Gossec , musicien hennuyer

Voici un fil que je consacre à ce grand musien considéré comme le père de la symphonie française.

Voici ses oeuvres

https://www.youtube.com/watch?v=NXBbMlLnO1E

Fête de la fédération du 14 juillet 1790

https://www.youtube.com/watch?v=kei_PWSFKGU

Toinon et Toinette

On peut se demander s'il ne faut pas y voir une parodie de Marie-Antoinette

Et pour sa vie, je me fonde sur cet ouvrage

FJ Gossec , musicien hennuyer de la révolution de
Fernand Tonnard
Librairie Vanderlinden, 1938

Il a été un des fondateurs du conservatoire de musique de Paris !

http://mvmm.org/m/docs/gossec.html

http://grain-de-sel.cultureforum.net/t9050-francois-joseph-gossec

..... hennuyer, mais non pas ennuyeux !

Tout à fait ! J'aime beaucoup ses oeuvres !

Son village natal : Vergnies

http://www.maisonvillagevergnies.be/levillage.htm

Merci pour tous ces liens !!!

François-Joseph Gossec était le 6e enfant de François-Philippe Gossec et de Marguerite Brasseur, qui avaient été mariés à Vergnies le 11 août 1717 . François-Joseph est né le 17 janvier 1734.
Il passa toute sa première enfance à la ferme de ses parents, avec ses frères et soeurs. Les Gossec possédaient " du bien".
On peut encore visiter cette vieille maison accroupie au bord de la route en terre battue qui conduit à Boussu Les Walcourt.

Dans un pays perdu et ruiné , dans une atmosphère aussi misérable , un enfant pouvait-il trouver sa voie ?

D'autres compositeurs wallons virent le jour dans des familles de musiciens ou dans des cités où l'art était tenu en grand honneur. Tels furent à Mons , Gilles Binchois et Roland de Lassus ; à Tournai, Jean Dornat ; à Liège , Jean Brassart.
Parmi les contemporains de Gossec, il y eut Méhul de Givet . Il y eut surtout de nombreux liégois : Les Hamal père et fils , Lambert Piétkin , le maître de chapelle H. Famar et le violonniste Guillaume Kennis et surtout Grétry !
D'ailleurs, ne dit-on pas qu'à Liége, les enfants viennent au monde avec une chanson sur les lèvres ?

Voici une des oeuvres de Gossec : marche lugubre ...


https://www.youtube.com/watch?v=foXNGSX1aMk

Ce fut la Nature qui révéla à Gossec sa vocation.
Aucun de ceux qui entouraient Gossec ne pouvait lui révéler sa vocation. Mais la Nature , tour à tour âpre et douce , épanouie et mystérieuse , parla à son coeur d'enfant qui se gonflait de tendresse pour les êtres et les choses.
C'est par la musique que les Wallons expriment leur âme profonde.
Au cours de ses flâneries dans les bois et les prairies, l'enfant composait de petites mélodies qu'il fredonnait en s'accompagnant sur une espèce de violon fabriqué avec un vieux sabot et quelques crins.
En l'absence d'école ( la plus proche étant celle de Beaumont ), sa mère s'occupa de sa première éducation puis elle l'envoya au catéchisme. François-Joseph était fort éveillé et apprenait toutes choses avec facilité. Le vieux curé Pestiau remarqua sa voix et ses dispositions pour la musique.
La petite église paroissiale fut ainsi le point de départ de la carrière artistique du compositeur de la Révolution Française.

Ce curé clairvoyant eut la bonne idée de recommander l'enfant aux chanoines de la cathédrale de Walcourt qui l'agréèrent comme enfant de choeur . A la maîtrise , il reçut gratuitement , outre l'éducation primaire , des notions de latin. Mais là comme dans toutes les écoles religieuses de l'époque , la musique faisait l'objet d'un enseignement particulièrement soigné.

Gossec ne séjourna pas longtemps à Walcourt . Il partit pour Maubeuge où il fut confié aux soins du sieur Vanderbelen , écolâtre des chanoinesses de Ste Aldegonde. Dans cette sainte maison , il semble s'être révélé un amoureux précoce. Les jolies chanoinesses qu'il voyait tous les jours dans une demi-familiarité produisirent une impression très vive sur son coeur.

Oufti !!!

En 1743 , les chanoines de Walcourt envoyèrent Gossec perfectionner ses talents et achever son éducation à la cathédrale d'Anvers dont la maîtrise était réputée dans tous les Pays Bas . Cette maîtrise recrutait depuis longtemps des enfants en pays wallon et spécialement à Châtelet et à Walcourt.
François-Joseph entra comme enfant de choeur à l'église Notre Dame. Mais qu'on ne se méprenne pas.
Au XVIIIe siècle , la charge d'enfant de choeur ne consistait pas à remplir uniquement d'humbles fonctions comme celles d'agiter une clochette ou de présenter des burettes. A la maîtrise d'Anvers , un enfant de choeur suivait un cours complet de musique, depuis les règles élémentaires jusqu'aux principes de la composition.

Gossec ne devait plus revoir ses parents, ni ses frères et soeurs. sans doute, les communications entre Anvers et Vergnies étaient très difficiles et le coût des voyages fort élevé. Mais Gossec ne donna jamais aucune espèce de nouvelle et ne tenta même pas de connaître la destinée de ses proches.
Il semble les avoir laissé dans la plus angoissante incertitude.

Lorsqu'il partit pour Paris , Gossec ne se détourna pas pour venir embrasser ses parents . Lorsqu'en septembre 1792 , il entreprendra en Belgique une tournée triomphale à la tête d'un groupe d'artistes de l'Op^éra et qu'il se fera applaudir successivement à Bruxelles, à Gand et Liège, à Namur, Mons et Tournai , il passera non loin de Vergnies et ne manifestera pas le désir de revoir sa famille. Profonde ingratitude ? Insouciance pitoyable qui le placera d'ailleurs toute sa vie dans un état voisin de la pauvreté ? On n'ose conclure .

Quel comportement bizarre !

A Anvers, Gossec se mit à l'étude avec une ardeur extraordinaire sous la discipline d'André-Joseph Blavier .
Ce professeur d'origine liégoise occupait depuis 1727 la charge de maître de chapelle à Notre Dame. Artiste, il jouissait d'une grande réputation et savait expliquer les règles difficiles de la musique. Il enseigna à son élève le violon, le clavecin , l'harmonium et la composition. Gossec étonna souvent Blavier par sa promptitude à saisir ce qu'il lui apprenait.
Au bout de huit années, le jeune homme était devenu aussi habile que son maître.
Un jour, Blavier conseilla à Gossec de tenter sa chance à Paris.
Au début de février 1751 , Gossec est prêt. Il part avec 100 écus en poche et avec une demoiselle , une musicienne comme lui . son nom : Marie-Elisabeth Georges âgée de 18 ans.

http://https://fr.wikisource.org/wiki/...de...2/BLAVIER,_André-Joseph

Comme la page ne s'ouvre pas . En voici le contenu :

"BLAVIER (André-Joseph), compositeur de musique , né à Liége, oti il fut baptisé le 29 décembre 1713, en l’église Saint-Jean-Baptiste; mort à Anvers, le 30 novembre 1782. Cet artiste obtint d’abord l’emploi de maître de musique à l’église collégiale de Saint-Pierre, dans sa ville natale. La même place étant devenue vacante à la cathédrale d’Anvers, le 16 mars 1737, par la démission du titulaire, Joseph-Hector Fiocco, Blavier, quoique n’ayant atteint que l’âge de vingt-trois ans, ne craignit pas de se présenter au concours ouvert à cette occasion, auquel prirent aussi part deux autres bons musiciens, Éloi François, prêtre, maître de musique à l’église de Saint-Vincent, de Soignies, et Charles-Joseph van Helmont, alors organiste et, plus tard, maître de chant à la collégiale de Sainte-Gudule, à Bruxelles. Le succès couronna l’entreprise du jeune artiste, qui fut élu à la majorité des voix par le chapitre de la cathédrale. Cependant, vu sa jeunesse sans doute, on lui prescrivit des conditions spéciales, les suivantes, qu’il dut signer avant d’entrer en fonctions: 1° Il porterait la soutane et se préparerait à recevoir la tonsure cléricale; 2° Il serait tenu d’assister et de chanter à tous les offices; d’y diriger les enfants de chœur; de les conduire à l’église et de les ramener à la maison des choraux; 3° Il donnerait en personne les leçons de musique voulues; 4° II se considérerait comme démissionnaire de sa place, si jamais il se mariait. Blavier accepta ces conditions, le 25 mai 1737, et fut installé, le 18 juin suivant, aux trois jubés et au grand chœur de la cathédrale. L’artiste possédait une belle voix de ténor et jouait du clavecin, du violon et du violoncelle. L’instruction des enfants de chœur était surtout l’objet de ses soins: parmi ceux qu’il forma il faut citer avec honneur le célèbre compositeur Gossec, qui, sortant de la maîtrise d’Anvers à l’âge de dix-huit ans, se trouva en état d’entrer avec succès dans la carrière d’artiste à, Paris. Tout en enseignant les règles de la composition musicale à ses élèves, Blavier enrichissait le répertoire de l’église de ses propres œuvres. Il composa, entre autres, et dédia au chapitre, le 26 août 1741, une messe solennelle, en re (Kyrie, Et in terra pax, Patrem), très-développée, intitulée In honorem Deiparæ, écrite à quatre voix, avec accompagnement d’instruments à cordes. Cette messe, qui existe encore aux archives de Notre-Dame, témoigne du talent expérimenté du musicien. Plusieurs compositions en style choral lui sont également dues.

Arrivé à l’âge de cinquante ans, André Blavier voulut se marier et, ni la clause résolutoire de son contrat d’engagement à la cathédrale, ni les observations de ses amis ne le purent détourner de ce projet. Privé de la belle position artistique qu’il occupait, il épousa une jeune fille de vingt ans, nommée Jeanne-Wendeline Lemmens. Remplacé dans ses fonctions par Louis van Noortbeeck, auparavant maître de musique à la collégiale de Saint-Jacques, Blavier fut réduit à vivre de son talent de chanteur et d’instrumentiste,jusqu’à ce qu’il eût obtenu,le 3 avril 1768, la place, beaucoup plus modeste, de maître de chant à l’église paroissiale de Saint-André, dans la même ville, devenue vacante par la mort de Georges Tassaert. Ayant perdu successivement plusieurs enfants et sa femme, André-Joseph Blavier mourut à l’âge de 69 ans, dans un état de fortune des plus médiocres; il fut enterré au cimetière de l’église de Saint-André, le 2 décembre 1782.

Chev. Léon de Burbure.
Archives d’Anvers. — État civil de Liége. "

Voici un site en anglais sur Gossec

http://members.klosterneuburg.net/handerle/gossec.htm

Intéressant pour les illustrations !!!

Parmi les lettres de recommandation que Gossec tenait précieusement serrées dans son sac, il y en avait une écrite par son maître Blavier et adressée au célèbre Rameau. Gossec et sa compagne découvrirent sans peine le logis du compositeur . On leur dit aussi que Rameau dirigeait l'orchestre de M. de la Pouplinière , fermier général et personnage extraordinairement riche qui offrait des concerts excellents au Tout Paris artistique et littéraire.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Rameau

http://www.musicologie.org/Biographies/rameau_jp.html

Désolée, je ne peux pas résister à ce passage

https://www.youtube.com/watch?v=RKvd4tMkFHc


Sur la Pouplinière

http://jp.rameau.free.fr/laurencie_cucuel.htm

http://jp.rameau.free.fr/la_poupliniere.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Le_Riche_de_La_Pouplinière

Autre personnage :

Gautier de Montdorge Antoine
1701-1768

Il. aurait été voisin et ami de La Pouplinière, le mécène de Jean-Philippe Rameau.

http://www.musicologie.org/.../g/gautier_de_montdorge_antoine.html

Rameau habitait depuis 20 ans au premier étage d'une maison de fort modeste apparence , rue du Chantre St Honoré. Le musicien affectionnait l'endroit parce que , disait-il , la rue étant trop étroite pour laisser passer les voitures , il pouvait travailler sans être dérangé par les roulements des véhicules et les cris des charretiers. Et vraiment , le lieu était idéal si l'on songe qu'il se trouvait au centre d'un quartier très bruyant , et presque à la porte de l'Opéra situé alors au Palais Bourbon. Mais de méchantes langues expliquaient cet attachement par l'avarice sordide et le caractère désagréable de Rameau.

Rameau avait alors 68 ans. Après avoir mené en Italie une existence très précaire , il était venu en France, avait été organiste à St Paul, puis à Lille et ensuite à Clermont.
Lorsqu'à l'âge de 40 ans, il franchit pour la première fois les portes de Paris, il n'avait composé qu'un traité d'harmonie à la vérité fort savant. Après beaucoup de démarches, il avait obtenu une place de maître de clavecin chez le fermier général de la Pouplinière. Le Mécène et ses amis firent sa renommée.

Le compositeur était d'un naturel extrêment irritable quand il s'agissait de sa musique. Lorsque ses colères éclataient à propos d'une exécution défectueuse , il tançait vertement les musiciens et les choristes. IL ne souffrait aucune observation et il avait la répartie mordante.

Dommage qu'une si belle musique ait été composée par un esprit aussi chagrin et mesquin...

Cette impatience violente et cette aigreur de caractère venaient précisément de mettre Rameau dans une situation critique. Depuis une quinzaine de jours , il avait achevé la partition d'un opéra en un acte de Marmontel : la Guirlande des Dieux. La représentation sur la première scène lyrique de Paris ne devait avoir lieu que quelques mois plus tard , mais la primeur de cette audition était réservée au prochain concert de M. de La Pouplinière.

La musique de ce divertissement était fort compliquée. Rameau qui plaçait son art au-dessus de tout et qui tenait à ses idées, n'écoutait pas les récriminations des musiciens ni les doléances des choristes. A une actrice qui se plaignait que l'orchestre couvrait sa voix à certains moments, le compositeur lui avait déclaré que " cela lui était bien égal et que le livret lui importait assez peu. Au reste, avait-il ajouté , il se faisait fort de mettre, quand on le voudrait, la Gazette de Hollande en musique ! "

Les répétitions ne donnaient que des résultats peu satisfaisants. La veille, Rameau avait apostrophé vivement le premier violon qui faisait office de chef d'orchestre et le claveciniste accompagnateur. Se considérant atteints dans leur dignité , ces deux musiciens avaient envoyé une lettre de démission au compositeur. L'audition de la Guirlande des Dieux était fort compromise car on ne pouvait trouver sur le champ deux autres musiciens de profession ayant du talent . Rameau se crut perdu.
Mais c'est alors que Gossec parut ...

Gossec ou l'art d'arriver au bon moment

C'est au cours de cette journée que la bonne fortune conduisit Gossec dans la maison de Rameau. Notre compatriote fut sans doute reçu de façon peu amène ; Rameau n'était pas habitué à mettre les formes avec les étrangers.
Cependant , le nouveau venu assurait qu'il jouait du violon , du clavecin et de l'orgue. Le maître le fit asseoir devant son clavecin et, pour jouir de son embarras, lui tendit d'un air indifférent un feuillet de la Guirlande des Dieux où se trouvaient des difficultés qui rebutaient les musiciens de l'orchestre . Dès les premières notes, Rameau prête l'oreille avec attention . Gossec déchiffre sans peine , les traits se suivent avec netteté. Rameau est debout. enthousiasmé, il passe au jeune homme d'autres feuillets . Gossec exécute tous les morceaux avec aisance.

Rameau engagea sur le champ Gossec pour diriger l'orchestre à l'exécution de la Guirlande des Dieux. Et comme il exprimait son regret de ne pas trouver un aussi habile musicien pour remplir le rôle d'accompagnateur , Gossec propose de lui amener dans quelques minutes sa femme qui a beaucoup de talents. Rameau n'en peut croire ses oreilles . Comment , cet étranger à figure d'adolescent et qui se joue des difficultés de sa composition , ce petit homme maigre et mal nippé est marié ! Les questions se pressent sur les lèvres de Rameau , mais déjà Gossec est dans l'escalier.