembre , ils n’étaient plus en vie. En sortant de la prison, il fut chez le traiteur qui fournissait ces martyrs , et lui dit de se hâter de se faire payer.
Comme on le voit , les conjurés ne négligeaient aucune précaution en disant aux prêtres de se nantir de tout ce qu’ils avaient de précieux ; ils savaient que tous ces effets changeraient bientôt de mains. On avait discuté sur l’emploi que l’on ferait de la dépouille de tous les prisonniers. Les uns voulaient qu’on les vendit et que le prix fût employé à payer les frais qu’on était obligé de faire. Marat et Sergent firent arrêter que tous ces effets seraient déposés pour être rendus aux familles ; que ceux qui ne seraient pas réclamés seraient vendus , et que le prix servirait aux dépenses secrètes. Ces deux anarchistes furent nommés pour en être les gardiens . Rien ou presque n’a été rendu. Qu’est devenu ce dépôt ? Plus d’une personne qui vivent encore pourraient très bien donner des renseignements à cet égard. Ce qu’il y a de certain et surtout de remarquable , c’est que Billaud-Varennes , ayant été averti que les bourreaux dépouillaient les victimes de leurs montres, de leurs bagues et de leur argent , courut à la prison , pérora les monstres qu’il employait , et leur dit , entr’autres choses : « Braves gens , on dit que quelques-uns d’entre vous se déshonorent en dépouillant les aristocrates qui tombent sous vos coups . Ces dépouilles souilleraient vos mains et feraient calomnier vos intentions ; déposez-les en tas sur le pavé, à la vue du public ; elles serviront à payer la dépense de ces journées. « Ce peu de paroles eurent l’effet qu’on désirait , et les bourreaux furent dès lors si scrupuleux , qu’ils assommèrent un de leurs camarades qui avait soustrait un objet de peu de valeur. "
Et bien, il semble que le butin n'ait pas été perdu pour tout le monde...
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| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 1:55 | |
| C'est vraiment un livre intéressant et il m'apprend plein de choses que je ne savais pas ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 18:14 | |
| Massacre à l'Abbaye le 2 septembre 1792 - dessin de Prieur - Musée Carnavalet source : http://www.diagnopsy.com/.../Rev_045.htm - |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 18:18 | |
| Massacre à la Force Massacre à l'Abbaye - gravure populaire source : http://www.diagnopsy.com/.../Rev_045.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 18:21 | |
| Massacre à la Salpêtrière - gravure du temps Massacre aux Carmes Même source |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 18:23 | |
| "Le ministre de la justice crut de la prudence , avant de faire commencer les massacres , d’aller sonder l’opinion de l’assemblée nationale. On était au premier jour de deuil ; au deux septembre , dès neuf heures du matin , la reddition de Longwi et de Verdun avaient été annoncés au public. L’ennemi était encore à soixante lieues de la capitale , et la peur le voyait aux barrières. L’alarme était partout ; elle fut à son comble lorsque l’on entendit publier l’arrêté de la Commune qui commence par ces mots : « Aux Armes ! …Aux Armes , citoyens ! L’ennemi est à nos portes . Les barrières seront fermées sur le champ, le canon d’alarme sera tiré à l’instant , la générale sera battue dans toutes les sections pour annoncer au citoyen les dangers de la patrie ; …..Tous les citoyens se tiendront prêts , au premier signal, à marcher ; tous les hommes suspects seront à l’instant désarmés …etc. » Signé Huguenin , président ; Tallien, secrétaire.
Ce fut dans cet état de choses que Danton se présenta à l’assemblée nationale . Il prononça le discours que nous rapportons :
« Il est bien satisfaisant , messieurs, pour le ministre de la justice d’un peuple libre , d’avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée . Tout s’émeut , tout s’ébranle, tout brûle de combattre . Vous savez que Verdun n’est point encore au pouvoir de nos ennemis ; une partie du peuple va se porter aux frontières ; une autre va creuser des retranchemens, et la troisième , avec des piques , défendra l’intérieur de nos villes. Les commissaires de la Commune vont proclamer , d’une manière solennelle , l’invitation de s’armer et de marcher pour la défense de la patrie. C’est en ce moment que l’assemblée nationale va devenir un vrai comité de guerre. Nous demandons que vous concouriez avec nous pour diriger ce mouvement sublime du peuple, en nommant des commissaires qui nous seconderons dans ces grandes mesures. Nous demandons que quiconque refusera de marcher en personne , ou de remettre ses armes , soit puni de mort… Le tocsin qui va sonner , n’est point un signal d’alarme , c’est la charge sur les ennemis de la patrie ; pour les vaincre , il faut de l’audace , encore de l’audace et toujours de l’audace . «
L’assemblée nationale adopta les mesures que le ministre de la justice proposait : elle rendit le décret de peine de mort , et nomma 12 de ses membres pour se réunir au pouvoir exécutif , et appuyer les mesures qu’il allait prendre.
Danton, de retour dans son hôtel , dit aux conjurés qui l’attendaient : Foutre ! Je les ai électrisés ; ainsi nous pouvons marcher en avant ; ce qui voulait dire : On peut commencer les massacres. Il était alors midi. Les hommes de sang qui n’attendaient que ce signal , sortirent de chez le ministre avec empressement ; bientôt le tocsin et le canon d’alarme se firent entendre ; les assassins se portèrent aussitôt aux prisons , et le massacre commença. On vint dire au ministre que tout allait bien ; il se mit à table avec quelques amis qu’il avait invités , et parmi lesquels on distinguait la femme de Camille Desmoulins. Et voilà pourtant ce Danton que Garat, dans un de ses ouvrages , a voulu disculper de la part qu’il avait prise aux massacres . " |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Dim 12 Déc - 18:38 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Lun 13 Déc - 22:24 | |
| "Billaud-Varennes s’était chargé de fournir les premières victimes ; sa qualité de substitut du procureur de la Commune l’autorisant à faire amener devant lui les personnes arrêtées dans les visites domiciliaires , et déposées provisoirement dans les chambres d’arrêt de la mairie , il les interrogeait et les envoyait dans les différentes prisons. Vingt infortunés , placés dans 5 fiacres et escortés par de farouches et sanguinaires marseillais , cheminaient vers la prison de l’abbaye , par l’ordre du cruel Billaud-Varennes . Arrivés sur le pont neuf , la canaille postée dans ce lieu , et à laquelle on avait fait la leçon , insulte les prisonniers , crie haro sur les aristocrates , lance des pierres contre les voitures. Les malheureux qui étaient dans les quatre premiers fiacres, s’enfoncent et se blottissent au fond de leurs voitures , et ne répondent pas à toutes ces provocations : ils ont franchi ce passage dangereux. Le cinquième fiacre arrive ; un des quatre prisonniers qu’il renferme a l’imprudence de sortir un bras de la portière et de menacer la canaille de la canne qu’il tenait en main . Ce fut le signal de sa mort et de celle de ses trois compagnons d’infortune. L’escorte , chargée de les protéger , se joignit à la canaille ; on les assaillit par les portières ; et les piques et les sabres servirent à leur ôter la vie dans le fiacre même. Le cocher, dont la marche avait été bien ralentie , piqua ses chevaux , rejoignit les quatre fiacres , et tous entrèrent dans la cour de l’Abbaye. On jeta les cadavres sur le pavé , et l’on fit descendre les autres prisonniers. Ce furent les premières victimes de ces journées de deuil et de sang.
Ce fut aussi dans cette circonstance où l’on vit le premier exemple de ce noble dévouement à sauver ses semblables , exemple qui s’est renouvelé nombre de fois dans ces jours de crimes. Au nombre des 20 infortunés que Billaud-Varennes avait envoyés à la boucherie , se trouvait l’intéressant abbé Sicard , ce digne successeur de l’immortel abbé de l’Epée. Pendant que les assassins stipendiés donnaient la mort aux individus descendus des voitures , on fit entrer M. Sicard et les trois personnes qui étaient dans sa voiture , au comité de la section , dont on reconnut l’autorité jusqu’à ce que le tribunal de sang, présidé par Maillard , fût établi . Pour soustraire ces quatre victimes au fer des bourreaux , on ne trouva pas d’autre moyen que de leur faire prendre place parmi les membres du comité , et de les occuper à écrire . Trois étaient déjà assis autour de la table du bureau , lorsque les assassins entrèrent en jurant , et demandèrent qu’on leur livrât les quatre prisonniers. L’abbé Sicard était debout ; on l’aperçoit ; aussitôt, les sabres sont tirés sur sa tête ; encore une seconde , il n’existe plus. Un homme généreux , M. Monot ( 1 ) ne réfléchit pas à quel danger il va s’exposer , il ne voit que celui que court le prisonnier : M. Monnot se précipite au-devant de M. Sicard , lui fait un rempart de son corps , et découvre sa poitrine en criant : « Immolez-moi plutôt que de priver la patrie d’un homme aussi utile ; c’est le père des sourds et muets. »
Cet élan courageux n’attendrit pas les assassins ; il les étonne : ils sortent pour chercher d’autres victimes. On profite de leur absence pour faire asseoir M.Sicard à la table du comité. IL se saisit d’une plume et la laisse couler rapidement sur le papier, sans trop savoir ce qu’il traçait . Tout à coup on entend de nouveaux assassins demander la tête de cet être si utile ; ils entrent , regardent partout , ne découvrent aucune proie. Heureusement ils ne connaissent pas de vue l’abbé : on les éconduit en leurs persuadant qu’il est au nombre des morts. Ainsi fut sauvé l’homme utile ,qui vit encore pour le bonheur de ces êtres que la nature, par un de ces caprices auxquels elle est si sujette , a privé de deux sens qui forment la ligne de démarcation entre l’homme et la brute.
(1 ) L’action de M. Monnot est d’autant plus admirable , qu’il s’exposait lui-même au fer des assassins, gorgés de vin , et que sa mort eût réduit à un état de détresse cinq enfans , dont il était le seul soutien . Le corps législatif , au récit de l’acte de civisme de M. Monnot , décréta que cet homme généreux avait bien mérité de la patrie. " |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Lun 13 Déc - 22:27 | |
| Roch-Ambroise Cucurron Sicard Source : wikipédia |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Lun 13 Déc - 22:32 | |
| Continuateur de l'œuvre de l'abbé de l'Épée, l'inventeur des signes pour sourds et muets L'abbé Sicard (1742-1822) http://www.lescimetieres.com/.../SICARDAbbe.htm Charles-Michel de L'Épée source : wikipédia |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Lun 13 Déc - 22:33 | |
| L'abbé de l'Epée a sa statue à Versailles |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Mar 14 Déc - 10:05 | |
| "Manuel , procureur de la commune , et Billaud-Varennes , son substitut , se rendirent dans les prisons pour s’assurer par leurs yeux que l’on exécutait leurs ordres ( 1 ).
Billaud-Varennes , craignant que ces bourreaux ne se fatiguassent , les encouragea par ce peu de paroles : « Peuple ! Tu immoles tes plus grands ennemis ; tu fais ton devoir. « Une députation de la commune , revêtue d’écharpes , arriva quelque temps après ; l’orateur , s’adressant aux assassins et à la canaille qui applaudissaient aux massacres , parle ainsi : « Peuple ! Tu ne dois pas te faire justice toi-même , malgré que ceux dont tu as versé le sang étaient tes plus cruels ennemis ; ces scélérats devaient nous égorger cette nuit. « Quelle barbarie dans ce que dit Billaud-Varennes ! Et quelle perfidie dans cette phrase de l’orateur de la députation !
Nous devons cependant rendre hommage à la vérité . Il n’y avait dans le secret des assassinats que la plus petite et la très petite partie de la commune. Sur 288 individus dont cette commune était composée , on en comptait à peine une douzaine qui fussent initiés : aussi, lorsque le conseil général fut instruit de ce qui se passait , il nomma une députation , à la tête de laquelle il força le maire de se mettre , et lui donna la mission expresse d’aller dans les prisons et d’arrêter l’effusion du sang. Le maire Pétion partit avec la députation ; il pérora les assassins , ordonna au tribunal de sang de se dissoudre : il fut obéi ; mais à peine était-il sorti que Maillard et ses acolytes se remirent à leur place et continuèrent leurs proscriptions.
( 1 ) Il paraît que la visite de Manuel à la prison de l’Abbaye , avait pour objet de s’assurer , par lui-même , de la mort de l’avocat Bosquillon , qu’il avait fait arrêter le 31 août . Bosquillon avait fait tous ses efforts , dans sa section , pour empêcher la nomination de Manuel à la place de procureur de la commune. " |
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| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Mar 14 Déc - 10:07 | |
| Stanislas Maillard (Album du Centenaire) source : wikipédia |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le tribunal révolutionnaire Mar 14 Déc - 13:35 | |
| "Ce ne fut qu’à 6h du soir que l’on annonça à l’assemblée législative , non pas que l’on mettait à mort les prisonniers , mais que l’on voulait forcer la prison de l’Abbaye. L’assemblée nomma plusieurs de ses membres pour se transporter sur les lieux et apaiser le peuple. Les députés se présentèrent , vers 8h du soir , à la prison ; l’un d’eux voulut parler ; les assassins couvrirent sa voix par leurs cris ; Les députés, craignant pour eux-mêmes , se retirèrent , et annoncèrent à l’assemblée qu’on n’avait pas voulu les entendre , et que les ténèbres ne leur avaient pas permis de voir ce qui se passait ( 1 )
Nous ne nous permettrons aucune réflexion sur la conduite pacifique de cette députation. Nous nous contenterons de mettre en opposition la conduite généreuse que tenait , dans le même moment , un simple particulier dont le nom mérite de passer à la postérité.
(1) Ces députés étaient M. Bazire , Dussaulx , François de Châteauneuf, Isnard, Lequinio ; leurs collègues Fauchet, Chabot et Audrein , se joignirent à eux. " |
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