Expo sur la célébrissime Manufacture de Sèvres.
Une exposition retrace l’histoire de la fabrique de porcelaine, d’abord située dans l’enceinte du château de Vincennes au XVIIIe siècle. Elle a depuis déménagé à Sèvres.
L’Histoire est souvent faite d’intrigues. Et c’est l’escamotage d’un secret qui engendra l’une des plus belles et courtes histoires de Vincennes. Celle de l’or blanc ou la Manufacture de porcelaine de Vincennes, née au château en 1740, ADN de l’actuelle Manufacture de Sèvres lors de son déménagement 16 ans plus tard.
L’aventure est remise au goût du jour par les anciens élèves et étudiants de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (Ensad) à travers une exposition, gratuite, qui essaime ses conférences, ateliers, visites guidées, dans Vincennes jusqu’au 22 juin (lire ci-dessous).
Quand, en 1740, les frères Gilles et Robert Dubois, alors ouvriers à la fabrique de porcelaine de Chantilly, se font héberger dans la tour du Diable du château de Vincennes, ils ont en poche la composition de la pâte de porcelaine tendre ; un secret volé à un certain Sirou. Financés par l’intendant du roi Louis XV, les frères dilapident très vite les 60 000 livres royales « par manque d’ordre et de tempérance ».
En 1745, désavoués, ils se font à leur tour voler leurs secrets de fabrication par un manœuvre nommé Gravant, vite établi « seul fabricateur de pâte » par Jean-Henri-Louis Orry de Fulvy, l’intendant des finances.
«Manufacture royale» de Louis XV
Au milieu du XVIIIe siècle, on connaissait alors trois centres de production en France : à Rouen, à Saint-Cloud et à Chantilly. Quand la Manufacture de Vincennes se développe, c’est pour concurrencer celle de Meissen, la célèbre Porcelaine de Saxe dont la production est répandue dans toute l’Europe.
L’essor se fit en à peine dix ans dans un atelier composé de peintres, sculpteurs, tourneurs, enfourneurs et manœuvres menés de main de maître par Jean-Jacques Bachelier. Le régime y est sévère car l’on veille jalousement sur les secrets de fabrication ; les peines tombent et l’on emprisonne parfois les ouvriers indélicats.
Louis XV, encouragé par sa favorite la marquise de Pompadour, confère à Vincennes le monopole et le privilège exclusif de la fabrication de la porcelaine tendre et la promeut « manufacture royale » en 1752. Les pièces affluent : de la vaisselle au fond coloré, bleu céleste, jaune ou vert tendre, ayant pour thème des paysages champêtres et des oiseaux, souvent enrichis d’enluminures dorées. Ou des statuettes, figures d’après Boucher et bouquets de fleurs en biscuit, nouveau procédé inventé là.
Des porcelaines toujours cotées
Une marque distinctive apparaît alors : le chiffre royal formé de deux « L » entrelacés. Mais la fabrique est à l’étroit, l’agrandissement impossible et le transfert à Sèvres des 200 ouvriers et leur famille est organisé en août 1756. « Au moment de l’installation à Sèvres, Vincennes fait fureur et la porcelaine de Saxe est détrônée », affirme Antoine d’Albis, ingénieur céramiste spécialiste de la porcelaine du XVIIIe,
Aujourd’hui, les porcelaines de Vincennes sont bien cotées ; en salle des ventes, une assiette ou une tasse peut dépasser les 6 000 €.
A lire : « La porcelaine de Vincennes », de Tamara Préaud et Antoine d' Albis. Editions Adam Biro. Bulletin de la société des amis de Vincennes (juillet 1937).
La Manufacture de porcelaine de Vincennes est née au château en 1740. Les Arts Décoratifs, Paris
LE PROGRAMME DE L’EXPOSITION «L’OR BLANC, D’UNE MANUFACTURE A UNE ECOLE»Les conférences« Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), académicien, directeur artistique de la manufacture Vincennes-Sèvres, fondateur et directeur de l’École royale gratuite de dessin. » Par René Lesné, ancien directeur des études de l’Ensad, spécialiste de l’histoire de l’école.
Le mercredi 20 juin, à 15 heures, salle des Cartes, pavillon du Roi, au Château de Vincennes.
« La manufacture de porcelaine de Vincennes et les autres manufactures dans le château au XVIIIe siècle : le début de l’industrialisation de la région parisienne ». Par Jean Chapelot, Directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste d’archéologie et d’histoire du Moyen Âge.
Le jeudi 21 juin, à 15 heures, salle des Cartes, pavillon du Roi, au Château de Vincennes.
Les visites guidées à réserver à l’office de tourismeDu Château à Cœur de ville, par Danielle Périvier de Gérando (Ensad alumni Paris), avec ouverture inédite et exceptionnelle pour ces visites de la Tour du Diable du Château, berceau de la manufacture de Vincennes au XVIIIe siècle.
Les 9 juin, à 14 heures, 15 juin, à 11 heures et 16 juin, à 10 heures. Avec les artistes et anciens élèves de l’Ensad. Les 5, 14 et 19 juin, à 16 et 18 heures.
Les événementsIntervention artistique sur 50 assiettes Soho en porcelaine avec les anciens élèves de l’Ensad. Animée à l’Espace Sorano par Anne-Marie Casenaz. Jeudi et vendredi 8 juin, de 14 heures à 18 heures. Cuisson des assiettes le 9 juin. Crystal sound, installation sonore de Bilyana Furnadzhieva, étudiante en cycle After, Before Step (ABS) à l’Ensad, recherche de la résonance spécifique des sculptures qui se fait à travers la porcelaine et les oxydes métalliques purs, en créant de nouveaux timbres, propres à chaque objet. Le 9 juin, à 15 heures, salle des Cartes du Château de Vincennes. Présentation au public à partir du 11 juin. Inscription auprès de ensad.alumni.paris@gmail.com.
Les ateliersExpérience de la matière porcelaine, travail sur carré de porcelaine, animé par Béatrice Garnier, Ensad alumni Paris. Atelier intergénérationnel limité à 10 personnes.
Le 9 juin, de 14h30 à 16h30, salle de l’Office de tourisme. Inscription auprès de ensad.alumni.paris@gmail.com.
La coupe est pleine, travail sur les vases dessinés par Jean-Jacques Bachelier et animé par Béatrice Garnier, Ensad alumni Paris. Atelier intergénérationnel limité à10 personnes.
Le 16 juin, de 14h30 à 16h30, salle de l’Office de tourisme. Inscription auprès de ensad.alumni.paris@gmail.com.
http://www.leparisien.fr/
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