Aimée de Coigny

L'orgueil d'Auteuil

http://www.75016.org/point.html -

Madame de Chimay a écrit:

L’aîné , le duc de Coigny , est premier écuyer de Louis XVI et comblé de faveurs et pensions. IL voit en 1797 son duché érigé en pairie.

Etes-vous sûre de la date ? En plein Directoire ?

Pardon, j'ai dit une bêtise : j'ai oublié que le pouvoir royal continuait à s'exercer hors de nos frontières. Ainsi Louis XVIII accordait des titres pareils durant l'émigration. De quoi conforter des fidélités...

Madame de Chimay a écrit:

Il laissait trois fils derrière lui qui se débrouillèrent bien.
L’aîné , le duc de Coigny , est premier écuyer de Louis XVI et comblé de faveurs et pensions. IL voit en 1797 son duché érigé en pairie.
Le plus jeune , le chevalier de Coigny est maréchal de camp mais il excelle dans l’art de combiner les anagrames.
Le cadet est maréchal de camp et chevalier d’honneur de Madame Elisabeth. Ainsi que le duc son frère, il appartient au cercle intime de Marie-Antoinette.


Qui connaissait cette histoire de duel ?

Merci pour ces infos ! Les Coigny nous sont presque inconnus alors qu'ils sont très proches à la fois de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Au point que l'un passe pour un de ses amants favoris. Je suis contente d'en savoir plus !

olivia a écrit:

Madame de Chimay a écrit:

L’aîné , le duc de Coigny , est premier écuyer de Louis XVI et comblé de faveurs et pensions. IL voit en 1797 son duché érigé en pairie.

Etes-vous sûre de la date ? En plein Directoire ?

Pardon, j'ai dit une bêtise : j'ai oublié que le pouvoir royal continuait à s'exercer hors de nos frontières. Ainsi Louis XVIII accordait des titres pareils durant l'émigration. De quoi conforter des fidélités...

Mon doigt a dérapé . Il fallait comprendre 1787.

J'en suis rassurée !

Merci d'avoir été vigilante. Sans vous , je laissais écrite une bêtise !

Pour se sortir de ses dettes, le comte fait un beau mariage en la personne d’Anne-Josèphe Michel de Roissy , avenante sinon jolie , instruite , un esprit piquant et original avec un zeste de bizarrerie et un goût singulier pour l’anatomie et la dissection des cadavres. Une singulière passion pour une jeune femme de 18 ans.
Elle n’avait qu’un défaut : elle était médiocrement « née ».
Sa famille était de finances et foisonnait de receveurs généraux.
Pour un Coigny , un tel mariage était presque une mésalliance . En revanche , la dot était séduisante et faisait passer l’amère pilule de la mésalliance. L’avoir de la future se montait à 900 000 livres représentées par ses droits dans trois successions encore incomplètement liquidées , celles de son arrière grand-père , M. Cordier de Launay , de son grand –père M. de Villette et de ses père et mère.
Le mariage fut célébré le 12 mai 1767. Le comte payait ses dettes et mettait de l’ordre dans ses affaires.

Le 23 octobre 1775 , la comtesse de Coigny mourait , laissant à son mari une petite fille née le 12 octobre 1769 et qui , baptisée à l’église de St Roch , avait reçu les prénoms d’Anne-Françoise -Aimée.
Avec cette aimable et insouciance immoralité du temps , le Comte de Coigny , qui ne pouvait se charger d’élever une enfant aussi jeune , la confia à sa maîtresse d’alors, la princesse de Guéménée.
La princesse de Guéménée était une amante passionnée et fidèle. Elle l’avait dans la peau.
Elle était folle du comte de Coigny , au point qu’on jugeait son amour « indécent ».

En fait la petite Aimée est élevée par la Gouvernante des Enfants de France ? Pas mal !
La princesse de Guéménée pouvait se le permettre puisqu'à cette date, il n'y a plus que madame Elisabeth confiée aux bons soins de sa sous-gouvernante madame de Mackau.

C'en est au point que lorsque la princesse de Guéménée devra quitter Montreuil , elle emmenera avec elle la petite Anne-Françoise -Aimée. Cela sera ressenti comme un choc par la petite car c'est comme quitter la lumière pour l'ombre.

Montreuil que récupérera madame Elisabeth qui y était reçue du temps de sa gouvernante... Décidément !
La pauvre Aimée de Coigny se retrouve donc victime collatérale de la célèbre banqueroute !

Mais oui !

Le château de Vigny est situé au nord ouest de Pontoise en plein Vexin. Un petit ruisseau coule dans la propriété. Il s’agit du ruisseau de l’aubette. Le parc fait 36 hectares.
Bâti vers 1500 par le cardinal d’Amboise, le ministre de Louis XII , le château de Vigny avait successivement appartenu aux Montmorency , aux Lévis-Ventadour et aux Rohan.
En 1782, au moment où Mme de Guéménée et Aimée de Coigny venaient de s’y installer , le château était inhabité depuis un siècle et les constructions , les jardins, le parc se ressentaient singulièrement de cet abandon. Il avait cet aspect gothique qui déplaisait si fort au XVIIIe siècle.
Lorsque plus tard, Aimée écrira ses Mémoires, elle emploiera les mêmes mots que Chateaubriand pour décrire Vigny.

Voici ce qu'elle écrit dans ses Mémoires :

« Rien ne me presse , je veux me rappeler les impressions que m’a fait éprouver le séjour à Vigny. C’est le seul endroit où l’on ait conservé mémoire de moi depuis mon enfance. On voit encore mon nom écrit sur des murs, des êtres vivants parlent de ce que je fus , enfin là , je me crois à l’abri de cette fatalité qui, semble avoir attaché auprès de moi un spectre invisible qui rompt à chaque instant les liens qui unissent mon existence et qui efface la trace de mes pas.
Je retrouve à Vigny tout ce qui, pour moi, compose le passé et j’acquiers la certitude d’avoir été aussi entourée d’intérêts doux dans mon enfance et de quelques espérances dans ma jeunesse. Voilà la chambre de cette amie qui protégea mes premiers jours , je vois la place où je causais avec elle , où je recevais ses leçons .
Voilà le rond où je dansais le dimanche , voilà les petits fossés que je trouvais si grands et le saule que mon père a planté au pied de la tour de sa maîtresse. Hélas, sa maîtresse à la distance d’une chambre , gît là dans la chapelle , derrière le lit qu’elle a si souvent occupé et où peut-être elle a rêvé le bonheur.

Ces grands arbres , sous lesquels mon enfance s’est écoulée …je les revoyais . J’étais sous leur abri ! J’habitais cette même chambre verte où les mêmes portraits semblaient jeter sur moi le même regard ! Eux seuls n’ont point changé ! La belle Montbazon, le Connétable de Luynes avaient traversé intacts cet espace de temps nommé Révolution qui a attaqué , dispersé toutes les nobles races de leurs descendances. Les rossignols de Vigny nichent dans les mêmes arbres , les hiboux dans les mêmes tours ; moi, j’ai la même chambre et le vieux Rolland et sa femme habitent le même pavillon !

Quel charme est donc attaché à ce retour sur la vie , quelle émotion me saisit en montant ces vieux escaliers en vis ? Pourquoi la vue de ces meubles vermoulus , de ce billard faussé , de cette grande et triste chambre à coucher , fait-elle couler les larmes de mes yeux ?
O existence ! Tu n’attaches que par le passé et tu n’intéresse que par l’avenir ! Le moment présent , transitoire et presque inaperçu , ne vaudra que par les souvenirs dont il sera peut-être un jour l’objet ! "

Vendu en 1822 par la famille de Rohan , le château de Vigny fut une première fois restauré dans les années qui suivirent .
Acheté en 1867 par le comte Vitali , il a été de la part de ce dernier l’objet d’importants remaniements qui en modifièrent le caractère primitif . En juillet 1919, le château de Vigny a de nouveau été mis en vente.

Pour voir à quoi ressemble le château de Vigny, ne pas oublier de parcourir les lieux du XVIIIe siècle où j'ai ouvert un fil sur le château de Vigny.

Voici un livre sur elle

AIME DE COIGNY AMOUREUSE ET CONSPIRATRICE de
M. Fauchier
Nouvelles Editions Latines, 1956, 125 p : 11 euros

Notre petite Aimée a fait un mariage arrangé. Le fiancé s’appelle André-Hercule-Marie-de Rosset de Rocozels de Fleury. Il était tout frais émoulu du collège d’Harcourt . Il était l’arrière petit neveu du cardinal de Fleury.
Des relations existaient depuis plusieurs années entre les Coigny et les Fleury. La marquise de Fleury, la mère , était une amie du duc et de la duchesse de Choiseul . Elle les avait conquis par son talent à égayer la société et on lui avait donné le surnom d’Aquilon.
Avec Mme de Poix et d’Ossun, elles formaient un trio de charmantes écervelées et on les avait baptisées les « Trois Grâces « . M. de Montesquiou avait fait une chanson sur elles .




Blason de Rosset de Fleury

En cette année 1784 , tous les Coigny habitaient dans l’hôtel du chef de famille , situé rue St Nicaise , où il portait les numéros 26 et 27.

A cette époque, le quadrilatère compris entre les Tuileries , les galeries du Louvre donnant sur le quai , le vieux Louvre et la rue St Honoré était encore , à l’exception de la place du carrousel , alors très irrégulière de forme et singulièrement exiguë , couvert par un amas de constructions disparates qui masquaient et étouffait les deux palais royaux. Imaginez un labyrinthe de rues tortueuses , de ruelles étroites et obscures, de culs de sac , sinuant et s’entrecroisant de la façon la plus imprévue . Là dedans , accolés au hasard , enchevêtrés ,
un pêle-mêle de vieilles masures délabrées et sordides , d’églises et d’hôtels aristocratiques.
Il y avait ainsi les rues du Champ Fleuri , du Chantre, Jean Saint Denis , Fromenteau , Saint Thomas du Louvre , du Doyenné, des Orties , de Matignon , Saint Nicaise.

La rue Saint Nicaise , orientée parallèlement aux Tuileries , se trouvait à peu près dans le prolongement de la rue Richelieu. L’hôtel de Coigny se dressait à son extrémité , du côté de la Seine , au coin de la rue des Orties.
C’était une vaste demeure composée de bâtiments distribués autour de deux cours et d’un jardin et que le sombre et humide couloir de la rue des Orties séparait du Louvre.
Construit dans la première moitié du XVIIe siècle, l’hôtel avait , pendant près d’un siècle , appartenu à la famille des Béringhen ; depuis la fin du règne de Louis XV , il était la propriété des Coigny.

La rue St Nicaise à Paris

http://www.cosmovisions.com/monuParisRueSaintNicaise.htm

Merci !

Donc le 4 décembre 1784 , l'hôtel de la rue St Nicaise était en fête. Au milieu de toute la parenté réunie, le notaire de la famille Me piquais donnait lecture du contrat de mariage. Les apports sont importants et conséquents !
Mais je parlerai chiffres plutôt demain !

Aimée de Coigny est riche de 927 955 livres produisant un revenu annuel de 38 068 livres . Quant à ses bijoux et diamants , ils sont estimés 21 430 livres.
On peut dresser un état de sa fortune grâce à son contrat de mariage . On trouve dans celui-ci des renseignements intéressants sur les revenus fonciers et les placements mobiliers à la fin du XVIIIe siècle.
L’apport du marié est tout aussi conséquent, avec la perspective d’un héritage fabuleux, à savoir celui de ses grands parents Fleury.

Aimée apportait en outre ses diamants qui se décomposaient ainsi qu’il suit :

-Une paire de boucles d’oreilles montées à fleurs diamant 4000 livres
-Un coulant de bouffante à quatre gros diamants entourés de plus petits brillants 720 livres
-Un nœud de col monté à jour de rosettes , boutons et entourage de diamants 1500 livres
-Un coulant de bouffante et anneau garni de 19 petits brillants 340 livres
-Un Saint Esprit et son nœud garni de six gros brillants et entouré de plus petits 800 livres
-Neuf épingles d’un brillant chacune entourées de plus petits brillants , une autre épingle d’un seul brillant 2290 livres
-Deux bracelets de chacun trois rangs de brillants faisant ensemble 223 avec leurs attaches de quatre gros brillants chacune et de six rangs de perles fines faisant ensemble 600 5000 livres
-Une paire de boucles d’oreilles de perles fines entourées de petits brillants 780 livres
-Deux plaques de bracelets entourées chacune de 18 brillants avec leurs agrafes d’or 5400 livres
-Deux plaques de bracelets avec leurs agrafes en or , deux bracelets de six rangs de petites perles fausses et de trois rangs chacun comportant 169 rubis faux
-Deux bracelets chacun de dix rangs de grenats avec leurs attaches en or
-Deux autres d’émail noir
-Une montre à répétition entourée de petits brillants , bouton de côté , brillant au repoussoir avec anneau entouré de petits brillants 600 livres

Avant la cérémonie , la famille du marquis de Fleury eut à se préoccuper des présents destinés à Aimée. Le duc de Fleury lui offrit un lot de menus objets où la bonbonnière en cristal de roche à garniture émaillée et la boîte à rouge voisinaient avec l’étui à aiguilles , le tout en or exécuté chez Gravier , bijoutier-joaillier , successeur de la Veuve Demay, quai de Conty , à la descente du Pont-Neuf , et d’une valeur de 4554 livres.
La duchesse fit cadeau d’une corbeille de lingerie sortie des ateliers de Melle Pompey , marchande de modes à Versailles , et coûtant 1904 livres 15 sols, 6 deniers.
Parmi les divers articles qui composaient cette corbeille figuraient « une baigneuse de blonde Alençon à bordure à ruban de gaze bleu et vert au prix de 48 livres ; « un bonnet demi-négligé de blonde à ruban de gaze chinée gros vert et lilas de 48 livres ; « quatre paires de petites manchettes à deux rangs en blonde « de 96 livres ; « trois aunes grande blonde Alençon pour des mirzas « , de 72 livres ; « un mantelet de gaze garni de blonde « de 158 livres ; « un manteau de gaze noire garnie de gaze à pois « , de 30 livres ; « un fichu chemise à collet d’homme dont une aune de gaze d’Italie orné de blonde « , 74 livres ; « un fichu à la paysanne avec grande blonde Alençon « , de 81 livres 4 sols ; « un fichu en guimpe avec blonde « de 55 livres 5 sols ; « un fichu à la caravane en gaze brochée et blonde « de 55 livres 5 sols ; « un fichu à la caravane en gaze brochée et blonde « de 77 livres ; « un fichu anglais de gaze brochée et rasée « de 78 livres 15 sols ; « une pièce de crespe « de 54 livres ; des aunes de taffetas , de dentelle d’Angleterre « pour un mantelet « ; plus à profusion des aunes de rubans.

A ces objets de lingerie, la duchesse joignit six éventails , dont un de laque rouge commandé chez Basti , du prix total de 234 livres ; huit douzaines de paires de gants blancs à 15 livres la paire ; quatre douzaines de paires à 20 livres la paire ; enfin sept chapeaux , œuvres de la fameuse Melle Bertin : « un chapeau de gaze violette bordé de très belle blonde grande hauteur extraordinaire « avec un panache de deux plumes et un héron « de 84 livres ; un second chapeau « de paille blanche double de taffetas blanc, bordé en ruban gros vert , un même ruban autour de la forme et trois boutonnières en perles , un panache et trois plumes , ledit chapeau relevé de côté par une même boutonnière en perles « de 60 livres ; « un troisième chapeau de paille noire doublé de taffetas , de nœuds à ruban noir autour de la forme , un panache de trois plumes « de 39 livres ; « un chapeau de paille blanche doublé de taffetas blanc , un fichu de gaze rayée mêlé par bouillons de ruban rose sur la forme « ; « un pouf bordé d’une guirlande de roses blanches , des bouillonnés de gaze d’Italie au-dessus , un panache de trois plumes » ; « un pouf bordé d’une guirlande de plumes vertes , un panache de côté des mêmes plumes et de la gaze d’Italie « . Les sept chapeaux montaient 0 369 livres.

Quant au cadeau personnel du marquis de Fleury à sa fiancée , il consistait selon l’usage , en « un sac d’église en velours de soye cramoisy galonné d’un large galon et d’un bordé d’or de Paris , tissu fin à crestes en festons , doublé de damas cramoisy , garni de deux gros glands et de quatre petits « de 436 livres , fourni par Boursier frères , « A la Tête d’Or, rue du Roule , et renfermant 3600 livres en pièces d’or.


IL y a beaucoup de termes que je ne connaissais pas mais sans doute les spécialistes en couture de ce forum nous éclaireront un peu...

Pour mes recherches sur La blonde Alençon , voici ce que j'ai trouvé : " La blonde, dentelle au fuseau du XVIIIe siècle réalisée de fils de soie écrue ou de fils d'or et d'argent ".

Source : Wikipédia

Mémoire de Gravier, marchand bijoutier joaillier , successeur de la veuve Demay , quay de Conty , à la descente du Pont Neuf

Fourny à Monseigneur le duc de Fleury
Le 27 may 1785

-Une bonbonnière de cristal de roche garniture émaillée 360 livres
-Une boîte à rouge et mouches émaillée 720 livres
-Une paire de couteaux assortis 480 livres
-Une paire de ciseaux idem 168 livres
-Un crayon idem 156 livres
-Un étui à cure-dents idem 360 livres
-Un étui à aiguilles idem 204 livres
-Un flacon de roche idem 228 livres
-Un dez d’or et son étui 18 livres
-Une alliance et la gravure 6 livres
-Gravure de l’étui à cure-dents 24 livres
-Gravure de celui à aiguilles 12 livres
-Un cachet d’or 66 livres
-Gravure 18 livres
-Un coffre à bijoux 120 livres
-Monture d’une pierre de composition 24 livres
-Une bourse et les coulants 51 livres
-Une boîte d’or 444 livres
-Une boîte ovale 540 livres
-Une boîte d’or 414 livres
-Un étui d’or 120 livres
-Un étui de Roussette 3 livres
-Un cachet d’argent et la gravure 18 livres

Total 4554 livres

Il y a d'autres dépenses qui sont intéressantes et que je mettrais tout à l'heure sur le forum , notamment les dépenses occasionnées pour le mariage et notamment les dépenses d'habillement .

Il est vraiment intéressant d'avoir des détails sur un mariage de jeunes gens de la haute-société du XVIIIème siècle.