Machisme et Révolution

Je viens de scinder le sujet d'Elisabeth Vigée-Lebrun .

Le machisme qui rend la régence de Marie-Antoinette impossible existe dans les deux camps, royaliste et révolutionnaire . C'est certain . Mais la nouvelle donne c'est tout de même surtout que pour la première fois dans notre histoire, la Reine susceptible d'endosser la régence est prisonnière de ses sujets . Elle est comme en état d'arrestation, en instance d'être jugée . La République a été proclamée . Qui voudrait d'une régente ?

Provence apprend le 25 janvier la mort de Louis XVI . Le 28 ( il n'y a pas de temps de perdu ! ) il adresse un manifeste à la noblesse émigrée et aux souverains de toute l'Europe . Il reconnaît la légitimité du petit Louis XVII et s'auto-proclame régent par le droit de naissance ainsi que par les dispositions des lois fondamentales du royaume . Il se dit investi en cette qualité de l'exercice des droits de pouvoirs de la souveraineté et du ministère supérieur de la justice royale .

Non seulement une bonne partie des émigrés sont choqués de cette démarche, mais les puissances étrangères refusent de reconnaître le prince comme régent . Thugut ( qui a remplacé Kaunitz dans ses fonctions ) parle même d'absurde prétention .

Pour autant, tu as raison, Olivia : l'attitude de Marie-Antoinette est d'une effarante passivité . Mais il faut comprendre qu'elle est brisée par l'émotion .
Marie-Thérèse raconte comment sa mère se refuse à descendre respirer au jardin pour ne pas passer devant la porte par laquelle Louis XVI était sorti pour la dernière fois ...

Je ne considère pas que l'attitude de Marie-Antoinette à cette époque-là fut passive.

Elle n'avait en tête que sa survie (improbable) et celle de ses enfants, menacés également. La proclamation de la Régence par Provence était le cadet des ses soucis.

Elle n'était plus qu'une prisonnière d'État.

Sa combativité se réduit comme peau de chagrin .

Citation :

et s'auto-proclame régent par le droit de naissance ainsi que par les dispositions des lois fondamentales du royaume . Il se dit investi en cette qualité de l'exercice des droits de pouvoirs de la souveraineté et du ministère supérieur de la justice royale .

C'est bien là tout le problème ! C'est la mère qui est choisie comme régente d'après les lois fondamentales ! Et à défaut la sœur aînée ! Mais certainement pas l'oncle, deuxième dans l'ordre de succession ! C'est vraiment quand il n'y a personne d'autre. Louis XIV a très mal vécu de nommer son neveu régent. C'est que là il n'y avait vraiment plus personne. Le comte de Provence avait l'obligation de déclarer qu'il était régent en attendant la libération de la reine et du petit roi. Il n'est régent que par intérim.
Difficile de se dire pourquoi Marie-Antoinette n'a pas réagi. Car c'est déjà bien avant l'emprisonnement au Temple. Durant les années de la monarchie constitutionnelle, le sujet avait été abordé et Monsieur aurait été déclaré régent en cas de disparition prématurée de Louis XVI. Et là déjà, aucune réaction de Marie-Antoinette.
Si encore elle était confiante en son beau-frère !  

Lavage de cerveau ? Acceptation qu'elle simple femme ne pouvait rien faire en politique ? Ce qui ne cadre pas avec son attitude pendant la Révolution. Ni déjà même avant.

Donc je ne comprends pas. Car pourtant quand il s'agissait de protéger son fils, elle n'hésitait pas à être énergique. Même au fond du trou.  

olivia a écrit:

Durant les années de la monarchie constitutionnelle, le sujet avait été abordé et Monsieur aurait été déclaré régent en cas de disparition prématurée de Louis XVI. Et là déjà, aucune réaction de Marie-Antoinette.

Si !!! Quand Provence avait parlé d'une lieutenance du royaume, elle avait crié : " Caïn !!! "

Tellement juste !