Roger de Bellegarde a établi son "camp volant" à Coeuvres, non loin de Villers-Cotterêts (commune française située dans le département de l'Aisne, en région Hauts-de-France)
Ce rassemblement d'à peu près 6 000 soldats, presque tous mercenaires, c'était ce qui restait de son armée, après qu'il eut, selon la coutume, licencié sa noblesse volontaire à l'issue de la campagne d'été
A ses côtés étaient demeurés ses plus fidèles compagnons, ceux qui tels Châtillon, le vicomte de Turenne ou La Trémoille, protestants comme lui, s'étaient attachés à sa fortune alors qu'il n'était pas encore que le roi de Navarre
Mais il se trouvait aussi à Coeuvre quelques catholiques, des loyalistes, qui avaient reconnu le fils de Jeanne d'Albret pour successeur d'Henri III, au chevet de ce roi mourant
Roger de Bellegarde, était l'un d'eux
Dans les premiers temps du nouveau règne, la cour de France, ce n'était que cela: quelques soldats pataugeant dans la boue des tranchées, habiles à surmonter les divergences religieuses pour parler d'une seule voix
Malgré cette unanimité, ils avaient été impuissants à s'opposer à la décision de leur maître qui avait arrêté, le 30 août précédent, de lever le siège qu'il mettait devant Paris et qui s'était retiré vers le nord, à la stupéfaction générale
Le Roi avait été abusé par la rumeur d'une possible manœuvre de ses adversaires, capable de le prendre dans une nasse: la jonction du duc de Parme, mercenaire du roi d'Espagne avec le duc de Mayenne, chef de la ligue, successeur à la tête de ce regroupement des catholiques ultras de son frère, le duc de guise, assassiné à Blois
La capitale, au moment où Henri IV s'en était éloigné, était pourtant exsangue:
"Cette ville, écrit Palma Cayet, quatre jours plus tard se fut rendue à lui par l'extrême famine qui était dedans"
D'après Cheverny, il ne s'y mangeait plus "que du viel oinct dont on fait les chandelles, des chiens, des chats, des herbes crues et les vieux os des morts"