La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe

J'ai du mal à voir en Madame de Lamballe une parfaite idiote. Elle était grande maîtresse des loges féminines, tout de même... on n'y faisait sans doute pas que du tricot !

De plus, son testament laisse paraître une grande finesse et une grande sensibilté. Il existe aussi quelques lettres à ses proches citées dans ses biographies, qui ne montrent pas une idiote non plus.

Impressionnable, nerveuse à l'extrême, trop sentimentale, influençable, certes... et donc cible facile pour ses détracteurs.

Oui je suis d'accord avec toi, les esprits discrets sont loin d'être les plus idiots

Elle a pu montrer énormément de courage et de fermeté devant ses égorgeurs ... pauvre petite Lamballe !

Ben...elle a été assaillie puis massacrée tellement vite que je me demande si elle a eu le temps d'opposer une quelconque résistance, ou d'afficher un certain courage en fait :s:

Mais absolument ! Elle a refusé de prêter un serment qui n'était pas dans son coeur !

De plus, si on en suit Seiffert relayé par Jullian, Madame de Lamballe a joué un rôle important dans la politique des Tuileries.

Voilà bien un aspect de la vie de Mme de Lamballe qui est largement méconnu. J'avais lu un article de Jullian intitulé, je crois, "Le rendez-vous manqué entre LouisXVI et Robespierre " , dans Historia. Il faut absolument que je lise son livre.

Oui, c'est un livre très intéressant, du point de vue de ce rendez-vous manqué entre deux hommes, entre deux systèmes, d'abord. Mais il présente aussi l'avantage de recourir très souvent au témoignage de Seiffert sur la princesse, écrit sinon devenu fort rare...

Oui, Pim, vous avez tout à fait raison ! J'ai grande envie de m'intéresser de beaucoup plus près à cette bonne princesse de Lamballe et notamment par rapport à la visqueuse mouvance Orléans.

Moi itou !

Je viens à l'instant de lire quelque chose qui me laisse pensive .

A la page 760 de "Marie-Antoinette l'insoumise" (édition poche) de Mme Simone Bertière, je lis :

"Ils n'eurent pas le loisir de s'y employer longtemps. Dans la nuit du 19 au 20 août, réveil en branle-bas : on venait arrêter Mme de Lamballe. Puis tout le personnel fut invité à s'habiller pour suivre les municipaux à la Commune, aux fins d'interrogatoire. Ils reviendraient bientôt, leur dit-on. Protestations et prières furent inutiles. La reine fit ses adieux à son amie en pleurant et, lui sachant très peu d'esprit, elle la confia à Mme de Tourzel à qui elle glissa : si on l'interroge, tâchez de parler à sa place pour lui éviter de répondre aux questions embarrassantes."

Mme Bertière ne donne pas de précision quant à sa source mais je présume que cela vient des mémoires de Mme de Tourzel. Quelqu'un saurait-il si c'est cela, s'il vous plait ?

Qu'est ce que c'est que cette histoire de "très peu d'esprit" ? C'est la seconde fois déjà que je note une allusion plutôt péjorative dans ce livre, où pourtant Mme de Lamballe fait figure de courant d'air . Autant dire que le peu que j'en ai entendu parler ce fut pour noter son absence singulier de relief. Pauvre Mme de Lamballe, tout le monde la prend donc pour une imbécile, ou bien est-ce juste l'opinion de l'auteur de ce livre que je lis (excellent ouvrage, au demeurant) ?

Si toutefois ce passage est déjà cité et discuté quelque part au milieu des 23 pages de ce fil j'espère que vous voudrez bien m'excuser pour la redite, j'avoue ne pas avoir fait de recherche avant de poster .

Passage intéressant merci! Non je ne crois pas que nous l'ayons évoqué en plus, et il est toujours bon de rappeler les choses si c'était le cas

Il ne me semble pas que Tourzel fasse de Lamballe une femme avec peu d'esprit, je dirais donc que c'est une petite interprétation de Simone Bertière, qui je crois trouve la Princesse de Lamballe un peu simple

Que Marie-Antoinette ait dit à Tourzel de répondre à la place de Lamballe est crédible, et cela doit en effet être relaté par Tourzel elle-même, mais le "lui sachant très peu d'esprit" est plus signé Bertière je pense :s:

Chou d'amour a écrit:

Passage intéressant merci! Non je ne crois pas que nous l'ayons évoqué en plus, et il est toujours bon de rappeler les choses si c'était le cas

Vous êtes trop gentil, merci beaucoup ^^.

Chou d'amour a écrit:

Que Marie-Antoinette ait dit à Tourzel de répondre à la place de Lamballe est crédible, et cela doit en effet être relaté par Tourzel elle-même, mais le "lui sachant très peu d'esprit" est plus signé Bertière je pense :s:

D'accord. N'ayant pas encore lu les mémoires de la Duchesse de Tourzel, je me suis demandée si cela pouvait venir d'une allusion qu'elle y aurait glissée ^^. Il semble donc que Mme Bertière tienne la princesse de Lamballe pour une simplette.

Si, Chou, Mme de Tourzel a l'air de croire la pauvre Lamballe un peu simplette. Et le pire c'est que cela semble être général chez les contemporains ...
J'arrive au bout de la biographie de Vircondelet. Je n'y ai rien trouvé sur les activités politiques que l'on prête à la princesse aux Tuileries , et relativement peu de choses quant à la Franc-Maçonnerie ... En revanche un peu de complaisance dans l'annonce de l'horreur qui va arriver (moult allusions pour nous faire trembler à l'avance), et puis le postulat franc et massif d'une relation lesbienne entre Marie-Antoinette et Lamballe.

Citation :

Si, Chou, Mme de Tourzel a l'air de croire la pauvre Lamballe un peu simplette.  Et le pire c'est que cela semble être général chez les contemporains ...

Tss tss tss . Mon intuition première était donc la bonne. Pauvre Mme de Lamballe, personne ne la prenait donc au sérieux ?

Citation :

J'arrive au bout de la biographie de Vircondelet.[...] puis le postulat franc et massif d'une relation lesbienne entre Marie-Antoinette et Lamballe.

L'auteur nous dépoussière les libelles pour la millième fois.

Ah Tourzel aussi? Je ne m'en souvenais plus  

Mais comme Bertière semble étayer cette version là il est normal qu'elle en rajoute un peu de son côté aussi je pense  

Citation :

J'arrive au bout de la biographie de Vircondelet. Je n'y ai rien trouvé sur les activités politiques que l'on prête à la princesse aux Tuileries , et relativement peu de choses quant à la Franc-Maçonnerie ...

Ah dommage  
Cet aspect là de sa vie nous est vraiment flou  :s:

Personne ne prenait au sérieux les évanouissements dans lesquels Lamballe s'effondrait dix fois par jour, la pauvrette,  ou, en tout cas, disons que cela finissait par lasser tout le monde...    Marie-Antoinette y compris .
Sinon, sur le scabreux de leur relation, je laisse à Vircondelet la responsabilité de sa subjectivité qui n'engage que lui.

Ah parce que Vircondelet pense vraiment que Marie-Antoinette et Lamballe étaient lesbiennes?
Je pensais qu'il faisait juste référence à des pamphlets évoquant ce sujet, déjà vus en effet.... :s:

J'avoue trouver difficile de faire la part des choses dans la biographie de Vircondelet. Il fait, à plusieurs reprises, allusion à un soit disant complot lesbien qui me laisse parfaitement perplexe .
Il est indéniable que Mme de Lamballe vouait à Marie-Antoinette une adoration envahissante marquée au coin de l'hystérie.
Est-ce que l'affection que la princesse inspirait à la Reine ne tenait pas plutôt de la profonde compassion ? On sait que Marie-Antoinette avait bon coeur. Cette pauvre petite Lamballe était tellement malheureuse et toujours confite dans le Seigneur sous l'aile protectrice d'un beau-père terriblement austère ... bouh !

Il est aussi vrai que le mariage de cette pauvre Lamballe a été un véritable fiasco, et que son mari a tout fait pour la dégouter du genre masculin :s:

Mais après, de là à faire d'elle une lesbienne...je reste plus que prudent...et avec Marie-Antoinette là par contre je n'adhèrerai jamais

Chou d'amour a écrit:

Que Marie-Antoinette ait dit à Tourzel de répondre à la place de Lamballe est crédible, et cela doit en effet être relaté par Tourzel elle-même, mais le "lui sachant très peu d'esprit" est plus signé Bertière je pense

Excellente mémoire Chou !
Je cite donc la duchesse dans ses Mémoires :

Nous vîmes bien dans la journée du 18 (samedi), quelques pourparlers entre les municipaux, qui nous donnèrent de l'inquiétude.
(...)
Nous nous couchâmes comme à l'ordinaire, et comme je commençais à m'endormir, madame de Saint-Brice m'éveilla, en m'avertissant qu'on arrêtait madame de Lamballe.
L'instant d'après, nous vîmes arriver dans ma chambre un municipal qui nous dit de nous habiller promptement ; qu'il avait reçu l'ordre de nous conduire à la Commune pour y subir un interrogatoire, après lequel nous serions ramenés au Temple. Le même ordre fut intimé à Pauline, dans la chambre de madame Elisabeth.
(...)
La Reine vint sur le champ dans la chambre de madame la princesse de Lamballe, dont elle se sépara avec une vive douleur.
Elle nous témoigna, à Pauline et à moi, la sensibilité la plus touchante, et me dit tout bas :
"Si nous ne sommes pas assez heureux pour nous revoir, soignez bien madame de Lamballe ; dans toutes les occasions essentielles prenez la parole, et évitez-lui, autant que possible, d'avoir à répondre à des questions captieuses et embarrassantes".
Madame était tout interdite et bien affligée de nous voir emmener.
Madame Elisabeth arriva de son côté et se joignit à la Reine pour nous encourager.
Nous embrassâmes pour la dernière fois ces augustes princesses, et nous nous arrachâmes, la mort dans l'âme, d'un lieu qui nous rendait si chère la pensée de pouvoir être de quelque consolation à nos malheureux souverains.

Ah merci 
Pour une fois que ma mémoire ne m'envoie pas contre un mur  

Merci pour cet extrait . En effet Chou d'amour, votre souvenir ne vous a pas trompé ^^.

Pauvre petite Lamballe... Dieu, qu'elle semblait sans défense !!!

Oui...une femme qu'il fallait protéger et soutenir...elle devait vraiment passer pour faible ou peu courageuse :s:

Chou d'amour a écrit:

Il est aussi vrai que le mariage de cette pauvre Lamballe a été un véritable fiasco, et que son mari a tout fait pour la dégouter du genre masculin :s:

Mais après, de là à faire d'elle une lesbienne...je reste plus que prudent...et avec Marie-Antoinette là par contre je n'adhèrerai jamais

Moi non plus, Chou ! J'ai déjà combattu ces ragots sous l'angle de Mme de Polignac.