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| La théorie du complot de Marat | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 8 Sep - 16:17 | |
| Comme vous le dites , chère Olivia, les autres révolutionnaires étaient autrement habillés que Marat. Hébert était très élégant de sa personne et même dans ses années de pauvreté, il mettait un point d'honneur à être toujours impeccablement habillé. je crois que cela l'a aidé du moins dans ses débuts pour gagner sa vie. Fabre d'Eglantine était lui aussi très élégant, Saint Just, Robespierre... Marat, c'est le sans-culotte du ruisseau... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 8 Sep - 17:12 | |
| Il s'entourait la tête d'un turban imbibé de vinaigre. Je plains ses voisins sur les bancs du club des Cordeliers ou à la Convention. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 8 Sep - 17:15 | |
| Pour sûr, pour la mise , il ressemble bien à Moneuse... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 8 Sep - 17:36 | |
| Je suis méchante envers ce pauvre Marat. Car après tout, le vinaigre pouvait servir à masquer l'odeur de ses gros problèmes de peau. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mar 24 Mai - 20:56 | |
| La baignoire de Marat se trouvant au musée Grévin passe pour être l'authentique ayant servi au "crime"???? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mar 24 Mai - 21:28 | |
| - Citation :
- La baignoire de Marat se trouvant au musée Grévin passe pour être l'authentique ayant servi au "crime"????
LA BAIGNOIRE DE MARAT, retrouvée sur Internet !!!!
Il y a environ un an (15 juillet 1885), le Figaro publiait un article intitulé : « La Baignoire de Marat ». Nos lecteurs se souviennent peut-être de l'odyssée de ce bizarre objet historique dont nous faisions alors le récit. Cette relique sanglante dont une circonstance assez singulière avait révélé l'existence se trouvait au fond de la Bretagne, en la possession d'un « recteur », curé-doyen de la petite ville de Sarzeau (Morbihan). Le bon prêtre l'avait eue en héritage d'une vieille demoiselle royaliste et catholique, Mlle Capriol de Saint-Hilaire, morte en 1862, La révélation du Figaro rendit tout à coup célèbre, un peu malgré lui, le vénérable doyen. Rien ne manqua à sa gloire. Les feuilles républicaines émirent naturellement des doutes sur l'authenticité du trésor, et des polémiques s'engagèrent à ce sujet. Le grand argument des ennemis du curé était celui-ci: Comment un pareil objet était-il tombé entre les mains d'une vieille dévote royaliste? A notre avis, c'était précisément cette longue possession sans transmission, l'oubli, le mépris dans lequel avait été laissée la sinistre relique qui lui donnait un caractère d'authenticité. Mlle Capriol de Saint-Hilaire, morte en 1862, octogénaire, se souvenait fort bien de l'acquisition faite par son père, vers l'année 1805, de la baignoire de Marat. La jeune fille avait alors quinze ans et elle a raconté souvent à des personnes encore vivantes les circonstances de cette acquisition : son père avait acheté l'objet d'un marchand de ferrailles de la rue d'Argenteuil. Il reste simplement aujourd'hui à suivre, à reconstituer l'existence de la baignoire de 1793 à 1805. Qu'était devenu, après la mort de Marat, le mobilier du conventionnel? « Au lendemain de la mort de Marat, dit un rédacteur de la République française, dans un article intéressant publié le 10 août 1885, le juge de paix de la la section du Théâtre-Français, après avoir apposé les scellés dans l'appartement du terrible publiciste, rue de l'Ecole-de-Médecine, vint procéder à l'inventaire de son mobilier. Parmi les objets qui figurent sur cet inventaire très détaillé, se trouvent, entre autres, une bibliothèque, deux sphères, une boite renfermant un instrument de chirurgie; mais il n'est pas question de baignoire. Marat se bornait peut-être à en faire venir une de chez le loueur le plus voisin, lorsqu'il éprouvait le besoin de prendre un bain. D'autre part, le très savant directeur du musée Carnavalet, l'homme le plus compétent lorsqu'il s'agit de l'histoire de Paris, avait eu, dit-on, l'an dernier, après les publications du Figaro, la velléité de se rendre acquéreur de la baignoire pour son musée historique. Mais les prétentions du curé de Sarzeau et l'absence de pièces authentiques lui firent abandonner ce projet. Il voulut bien, néanmoins, dans une lettre à un de ses amis, se mettre à la disposition de l'administrateur du musée Grévin, pour compléter, par de très curieux détails, les renseignements déjà connus.
La forme de sabot pour les baignoires était commune à Paris (en 1793) à l'époque où l'eau était chère, où l'on chauffait les bains à la bouilloire et où l'on avait par conséquent tout intérêt à diminuer le volume d'eau nécessaire pour tremper le corps. Avec la forme de sabot qui ne permettait pas au liquide de remonter autrement que par le déplacement du corps immergé, il faut pour un bain moitié moins d'eau qu'avec la forme du cuvier oblong. Aussi trouvait-on ces baignoires sabot en location chez les chaudronniers. Les bains à demeure et à domicile n'existaient pas encore. Les hôtels seuls avaient des salles de bains. La baignoire de Marat était-elle à lui! C'est possible, et même probable, car « sa maladie chronique exigeait des bains fréquents, et il avait bien pu l'acheter » toutefois, on ne trouve pas de baignoire mentionnée dans l'inventaire très détaillé de son mobilier, après l'assassinat. Il est vrai que la fameuse baignoire figura en nature lors de l'exposition de son corps, dans l'église des ci-devant Cordeliers et fut conservée ensuite à l'intérieur du monument funéraire qu'on lui éleva place du Carrousel. Il est permis de croire qu'à la réaction antimaratiste elle eut le sort de tous les objets du culte en métal et qu'elle fut fondue pour fournir des sols et des canons à la République. Ce fut en février 1795 qu'un décret de la Convention ordonna de briser et jeter dans l'égout de la rue Montmartre le buste de Marat, avec un vase de nuit plein de cendres, simulacre de ses restes ce qui donna bien naissance à la croyance populaire que le corps lui-même y avait été précipité. Ainsi donc, la baignoire authentique existait encore, d'après M. Cousin, en 1795. Au lieu d'en faire des gros sols, il est vraisemblable que, dans cette journée de fête, un patriote, après s'être approprié l'objet, s'en sera débarrassé ensuite au profit d'un revendeur. Simone Évrard, la maîtresse de Marat, et sa sœur, Albertine Marat, vivaient sans doute à cette époque, mais il est peu probable qu'elles aient recherché cette relique qui leur rappelait de si lugubres souvenirs. Aussi la version du curé de Sarzeau, établie par des preuves et des déclarations orales de personnes dignes de foi vivant en 1805, nous semble-t-elle irréfutable. Jusqu'à preuve du contraire, nous croyons la baignoire de Sarzeau parfaitement authentique. D'autre part, nous le répétons, la longue possession de la relique révolutionnaire entre les mains d'une vieille royaliste, la relégation au grenier de cet objet de terreur et de dégoût acheté jadis par curiosité nous paraît, au contraire, une preuve d'authenticité. Dans quel but la famille Capriol de Saint-Hilaire au-rait-elle eu l'idée d'établir une légende autour de cet objet sans valeur? C'est l'oubli même, c'est le silence dans lequel la relique a été ensevelie qui confirme les assertions du curé de Sarzeau. Pour en revenir à la révélation de l'an dernier, l'article du Figaro mit alors en émoi, non pas précisément tout le diocèse de Vannes, mais les habitants de Sarzeau et surtout M. le doyen. Comme dans la fable du Savetier et du Financier, la possession d'un si gros trésor troubla le sommeil du paisible presbytère. Dans les nuits agitées, M. le curé rêvait que le Musée Tussaud, au nom du gouvernement anglais, venait lui offrir cinq cent.mille francs, en échange de la fameuse baignoire. Grâce à cette somme, l'abbé voyait déjà la paroisse de Sarzeau devenue la plus opulente du diocèse et son cher doyenné convoité par tous ses confrères. Avec l'or britannique, il édifiait des écoles, des asiles et faisait élever une imposante basilique sous le vocable tout nouveau de Sainte-Charlotte-de-Ia-Delivrande. Désormais, la jolie ville de Sarzeau, célèbre seulement jusqu'ici pour avoir donné naissance à Le Sage, l'auteur immortel de Gil Blas, allait devenir un nouveau sanctuaire.
Malheureusement, ces songes pieusement ambitieux ne se réalisèrent point, le facteur n'apportait aucune lettre timbrée de Londres et les propositions mirifiques qui devaient affluer avec la publicité du Figaro n'affluaient point au presbytère. Quelques offres modestes furent repoussées avec dédain; le Musée Carnavalet, dit-on, et plus tard le Musée Grévin n'obtinrent que des réponses hautaines et négatives. Toutefois le petit tapage fait autour de la baignoire fut loin de nuire aux habitants de Sarzeau. Des villes voisines, pendant la belle saison, on vint en pèlerinage contempler le trophée sanglant de la Révolution. Un beau jour, un industriel proposa à l'heureux propriétaire de colporter et de promener en France, à frais communs, la sinistre relique, lui promettant de réaliser ainsi d'importants bénéfices qui seraient naturellement partagés entre le barnum et les pauvres. M. le curé repoussa ces offres qu'il considérait justement incompatibles avec sa dignité et ne voulut point priver les aubergistes de Sarzeau des aubaines inattendues que leur attiraient les excursions de quelques touristes. C'était en vain, hélas! que notre pauvre curé avait escompté l'avenir. L'Amérique et l'Angleterre indifférentes restèrent sourdes; aucune négociation ne fut entamée par les cabinets européens pour acquérir la baignoire de l'Ami du peuple. Il fallut bien déchanter et revenir de ses illusions. La déception fut grande ! Peu à peu toute offre cessant et le silence menaçant de se faire à jamais autour du trésor dédaigné, la paroisse de Sarzeau, qui avait déjà vu tour à tour s'évanouir en fumée sa basilique, ses vastes asiles, ses superbes établissements scolaires, risquait fort de ne retirer aucun avantage du trésor si longtemps enfoui au presbytère et qu'un heureux hasard avait seul exhumé. Revenu de son beau voyage au pays des rêves et rendu à la réalité, le curé de Sarzeau consentit enfin à accepter les propositions du Musée Grévin. La somme est encore assez importante et le prix de la baignoire servira à faire reconstruire en partie l'école des petites filles du bourg de Sarzeau.
En effet, les administrateurs du Musée Grévin, qui n'auraient jamais consenti à payer à un industriel ou à un marchand de curiosités 5.000 francs l'objet historique en question, n'ont pas hésité, paraît-il, à verser entre les mains du vénérable ecclésiastique une somme dont ils connaissaient d'avance le charitable emploi. Ainsi ils auront fait une bonne action et peut-etre une belle affaire. La baignoire où le conventionnel Marat fut assassiné le I3 juillet 1793, par l'héroïque Charlotte Corday, est en cuivre de couleur fauve presque noire; elle a la forme d'un sabot et bien telle que la représentent les gravures de l'époque et telle que le savant M. Cousin l'a décrite.
Une sorte de tabouret en cuivre est appliqué au fond de la baignoire, ce qui permettait de rester assis et d'écrire facilement. C'est sous cet escabeau que se plaçait l'appareil pour faire chauffer le bain. Le temps, on peut le dire, a singulièrement gravé son empreinte sur ce bronze familier. Il est fort probable que, depuis le I3 juillet 1793, la baignoire de Marat n'a pas été souillée par le contact de l'eau. Les taches de sang du martyr doivent y séjourner encore. En tout cas, on voit distinctement incrustées les traces horizontales des drogues sulfureuses dont se composaient les bains du conventionnel, atteint, on le sait, d'une maladie cutanée. La scène du 13 juillet 1793, dans laquelle doit figurer la baignoire de Marat, vient d'être reconstituée par le Musée Grévin dans tous ses détails, avec une religieuse exactitude, d'après les pièces et documents du temps. On a pu remarquer cette année à l'Exposition de sculpture, aux Champs-Élysées, un grand haut-relief représentant la scène de l'assassinat : Charlotte saisie par Simone Evrard, tandis qu'un groupe d'hommes et de femmes du peuple se précipite à la porte. L'œuvre qui appartient au Musée est de M. Bernstamm, jeune artiste russe. C'est d'après cette maquette que les personnages ont été modelés en cire. Dans le coin de la pièce, près de la haute fenêtre aux petites vitres, sera placée la relique authentique où baignera, au milieu de linges ensanglantés, le corps du tribun. Voilà donc, grâce au Figaro, la fameuse baignoire de Marat, oubliée dans un grenier de Bretagne, sortie de son obscurité! C'est ainsi que les petites chrétiennes de la charmante ville de Sarzeau pourront bénir, à leur tour, la bienfaisante publicité du journal de la rue Drouot. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mar 24 Mai - 21:52 | |
| Je me suis tué les yeux à lire ton article mais...merci ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mar 24 Mai - 22:15 | |
| Mais je ne me suis pas tué le bout des doigts à le taper, tu t'en doutes : c'est un copié-collé !!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mar 24 Mai - 23:44 | |
| Eh bien elle en aura fait du chemin la baignoire, tout cela pour revenir à son point d'origine... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 25 Mai - 19:31 | |
| Au Musée Grévin: |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 25 Mai - 19:38 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 25 Mai - 20:18 | |
| L'épopée de cette baignoire serait contée dans Contes des îles de Bretagne de Lucien Gourong. Connaissez vous d'autres livres sur ce sujet très spécifique???? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 25 Mai - 20:34 | |
| ... non, aucun ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Mer 19 Oct - 22:02 | |
| A propos de Marat , son papa se nomme Jean-Baptiste Mara. Il est né à Cagliari, dans l'île de Sardaigne où il s'était fait prêtre et religieux de La Merci. Il abjura le catholicisme pour se tourner vers la religion réformée. Sa mère se nomme Louise Cabrol. Fille de Louis Cabrol , d'origine française ( sans doute un réfugié français ) et d'une genevoise , Pauline-Catherine Molinier . Elle était née en 1724. Le mariage eut lieu le 19 mars 1741 en l'église réformée du petit Sarconnex . Jean-Baptiste a 36 ans et la mariée 17 ans...
Source : Un homme cherche la liberté de Charles Reber A la Baconnière, 1949, 282 p
J'ai toujours été persuadée que Marat était un petit suisse ... |
| | | globule Administrateur
Nombre de messages : 2243 Date d'inscription : 04/10/2017
| Sujet: Re: La théorie du complot de Marat Ven 28 Juin - 7:27 | |
| - Invité a écrit:
- J'ai préféré poster ici cette curieuse affaire, bien qu'elle n'ait pas de relation directe avec la reine (mais un peu, tout de même vous allez voir ), c'est pour cela que je l'ai mis dans "autre".
Tout à l'heure, je parlais avec un de mes nouveaux patrons (ça fait drôle de dire cela ) et ce dernier ayant une formation en histoire, est passionné de la période révolutionnaire. D'après lui, l'affaire de l'assassinat de Marat, n'est pas claire et il ne pense pas que ce soit dû aux influences de Charlotte Corday avec les royalistes, et la "soi-disante" fascination de Corday pour Marie-Antoinette, mais plutôt un complot des montagnards, sous la direction de Robespierre! Il m'a dit qu'il m'apporterait des preuves!!! Je l'attends! mais je ne sais qu'en penser ! Après tout c'est possible, Marat dérangeait et on connaît le fâcheux penchant de Robespierre d'éliminer les gêneurs! Peut-être des réponses ici ? - Pourquoi Charlotte Corday a-t-elle tué Jean-Paul Marat ?
« L’assassinat de Marat, c’est la dernière pièce de Corneille » - Catherine Decours, écrivain. Le 13 juillet 1793, vers 19h, Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont assassine, d’un coup de couteau, le député montagnard Jean-Paul Marat, à son domicile, alors qu’il était dans son bain. Ce fait historique est connu. La figure de Marat ensanglanté dans sa baignoire a été immortalisée par le peintre David. Marat lui-même, une des figures de la Révolution Française, est célèbre. Mais de Charlotte Corday, que sait-on vraiment ? Sa vie ? Son parcours ? Les raisons qui l’ont motivée à ôter la vie de ce révolutionnaire engagé, député à la Convention, et auteur du journal « L’Ami du Peuple » ? Eclaircissons le voile obscur qui entoure cette jeune femme d’à peine vingt-cinq ans… Les faitsLe 9 juillet 1793, Marie-Anne Charlotte de Corday d’Armont, qui préfère se nommer elle-même simplement Charlotte Corday, part en diligence de Caen, en Normandie, sa région natale qu’elle n’a jusque là jamais quittée, pour Paris. Son objectif : assassiner Jean-Paul Marat. Le voyage dure deux jours. Le 11 avril, elle arrive dans la capitale et s’installe à l’Hôtel de la Providence, dans la rue des Augustins. Là, elle apprend que Marat, trop malade, ne peut plus siéger à la Convention et qu’il travaille chez lui. Le 13 juillet au matin, elle se rend au Palais-Royal chez le coutelier Badin. Elle y achète un simple couteau de cuisine. Puis elle se prépare à aller chez Marat. Cependant, la tâche n’est pas facile. Marat étant régulièrement victime de menaces de toutes sortes, il est protégé par son entourage qui ne laisse entrer que ses plus fidèles alliés. Charlotte Corday fait deux tentatives qui se soldent par des échecs. Elle ne se laisse pour autant pas intimider et revient, une troisième fois vers 18h30, en prétextant à Simone Evrard, compagne du député, avoir des nouvelles de Caen de la plus haute importance. Marat, qui entend la conversation de sa chambre, ordonne qu’on la laisse entrer. Le spectacle qui s’offre à elle est certainement loin de ce qu’elle avait imaginé. Marat, en effet, atteint d’une maladie de peau qui lui ronge les chairs, est immergé dans un bain curatif au soufre, seul remède à ses douleurs. Seuls ses bras sortent de l’eau ; devant lui est posée une planche de bois sur laquelle il écrit et travaille. Pendant une demi-heure environ, Charlotte Corday et Jean-Paul Marat discutent. Puis c’est le meurtre. La jeune femme plante le couteau qu’elle avait caché dans son corsage dans la poitrine du député. Le coup est faible mais transperce le poumon, l’aorte et le cœur. Marat crie, Charlotte Corday peut-être aussi, et tout le monde accoure. On immobilise la criminelle (qui n’oppose d’ailleurs aucune résistance) pendant que la victime se vide de son sang. La mort est rapide. Mais pourquoi une jeune femme de vingt-cinq ans en est-elle arrivée à cet acte et quelles vont en être les conséquences pour elle, mais aussi sur le cours de la Révolution ? Charlotte Corday au cœur de la tourmente révolutionnaireCharlotte Corday a vingt-et-un ans lorsque la Révolution éclate, en 1789. Elle vit alors dans la solitude de l’abbaye aux Dames de Caen où son père, aristocrate déclassé et peu fortuné, l’a envoyée avec sa sœur, alors qu’elle n’avait que treize ans. Toutes ces années, la jeune femme s’est enfermée dans le monde de la lecture et de la méditation. Elle lit toutes sortes d’ouvrages : religieux, mais aussi philosophiques et politiques. Autre fait marquant, Charlotte Corday est descendante en droite ligne de Pierre Corneille, le dramaturge auteur du célèbre Le Cid ou encore de Horace. Elle connaît donc les tragédies inspirées de l’Antiquité écrites par son illustre ancêtre et l’esprit de sacrifice qui y règne. En 1790, avec les nouvelles mesures révolutionnaires prises contre le clergé, l’abbaye aux Dames ferme ses portes. Charlotte, ne sachant où aller, se rend alors, ou plutôt s’invite, chez sa tante Madame de Bretteville, qu’elle connaît pourtant peu, et qui réside à Caen, rue des Carmes. Cette rue est l’une des parties de la ville où la violence est la plus manifeste. Des crimes atroces y sont commis au nom de la Révolution, événements que l’on connaît sous le nom de Terreur, qui prend naissance dès le 10 août 1792, avec la chute de la royauté. Remettons les faits dans leur contexte. En cette date du 10 août 1792, le roi et sa famille sont incarcérés à la Prison du Temple. On ne veut plus de monarchie, même parlementaire. Les idées républicaines deviennent majoritaires. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 et l’on craint alors une invasion de la part des pays européens étrangers. Cette inquiétude n’est pas sans fondements. En effet, les monarchies européennes, redoutant une contagion révolutionnaire sur leurs propres terres, s’unissent et déclarent la guerre à la France. La Convention Nationale, assemblée au pouvoir depuis la chute du roi, lève alors une armée de 300 000 hommes, provoquant parallèlement une guerre civile : la Vendée, majoritairement royaliste, ainsi que d’autres régions de France se soulèvent. D’autre part, en plus de ce climat de guerre européenne et de guerre civile, s’ajoute une lutte de factions. En effet, la Convention se compose alors de deux camps : les Girondins, plutôt républicains modérés, et les Montagnards (dont les membres les plus connus sont Maximilien Robespierre, Georges Danton, et… Jean-Paul Marat), beaucoup plus radicaux. Le pouvoir va pencher en faveur de ces derniers : au printemps 1793, les Montagnards parviennent à arrêter et expulser les députés Girondins, qui se réfugient en Province, et plus particulièrement à Caen. Là, ils préparent leur riposte, multiplient les réunions politiques et mondaines (les fameux « salons »), auxquelles Charlotte Corday participe. Peu à peu, nourrie de ses lectures d’auteurs des Lumières ainsi que des idées girondines, Charlotte devient républicaine. Libérale sur certains points, elle est cependant conservatrice sur d’autres, ce qui fait d’elle une modérée. Pourtant, sa famille, issue de la noblesse, ne partage pas ses points de vue : ses frères se sont engagés dans les armées contre révolutionnaires et appartiennent à l’aristocratie réactionnaire. Charlotte est donc en opposition politique avec sa famille. Néanmoins, bien que républicaine, elle ne supporte pas les dérives violentes de la Révolution. De Caen, elle a eu écho des massacres de septembre 1792 où la foule parisienne, animée par des bruits de complots et de trahisons anti-révolutionnaires, se ruent sur les détenus des prisons de Paris. La plupart des victimes sont des femmes, des prêtres réfractaires et des prisonniers de droit commun. A Caen, les tueries sont aussi fréquentes. De sa fenêtre, Charlotte voit nombre d’exécutions sommaires, de meurtres. Le sang est versé quotidiennement, d’autant plus que la guillotine est arrivée dans la ville normande. Pour elle, le seul responsable de cette situation est Marat. A Caen, outre les accusations des Girondins, des « Placards », que l’on pourrait qualifier d’affiches politiques de l’époque, font souvent référence au député montagnard pour tout ce qui se rapporte aux crimes de sang, et notamment les massacres de septembre 1792. Par ailleurs, fait important, lors du procès du roi, il avait interdit l’appel au peuple sur la question de la mort du souverain. Or, ce n’est pas l’idée que Charlotte Corday se fait de la liberté et de la justice. Sa haine pour Marat ne fait que croître. Est-elle réellement justifiée ? Ce que l’on peut en tout cas dire, c’est qu’effectivement, depuis 1790, Marat appelle systématiquement à la violence, notamment par l’intermédiaire de son journal « L’Ami du Peuple ». Représentant la tendance la plus extrême de l’élite révolutionnaire, il est le journaliste le plus virulent de la Révolution. Sa publication, bien que peu lue (on ne peut l’obtenir que par souscription), n’en est pas moins extrêmement engagée, agressive et surtout, d’une écriture faite pour être lue en public. Marat va donc profiter de ses talents d’orateur pour exercer une sorte de fascination sur les foules et faire passer ses idées. Il devient l’homme du peuple, adoré par les sans-culottes. Diabolisé par les contre-révolutionnaires, Marat devient aussi la bête noire des Girondins et des modérés dans leur ensemble, au point que ces derniers le croient tout puissant. Pourtant, dans le milieu montagnard, auquel il appartient, il est à peine écouté et considéré. En fait, son pouvoir est surtout populaire et médiatique. Il n’en reste pas moins que Marat devient la figure de la Terreur, pour laquelle une partie de la population le tient responsable. Charlotte Corday pense alors que sans Marat, la Révolution pourrait prendre un autre tournant, plus calme et tempéré… Le parcours personnel de Charlotte CordayOutre le fait qu’elle ne supporte pas la violence de la Révolution pour laquelle elle considère Marat coupable, Révolution qui par ailleurs n’est pas conforme à l’idée qu’elle se fait de la République, on peut aussi expliquer l’acte criminel de Charlotte Corday par son parcours biographique, voire même, peut-être, psychologique. En effet, reprenons les événements marquant sa vie depuis le début. Elle naît dans une famille de la petite noblesse normande, où son père, aristocrate déchu et appauvri, cumulant les dettes, doit cultiver lui-même ses champs. Sa mère meurt alors qu’elle n’a que treize ans. C’est à ce moment qu’elle est envoyée, avec sa sœur, à l’abbaye des Dames de Caen où, malheureuse, elle s’enferme dans les livres. Sa vie est insignifiante, sans but, d’autant plus qu’il semble qu’elle n’ait jamais émis le désir de rentrer dans le moule social des jeunes filles de son époque, à savoir se marier et avoir des enfants. Au contraire, influencée par ses lectures, notamment par celles des Lumières et des tragédies antiques de Pierre Corneille, il apparaîtrait que Charlotte Corday ait rêvé d’un destin hors du commun. Il faut qu’elle réalise un acte marquant pour exister, pour sortir de sa banalité et, peut-être, pour redorer le blason familial qui manque grandement de reconnaissance. S’est-elle identifiée aux héros tragiques de Corneille, au point de mourir pour la patrie ? Aurait-elle eu des tendances suicidaires ? Ce sont des hypothèses… Toujours est-il qu’elle trouve le courage de réaliser son crime, mais non sans hésitation. On retrouvera, dans sa chambre de l’Hôtel de la Providence, un écrit où elle inscrivit « Le ferais-je ? Ne le ferais-je pas ? », marquant alors la prise de conscience des limites de son courage et des conséquences d’un tel acte. Cette incertitude se confirme aussi lors de son entrevue avec Marat. En effet, lorsqu’elle entre chez lui, elle trouve un homme malade, affaibli, qui ne tardera pas à mourir, qu’elle agisse ou non. De plus, elle ne le tue pas de suite, mais au bout de longues minutes d’une conversation où elle prétexte avoir une liste de traîtres girondins à remettre au député. Peut-être son cœur bat-il fort, en tout cas elle avouera plus tard qu’elle s’apprêtait à renoncer. Mais c’est lorsqu’elle pose la question à Marat sur le sort qu’il réservera à ces soi-disant traîtres, et qu’il répond qu’il les fera tous guillotiner, qu’elle trouve la force d’enfoncer le couteau dans sa poitrine. Le procès de Charlotte Corday : la prise de parole politique d’une femmeAussitôt le meurtre commis, Charlotte Corday est arrêtée. La nouvelle de la mort de Marat se répand comme une traînée de poudre. Rappelons qu’il est vénéré du peuple. Paris bouillonne, on craint l’émeute, à tel point que l’on se demande si le transfert de Charlotte vers la Prison de l’Abbaye ne va pas se transformer en lynchage. Pendant plusieurs jours, on ne peut croire qu’une femme ait commis un tel acte. On va même jusqu’à penser qu’il s’agit d’un homme travesti, ou même que Charlotte Corday a agi par raison passionnelle, pour venger un amant ou un proche assassiné. Toutes les raisons sont valables, sauf la plus évidente : celle relevant de la motivation politique personnelle. Le procès commence le 17 juillet 1793 au matin. Arrivée devant le Tribunal Révolutionnaire, institution exceptionnelle créée pour juger les ennemis de la Révolution, Charlotte Corday, dont l’avocat commis d’office connaît à peine le dossier, assure seule sa défense. Plus que le crime en lui-même, elle va utiliser cet espace et ce temps impartis pour exprimer ses opinions et revendiquer son geste. En effet, l’accusateur public, Antoine Fouquier-Tinville, tente de lui retirer la paternité de son crime. Tout comme ceux qui pensaient que le meurtre avait été accompli par un homme déguisé en femme, il ne peut croire qu’une femme puisse avoir agi. En tout cas, elle n’a pu agir seule. Il essaie, tout au long de l’audience, de faire avouer à la jeune fille que ce sont les Girondins qui ont fomenté le complot et l’ont incitée à commettre le crime. Charlotte se rebelle vivement : elle n’a pris cette décision que de sa propre conscience et volonté, sans jamais en parler à qui que ce soit. Elle se montre courageuse et inébranlable tout le long de la séance. Elle revendique son acte, au nom de la justice. Elle cherche à émouvoir l’opinion sur une République plus juste, contre la tyrannie. Visiblement, elle n’a pas peur de la mort et utilise son procès comme moyen d’expression : elle existe, enfin. Par ailleurs, elle en profite aussi pour tourner au ridicule le pouvoir des hommes. Par son acte et sa prise de parole engagée, elle bouleverse la vision des rapports entre hommes et femmes pendant la Révolution. En effet, ces dernières ont été marginalisées et exclues de la vie politique. Elles ne sont pas concernées par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et il n’existe pas de femmes députées à la Convention. Pourtant, elles ont, que ce soit dans le camp révolutionnaire ou contre révolutionnaire, des opinions politiques cohérentes, organisées et militantes. Il existe plusieurs visages de ces femmes engagées : Manon Roland, ardente républicaine qui joue un grand rôle dans le milieu girondin ; Olympe de Gouges qui, en réponse à la Déclaration déjà citée, rédigera la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne… Presque toutes ces femmes connaîtront le destin tragique de la guillotine. Pourquoi une telle discrimination ? L’explication en est toute simple : le monde politique n’est pas une affaire féminine. Le rôle de la femme est restreint à la sphère domestique et maternelle, là est leur place. Charlotte Corday représente donc une menace pour le pouvoir masculin. En s’exprimant publiquement, elle agit politiquement. Pour l’audience masculine et l’imaginaire collectif, il s’agit d’une véritable castration symbolique. Les conséquences de l’assassinat de MaratCharlotte Corday est sans surprise, à l’issue de son procès, déclarée coupable et condamnée à la guillotine. Avant d’être ramenée à sa cellule, elle exprime un dernier souhait : que l’artiste Jean-Jacques Hauer réalise son portrait. Faut-il voir dans cette demande un désir de postérité ? C’est fort probable. Charlotte Corday est certaine d’avoir accompli un acte historique qui changera le destin de la Révolution. Le 17 juillet, à 17h, elle est conduite à l’échafaud, vêtue de la chemise rouge des assassins. Pendant tout le trajet, elle regarde les Parisiens droit dans les yeux, fière et courageuse. Sa dignité lors de son exécution (curieuse, elle aurait même, alors que le bourreau Sanson lui cachait la vue de la guillotine pour ne pas l’effrayer, demandé à voir cette dernière car elle n’en avait encore jamais admiré) la fait entrer dans la légende. Pourtant, l’acte commis par Charlotte Corday a-t-il porté ses fruits ?Pour ce qui est de son désir de postérité historique, c’est en effet une victoire. Durant les deux cent années qui ont suivi sa mort, on a parlé d’elle. Outil de propagande politique pour les uns (notamment par Louis-Philippe sous de la Monarchie de Juillet), héroïne tragique de pièces de théâtre pour les autres (Daniel Colas a mis encore récemment en scène son personnage), Charlotte Corday fait désormais partie du patrimoine historique de notre pays. Quant aux effets politiques de son meurtre, il en est tout autre. Certes, la mort de Marat marque une bifurcation dans la Révolution, mais pas celle que la jeune femme désirait. Le souhait de Charlotte Corday était de limiter le nombre de victimes, les massacres, faire de la France un pays républicain où règne l’ordre et la justice. Or, son crime va au contraire précipiter l’institution officielle de la Terreur, déjà entamée dans les faits. Les Montagnards, en effet, voient toujours dans ce crime un complot des Girondins. Ces derniers sont arrêtés et exécutés. Marat devient un martyr de la Révolution, son corps, transféré au Panthéon, devient un objet de culte populaire. Même si Charlotte Corday a échoué dans son objectif politique, on ne peut cependant nier sa volonté de se faire entendre en tant que femme et il n’est peut-être pas anachronique de voir en elle, à son insu, une des premières féministes de l’Histoire. par Céline B. https://www.agoravox.fr/ _________________ - Je ne vous jette pas la pierre, Pierre -
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