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| La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe | |
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Auteur | Message |
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Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 11:45 | |
| En effet _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 12:11 | |
| - Eä a écrit:
- Je viens à l'instant de lire quelque chose qui me laisse pensive .
Qu'est ce que c'est que cette histoire de "très peu d'esprit" ? C'est la seconde fois déjà que je note une allusion plutôt péjorative dans ce livre, où pourtant Mme de Lamballe fait figure de courant d'air . Autant dire que le peu que j'en ai entendu parler ce fut pour noter son absence singulier de relief. Pauvre Mme de Lamballe, tout le monde la prend donc pour une imbécile, ou bien est-ce juste l'opinion de l'auteur de ce livre que je lis (excellent ouvrage, au demeurant) ?
Si toutefois ce passage est déjà cité et discuté quelque part au milieu des 23 pages de ce fil j'espère que vous voudrez bien m'excuser pour la redite, j'avoue ne pas avoir fait de recherche avant de poster . Vous évoquez là un point qui me tient à coeur, chère Eä : les capacités intellectuelles de la princesse de Lamballe. https://maria-antonia.forumactif.com/t1848-le-role-politique-de-la-princesse-de-lamballePour résumer, j'ai peine à croire qu'une amie de Marie Antoinette, grande maîtresse des loges féminines de France, politique au temps des Tuileries, ait pu être une simple d'esprit. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
Dernière édition par pimprenelle le Dim 30 Nov - 12:23, édité 1 fois |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 12:23 | |
| - Citation :
- "Si nous ne sommes pas assez heureux pour nous revoir, soignez bien madame de Lamballe ; dans toutes les occasions essentielles prenez la parole, et évitez-lui, autant que possible, d'avoir à répondre à des questions captieuses et embarrassantes".[/i]
Merci pour cet extrait ! En effet, il semble que Madame Bertière soit influencée par les piques lancées par des Genlis et autres méchantes langues. Car l'écrivain interprète ici un peu librement les mémoires de Madame de Tourzel. Reste à savoir ce que Marie Antoinette voulait dire exactement ? Et peut-être peut-on y voir une allusion au rôle politique joué par Madame de Lamballe à l'époque des Tuileries ? Ce qui prouverait, au contraire, son intelligence ! _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 12:23 | |
| Merci pimprenelle pour le lien, j'irais m'y promener dès que possible ! Je le dis souvent mais c'est ô combien vrai : je n'ai que peu de connaissance dans lesquelles puiser pour me fonder une opinion étayée sur les divers protagonistes qui passèrent dans la vie de Marie-Antoinette. Mais pourtant, tout comme pimprenelle, j'ai peine à croire que Mme de Lamballe fut la gentille idiote que l'on nous sert si souvent . Je tâcherai d'élargir mes connaissances à son propos lorsque j'en aurais le loisir, j'ai pour le moment de nombreux autres livres en attentes . |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 12:38 | |
| J'ai bien peur qu'il soit très difficile de se faire une opinion sur Madame de Lamballe, chère Eä... Mais il est sûr que, plus on en lit, plus on s'écarte de l'image trop souvent convenue que vous avez eu bien raison de relever. C'est une des rares erreurs de Simone Bertière, à mon avis. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 13:02 | |
| J'ai aussi su mal à voir en cette femme si appréciée du Duc de Penthièvre et des Orléans une femme simple sans intérêt _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 13:51 | |
| Ce que Marie Antoinette voulait dire, c`est la Princesse de Lamballe était fragile émotionnellement, sans doute ! comme vous disiez elle s`épanouissait souvent, ce qui est arrivé, quand les révolutionnaires l`ont interrogée avant de l`assassiner lâchement. Fleurdelys |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 13:55 | |
| Je pense comme toi, Fleurdelys. Marie Antoinette avait peur que son amie craque si les factieux l'asticotaient. Elle connaissait en effet leur méchanceté. Mais cette précaution prouve aussi, pour moi, l'importance de ce que Madame de Lamballe connaissait et aurait pu révéler sous l'insistance. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 14:14 | |
| Oui, je pense aussi que Marie-Antoinette voulait protéger au maximum son amie qui restait facilement submergée par les émotions _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Dim 30 Nov - 19:13 | |
| - fleurdelys a écrit:
- Ce que Marie Antoinette voulait dire, c`est la Princesse de Lamballe était fragile émotionnellement, sans doute ! comme vous disiez elle s`épanouissait souvent, ce qui est arrivé, quand les révolutionnaires l`ont interrogée avant de l`assassiner lâchement.
Fleurdelys Espérons le !!!!! |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 6:52 | |
| Chez plusieurs auteurs, j'ai lu que le premier coup, celui porté à la tête, lui fut fatal. Espérons-le aussi... Qu'elle n'ait pas senti les horreurs que les enragés lui ont fait subir ensuite. Pauvre petite princesse de Lamballe... _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 10:32 | |
| C'est l'idée que je me fais aussi de son passage de vie à trépas... J'ose espérer que ce n'est pas seulement une idée... Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 11:02 | |
| Comment pourrait-il en être autrement ? Elle passait sa vie à perdre connaissance, pour un rien. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 11:30 | |
| Certes, mais n'y avait-il pas là une part de simulation pour faire honneur à la sensibilité qui faisait sa réputation?
Bien à vous. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 12:02 | |
| Il y avait sans doute, si ce n'est simulation, une grande part d'exagération, souvent. Au secours, j'existe! Mais le docteur Saiffert atteste du sérieux de ses pertes de connaissance, de son état cyclothymique, de convulsions même ... La princesse présentait ces symptômes bien avant de contracter son mariage catastrophique avec le lamentable Lamballe. |
| | | pimprenelle
Nombre de messages : 40594 Date d'inscription : 23/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 12:11 | |
| Cependant, ses biographes s'accordent sur l'amélioration que connut la santé de la princesse de Lamballe aux Tuileries. Elle y faisait preuve d'une activité débordante et ses malaises avaient disparu. _________________ rien que la mort peut me faire cesser de vous aimer
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 12:32 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 20:10 | |
| Pour info...
Ce que vous écrivez au sujet des étourdissements fréquents de la princesse de Lamballe, me fait penser que le Mercure de France va prochainement rééditer :
:arrow: La philosophie des vapeurs accompagnée d’une Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang
Édition présentée et annotée par Sabine Arnaud
Note de l'éditeur :
Ce volume propose deux traités fameux à la fin de l’Ancien Régime, traitant, de façon légère et amusante, d’un sujet à la mode : la maladie des vapeurs, touchant assez massivement les femmes aristocrates, ces « lectrices » pourvues d’une imagination débridée, ce mal qu’on nomme aussi l’ « hystérie ». Le premier texte, La Philosophie des vapeurs, est écrit par Claude Paumerelle en 1774, et relève du genre de la littérature épistolaire : 25 lettres adressées par une vieille marquise à une jeune comtesse qui s’apprête à entrer dans le monde, faisant son apprentissage de la société, des salons, des dîners. Comme il lui faut « apprendre à être femme », la jeune initiée doit maîtriser les vapeurs qui caractérisent son état et son genre. Cette « philosophie » est le signe de l’accomplissement d’une femme du monde. Au fil des lettres, voici conseils, descriptions, saynètes, historiettes, illustrant les différentes « vapeurs » que la femme idéale doit connaître afin d’en jouer : les baillements, les maux de tête, les palpitations, les emportements, les affectations nerveuses, les crises de nerfs, l’ennui, la mélancolie, les étourdissements, les évanouissements, les spasmes, les coups de foudre, les bruits d’estomac, les règles, les « fureurs utérines »,… Le second texte, Dissertation sur les vapeurs et les pertes de sang, écrit par Pierre Hunauld en 1756, se présente comme un dialogue entre un médecin et une jeune marquise, Sophie, elle aussi plongée dans l’apprentissage du monde et de ses codes sociaux. L’auteur est lui-même un médecin, régent de la Faculté de médecine d’Angers, et ce dialogue est savoureux par la langue qu’il forge : celle-ci mêle réalisme médical, analogie corporelle, fantaisie imaginaire, ironie sur la vie parisienne, esprit ludique de salon, clichés misogynes, considérations historiques et portraits de femmes. Ces deux petits traités illustrent le bel esprit des Lumières, mais aussi le ton délicat et ironique de la République des lettres, et encore le vague à l’âme à la mode dans les dernières années de l’Ancien Régime français, notamment dans une aristocratie minée par la mélancolie. Les vapeurs soulignent, tel un symptôme social et culturel, comment cette haute société mondaine se trouve alors saisie de faiblesse, comment apparaît cette « sophistication sublime et inutile » témoignant de la douceur de vivre d’un moment autant que de la décadence et de la dégénération d’un monde. Le modèle regarde vers Crébillon fils ou Laclos, pour le style brillant et libertin, agrémenté d’une satire des mœurs féminines et de la crédulité des « hystériques » face aux maladies nerveuses, naïveté et fascination qui font alors le succès d’un Mesmer, pseudo savant en vogue à Paris.
La préface et l’édition de ces textes sont assurées par Sabine Arnaud, qui a consacré sa thèse aux discours sur l’hystérie féminine aux XVIIIe et XIXe siècles sous la direction d’Arlette Farge. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 20:29 | |
| Passionnant !!!!!!! Il serait bien étonnant que le cas tellement célèbre de Mme de Lamballe n'y soit pas traité. Je me souviens(trop vaguement, il faut que je m'y replonge) de "La femme du XVIIIème siècle" de Jules et Edmond de Goncourt. Ces messieurs évoquaient les talents de thérapeute du Dr Pomme, médecin qui enjoignait les dames à bien se chausser et aller marcher au grand air, à la lumière du soleil ... la luminothérapie déjà ...
Il était d'autant plus aisé pour les dames de prendre des airs alanguis, évanescents, et défaillir pour un oui pour un non (ce qui seyait au beau sexe) que les malheureuse étaient bel et bien etouffées au sens propre par les baleines des corsets ! |
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| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 20:47 | |
| - Citation :
- Il était d'autant plus aisé pour les dames de prendre des airs alanguis, évanescents, et défaillir pour un oui pour un non (ce qui seyait au beau sexe) que les malheureuse étaient bel et bien etouffées au sens propre par les baleines des corsets !
J'y songeais en lisant les derniers échanges sur les évanouissements de Mme de Lamballe. Les pauvres tout de même, enserrées dans ces corsets rigides tous les jours que Dieu fait, ça devait être un véritable engin de torture . |
| | | Chou d'amour Administrateur
Nombre de messages : 31526 Age : 42 Localisation : Lyon Date d'inscription : 22/05/2007
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 20:52 | |
| C'est vrai que ça ne devait rien arranger :s: Merci! Je ne pensais pas qu'un tel sujet avait été traité _________________ Le capitalisme c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le syndicalisme c'est le contraire!
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 22:53 | |
| - Citation :
- Je me souviens(trop vaguement, il faut que je m'y replonge) de "La femme du XVIIIème siècle" de Jules et Edmond de Goncourt. Ces messieurs évoquaient les talents de thérapeute du Dr Pomme, médecin qui enjoignait les dames à bien se chausser et aller marcher au grand air, à la lumière du soleil
Vous faîtes juste erreur sur la thérapie ; pour ma part, j'avais tout oublié. Je cite donc les frères Goncourt (avec leur prose incomparable et aussi, il faut bien le dire, leurs excés ). Courage c'est un peu long, mais si bien écrit : Cet ennui du cœur et de l'esprit réagissait sur le corps de la femme. Il lui donnait une souffrance, une faiblesse, une langueur, une sorte de tristesse et d'atonie physiques, le malaise sourd que le temps appela de ce mot vague : les vapeurs. «Les vapeurs, c'est l'ennui», dit Mme d'Épinay. De ce mal, le dix-huitième siècle n'apprécia guère que le ridicule. Fatigué de voir des femmes sans ressort, sans volonté, allongées sur des chaises longues, ayant pour toute force celle de faire des nœuds, se plaignant d'une façon si mourante d'être anéanties, le temps crut ou voulut croire qu'il n'y avait point de principe à une maladie devenue de bon ton et qui s'affichait comme une mode. Il essaya d'étouffer sous la raillerie, l'épigramme, la chanson, ces vapeurs qui ne lui semblaient que migraine, mal imaginaire, affectation, et qui pourtant cachaient, sous la comédie, sous l'exagération, la grande souffrance des siècles civilisés, la maladie du système nerveux, la secrète hypocondrie, la terrible et mystérieuse hystérie. Et lorsqu'à la fin du siècle les vapeurs deviendront de véritables crises de nerfs et que des femmes seront obligées de faire matelasser leurs chambres à coucher contre des attaques périodiques, lorsque le mal éclatera avec de si frappants caractères chez la princesse de Lamballe (5), le public continuera à moquer, comme d'une manie, de ces évanouissements périodiques. Il est besoin de rechercher ici les causes particulières au temps, personnelles à la femme d'alors, qui la prédisposaient dès l'enfance à cet état valétudinaire, à ce mal étrange de l'ennui passé des forces imaginatives aux forces vitales, devant lequel la médecine allait se perdre en tâtonnements et en perplexités. La femme, en sortant du maillot, était enfermée dans une sorte de cuirasse ; toute petite, on commençait à lui dessiner et à lui façonner une taille artificielle au moyen d'un corps à baleine, sans laquelle les petites filles, laissées à la nature, n'auraient jamais fait, au sentiment du temps, que des êtres informes, «des femmes de campagne». C'est à cette première compression des organes, à l'usage du corps embarrassant la respiration et la digestion que Bonnaud attribue généralement les vapeurs dans son livre de la Dégradation de l'espèce humaine par l'usage des corps à baleine (6). Puis vient l'habitude du blanc et du rouge qu'on ne portait autrefois qu'après le mariage, qu'on voit aujourd'hui aux joues des jeunes filles, et dont la femme abuse avec plus d'excès à mesure qu'elle vieillit; usage malsain de préparations plus malsaines encore : ce blanc n'est pas toujours du blanc de Candie, fait de coquilles d'œufs ; il est souvent composé de magistères de bismuth, jupiter, saturne, de céruse ; ce rouge ne se tire pas seulement de matières animales ou végétales comme la cochenille, le santal rouge, le bois de Fernambouc, mais aussi de minéraux comme le cinabre, le minium, de minéraux de plomb, de soufre et de mercure calcinés au feu de réverbère. Et que de maux venant de là, de ce blanc, et surtout de ce rouge, dont le plus inoffensif, le carmin même, le rouge végétal, le rouge de Portugal, si renommé comme le plus beau et le plus haut en couleur, est abandonné par les femmes à cause des douleurs de tête et des démangeaisons qu'il leur cause! Des boutons, des fluxions du visage ou des gencives, c'est le moindre inconvénient de cette enluminure et de ce plâtrage ; le blanc et le rouge ne gâtent pas seulement les dents, ils font plus qu'abîmer les yeux jusqu'à menacer la vue, ils attaquent tout le système nerveux, et amènent dans tout le corps des désordres qui ne s'arrêtent qu'à la cessation de leur emploi. À ces désordres s'en joignent d'autres, produits par l'abus des parfums entêtants, par l'usage immodéré de l'ambre, par une cuisine que la France de Louis XIV ne connaissait pas, une cuisine toute composée de jus de coulis, d'épices, de brûlots, un sublimé de succulence donnant au jeu des organes une effervescence factice, brûlant au lieu de nourrir, et mettant dans le chyle, dans le sang, dans la lymphe, un élément corrosif. Et pour relever encore cette cuisine, voici que s'introduisent, au dessert qui les ignorait, les liqueurs de Lorraine (9). Tout est contraire à l'hygiène naturelle de la femme, l'ordre et l'heure des repas, ces soupers qui s'enfoncent dans la nuit, qui forcent l'estomac dérangé, et qui mettent, dans les lettres de femmes du temps, tant de plaintes d'indigestions. Et pour irriter et ébranler les nerfs de la femme, il y a par-dessus cela le café, le chocolat et le thé, que la médecine d'alors considère comme un des plus grands excitants. Quelles causes encore aux vapeurs ? Les médecins en trouvent une dans la médecine, dans la médicamentation de leur temps, l'abus des saignées et des purgations pour la moindre indisposition traitée par la diète et l'eau. Ils en signalent une autre bien singulière : la lecture des romans. C'est là, pour certains d'entre eux, l'origine et comme l'âme du mal de la femme. Ils font dériver son malaise, le dérèglement de sa santé, de cette manie de lecture romanesque qui remplit le siècle, et qui prend les filles dès la bavette. Et peignant l'état où les romans mettent la femme, cette vie suspendue dans l'attention, ces longues heures, ces nuits même consumées par la passion de lire, tout ce travail de tête sans exercice, tant d'émotions, tant de sensations qui la traversent, l'étourdissement qui lui monte au cerveau de ces pages magiques qu'elle respire, de ce papier enivrant, ils arrivent à conclure, par la plume de l'auteur des Affections vaporeuses, que toute petite fille qui lit à dix ans au lieu de courir fera une femme à vapeurs. Au fond, toutes ces raisons des vapeurs du dix-huitième siècle ne sont que secondaires. Il en est une qui les domine toutes. Le monde, la vie du monde, c'est ce qui rend avant tout la femme vaporeuse. L'énervement lui vient de cette vie de veille qui fait donner aux femmes le nom de lampes, de cette vie toute nocturne qui se couche au jour. Il lui vient de la fièvre succédant à cette vie, de ce tourment des nuits du siècle, l'insomnie, qui, déjà sous la Régence, retourne les femmes dans leur lit jusqu'à sept heures du matin, et qui fait plus tard, chez Mme du Deffand, chez Mlle de Lespinasse, ce grand désespoir de ne pouvoir dormir. Et qu'est-ce pourtant, contre la santé de la femme, que cette vie matérielle du monde, auprès de sa vie morale ? Le jeu incessant de toutes les facultés, l'ambition, la jalousie, la guerre des rivalités, l'excitation de l'esprit, de l'amabilité, le travail de la grâce, les déceptions, les mortifications, les vanités qui saignent, les passions qui brûlent, quelle autre fièvre pour miner et ébranler le délicat organisme de la femme! Devant le mal chaque jour plus général, la médecine demeura d'abord embarrassée, hésitante. Il se rencontra des médecins qui, l'attribuant à l'imagination seule, guérirent les vapeurs sans les traiter ; ainsi fit le fameux Sylva qui, sans remède, exorcisa les vaporeuses de Bordeaux en épouvantant leur coquetterie : il se contenta de leur dire que ce qu'elles appelaient vapeurs était le mal caduc. Forcée bientôt de prendre au sérieux de réelles souffrances, de reconnaître une maladie dans l'affection régnante et de traiter les vapeurs avec des remèdes, la médecine employa des toniques, des excitants, les antispasmodiques, l'éther, le musc, l'assa fœtida, l'eau de mélisse, l'eau de la Reine de Hongrie, les gouttes d'Hoffman, les pilules de Stahl et de Geoffroy. Ce traitement énergique et réconfortant réussissait assez mal, quand parut un homme qui eut pendant quelques années une vogue presque égale à celle de la maladie qu'il soignait. Rien ne lui manqua, ni les persécutions, ni l'engouement des malades, ni la clientèle des femmes les plus qualifiées, ni la confiance de Mme du Deffand, qui lui demanda de lui rendre le sommeil. Ce médecin était le fameux Pomme. Comparant les nerfs dans leur état de santé à un parchemin trempé et mou, il attribuait les vapeurs à un dessèchement, un racornissement du système nerveux. Toute la science de la médecine consistait, suivant son système, à rend l'humidité à ce tissu : et il croyait y parvenir en ordonnant des délayants, des humectants, de l'eau de veau, de l'eau de poulet, du petit lait, et surtout des bains tièdes, des bains de cinq, six, huit heures même : dans l'espace de quatre mois, une de ces malades, Mme de Clugny, passa dans l'eau douze cents heures! Il guérissait, il réussissait surtout. Mais deux des grandes dames qu'il soignait, la marquise de Bezons et la comtesse de Belzunce, mouraient vers la fin de 1770, et leur mort faisait grand bruit. Il était poursuivi par les jalousies et les tracasseries de ses collègues, qui allaient jusqu'à faire verser par des domestiques gagnés, du sirop de Rabel sur les purées de concombre et de chicorée qu'il ordonnait à ses malades. Sa vogue commençait à passer : il quittait Paris, et regagnait Arles, sa ville natale. Ses ennemis répandaient qu'il était expatrié, qu'il était mort ; et, profitant du retour de la mode, ils comparaient sa médecine à celle de Printemps, ce soldat aux gardes françaises qui avait fait une si belle fortune, quelques années auparavant, en prescrivant aux vaporeuses une décoction de foin. Mais Printemps ne s'était pas retiré comme Pomme : il était tombé. Il avait déjà, avec ses décoctions de foin, gagné de quoi donner du fourrage sec à deux chevaux qui le conduisaient à ses visites dans un bon carrosse, lorsqu'il fut arrêté net en si beau chemin : une requête présentée par la Faculté à M. le maréchal de Biron l'avait mis à bas de son équipage. Cependant Pomme vivait malgré ses ennemis, et il avait encore des fidèles à Paris qui faisaient le voyage pour le consulter. Des dévotes entêtées et enthousiastes lui restaient, telles que la comtesse de Boufflers, qu'on voit presque aussitôt la mort du prince de Conti partir de Paris et aller s'établir à Arles dans une maison meublée pour elle où elle passe tout l'hiver à portée des soins de M. Pomme. C'était elle sans doute qui le rappelait sur son grand théâtre, le rétablissait dans la capitale et lui ramenait sa clientèle. Poussée par elle, le grand médecin des femmes arrivait à tout ; il devenait médecin consultant du roi, et en 1782 une nouvelle édition de son Traité des affections vaporeuses paraissait, publié par ordre du gouvernement et imprimé à l'Imprimerie royale.En face de Pomme, un médecin s'était levé, dont la popularité devait être plus durable, dont le nom est resté : Tronchin! Tronchin, dont les jolies femmes vont chercher «les oracles» à Genève, Tronchin qui voit toute la France se presser dans ses antichambres de Paris. Imaginez le Rousseau de la médecine. La révolution que la Nouvelle Héloïse fait dans le cœur de la femme, les ordonnances de Tronchin l'accomplissent dans ses habitudes, dans sa vie journalière. Tronchin fait sortir la femme de sa paresse et de ses langueurs, presque de sa constitution. Il la force aux mouvements, aux fatigues fortifiantes. Il lui impose de gros ouvrages, il la fait frotter des salons, bêcher un jardin, se promener en réalité, sur ses pieds, courir, s'exténuer : c'est un mot que sa doctrine fait entrer dans la langue de la femme. Il rend ses membres à l'exercice, son corps à la liberté avec ces robes nouvelles, baptisées de son nom, portées bientôt dans tout Paris par les Promeneuses appuyées sur de longues cannes, tronchinant comme dit le temps. Marcher devient une mode ; et c'est le temps où la maréchale de Luxembourg, attaquée sur le plaisir qu'elle peut trouver dans la société de La Harpe, répond simplement pour la défense de La Harpe , et pour la sienne : «Il donne si bien le bras!» Occuper physiquement la femme, la distraire d'elle., même par l'activité et la lassitude corporelles, lui remuer le sang et les humeurs, lui rafraîchir la tête par l'exercice, le grand air, tels furent les moyens employés par Tronchin pour combattre les tristesses, les ennuis de la femme, la tirer d'un état de stagnation morale, remettre l'équilibre dans son organisme nerveux. Rien ne fut ajouté à ce système par les médecins en vogue qui vinrent après lui, par Lorry, si goutteux que les malades descendaient pour le consulter dans son carrosse, par Barthés, le type des jolis médecins de femmes du temps, qui saignait les dames avec une ligature à glands d'or, et qui pour avoir sauvé Mme de Montesson recevait du duc d'Orléans une pension de 2 000 livres. Note : 5. Parmi les vaporeuses les plus sérieusement atteintes, il faut citer Mme de Lamballe, qui avait de fréquents évanouissements de deux heures, que l'odeur d'un bouquet de violettes faisait trouver mal, à laquelle la vue d'un homard, d'une écrevisse, même en peinture, donnait une crise de nerfs. Mme de Genlis (Mémoires, vol. II.), avec sa rancune contre la cour, ne voit dans ces scènes que de jolies comédies. Malheureusement, Mme de Genlis se trompe ; la maladie du système nerveux de Mme de Lamballe, ébranlé non par la cause qu'indique le docteur Saiffert, mais par les profonds chagrins que lui avait donnés le prince son mari, cette maladie, dégénérée en mélancolie profonde et en vapeurs convulsives, est si réelle qu'elle cherche pendant tout le siècle son remède près des médecins, des empiriques, des charlatans, depuis Pittara qui guérissait avec des emplâtres sur le nombril, jusqu'à Mesmer, Deslon et leur baquet. (Mémoires de la République des lettres, vol. XVIII.)6. Tout le siècle s'est élevé contre cette mode du corps que les femmes ne veulent abandonner à aucun prix. C'est une véritable croisade, depuis les remarques de l'Arétin moderne jusqu'aux observations de l'anatomiste Winslow, depuis les objurgations du bonhomme Métra, jusqu'à l'Avis de Reisser sur les corps baleinés jusqu'aux plaintes du chevalier de Jaucourt, dans l'Encyclopédie. Pendant tout le siècle on attaque le corps, on le fait responsable de la mort d'un grand nombre d'enfants, de la mort de la duchesse de Mazarin. Les corps les plus à la mode étaient les corps à la grecque, d'abord à cause de leur nom, puis pour leur bon marché, quoiqu'ils fussent très dangereux, parce que les baleines ne montaient qu'au-dessous de la gorge et pouvaient la blesser . :idea: Le tout, copié/collé depuis ce site : http://freresgoncourt.free.fr/texfemmeau18e/texte.htm |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 23:06 | |
| Pour me faire pardonner de ce si long texte, une petite récompense... Dernière trouvaille d'une miniature XVIIIème attribuée comme étant la princesse de Lamballe : A ajouter aux quelques images insérées par mes camarades en début de ce fil, et à ces quelques autres ici (pour nos nouveaux pensionnaires du Boudoir) : http://www.slide.com/r/abm-NgJl7T_DW6cVL0YTnYBqWQodtk8i?previous_view=lt_embedded_url |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe Lun 1 Déc - 23:11 | |
| Ce n'est pas le docteur Pomme, c'est son confrère (et néanmoins ami ) Tronchin, mais je n'étais pas tombée très loin, et j'avais bien lu cela dans les Goncourt ! C'est fou ce que je mélange tout ce que j'ai pu lire ... je deviens complètement gâteuse, mais aussi, je passe ma vie à bouquiner ... Le très large extrait que vous nous donnez me revient parfaitement et peut puissamment étayer notre réflexion quant aux diverses causes de cette pathologie protéiforme qui accablait la princesse de Lamballe ... elle était bien de son temps en somme ! |
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| Sujet: Re: La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe | |
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| | | | La Princesse Marie Louise Thérèse de Lamballe | |
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