L’affaire de Nancy est une mutinerie de la garnison de la ville de Nancy, qui eut lieu pendant la Révolution française, du 5 au 31 août 1790
Depuis 1789, une insubordination plus ou moins larvée affecte l'ensemble de l'armée française : avancement et soldes sont bloqués, royalistes et jacobins s'affrontent parmi les officiers.
À partir du 5 août 1790, la garnison de Nancy connaît à son tour une rébellion, les soldats se persuadant que les officiers les volaient en raison de l'absence de décomptes relatifs à certaines retenues sur leur solde ; alors que les retenues pour linge et chaussures faisaient l'objet d'un décompte tous les quatre mois. La garnison de Nancy est composée du régiment du Roi, du régiment suisse de Châteauvieux et du régiment Mestre de Camp Général cavalerie. Elle réclamait sa solde et avait emprisonné ses officiers dont le général de Malseigne, envoyé depuis Besançon par La Fayette pour rétablir l'ordre.
Le 16 août 1790, La Tour du Pin fait voter par l'Assemblée un décret qui « règle les mesures à prendre pour la punition des instigateurs et fauteurs des excès commis par les régiments en garnison à Nancy ». Le 18, La Fayette donne l'ordre de réprimer la révolte ; pour faire un exemple.
Le Général de Bouillé qui réprimanda durement la mutinerie de NancyLe marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés, la soumet après un combat de rues de quelques heures le 31 août 1790. Il dispose pour cette opération de:
200 grenadiers et chasseurs du régiment d’Auxerrois
200 grenadiers et chasseurs du régiment d’Auvergne
2 bataillons du régiment Suisse de Castellas (800 hommes)
1 bataillon du régiment Suisse de Vigier (470 hommes)
1 bataillon du Royal-Liégeois (350 hommes)
500 hommes de la Garde Nationale de Metz
300 hommes de la Garde Nationale de Pont-à-Mousson
soit un total de 3020 hommes d'infanterie et 8 pièces d'artillerie
3 escadrons du Royal Normandie (340 cavaliers)
2 escadrons de Royal Allemand (240 cavaliers)
2 escadrons de Lauzun Hussards (200 cavaliers)
Détachement de Royal Dragons (200 cavaliers)
Détachement de Monsieur Dragons (200 cavaliers)
Détachement de Condé Dragons (200 cavaliers)
Détachement des Chasseurs d'Hainaut (100 cavaliers)
soit au total 1480 chevaux. Les combats auront fait trois cents morts et blessés.
Près de la porte Stainville, l'officier André Désilles s'interpose entre ses soldats mutinés et les troupes de Bouillé, tentant d'éviter la mise à feu des canons. Il mourra deux mois plus tard de ses blessures.
Conformément aux traités encadrant l'engagement des soldats suisses, un conseil militaire composés d'officiers des régiments de Castella et de Vigier et présidé par le lieutenant-colonel François Joseph de Girardier est formé pour instruire l'accusation de vol et de rebellions armée contre 138 soldats. Dans un premier temps, tous sont condamnés à mort mais la sentence est revue, et le 4 septembre: deux soldats qui sont parvenus à s'échapper sont condamnés par contumace; 72 sont emprisonnés; 41 sont condamnés à trente ans de galère ; 22 sont pendus.
Enfin, l'un des cinq membres du comité des rebelles, un Genevois nommé André Soret est condamné au supplice de la roue; il est vraisemblablement le dernier à subir ce supplice en France.
Ces évènements ont un écho important à Paris. Jean-Paul Marat publie un pamphlet L'affreux réveil, avec les Jacobins il prend le parti des insurgés. Mais dans un premier temps ce sont les troupes de Bouillé qui sont célébrées et l'Assemblée nationale commande à Jean-Jacques Le Barbier un tableau commémoratif. Le 20 septembre une fête funèbre est organisée au Champ de Mars, en l'honneur des citoyens de la garde nationale morts à Nancy. On organise de nombreuses autres cérémonies partout en France. Deux pièces de théâtres sont montées à Paris: le 15 octobre Le nouveau d'Assas de Jean-Élie Bédéno Dejaure et Henri Montan Berton et le 3 décembre le tombeau de Desilles par Desfontaines-Lavallée.
Le 21 octobre 1790, le régiment des hussards de Lauzun, impliqué dans la répression de la mutinerie de Nancy, est cette fois l'auteur d'une « affaire de Belfort » lors de laquelle des officiers avinés parcourent la ville en criant « vive le roi, vive les aristocrates, vive la canaille, au f. la nation »
L'épisode de Nancy renforce le prestige de Bouillé sur les royalistes. Après cet épisode l'opinion bascule en faveur des insurgés.
En 1791, Jean-Marie Collot d'Herbois défend les mutins qui ont été condamnés aux galères et obtient leur réhabilitation. En 1792, après une marche de 25 jours depuis le bagne de Brest, ils arrivent à Paris où une « fête de la Liberté » est organisée en leur honneur le 15 avril. Leur bonnet rouge de bagnard, assimilé par la population parisienne au bonnet phrygien, devient un emblème de la République.
En 1867, la porte Stainville de Nancy, initialement édifiée en l'honneur de l'indépendance américaine, est renommée porte Désilles.
Pour terminer faisons connaissance avec quelques protagonistes de cette affaire.
L’
affaire de Nancy est une mutinerie de la garnison de la ville de Nancy, qui eut lieu pendant la Révolution française, du 5 au 31 août 1790
Composée de trois régiments (régiment du Roi, régiment de Mestre-de-Camp Général et régiment suisse de Châteauvieux), elle réclamait sa solde et avait emprisonné ses officiers dont le général Malseigne.
Le marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés, la soumet après un combat de rues de quelques heures le 31 août 1790.
L'officier André Désilles, qui s'interpose entre les mutins et les troupes de Bouillé, périt lors de cet événement; il évite cependant une inutile effusion de sang.
Son nom fut donné en 1867 à la porte Désilles de Nancy, initialement édifiée en l'honneur de l'indépendance américaine.
Quelques mois plus tard a lieu une « affaire de Belfort » lors de laquelle des officiers avinés parcourent la ville en criant « vive le roi, vive les aristocrates, vive la canaille, au f. la nation »
L'affaire de Nancy, 31 août 1790
Le 31 août 1790, trois régiments, en tout 5 900 hommes se révoltent contre leurs officiers. Le violent combat qui eut lieu devant le poste de garde de la porte Stainville (l'actuelle Porte Désilles) fit trois cents morts et blessés. Dans les manuels scolaires "officiels" et donc de nature "révolutionnaire", il est enseigné que les soldats de la garnison de Nancy reprochent à leurs officiers une discipline sévère, puis de ne pas avoir touché la solde, ainsi ils ont emprisonné des officiers Royalistes dont le général Malseigne.... (Il n'est pas interdit aujourd'hui de s'interroger sur la motivation véritable de cette insurréction révolutionnaire)Le Marquis de Bouillé, qui commande les troupes de la place de Metz, marche sur Nancy avec ses soldats. Vainqueur, il fait châtier les révoltés. Cet événement montra au Roy Louis XVI que des troupes en Lorraine lui étaient restées fidèles et c'est peut être d'ailleurs ce qui poussa le Roy à quitter Paris pour tenter de les rejoindre (Voir l'épisode de la fuite à Varennes).François-Claude-Amour, Marquis de Bouillé.Général Français. Homme d'honneur, il est connu pour son attachement à Louis XVI, au Royaume de France et par sa fidélité envers les Lois fondamentales. Gouverneur des îles du vent françaises, il combattit brillamment aux Antilles pendant la guerre d'indépendance des Etats-Unis, et enleva plusieurs îles aux Britanniques.Revenu en France en 1783, il est nommé commandant des Trois-Evechés (Toul, Verdun, Metz), puis de l'Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Nommé en 1790 général en chef de l'armée de Meuse, Sarre-et-Moselle, il fit respecter l'ordre et la loi à Metz et à Nancy. Il réprime la mutinerie de la garnison de Nancy en 1790 (33 condamnations à mort, 41 aux galères). Les révolutionnaires le détesteront. La Famille Royale compte sur lui pour la sauver, le charge d'organiser sa fuite le 20 juin 1791. Mais les dispositions qu'il prend vont échouer, et Louis XVI est malheureusement arrêté à Varennes. Le Marquis François-Claude-Amour de Bouillé émigre, et se réfugie à Coblentz pour organiser la Contre-révolution Catholique et Royale dans l'Est. Il fit de nombreuses démarches auprès des différentes cours pour obtenir la délivrance du Roy de France.C'est à lui qu'il est fait référence dans le cinquième couplet de la Marseillaise...Plaque commémorative sur la porte Désilles
- André Désilles
- 5e régiment de hussards
- François Claude de Bouillé
- Claude Juste Alexandre Legrand
- Charles Gaspard Elisabeth Joseph de Bailly
- Victor François de Montchenu
- Jean-Ignace Jacqueminot
- Régiment de hussards de Lauzun
- Maurice-François de Mac Mahon