Aimée de Coigny

Citation :

En 1782, la marquise de Coigny ferma sa porte à Choderlos de Laclos . Elle croyait qu'il l'avait prise pour modèle pour peindre sa sulfureuse marquise de Merteuil !

Voilà bien une chausse-trappe dans laquelle une fine Merteuil ne serait pas tombée...
Cela revient au mieux, à se désigner comme telle ; ou, au pire, à s’attribuer les mêmes vices ou noirceurs d’âme, et d’en faire ainsi la publicité.
C’est très bête !  

Mais oui ! C'est avouer se reconnaître dans Merteuil . Il faut le faire !!!

C'est presque présomptueux !
Car la Marquise de Merteuil , toute cruelle qu'elle est, n'en est pas moins une référence ...

Bien à vous.

Tu n'as pas tort !

Pour revenir à la question de la prise de tabouret.

Se pourrait il que la date citée indique la date rélle de prise de l'honneur, même si elle en avait le droit théorique depuis la mort de son beau père ? Ce qui signifierait qu'elle ne serait pas venu à Versailles entre les deux dates, ou juste le temps d'organiser les choses.

Voilà, tout simplement. C'est aussi ce que je crois. Peut-être cherchons-nous midi à quatorze heures ?  

Citation :

..... fatiguée ?  

Oui, et à tel point que je n'ai pas le courage de lire tout ce que vous avez écrit à la suite. Ce qui est bien dommage car cela m'intéresse énormément.

Cela doit être intéressant, mais vous allez nous faire un résumé

le comte axel a écrit:

Cela doit être intéressant, mais vous allez nous faire un résumé

Non ! Non ! Surtout pas de résumé ! Je veux tout lire. Quand mon cerveau reviendra à la normale.

Mais voyons, rien ne te presse !  Relaxe-toi d'abord . Remets toi de ta journée de travail .  
C'est le week-end !!!  

Ah non, pas encore ! Demain, je bosse.

Ah, zut alors !

Franquetot ! le château éponyme des seigneurs Franquetot de Coigny, comme se décline leur nom en entier .
C'est en Normandie, au beau milieu du Cotentin .

Sauriez-vous nous dire à qui appartient désormais ce beau château de Franquetot ?

..... euh, pas exactement !  Le téléphone ne répond pas .  
Voici ce que j'ai trouvé sur le site internet du château :

Château de Franquetot :

Le Château des Maréchaux de Coigny est une vaste demeure seigneuriale située au centre de la presqu’île du Cotentin, à mi-distance des fameuses plages du Débarquement et des plages sauvages de la côte Sud. Ces dernières années ce lieu historique est dédié à l’organisation d’événements privés (mariages etc…), et de réceptions diverses (baptêmes, fêtes, pièces de théâtre…).

Utilisé, durant la dernière guerre comme Quartier Général par l’armée allemande puis par l’armée américaine pour sa situation privilégiée et sa taille, le château de Coigny, fut le théâtre historique d’événements majeurs depuis les guerres de Religion, jusqu’au Débarquement allié en 1944, en passant par les troubles de la Révolution en 1789.

Le site
Une colline dominant la Région des marais du Cotentin, aujourd’hui classée Parc Naturel Régional.

Le parc
La propriété est constituée d’un parc de 12Ha en grande partie boisée. Sur la droite du château, deux étangs se succèdent et forment un ensemble de plus de 400 mètres de long. Les murs classés d’une ancienne écurie s’élèvent derrière une rangée de grands platanes. Face au château, une pelouse plantée d’ifs taillés offre une large perspective. A l’arrière s’étend une seconde pelouse, cernée d’arbres, et une seconde rangée de platanes tricentenaires. Une maison et deux granges constituent le reste des bâtiments de la propriété.

Le château
L’ensemble du bâtiment forme un H allongé en son centre, il peut-être divisé en trois grands ensembles, comportant chacun trois étages :

L’aile Ouest originelle est commencée vers la fin du 16ème siècle.

Le corps central dédié à la réception, est continué au cours du 17ème siècle, il comporte notamment un grand salon de 100m, et une grande salle à manger plus réduite.

L’aile la plus récente, et le corps de logis des domestiques, remontent au 18ème siècle.

Les Matériaux et techniques employés caractérisent chaque époque de construction.

L’édification de l’aile Ouest de l’actuel château a été entreprise au 16ème siècle. Aujourd’hui inhabitable, l’agencement intérieur des pièces, boiseries et parquets sont néanmoins typique de l’architecture Louis XIII, qui donnera par la suite le style général du reste de l’ensemble.

La cage d’escalier est en pierre de taille. De grandes chambres avec alcôves et boiseries d’époque, composent les deux étages d’habitation. Les larges fenêtres donnent sur le plan d’eau qui longe le château.

Au dernier étage, un grenier s’étend sur l’ensemble du bâtiment. De grandes pièces laissent apparaître les combles du toit, ainsi que de petites pièces d’habitations réservés aux domestiques. Une large vue s’étend sur l’ensemble de la région verdoyante, au loin apparaît le clocher du village voisin.

Le château fut occupé quatre ans, durant la seconde Guerre Mondiale, beaucoup de graffitis et inscriptions diverses de soldats allemands et américains ont étés préservés sur les murs de la partie la plus ancienne (non réamménagée).

Le corps central date du 17ème siècle. Les pièces en sont entièrement aménagées et meublées, grâce à une collection de meubles et de tableaux d’époque.

Dédié à la réception des hôtes de marque, le duc de Coigny familier du Roi Louis XVI fit aménagé trois grandes salles se suivant tout au long du rez-de-chaussée. A l’étage une succession de cinq chambres donnent sur l’arrière du château avec vues sur la pelouse et les grands arbres.

Le pavillon central est de style Louis XV. En faible saillie, décoré de 4 colonnes, de pilastres, d’un balcon, et d’un trophée aux armes de François de Franquetot, il contraste par son style plus moderne avec le reste du bâtiment.

Les travées sont formées par les baies et les entablements joignant les allèges, fortement marquées car en pierre calcaire blanche, et non interrompues par des bandeaux courant sur toute la façade qui pourtant sont à la mode dans le Cotentin à cette époque.

On peut ainsi comparer cette façade ave celle du château voisin de Coigny, dans le pur style Louis XIII cotentinais.

La partie Est, enfin et le corps de logis dédié aux domestiques, est achevée au 18ème siècle. Le même style architectural a été préservé pour la construction de la façade. Elle est constituée de quatre chambres d’habitation avec salles de bain et d’une chapelle 18ème avec son retable d’origine. Cette chapelle est un lieu de culte consacré, aux dimensions imposantes, et totalement inséré dans le corps du bâtiment pratiquement invisible de l’extérieur.

La partie réservée aux cuisines et aux habitations domestiques, forment un ensemble distinct du corps principal.

De nombreuses différences de niveaux, des charpentes apparentes, de grandes pièces reservées aux anciennes cuisines composent l’essentiel de cette partie adjacente, à l’atmosphère sombre.

Le même souci de continuité et d’harmonie caractérise l’architecture du château dans son ensemble .

Très intéressant, merci !

A qui appartient il désormais ?

C'est précisément ce que je n'arrive pas à trouver !!!

Les Franquetot sont éteints depuis le XIXe en tout cas.

Tandis que Versailles reste figé dans le byzantinisme de son étiquette , tout bouge à Paris. C’est une époque de transition. Les transports changent de même que les costumes.
Il n’y a presque plus de ces lourds et imposants carrosses armoriés à la démarche pesante et majestueuse ; ils moisissent maintenant dans les remises et sont remplacés par des voitures sobres de ligne et d’ornementation , des coupés , des calèches , des cabriolets que l’on nomme des wiskys par anglomanie , car celle-ci commence à sévir.

Attelage et voitures hippomobiles

http://www.lexiqueducheval.net/lexique_attelage_HZ.html

Autre changement , dans le costume celui-là. En 1780, aux Tuileries , au Palais Royal, les deux promenades à la mode , tout était plumes , diamants, habits brodés et talons rouges ; une « chenille » , c'est-à-dire un frac et un chapeau rond , n’eussent osé s’y montrer .
Elégances surannées, décorum aboli. Maintenant , c’est l’habit à la française , avec paillettes et broderies , qui se dissimule à la manière d’un travestissement exceptionnel , tandis que le frac de drap , sans épée , avec le gilet au lieu de la veste , la culotte très collante et parfois même la petite botte à revers jaune , au lieu de bas de soie et d’escarpin , s’exhibe avec ostentation.

Le jour encore , il est de nuance vive , de drap rayé en soie et garde un peu de la fantaisie éclatante d’antan, mais le soir, il devient sombre , brun, noir même ; le règne du triste habit noir a commencé. La perruque , qui naguère encore , avec ses différentes formes , disait le rang et le caractère social de chacun , a cédé le pas aux cheveux poudrés.
Certains audacieux , M. de Valence , gendre de Mme de Genlis, et le marquis de Conflans , osent même se montrer à l’Opéra avec les cheveux coupés courts.
Même révolution dans les modes féminines. Vertugadins, paniers, falbalas et queues, ces atours archaïques , rigides , encombrants, gênants , sont répudiés. La redingote à l’anglaise et le « pierrot « , espèce de petite queue retroussée au bas du corset , les ont détrônés.

Ce qui est significatif , c’est l’attitude presque provocatrice que prennent les adeptes des modes récentes. Une sociabilité qui poussait chacun à conformer son goût au goût général, à le discipliner pour le mettre à l’unisson de l’ensemble , caractérisait l’esprit de l’Ancien Régime. On blâmait tout ce qui choquait les convenances mondaines. Une fantaisie ou une originalité excessives , la rébellion contre les usages et les principes admis étaient jugés de mauvais ton, l’excentricité regardée comme odieuse.
L’esprit nouveau s’attaque à ce sentiment si vif dans la vieille France. Les temps sont venus où l’on considère comme élégance de l’esprit de mépriser les conventions et les préjugés sociaux.

Bref, traditions, contraintes , respect des usages , cérémonial, grands airs compassés , parures superbes , tout cela est désuet. Pourquoi cette Etiquette ? Les distinctions sociales ne tendent-elles pas à s’effacer ? A la Cour, un duc –pair garde tout son prestige ; A Paris, un fermier général et un Académicien sont ses égaux , et les gens les plus divers d’origine fraient avec une familiarité qui eût naguère choqué. « J’allais à peu près partout , écrira plus tard Talleyrand , et pour un esprit tant soit peu porté à l’observation , c’était un spectacle curieux , pendant les dix années dont je parle , que celui de la grande société. Les prétentions avaient déplacé tout le monde. Delille dînait chez Mme de Polignac avec la reine ; L’abbé de Balivière jouait avec M. le Comte d’Artois ; M. de Viannes serrait la main de M. de Liancourt ; Chamfort prenait le bras de M. de Vaudreuil ; La Vaupalière , Travanet, Chalabre , allaient au voyage de Marly , soupaient chez Mme de Lamballe « .
Les Princes du sang assistent au bal de l’Opéra et y nouent des relations avec le premier venu. La Duchesse d’Orléans et la Princesse de Lamballe , en quête d’un amusement , imaginent d’aller s’asseoir seules, parmi la foule , dans les jardins du Palais Royal , parlent fort, rient , font les folles au point de se faire prendre pour des femmes entretenues.
Le Paris moderne , avec son condoiement et sa mêlée est né.

En revanche, ce qui n’a pas disparu et ce qui apparente les dernières années de la monarchie au reste du XVIIIe siècle , c’est le goût pour le plaisir. On n’a d’affaires que pour le plaisir , on ne rêve que de divertissements. La fureur d’amusement est même à son paroxysme. De mémoire de Parisien, jamais les bals de l’Opéra , de 1786 à 1789 , ne furent plus gais ni plus animés. Pour qui a des loisirs et de la fortune, l’existence est une fête perpétuelle.

La vieille société croule joyeusement dans un éclat de rire.
L’hiver de 1788-1789 , avait été très brillant à Paris comme à Versailles , comme si l’on eût pressenti que la haute société jetait sa dernière clarté , la Cour son dernier éclat. La reine avait paru au bal de l’Opéra , où je fus pour la première fois …
L’hiver donc qui termina l’année 1788 reçut , avec l’indifférence d’une impassible fraction de l’éternité les derniers soupirs de la brillante société de la Cour et de la Ville.

Dans ce Paris là, la duchesse de Fleury est une des femmes les plus à la mode. Elle fréquente assidûment chez sa cousine , la marquise de Coigny , née de Conflans , qui habite l’hôtel de la rue Saint Nicaise.

Petite, ronde , sans tournure et sans grâce , mais de figure agréable , c’est ainsi que le comte d’Espinchal , qui paraît nourrir quelque animosité contre elle, dépeint la marquise.
Le portrait n’est guère flatté , et il n’est probablement pas très ressemblant car d’autres contemporains de Mme de Coigny s’accordent à voir en elle un type parfait de beauté et de distinction aristocratiques.

Ce qui était indéniable, c’était son esprit , un esprit mordant et redoutable, fécond en saillies et en boutades , expert à trouver la repartie piquante et le mot à l’emporte pièce , un esprit qui frisait souvent l’impertinence et le sarcasme , et se risquait jusqu’à la méchanceté.
Très cultivée, très ambitieuse , assez hautaine et méprisante, la marquise associait à cette arrogance une sorte de haine contre la noblesse de Cour , qu’elle traitait de « racaille aristocratique ».

Etrange sentiment chez une femme qui, par son beau-père et son oncle , tient de très près aux coteries de Versailles. Peut-être prenait-il son origine dans un amour propre blessé ? Qui sait , en effet, si quelque courtisan n’avait pas fait d’allusions désobligeantes sur ses origines et n’avait pas rappelé que sa mère n’était qu’une demoiselle Portail , fille d’un premier président au Parlement , et que le père de son mari avait jadis épousé une demoiselle Boutereau qui était tout bonnement fille d’un procureur au Châtelet . Cette rancune, ouvertement manifestée contre la Cour et ses familiers l’avait mise en vedette dans les salons parisiens où il était de bon ton de médire de la reine et de son entourage, et lui avait valu une sorte de célébrité.
« Je suis la reine de Versailles, disait Marie-Antoinette , mais c’est Mme de Coigny qui est la reine de Paris. »


Son hostilité s’était encore accrue à partir de 1786 , quand Louis XVI eut refusé le cordon du Saint Esprit à son père, le marquis de Conflans, lieutenant général et vieux soldat plein de valeur , dont les manières déplaisaient à la Cour. Le Roi avait accompagné ce refus d’un de ces mots malheureux et blessants qui lui échappaient parfois. « Il faut convenir Conflans , avait-il dit que le cordon bleu te serait nécessaire , car tu ressembles à un serrurier. »La marquise de Coigny n’avait pas pardonné cette lourde facétie et dès lors, elle n’avait cessé d’accentuer son opposition et de donner dans un esprit de fronde et une manière de jacobinisme , contre lesquels la mettait en garde son ami le Prince de Ligne.

A la vérité , le meilleur titre de gloire de la duchesse de Fleury est d’avoir résisté au duc de Lauzun. La rencontre entre Lauzun et Mme de Coigny datait de 1779. Lauzun revenait du Sénégal et le zèle déployé par lui durant son expédition avait déplu en haut lieu.
A Marly, où il avait rejoint la Cour , le roi et la reine lui avaient fait un accueil très froid. Un soir, il s’était présenté au jeu de la reine , mais personne ne lui adressait la parole.
Très embarrassé, Lauzun s’était assis auprès de la marquise . Celle-ci, bien que sage fut-elle émue par le voisinage du Don Juan ou bien obéit-elle à une suggestion de sa malice frondeuse ?

Tout à coup , elle se retourne , engage la conversation avec le duc , conversation brillante, étourdissante de grâce , de verve , de vivacité. Lauzun, un moment démonté , reprend son aplomb , se montre si gai, si animé , si plein d’entrain , que Marie-Antoinette , abandonnant sa réserve , se remet à causer avec lui comme aux plus beaux jours de sa faveur.

Pour Lauzun, ce fut le coup de foudre. Mais il s’était imaginé que la conquête serait facile. Point n’en faut !
La marquise refusait de se donner par fierté . « Prendre un amant , disait-elle, c’est abdiquer ! « . Dès lors, la passion de Lauzun décupla pour elle. Cette chaude et profonde amitié amoureuse devait durer jusqu’à sa mort.