Le Boudoir de Marie-Antoinette

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 Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine

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pimprenelle

pimprenelle


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MessageSujet: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeMar 9 Avr - 22:09

Je me permets de partager sur notre forum un article publié par Aurore Chery.
https://atravers.hypotheses.org/457

Le 27 mars 2019, le Musée du pays de Sarrebourg a préempté, dans une vente De Baecque, un groupe en biscuit de la manufacture de Niderviller. Il s’agit d’une représentation du Jugement de Pâris. Une particularité attire immédiatement l’oeil des connaisseurs : on a donné à Minerve le visage de Marie-Antoinette. Qu’est-ce que cela signifie ?

Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Niderv10
Le Jugement de Pâris, biscuit de la manufacture de Niderviller, vers 1780,
préempté par le Musée du pays de Sarrebourg



Le fait n’est certainement pas un hasard. Dès 1770, le mariage du dauphin et de l’archiduchesse avait inspiré des références à la guerre de Troie. En 1771, le concours du Prix de Rome avait porté sur le combat de Mars et de Minerve à propos du sort de Troie.

Il était d’usage de comparer les jeunes princesses à Vénus et les jeunes princes à Mars. C’est ce qui se produisit tout au long du voyage de l’archiduchesse pour venir en France. Du moins, ce fut le cas jusqu’à Strasbourg. Là, soudainement, elle fut mise en relation avec Minerve (1) . Si l’on s’en tient à la contextualisation relative à la guerre de Troie, on peut supposer que l’on voulait présenter le renversement des alliances de 1756, emblématisé par ce mariage, comme une manière d’éviter une nouvelle guerre de Troie. C’est Marie-Antoinette/Minerve, plutôt que Marie-Antoinette/Vénus, qui s’en trouvait être la garante.

Le monumental surtout en porcelaine de Sèvres, qui couronnait la table du repas de mariage, représentait également Marie-Antoinette en Minerve.


Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Minerv10
Modèles en plâtre de la manufacture de Sèvres,
Marie-Antoinette sous les traits de Minerve, 1779, Mars, 1788,
Musée de la céramique, Sèvres.



Le groupe de Niderviller suivait a priori cette convention. Cependant, Marie-Antoinette/Minerve était généralement représentée vêtue, ce qui n’est pas le cas à Niderviller. La reine était attentive à ce détail depuis que des rumeurs avaient commencé à mettre en cause sa vertu. Dès 1774, le libelle Avis important à la branche espagnole l’avait accusée d’entretenir des relations libertines avec l’abbé de Vermond. En 1781, au moment de la naissance du dauphin, elle avait protesté contre un biscuit de Sèvres, commandé par le comte d’Angiviller à Pajou, qui la montrait en Vénus sortant de l’onde, nue, avec le dauphin (2).

Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Vc3a9n10
Modèle en plâtre, Augustin Pajou,
Vénus sortant de l’onde portée par des dauphins et portant l’Amour dans ses bras,
Musée de la céramique, Sèvres.



En conséquence, la manufacture de Niderviller s’inscrivait dans la même ligne que la Marie-Antoinette/Vénus. Il s’agissait de suggérer l’idée d’une Marie-Antoinette libertine que le rapprochement avec Minerve ne suffirait pas à épargner. Niderviller en rajoutait même dans l’insulte puisque, en figurant la reine en Minerve dans le jugement de Pâris, la fabrique en faisait une libertine qui n’était même pas digne de recevoir la pomme qui devait revenir « à la plus belle ».
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1. Voir le travail de Gilles Buscot, Pouvoirs et fêtes princières à Fribourg-en-Brisgau (1677-1814), Peter Lang, 2010, p. 167-168.
2. Catalogue de l’exposition Marie-Antoinette au Grand Palais, Réunion des Musées Nationaux, 2008, p. 128



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pepe12547

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MessageSujet: Re: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeMer 10 Avr - 7:28

pimprenelle a écrit:
Qu'en dites-vous ? C'est vrai que la ressemblance est troublante. Shocked



Très intéressant et sympa. Merci Pimprenelle Very Happy  Very Happy
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madame antoine

madame antoine


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MessageSujet: Re: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeMer 10 Avr - 7:57

Il s'agit effectivement d'une remarque très pertinente. Voici quelques renseignements complémentaire concernant le groupe proprement dit ayant fait l'objet d'une vente.

Important groupe mythologique en biscuit dure représentant le jugement de Pâris. Sur le mont Ida, le berger Pâris est assis avec sa canne au pied d'un arbre, son chien à ses cotés portant un collier marqué Paris en creux, en face trois déesses debout, Athéna, Aphrodite et Héra. Il tend la pomme à Aphrodite. Sur le haut du tronc d'arbre un angelot se penche vers Athéna casquée. Sur le coté du socle est gravé en creux «LEMIRE.PERE NIDERVILLER n°50».
XVIIIe siècle vers 1780
H. 45 cm
Manques, égrenure
Modèle similaire au Musée du pays de Sarrebourg.
Le sculpteur Charles-Gabriel Sauvage (1741-1827) dit Lemire est chef de l'atelier de modelage à Niderviller en 1780, il fonde dans la manufacture une école de dessin et de modelage. Il inaugure la production de biscuit à Niderviller et signe ses oeuvres
Lemire père. Après la mort du Comte de Custine guillotiné en 1793, Lemire quitte la Lorraine avec une cinquantaine d'ouvriers et va travailler à Paris chez Guérard et Dihl, manufacture dite du duc d'Angoulême.
Le premier récit du jugement de Pâris se trouve dans les Chants cypriens, c'est une épopée perdue, elle précède celle de l'Iliade.
Zeus ordonne à Hermès d'emmener les déesses sur le mont Ida et demande à Pâris de juger. Le berger accorde la pomme à Aphrodite, (déesse de l'amour) qui lui promet la plus belle femme du monde (Hélène). Ce groupe préfigure la guerre de Troie.

http://catalogue.drouot.com/ref-drouot/lot-ventes-aux-encheres-drouot.jsp?id=10010149

madame antoine

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Grandier A

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MessageSujet: Re: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeMer 10 Avr - 8:26

Lol, les gens. Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine 588717 J'ai pu vous faire un zoom sur ce charmant groupe exclusivement féminin. Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine 49856

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MessageSujet: Re: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeMer 10 Avr - 9:13

Grandier A a écrit:
Lol, les gens. Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine 588717 J'ai pu vous faire un zoom sur ce charmant groupe exclusivement féminin. Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine 49856

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Quantum

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MessageSujet: Re: Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine   Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Icon_minitimeJeu 5 Aoû - 13:47

Autre point de vue et explications apportées par le musée de Sarrebourg.

Niderviller : la manufacture qui n’aimait pas la reine Tzolzo14

    Un écrin de verre protège une porcelaine d’exception. Depuis 2019, Le Jugement de Pâris trône dans le hall d’entrée du musée du pays de Sarrebourg. Créée par Charles-Gabriel Sauvage, dit Lemire, entre 1780-1793, cette œuvre a été acquise à un particulier lors d’une vente aux enchères en 2019 (1). « Nous nous intéressons aux pièces produites par Lemire, explique Caroline Roelens-Duchamp, la conservatrice du parcours Chagall. Il a notamment créé des modèles pour la manufacture de Niderviller, mais aussi pour Sifflet à Lunéville. » Un artiste du territoire, en somme.


  • 33 moules pour fabriquer la pièce

    Influencé par le sculpteur Étienne-Maurice Falconnet, Lemire, père de Charles et Antoine, tous deux peintres, a travaillé tôt en Moselle-Sud. Il a apporté sa touche personnelle aux collections de la manufacture de Niderviller. Le Jugement de Pâris fait référence à un épisode de la mythologie. Refusant de prendre parti entre les trois déesses, dont sa femme, Zeus mandate le berger Pâris pour élire la plus belle. Héra, Athéna (qui aurait le visage de Marie-Antoinette d’après certains historiens) ou Aphrodite sont en compétition. En compagnie de son chien, le berger Pâris remettra la pomme à Aphrodite, provoquant la moue de Hera et le dédain d’Athéna. L’amour (le petit ange volant) lui remettra une couronne, cassée sur ce modèle.


    « C’est une pièce de qualité exceptionnelle, notamment par la qualité du biscuit de porcelaine, raconte Caroline Roelens-Duchamp. D’après le répertoire de la manufacture, il faut 33 moules pour fabriquer cette pièce. Elle est remarquable aussi par son mode de production. Au début du XIXe siècle, c’était encore une des pièces les plus chères à la vente. »


1) Le musée de Sarrebourg a reçu 80 % de subventions de la part de l’État et de la Région.

Source : https://www.republicain-lorrain.fr/

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