Le roi Georges III

Georges II mourut subitement terrassé par une crise cardiaque le 25 octobre 1760.

Ce qui me frappe dans ce roi, c’est de voir beaucoup de traits de ressemblances avec Louis XVI. Par exemple, il est aussi apathique et flegmatique que lui. Il accueille la mort de Georges II sans laisser transparaître ses sentiments, ce qui suppose déjà une grande maîtrise de soi.
Tout comme Louis XVI, il est orphelin jeune. Il perd son père à l’âge de 13 ans.
Tout comme Louis XVI , il a de grandes qualités : il est honnête , désintéressé , consciencieux jusqu’au scrupule , obstiné jusqu’à l’entêtement ( ce qui a fait dire à un contemporain : « comme il a peu d’idées, il y tient d’autant plus … »).
Il a le goût de la simplicité et de l’économie. Sa table est frugale.
Ghislain de Diesbach note un autre trait de ressemblance avec Louis XVI : « Il aurait besoin de calmants plutôt que d’excitants et ces longues promenades à pied ou à cheval, ces chasses épuisantes qu’il suivra jusque dans sa vieillesse , lui permettent de dépenser cet excès de vitalité que son travail habituel ne suffit pas."

Mais à la différence de Louis XVI , il s’ouvre à la chaleur humaine d’un Lord Bute. Et surtout, il est sous son influence et celle de sa mère.
Dès le début du règne , une bataille sans merci s’engage entre Lord Bute et Pitt.

Tout comme Louis XVI, il prend son nouveau rôle tout à fait au sérieux . Voici ce que dit Diesbach : « [i] Il s’y consacre avec une ardeur et une conscience qui mériteraient de meilleurs résultats , mais son intelligence est médiocre et s’il possède un incontestable bon sens , il manque de souplesse, de diplomatie, d’esprit politique.
Les nuances lui sont inconnues et les problèmes les plus complexes lui apparaissent extrêmement simples car il n’en devine jamais les difficultés cachées.
Il n’a en fait aucune expérience politique et s’imagine qu’il suffit d’être ferme , d’agir suivant sa conscience pour être un bon souverain. Il a surtout de son métier de roi , du caractère de son rôle une conception étroite , intransigeante, qui déterminera toute sa façon d’agir pendant un quart de siècle et fera, mais contre lui, cette union nationale que lord Bolingbroke rêvait de réaliser autour de la personne du souverain.
Si l’affection qu’il porte à sa mère est admirable , l’obéissance qu’il lui témoigne l’est moins. Sa mère est, avec Lord Bute, son maître à penser . Il ne décide rien sans la consulter.
Bientôt ses sujets s’irriteront de le voir inféodé à cette mère despotique qui gouverne par son intermédiaire , le traite comme un marmot et lui dicte tous ses actes. Un jour qu’il aperçoit le Souverain se diriger vers Carlton House , résidence de la princesse douairière , un loustic s’écrie goguenard :
-Est-ce que vous allez têter ?

L’influence de la princesse de Galles est d’autant plus critiquée que sa liaison avec Lord Bute la déconsidère. [/i"

Sans Maman , il était perdu.
On voit aussi cela chez Louis XVI, cette recherche éperdue de conseils pour bien faire ...

Petite précision importante . Je ne sais plus si je l'ai dit : Lord Bute était écossais !
Vive les écossais !!!

Deuxième amour de Georges III : Lady Sarah Lennox. Elle aurait certainement mieux orné le trône d’Angleterre que la princesse Charlotte de Mecklenburg –Strélitz.
Elle était vraiment royale . De fait, elle était l’arrière petite fille de Charles II. Mais surtout, elle était d’une beauté quasi légendaire. Son père, le duc de Richmond avait hérité de l’énorme fortune constituée par Charles II pour permettre à sa descendance illégitime de tenir un rang princier.
Orpheline de bonne heure , Lady Sarah avait été élevée en Irlande et n’en était revenue qu’en 1759 pour s’installer à Londres auprès de sa sœur , Lady Henry Fox.

Georges III , confiant, s’ouvrit de cet amour à Lord Bute qui fit capoter la chose. Lady Sarah représentait pour Lord Bute la tête du parti whig, parti qu’il détestait et contre lequel il luttait depuis de nombreuses années.
Il ne heurta pas le prince de front mais le rappela à ses devoirs de roi et au fait de ne pas épouser quelqu’un d’un rang inférieur au sien mais quelqu’un de son rang comme une princesse allemande par exemple.

Quelques mois plus tard, lady Sarah Lennox épousera Sir Charles Bunburry, union malheureuse qui finira par un scandale retentissant car elle le quittera pour aller vivre avec son cousin germain, Lord William Gordon . Le mariage du Roi se révélera infiniment plus heureux encore que l’aspect de la future reine ne soit guère encourageant.



Lady SArah Lennox

Dans cette affaire , Georges III s'y est pris comme un manche. Trop pudique pour avouer ouvertement ses sentiments à la femme aimée, il a préféré parler en des termes vagues et par personnes interposées...
Naturellement , cela ne l'a pas fait !!!



Lady Sarah Bunbury Sacrificing to the Graces by Sir Joshua Reynolds, 1765

Finalement , il n'a tenu qu'à un fil que la famille de Diana montre plus tôt sur le trône...
Et ce versement d'argent au prétendant Stuart, ne serait-ce en souvenir de cet amour de jeunesse ?

Au sujet du père de Georges III ;

http://www.noblesseetroyautes.com/nr01/2012/01/exposition-dun-gilet-du-roi-george-ii/

Merci...

Madame de Chimay a écrit:

Deuxième amour de Georges III : Lady Sarah Lennox. Elle aurait certainement mieux orné le trône d’Angleterre que la princesse Charlotte de Mecklenburg –Strélitz.

Une merveilleuse série BBC sur la famille Lennox avec, of course, cet épisode :
" Aristocrats" , un régal !

Merci chère Clio.

Comme le dit si bien G. de Diesbach, la Princesse Charlotte de Mecklenburg-Strélitz était à l'image de son pays : petite , plate, insignifiante et sans beauté. Cette demande en mariage fut inespérée pour elle et elle sauta tout de suite dessus.
C'était donc une jeune femme de 17 ans qui arrivait en Angleterre , ne causant pas un traître mot d'anglais. Elle ne pouvait donc converser qu'avec la famille royale qui, outre l'anglais, parlait l'allemand et le français.
Ce fut donc la répétition en grande pompe du mariage conclu par procuration . Georges III qui était très pudique , supprima à cette occasion la cérémonie du coucher public .
Quinze jours après le mariage eut lieu la cérémonie du couronnement .

Ce couronnement donna lieu à bien des festivités dont celui d'un grand banquet offert aux souverains par le lord maire de Londres , lord Beckford qui, outre le fait d'avoir le goût du faste , est aussi l'un des plus riches marchands de la ville et possède toute l'ïle de la Jamaïque d'où il tire de fabuleux revenus.
Autre banquet offert aux souverains, celui des Quakers.
Toutes ces fêtes plurent à Geoges III, persuadé d'être le roi de son peuple et de sentir ainsi l'amour de ses sujets.

Sur le couronnement de Georges II .

https://www.youtube.com/watch?v=YSF4O4LfgH0

Portrait de Georges III

http://www.historyisfun.org/king-george-III-portrait.htm

Voici l'adresse d'un blog intéressant

http://www.thehistoryblog.com/archives/10941

Ceci à vendre sur ebay . Ceci dit, le prix n'est pas donné ...

http://www.ebay.co.uk/sch/i.html?_nkw=coronation+king+george+iii

Tout comme Louis XVI, Georges III s'est heurté à l'aristocratie de son pays et spécialement celle qui détenait les leviers de pouvoir, de puissance économique et politique dont l'oligarchie whig . Les possessions de cette aristocratie étaient immenses. Elle détenait en Angleterre des comtés entiers et dans le Nouveau monde des états entiers.
Cette fortune était basée, outre la terre, sur l'exploitation du sous-sol etdonc sur la création d'usines, de fabriques et d'ateliers. Les châteaux de cette aristocratie étaient de véritables cours , tels Devonshire House et Holland House et on s'y amusait plus qu'à St James.

Les chefs de cette oligarchie whig , outre le duc de Newcastle , sont les Grenville et surtout leur beau-frère William Pitt.
Lord Bute et Georges III vont se heurter dès le début du règne à cette oligarchie là dès qu'ils essaieront de mettre en oeuvre Leurs théories . Comme le dit Diesbach : " La tâche du roi est d’autant plus difficile que Pitt tient d’une main ferme les rênes du gouvernement et, grisé par les succès de sa politique étrangère, veut la poursuivre dans le sens où il l’a engagée , c'est-à-dire en continuant la guerre jusqu’au bout , jusqu’à l’abaissement de la France qu’il déteste. (...) Pour vaincre la France, il faut redoubler d'efforts et Pitt s'y emploie avec une frénésie que désapprouve le roi Georges III, partisan lui de la fin de la guerre avec la France. "

C'est incroyable ce degré de ressemblance avec Louis XVI...

Inévitablement, une bataille s'engage pour le pouvoir. Le roi Georges III essaie de s'appuyer sur son peuple que la poursuite de la guerre à outrance avec la France, écrase d'impôts. Voici ce qu'écrit Diesbach :
" Le roi, de son côté, a pris ombrage du prestige de Pitt et ne songe qu' à se débarrasser de lui. De tous temps, les grands hommes ont été encombrants. Déjà fermement résolu à user des droits que lui reconnaît La Constitution, Georges III n'entend pas subir d'autre influence que celle de Bute et en novembre 1760, il écrit à ce dernier : "Si je ne leur montre pas que je ne veux pas laisser mes ministres me fouler aux pieds , mes sujets en viendront un jour à m'estimer indigne de la couronne que je porte."

Margaret Nicholson attempting to attack George III